Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Macron s’adresse à Xi mais il a besoin d’actualiser sa vision et d’être un peu moins ignorant…

Nous consacrons une partie importante de notre analyse de la Chine et de sa relation avec l’URSS, puis la Russie mais aussi de fait à toute l’Asie centrale et l’indo-pacifique avec ce qui fait penser historiquement à la méditerranée décrite par Braudel, avec des empires, des royaumes et des villes comptoirs dont les marchands assument un rôle cosmopolite. Il y a des analogies, des références qui nous sont communes dans ces échanges millénaires. Fort heureusement, il existe aujourd’hui des travaux d’universitaires qui ne sont pas soumis à la doxa politicienne et dans lesquels nous avons largement puisé. Ces collaborations existent et il faut tenir compte des caravanes et échanges d’aujourd’hui… Quand il répond aujourd’hui à l’invite de Macron, le président t chinois Xi Jinping se dit prêt à « travailler main dans la main » avec l’Union Européenne, lors d’un appel téléphonique jeudi avec son homologue français Emmanuel Macron,  selon la chaîne officielle CCTV. Le président français a notamment souligné la volonté commune « d’avancer dans les meilleurs délais sur la question du cognac », essentielle pour les producteurs français. Mais il a également insisté sur le respect du commerce international. Les deux pays doivent « préserver conjointement » les « règles du commerce international et l’ordre économique mondial, et pratiquer un véritable multilatéralisme », a affirmé lors de cet échange Xi Jinping, selon la chaîne officielle CCTV.

La Chine est « prête à travailler main dans la main avec l’Europe pour relever les défis mondiaux et parvenir à davantage de résultats bénéfiques à la fois pour les deux parties et pour le monde », a-t-il ajouté. Nos deux pays « doivent saisir les opportunités d’approfondir la coopération dans les domaines traditionnels » (aérospatiale et énergie nucléaire), et « ‘étendre la coopération dans les domaines émergents tels que la technologie numérique, le développement vert, la biomédecine et la ‘silver economy' » (économie des seniors), a poursuivi le dirigeant chinois, ajoutant que Pékin et Paris doivent aussi « travailler ensemble pour être une force fiable dans le maintien de l’ordre international ».

Il faut mesurer que si la Chine propose cette perspective qu’il est impossible d’ignorer, il faut voir que d’autres pays qui ont traditionnellement des relations avec l’Asie centrale y compris autour de la Turquie ont déjà avancé dans un partenariat propre.

Lorsque la Hongrie a rejoint le Conseil turc des pays d’Asie centrale en 2018 en tant qu’observateur, la «presse critique » dite de gauche du Monde à l’Humanité en passant par Libération l’a expliqué en disant que « les régimes de droite ont une affinité instinctive pour les caractéristiques mystico-nomades qui sont inutiles dans le monde moderne, et dont ils ont besoin pour trouver une confirmation au moins symbolique de leur idéologie primitive et réactionnaire ». C’est inverser le problème, d’une part les pays d’Asie centrale ont toujours cherché l’accès au développement et à la modernité, à la chute de l’URSS , bien des pays d’Asie centrale ont vu dans la Turquie un pays qui était à la fois moderne et préservant les traditions comme cela était le cas en URSS. Les cadres russes quittaient le pays, et déjà les occidentaux implantaient des forces réactionnaires archaïques et anticommunistes.

En réalité, de même, les considérations sacrées n’ont pas vraiment joué un rôle lorsque la Hongrie a renforcé sa présence au sein de l’Organisation des États turciques l’année dernière à la suite du déploiement des sanctions de l’UE. En fait, la stratégie de commerce extérieur de la Hongrie a mis un accent fort sur des relations sans risque, dont l’importance a augmenté au-delà de toutes les attentes précédentes à la suite des événements de la politique mondiale au cours de l’année écoulée.

Les routes commerciales de l’initiative Belt and Road de la Chine vers l’Europe via la Russie et la Biélorussie ont été presque entièrement gelées à la suite de sanctions économiques, et les expéditions chinoises vers l’Europe via l’Iran ont été également limitées par des circonstances similaires. Cependant, le volume du chiffre d’affaires commercial ne diminue pas, seul son itinéraire change. Et dans la mesure où il est détourné vers le territoire de pays non touchés par les sanctions.

Dans ce cas, il s’agit du corridor d’Asie centrale sous influence turque, devenus les États turcs.

Historiquement, la liaison la plus courte entre l’Union européenne et la Chine est assurée par le corridor d’Asie centrale désigné par le territoire de l’Azerbaïdjan, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan et de la Turquie. Des milliers de kilomètres de voies ferrées et de routes traversent les frontières des États turcs, et des dizaines de terminaux à conteneurs sur la mer Caspienne et la mer Noire sont alignés. Ces éléments seront combinés dans un réseau de transit qui réduira la longueur moyenne de la route commerciale Chine-UE de 20 000 km à 7 000 km et le temps de transit de deux mois à deux semaines.

Dans l’ensemble, il n’est pas surprenant que le volume de marchandises transportées à travers l’Asie centrale soit passé de 6 millions de tonnes à 15 millions de tonnes de 2021 à la fin de 2022, que le trafic de passagers soit passé de 1 million à 3 millions de personnes et que la valeur totale du transit ait été multipliée par six.

Selon les calculs de la stratégie économique extérieure, en plus du développement des centres logistiques de la région, la Hongrie pourrait se connecter au nouvel espace économique émergent en desservant le trafic de marchandises en direction de l’Europe occidentale et septentrionale via le port roumain de Constanța et le chemin de fer à grande vitesse de fret prévu sur la ligne Budapes-Belgrade. Il n’est pas non plus négligeable que la région devrait devenir un centre de distribution d’énergie dans un avenir proche, car le gaz naturel et le pétrole azerbaïdjanais devraient entrer sur le territoire de l’Union européenne par le gazoduc South Stream élargi en Turquie, en direction des Balkans orientaux.

La demande toujours croissante a déjà conduit au lancement d’investissements dans les infrastructures d’une valeur de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Il n’est donc pas étonnant que des entreprises de logistique telles que le danois Maersk, le finlandais Nurminen Logistics, le néerlandais Rail Bridge Cargo, le français Ceva ou l’azerbaïdjanais Ady Container aient maintenant pris pied dans la région.

Au fil du temps, le développement matériel compensera les handicaps de la région tels que le retard social, l’instabilité sociale, le séparatisme ethnique et le terrorisme. Ainsi, avec le boom industriel et commercial de la région, des pays qui ont été complètement ignorés et considérés comme insignifiants jusqu’à présent pourraient devenir un nouvel axe de transformation de la mondialisation, c’est-à-dire un marché unique avec une composition sans précédent de 1 milliard de personnes.

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