Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Pour qu’un BHL soit là, il a fallu beaucoup de complices, par Danielle Bleitrach

Bernard-Henri Lévy lourdement condamné en Tunisie ! BHL est devenu le symbole de la désinformation qui a couvert tous les crimes de ces dernières décennies commis au nom de la démocratie. Mais il faut écouter ce que disait Pierre Bourdieu pour comprendre pour qu’un tel grotesque et d’autres comme Glucksmann, Onfray et des tas d’autres puissent sévir tandis que d’autres étaient censurés, interdits, à quel point ces promotions indignes comme celles d’aujourd’hui relèvent d’un système de propagande qui asphyxie notre pays. On a dans un même mouvement désindustrialisé la France, ses capitalistes sont devenus des usuriers tandis que ça délocalisait à tous vents en criant « Vive la crise! » en faisant appel à Tapie et à Yves Montand… Je suis tout à fait consciente que tout témoignage est subjectif mais un jour peut-être on entendra enfin ceux qui parmi les intellectuels ont refusé cette terrible dérive qui a promu de pareils histrions et qui nous vaut encore une organisation des maisons d’édition, des critiques tel que dernièrement Le magazine littéraire a cru pouvoir définir les cinq grands écrivains français du XXe siècle en plaçant en tête Céline en revanche Aragon était exclu de son palmarès ce qui ne disqualifie pas Aragon mais bien le Magazine littéraire et malheureusement la plus grande partie de la critique française dans un tel système…

Le fait est que « les élites », celles qui demeurent financées par les mêmes circuits commencent à sentir le poids du « désaveu », celui de l’opinion publique qui malheureusement a rompu les amarres avec le savoir, l’art, et même la lecture… mais aussi d’un monde de la recherche et de la création qui, comme aux USA, ne supporte pas le fascisme et a conscience de l’impossibilité de se fier à ce qui l’engendre, mais a perdu tout axe de la bataille en particulier celui qui recréerait la relation à l’éducation, et même au divertissement, un problème politique mais qui excède le « politicien »… Comme hier la manifestation anti-trump aux Etats-Unis qui n’avait ni organisateur, ni véritable perspective.

Nous sommes à ce stade intermédiaire où il est possible d’être de plus en plus entendu et donc où la censure devient plus forte que jamais, avec en filigrane la répression ouvrière sans état d’âme. Chassés de l’emploi, précarisé, est-il étonnant que cela s’accompagne d’une exclusion du savoir et de la culture, d’une absence même de réflexion politique sur la nécessité de tels liens. Bernard Henry Levy est devenu une caricature, un repoussoir mais derrière lui il y la nécessité d’une reflexion à peine amorcée.

BHL sur le tournage de ce pompeux navet SLAVA Ukraine, ou la reprise pure et simple du cri des fascistes ukrainiens de Bandera. Mais le pire a été sans doute le nombre d’intellectuels dits de gauche, certains se prétendant communistes qu’il a réussi à faire venir pour sa pièce sur l’Europe dans une grande première à Odessa, alors que son sponsor était kolomoïski, l’oligarque qui à la tête de sa garde prétorienne de nazis avaient brulé 48 personnes à la maison des syndicats d’Odessa (crime dans lequel la responsabilité de l’état ukrainien vient à peine d’être reconnue, on attend les excuses des « vertueux » qui hier comme aujourd’hui ont toujours été complices). il est vrai que Kolomoïski a aussi financé la campagne de Zelenski qui était alors un acteur de sa chaine de télévision. Tous ces FAITS sont vérifiables.

Aujourd’hui nous n’en sommes toujours pas sortis. Le grand public français découvre simplement à quel point le reste du monde ne nous prend plus au sérieux, le caractère grotesque de nos « élites » mediatico- politiques et on lui raconte que ce déclin ne peut pas être traité en France, que tout dépendrait de cette Europa là qu’il a lui Glucksman et bien d’autres prétendu vendre comme celle des « droits de l’homme » caricaturés tandis que ne lui est opposé que le complotisme, la haine et l’étroitesse de ceux qui comme Onfray ont prétendu nous faire mépriser Guy Mocquet, freud et tant d’autres, des cosmopolites, des internationalistes.

La France se résumerait à cette alternative de la médiocrité ? Comment s’en étonner quand le mal a été si profond, non seulement à l’extrême-droite, mais jusqu’à la gauche et même les communistes dans leur parole officielle. les communistes n’ont pas été les pires, mais leur abandon en rase campagne à permis le raz de marée… Les spécialistes qui sévissent sur des plateaux type LCI, ne sont pas différents de la grotesque « spécialiste en politique » inculte qui a été invitée en clôture de l’Université d’été du PCF pour parler de la Russie aujourd’hui… Elle ignorait tout du drame terrible de la fin de l’URSS, elle parlait de démocratisation, son discours était exactement celui imposé par la CIA. Elle a fort heureusement provoqué une révolte générale de l’assistance. Tant que « les commissions » qui ne sont élues par personne et recrutent qui elles veulent feront la politique internationale ou culturelle du PCF nous avons des chances de voir relayer l’idéologie dominante, la « mondanité » qui s’est imposée à la recherche française, isolant les véritables chercheurs du public…

