
Il ne faudrait pas sous prétexte que nous vivons dans un pays soumis à une aliénation si massive, si terroriste que cela nous oblige à ne contempler le monde en l’imaginant derrière des barreaux de prison qui sont essentiellement nôtres. Il y a partout, en particulier dans le sud, en Asie, en Afrique, en Amérique latine un renouveau « culturel » … C’est une nouvelle ère qui s’annonce et la création humaine découvre de nouveaux possibles. Il serait vraiment navrant de les rater, alors ce dimanche nous allons ouvrir ces possibles y compris dans l’actualité. Une fois de plus notons à quel point la distinction si étanche aujourd’hui en France entre l’art d’élite et les industries du divertissement sont beaucoup moins cloisonnées en Chine. Comme ne l’est pas la tradition et l’invention y compris par l’assimilation d’autres cultures et souvenons-nous du temps où il existait autour d’Aragon grandissime poète, écrivain et organisateur politique une telle vision liée à la « conscientisation » des masses, empruntée à l’expérience soviétique et si typiquement française… Notons toujours autour des possibles concrets que la décision de Trump de frapper le cinéma non étasunien de droits de douane a créé de l’émoi partout y compris aux USA dont les productions sont de plus en plus réalisées à l’international. Il y a tout à craindre que le festival de Cannes croit amadouer le suzerain en jouant la carte de son guerrier par procuration et des « démocrates », mais il y a un tout autre marché et une tout autre inspiration qui est là bien réelle et il serait totalement stupide de l’ignorer. Mais la stupidité n’est hélas pas la chose la moins partagée quand on a Rachida Dati pour chef d’orchestre et plus de parti communiste avec un Aragon pour se battre. (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete )
http://www.chine-info.com/static/content/french/RegardsurlaChine/Culture/2025-05-09/1369721962842841088.html
2025-05-09 11:04 China News Yang Jing
L’opéra Jin, un art ancestral chinois, se réinvente en s’invitant dans les jeux vidéo et les nouvelles technologies. Une rencontre inédite entre tradition et modernité, qui séduit les jeunes générations et ouvre de nouvelles perspectives culturelles. Entretien exclusif avec Xie Tao, directrice de l’Institut de recherche sur l’opéra Jin de la ville de Taiyuan et lauréate du prix Meihua du théâtre chinois.
Avec le succès retentissant du jeu vidéo Black Myth : Wukong, qui intègre de nombreux éléments issus de l’opéra traditionnel chinois, des pistes de réflexion s’ouvrent pour la promotion de l’opéra Jin. En tant qu’un des plus anciens genres d’opéra chinois, l’opéra Jin cherche à préserver ses caractéristiques traditionnelles tout en explorant des collaborations avec des secteurs émergents, en intégrant des éléments modernes et en élargissant ses canaux de diffusion.
Comment l’opéra Jin peut-il tirer parti des tendances pour se réinventer, toucher un public plus large en Chine et à l’international ? Xie Tao, directrice de l’Institut de recherche sur l’opéra Jin de la ville de Taiyuan et lauréate du prestigieux prix Meihua, tente de trouver des réponses.
L’opéra Jin se transmet depuis plusieurs siècles. Quelle est son histoire et quelle est sa valeur culturelle ?
L’opéra Jin puise ses origines dans le Puju (opéra de Pu), issu de la région du Shanxi. Après plusieurs siècles d’évolution, il a développé un style unique. Au début de la dynastie Qing, le Puju s’est diffusé dans la région centrale du Shanxi, où il s’est mêlé aux traditions locales comme les danses folkloriques et aux mélodies populaires. Grâce à l’implication des marchands du Shanxi et des lettrés locaux, l’opéra Jin a pris forme.
L’opéra Jin constitue un style théâtral majeur du nord de la Chine. En 2006, il a été inscrit sur la première liste nationale du patrimoine culturel immatériel. Il combine des éléments de la langue, de la musique, de la danse et des arts visuels du Shanxi. Il se distingue par son chant passionné et exaltant, ses performances énergiques et audacieuses, ainsi que par un répertoire riche et varié. L’attrait de l’opéra Jin réside dans son expression artistique unique.
Dans un contexte de transformations sociétales, comment protéger et transmettre efficacement l’opéra Jin tout en valorisant la culture traditionnelle chinoise ?
La protection et la transmission de l’opéra Jin, ainsi que la promotion de la culture traditionnelle chinoise, nécessitent des mesures globales.
