Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La Chine reconstruira la Syrie d’après-guerre


La stabilité de ce pays est importante pour Pékin en termes de sécurité et de commerce. Si Trump et Macron se précipitent pour tenter de conserver des positions (il faudrait aussi parler du fiasco de Trump face au Houthis, peut-être le ferons-nous), ils n’ont pas grand chose à offrir si ce n’est du sang et des larmes et des menaces si l’on ose ne pas suivre les directives, appuyer sanctions et blocus, voir le dépôt du pays raflé sans cérémonie. L’alternative proposée par la Chine et son partenaire stratégique est totalement différente. Et chacun s’emploie parfois à tenter de bénéficier de cette rivalité, mais d’un côté c’est de la poudre de perlimpinpin et de l’autre du gagnant-gagnant et la promesse de développer un marché mutuellement avantageux sans demander aucun alignement idéologique, simplement le respect de quelques lignes rouges relevant de la sécurité des pays. Quant à Macron, il erre, il macronne, la plupart du temps il trace le sillon dans les anciens espaces coloniaux au profit des USA, de temps en temps, il se met sur les rangs des négociateurs et c’est là que l’on se demande s’il ne va pas demander à adhérer aux BRICS… (note de Danielle Bleitrach traduction de Xuan avec deepl)

Dmitri Kapustin
https://svpressa.ru/war21/article/463593/

Dans une récente interview accordée au New York Times, Ahmed al-Sharaa , le président de transition de la Syrie, a déclaré que le nouveau gouvernement négociait activement avec la Russie et la Turquie. Parce que les deux pays ont des bases militaires sur le territoire syrien.
Cependant, une autre superpuissance, la Chine, a des intérêts en Syrie, selon une étude de la Fondation Observer.
Au cours des deux dernières années, la politique étrangère de la Chine s’est de plus en plus orientée vers le monde arabe, Pékin soutenant les États arabes dans la question de la bande de Gaza. Une délégation du Hamas et d’autres organisations palestiniennes a notamment été reçue à Pékin.
La position de la Chine dans le cœur et l’esprit des Arabes se renforce, et tous les sondages récents montrent que les États-Unis sont nettement moins populaires au Moyen-Orient que leurs concurrents orientaux.

La Chine souhaite également renforcer son influence en Syrie. De plus, cela est lié à des défis géopolitiques, note l’Observer : sous la nouvelle direction syrienne, les positions politiques des militants ouïghours pourraient se renforcer considérablement. La Chine souhaite vivement empêcher que cela se produise.

Le groupe, auparavant dirigé par al-Sharaa, recrutait activement des militants de divers pays, y compris les Ouïghours. Des vidéos et des publications de propagande mettant en scène des combattants ouïghours ont été activement promues. Il s’agissait de vidéos bien tournées en langue ouïghoure montrant des Ouïghours combattant avec l’armée d Bachar al-Assad. Les terroristes ont publié une vidéo dans laquelle des militants ouïghours menaçaient d’envoyer des « rivières de sang » à l’État chinois.
Naturellement, Pékin ne pouvait pas rester à l’écart après le récent changement de régime en Syrie, qui a conduit les militants ouïghours à occuper des postes importants dans l’armée syrienne remaniée. L’Observer estime qu’il y a environ 2 000 militants. Au moins un des 50 commandants supérieurs connus (Abdulaziz Davud Khodaberdi, connu sous le nom de Zahid) est un Ouïghour.

Comme le note l’Observer, la Chine établira des relations avec les nouvelles autorités en Syrie de la même manière qu’elle l’a fait auparavant avec les nouvelles autorités en Afghanistan. En collaboration avec les talibans, l’armée chinoise tente également de résoudre le problème du terrorisme ouïghour. Le plan a fonctionné : peu de temps après la prise de Kaboul par les talibans en août 2021, ces derniers, dans le cadre d’un accord avec Pékin, ont repoussé les militants ouïghours de l’étroite frontière de 76 kilomètres entre l’Afghanistan et la Chine, vers la province du Badakhshan.

La Chine sait être reconnaissante. Pour le « service » rendu par les talibans, Pékin paie avec d’énormes investissements et un soutien diplomatique : la Chine est plus active que tout autre pays dans les interactions politiques et économiques avec l’Afghanistan.
Pékin propose désormais également des projets économiques sérieux aux nouvelles autorités syriennes, intéressées par les investissements étrangers, écrivent les chercheurs du Washington Institute Grant Rumley et Aaron Zelin.

Les dirigeants chinois ont déjà tenu quatre réunions avec les dirigeants syriens.
Début février, une réunion a eu lieu avec une délégation commerciale chinoise et, fin février, l’ambassadeur chinois Shi Hongwei a rencontré personnellement le président al-Sharaa et le ministre des Affaires étrangères Assad al-Sheibani.

Fin mars, une autre rencontre a eu lieu entre Shi et Shaibani, au cours de laquelle l’ambassadeur a « réaffirmé le respect de son pays pour la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de la Syrie », a promis « de ne pas s’ingérer dans ses affaires intérieures » et « a souligné son soutien à la Syrie pendant la période de transition pour surmonter avec succès la situation actuelle ».
Mi-mars, une réunion a eu lieu entre le ministre de l’Agriculture syrien et une délégation de l’Association de coopération syro-chinoise. Des investissements chinois spécifiques dans le secteur agricole syrien y ont déjà été évoqués.

La Syrie est importante pour la Chine non seulement d’un point de vue sécuritaire, mais aussi d’un point de vue géoéconomique. Après tout, la Syrie occupe une position clé, reliant l’Asie, l’Europe et l’Afrique, et sans cela, il sera difficile de développer le projet « Une ceinture, une route » de Xi Jinping, écrit le chercheur Asad Ullah dans le magazine The Diplomat.
Pékin souhaite investir dans la reconstruction d’après-guerre en Syrie et aider les réfugiés. Même pendant la guerre civile, la Chine a beaucoup échangé avec la Syrie, les échanges bilatéraux entre les deux pays dépassant les 400 millions de dollars en 2022. La Syrie a exporté des produits tels que du savon et des huiles essentielles vers la Chine, tandis que la Chine a importé des machines, des équipements et des tissus.
Il n’est pas surprenant que la Chine, même sous Assad, se soit opposée aux sanctions économiques américaines contre la Syrie et ait exigé leur levée. Désormais, ces appels résonneront avec une vigueur renouvelée.

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