Voilà en quoi un parti communiste est indispensable pour dépasser les illusions dont se nourrit le fascisme populiste qui est on le voit l’ultime refuge du capitalisme. Il faut un parti et une grande lucidité pour que des dirigeants comme Ziouganov, Novikov se montrent capables non seulement d’avoir résisté à la chute de l’URSS, au point aujourd’hui que même ce que l’on peut considérer comme le représentant de l’oligarchie qu’est Poutine par nationalisme, patriotisme reconnaisse ce qu’a représenté le socialisme et considère comme illégale sa destruction, mais surtout aille encore plus loin dans le conscience historique face au leadership chinois. Au lieu d’adhérer à une rancune, un ressentiment contre l’alliance nouée avec les USA et des divisions qui ont probablement précipité la chute, ils sont allés plus loin dans l’analyse et en ont fait la base de leur vision prospective patriotique et internationaliste. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
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La Maison Blanche souhaite régler les relations avec la Russie afin d’orienter tous les efforts vers la lutte contre la Chine. C’est ce qu’a déclaré Dmitri Novikov, vice-président du comité central du KPRF, dans l’émission « Vremya Pokazhet » diffusée sur la première chaîne.
La conversation téléphonique entre Trump et Poutine a donné matière à réflexion aux politiciens et experts russes, dont certains pensent comme la vieille Nénila dans le roman de Nekrasov : « Le maître va arriver, c’est lui qui jugera ». Fatigués de s’opposer à l’Occident, ils voient en Trump l’espoir d’une réconciliation tant attendue et s’en prennent avec colère aux élites européennes qui tentent d’empêcher cette réconciliation.
Dmitri Novikov a commenté les déclarations du chancelier allemand Friedrich Merz, qui appelle à renforcer la pression sur la Russie. Selon le député communiste, ce point de vue n’est pas seulement celui de Merz lui-même, mais aussi celui de son entourage, de son parti, des alliés de ce parti et même d’une partie non négligeable de ses opposants en Allemagne : « Nous parlons de plusieurs centaines, voire de milliers de politiciens allemands qui adoptent une position anti-russe très dure. Dans ce cas, nous pouvons étendre les frontières de l’Allemagne à celles de l’ensemble de l’Union européenne, et alors ce sont des dizaines de milliers de politiciens qui partent d’une logique anti-russe ».
Selon Novikov, cela n’a rien d’étonnant. Les politiciens européens actuels ont littéralement grandi dans ce contexte, ils y ont travaillé, y ont bâti leur carrière politique, rédigé les programmes de leurs partis, sont entrés dans les parlements et les gouvernements, ont élaboré les doctrines de sécurité nationale de leurs États. Bien sûr, ils ne peuvent pas simplement renoncer à leur ligne de conduite. Ils se souviennent de la solidarité de l’OTAN et regrettent les États-Unis, où régnaient les mondialistes.
« Ils sont eux-mêmes en grande partie mondialistes. Ils ne sont pas prêts à renoncer à leur solidarité. En outre, ils peuvent se consoler en se disant que, premièrement, les États-Unis ne sont qu’un membre de l’OTAN et que, deuxièmement, quatre ans dans la vie politique américaine passeront vite. Et quand un autre président arrivera, tout ira bien. Ces gens ont donc des calculs politiques concrets et, à leur manière, ils veulent être fidèles à leurs principes », a expliqué Dmitri Novikov.
Le vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie a rejeté l’idée exprimée par le journaliste américain Michael Boehm selon laquelle « Trump change d’avis comme de chemise » Comme l’a souligné Novikov, Trump est cohérent dans sa perception du monde et dans les objectifs politiques qu’il doit atteindre pour les États-Unis à ce stade historique : « Il a une perception claire des deux pays et deux stratégies différentes à leur égard. Que représente l’Ukraine pour Trump ? C’est une sorte de projet d’investissement dans lequel ses prédécesseurs se sont engagés, et son rôle historique est d’en tirer le maximum d’avantages pour les États-Unis. C’est pourquoi il mène des négociations pour contraindre Zelensky à signer divers accords dans l’intérêt des entreprises américaines ».
La Russie, a souligné Dmitri Novikov, est un tout autre enjeu pour Trump. Elle fait partie de la grande politique. Sans une entente avec Moscou, sans le règlement de certains problèmes avec elle, Trump ne peut pas résoudre la tâche la plus importante et fondamentale pour Washington : le maintien de son leadership mondial. Le principal objet de la lutte politique et économique des États-Unis est la Chine. Trump n’est pas prêt à lutter sur plusieurs fronts à la fois. C’est pourquoi il est capable d’atténuer le degré de confrontation avec la Russie, de soumettre l’Europe et d’entrer ensuite dans une opposition plus active avec Pékin. Comme l’a souligné le représentant du KPRF, il s’agit là d’une stratégie tout à fait compréhensible.
Comme l’a précisé Dmitri Georgievitch, il considère Trump comme son adversaire politique, ne serait-ce que parce qu’il dirige la plus puissante puissance impérialiste du monde moderne. D’une manière ou d’une autre, celle-ci sera l’adversaire de notre pays dans une perspective historique à long terme. Deuxièmement, Novikov a qualifié Trump d’adversaire idéologique, car dans le discours politique actuel, rares sont ceux qui ont dit autant de méchancetés sur le communisme et le socialisme que Trump pendant ses campagnes électorales.
Mais tout cela, a ajouté l’orateur, ne signifie pas que Trump soit un homme d’État sans système, qui change d’avis comme de chemise : « Parfois, Trump peut sembler tout à fait étrange lorsqu’il parle de l’annexion du Canada ou du Groenland. Et pourtant, il ne semble pas prêt à recourir à la force pour y parvenir. Mais Trump fait ainsi allusion à la puissance économique des États-Unis, qui décidera de tout. Il démontre la stabilité des capacités économiques et politiques des États-Unis et rappelle que dans le monde turbulent d’aujourd’hui, c’est un havre de paix où il fait bon venir travailler ».
Selon Dmitri Novikov, Trump accélère ainsi un processus qui a déjà commencé : « L’industrie et les entreprises européennes fuient vers les États-Unis. Et les gouvernements européens ont besoin de relancer leur économie. Par exemple, pour que les travailleurs allemands travaillent au lieu de manifester dans les lieux publics de Berlin. C’est précisément pour cette raison qu’ils sont prêts à relancer la machine économique grâce à l’industrie militaire. Mais pour cela, il faut expliquer aux citoyens pourquoi les dépenses militaires sont nécessaires. Ils expliquent donc qu’elles sont indispensables en raison de la menace russe ».
Tout cela, selon Dmitri Novikov, est très dangereux. Les armes produites en Occident pourraient être utilisées contre la Russie, et pas seulement en Ukraine. C’est pourquoi il ne faut pas sous-estimer les menaces qui se profilent dans le cadre de la politique européenne.
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