Tout d’abord, il est essentiel de renforcer la protection et la gestion de l’art de l’opéra Jin en établissant un mécanisme d’évaluation et de certification pour garantir son niveau artistique. En tant que patrimoine culturel immatériel de niveau national, l’opéra Jin doit bénéficier d’un soutien durable à tous les niveaux, qu’il s’agisse de financements ou de ressources humaines. Par ailleurs, les technologies modernes comme la numérisation et l’Internet doivent être utilisées pour enregistrer, archiver et diffuser l’opéra Jin, afin de faciliter son accessibilité au grand public.
Le renforcement des échanges et collaborations avec des institutions culturelles, tant en Chine qu’à l’international, est un levier essentiel pour promouvoir l’opéra Jin. La création de passerelles entre l’opéra Jin et d’autres formes culturelles permet d’enrichir ses modes d’expression grâce à la diversité et à l’inclusion culturelle. Ces collaborations, en intégrant des comparaisons et des fusions artistiques, permettent à l’opéra Jin de s’adapter aux sensibilités esthétiques internationales. En outre, elles apportent un soutien financier et technique, notamment en introduisant des technologies scéniques avancées pour améliorer les performances et capter davantage l’attention des spectateurs. Ces échanges favorisent également la formation et le recrutement de talents, offrant ainsi de nouvelles perspectives pour la création et l’interprétation, et contribuant au développement innovant de l’opéra Jin.
La formation de talents dans l’art de l’opéra Jin est tout aussi cruciale. Il est nécessaire de créer des troupes et des institutions de formation dédiées, qui offrent un enseignement spécialisé et des opportunités de représentation, assurant ainsi une relève artistique pour la pérennité de l’opéra Jin. L’innovation dans les formes d’expression de l’opéra, notamment par l’intégration d’éléments modernes et l’adaptation des œuvres, peut répondre aux goûts esthétiques contemporains et séduire un public plus large.
Enfin, le renforcement de la protection juridique de la culture de l’opéra Jin ne doit pas être négligé. L’élaboration de lois et règlements spécifiques est indispensable pour protéger les droits de propriété intellectuelle et les droits d’auteur liés à cet art, lutter contre les violations, et garantir les droits légitimes des artistes. Une application stricte des lois est nécessaire pour assurer une transmission saine et un développement harmonieux de la culture de l’opéra Jin.
En résumé, la protection et la transmission de l’opéra Jin, ainsi que la promotion de la culture traditionnelle chinoise, nécessitent une approche multifacette et l’engagement de toute la société.
Quel est l’état actuel de la diffusion de l’opéra Jin à l’étranger ? Quels défis rencontre-t-il ?
En 2001, nous avons présenté pour la première fois l’opéra Jin en Europe, où il a été chaleureusement accueilli par le public. En 2007, lors du festival de l’opéra chinois de Paris, nous avons interprété L’Admission de Fan Jin aux examens, ce qui a permis à la scène théâtrale du Shanxi de remporter son tout premier prix international. En 2017, j’ai dirigé une troupe composée des meilleurs artistes de l’Institut d’art de l’opéra Jin de Taiyuan pour une tournée au Canada et aux États-Unis. Ces dernières années, nous avons également porté l’opéra Jin sur les scènes de plusieurs pays comme la France, la Russie, le Japon ou encore l’Italie.
À Paris, les spectateurs français ont entendu l’opéra Jin pour la première fois. Lorsqu’ils ont appris que le personnage exubérant du lauréat des examens était joué par une femme, toute la salle s’est levée pour applaudir chaleureusement. Pour les spectateurs étrangers, les techniques traditionnelles de l’opéra Jin, comme le chapeau battant (帽翅功), le jeu sur échasses (跷功) ou encore les acrobaties avec des mouchoirs (手绢功), s’apparentent à de la magie. Ces moments nous remplissent de fierté, car nous voyons dans l’opéra Jin un puissant vecteur de diffusion de la culture traditionnelle chinoise.
Ces dernières années, grâce au renforcement de la puissance douce de la culture chinoise et aux avancées des technologies numériques, la diffusion de l’opéra Jin à l’international a pris une direction prometteuse. Cependant, des défis importants subsistent.
L’opéra Jin, en tant qu’art fortement ancré dans une région spécifique, s’appuie sur des dialectes et des éléments culturels locaux, ce qui complique sa compréhension et son acceptation par un public étranger. De plus, bien que les nouveaux médias aient ouvert de nouvelles voies pour sa diffusion à l’étranger, les canaux de communication restent globalement limités.
Par ailleurs, la transmission de l’opéra Jin nécessite un soutien important en talents spécialisés. Cependant, la formation d’artistes dans ce domaine exige des cycles longs et des coûts élevés. De plus, le manque de jeunes acteurs prêts à assurer la relève aggrave la pénurie de talents.
En 2013, vous jouiez le rôle principal dans un film tiré de la pièce historique de l’opéra Jin Fu Shan va à Pékin. En 2024, vous avez également initié une collaboration entre l’opéra Jin et le jeu en ligne Justice (Nishuihan). Quels ont été les impacts de ces initiatives innovantes sur la diffusion de l’opéra Jin ?
En 2013, Fu Shan va à Pékin a été adapté en film. Ce long métrage d’opéra a été nommé pour le prix du meilleur film d’opéra lors de la 30ᵉ édition des Golden Rooster Awards du cinéma chinois.
Grâce aux médias modernes, l’opéra Jin a élargi son public, attirant notamment l’attention des jeunes générations. Les récompenses obtenues par Fu Shan va à Pékin en Chine et à l’étranger ont accru la notoriété et l’influence de l’opéra Jin.
La collaboration entre l’opéra Jin et le jeu en ligne Justice (Nishuihan) représente une méthode de diffusion totalement inédite. Les plateformes de jeux vidéo disposent d’un vaste public d’utilisateurs, ce qui permet à l’opéra Jin de toucher un jeune public en profondeur. Dans le jeu, les joueurs peuvent assister à des morceaux d’opéra Jin et recevoir des récompenses, telles que des costumes inspirés de cet art. Cette expérience interactive rend le jeu plus attrayant tout en permettant aux joueurs de découvrir et d’apprécier la richesse artistique de l’opéra Jin. Ce type de partenariat élargit les canaux de diffusion de l’opéra Jin et offre des opportunités inédites pour sa promotion.
Comment l’opéra Jin peut-il, tout en préservant ses caractéristiques traditionnelles, continuer à exploiter les avantages des secteurs émergents et du trafic numérique ?
L’intégration d’éléments d’opéra comme le Qinqiang ou le récit chanté du nord du Shaanxi dans le jeu vidéo Black Myth : Wukong a été un véritable succès, offrant une nouvelle perspective sur la diffusion des opéras traditionnels comme l’opéra Jin.
Tout en conservant ses traits traditionnels, l’opéra Jin peut aussi expérimenter de nouvelles approches de diffusion. Par exemple, il peut exploiter les plateformes numériques et les formats appréciés des jeunes, comme les vidéos courtes et les retransmissions en direct, pour présenter des extraits marquants ou des coulisses de l’opéra Jin. Les performances diffusées en direct sur Internet permettent de toucher un public mondial en temps réel, en renforçant l’interactivité et l’engagement.
En complément des initiatives en ligne, des événements peuvent être organisés dans des écoles, des communautés ou des centres culturels, tels que des représentations, des conférences ou des ateliers autour de l’opéra Jin. Cela offrirait à un plus grand nombre de personnes l’opportunité de se familiariser avec cet art de manière directe et immersive.
S’inspirant de l’expérience réussie de Black Myth, l’opéra Jin pourrait collaborer avec des développeurs de jeux vidéo pour intégrer ses éléments dans des jeux, permettant ainsi aux joueurs de découvrir la richesse de cet art dans un univers virtuel. Grâce à des missions interactives et à des intrigues scénarisées au sein du jeu, les joueurs pourraient explorer en profondeur l’histoire et le contexte culturel de l’opéra Jin. Par ailleurs, l’opéra Jin pourrait également se combiner avec d’autres formes artistiques, telles que la danse, la musique ou le cinéma, afin de créer de nouvelles formes de représentation et d’expression artistique.
Dans le cadre de l’intensification des échanges et collaborations internationales, il serait pertinent d’organiser davantage de tournées et d’activités d’échange culturel à l’étranger, permettant aux troupes de l’opéra Jin de se produire et d’interagir directement avec les spectateurs internationaux. Pour surmonter les barrières linguistiques et culturelles, des sous-titres et services de traduction multilingues pourraient être proposés. Une traduction précise des sous-titres, accompagnée d’une interprétation culturelle adaptée, permettrait aux spectateurs étrangers de mieux comprendre et apprécier la richesse artistique et culturelle de l’opéra Jin.
Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.
Views: 84