BHL n’est que la tête de gondole d’un système encore en place jusque dans l’Humanité et dans la presse dite communiste, un système de propagande, qui, pendant plus de vingt ans, a enfoncé l’ultime clou de la censure sur le cercueil du « communisme » et laissé intellectuellement notre pays en jachère… Il suffisait de dire « c’est un stalinien » et aujourd’hui il est partisan de Poutine, pour que l’individu sans autre preuve soit interdit, déconsidéré tandis que défilaient les clones de BHL, Glucksman, Onfray et tant d’autres…

Quant à Bourdieu, je peux encore témoigner au moins de ces FAITS qui prouvent qu’il avait perçu l’ampleur du mal qui allait bien au dela de la politique politicienne, cela devenait un fait de civilisation occidental, celui qui justement aujourd’hui fait qu’en Tunisie on fait passer en jugement BHL pour soutien aux crimes contre l’humanité et à travers lui malheureusement l’influence française dans le monde : quelques semaines avant sa mort, Pierre Bourdieu était déjà condamné par le cancer, il m’a invitée à déjeuner dans un restaurant à la Bastille (près de son domicile rue de la mule noire) pour m’inviter à combattre contre ces pseudos »intellectuels » qui étaient en train d’achever l’université et la recherche française. Il cherchait à mobiliser la classe ouvrière. Pourtant il avait été très en colère contre le PCF. Lui le petit béarnais, un des promus de la laïque, il avait toujours voté communiste jusqu’aux années quatre vingt aussi en souvenir de ses premières années de chercheur en Kabylie quand la guerre d’Algérie battait son plein… Mais dans les années Mitterrand sans tout à fait se rallier au monde courtisan qui entourait ce dernier, il avait dénoncé la dérive ou ce qu’il estimait la dérive de la rupture de la gauche et en signe de protestation avait monté l’opération Coluche pour les élections présidentielles de 1981. Quand alors j’avais voulu l’interviewer en tant que rédactrice en chef adjointe de l’hebdomadaire Révolution, à la sortie de « la distinction » , il avait répondu : même pour Danielle Bleitrach je n’accepte pas cet interview dans la presse communiste. Il avait et ne s’en cachait pas beaucoup d’estime pour moi, pour notre livre à Alain Chenu et moi sur l’usine et la vie, qui avait été un « événement » sur le plan théorique en sociologie. Cette étude qui partait de l’analyse de plus de 10.000 ouvriers des zones industrielles de Fos et de Vitrolles correspondait à ses propres travaux. En effet il prétendait produire l’équivalent sur le plan « symbolique » dans les habitudes, de ce que Marx avait produit sur le plan des échanges matériels. Il appréciait également mon rôle à la Commission nationale de sociologie du CNRS où étant parmi les 25 sociologues français jugeant des carrières, des travaux des laboratoires du métier de sociologue, j’avais à plusieurs reprises défendu les gens de son labo dont Pinto.

Donc malgré ce refus, j’avais rendu compte dans l’hebdomadaire de ses travaux, et nous étions restés en contact. ET là, en novembre 2001, il avait voulu me parler de ce qu’il était en train de tenter avec quelques artistes et syndicalistes allemands: la situation était trop grave, Bourdieu qui parlait l’allemand s’insurgeait d’ailleurs contre la complaisance envers Nietzsche (ce retour du blanchissement du nazisme y compris avec Heidegger) qui allait avec cette escroquerie des faux philosophes à la BHL, Glucksmann et tant d’autres entraînant le vieux Sartre dans leur dérive. Ce qui était dénoncé également par Deleuze des « nouveaux philosophes »… Moi, je n’étais plus membre du comité central, l’huma m’avait déjà interdite comme je le suis toujours comme dans toute la presse communiste y compris dans la Marseillaise et aujourd’hui c’est devenu pour moi une espèce de nécessité que de faire comme lui, ne plus accepter de cautionner une certaine presse qui poursuit l’asphyxie de la pensée, et laisse le champ libre de fait à la glorification du nazisme par négationnisme dans le sillage de ceux qui ont soutenu Robert Ménard contre Fidel Castro et j’en connais peu qui se sont insurgé contre cette dérive… Ils ont alors été condamnés au silence comme moi. J’entamais donc cette prise de distance, ce refus de collaborer et je passais déjà plus de temps à Cuba, mais aussi en commençant à faire le tour de la planète qu’en France.

Il était trop tard pour relayer ses inquiétudes, il est mort peu de temps après en janvier 2002. Vingt ans après et plus, une porte s’entrouvre mais de ce fait la propagande imbécile redouble de force, mais c’est comme les plateaux de LCI, qui y croit encore ? A ce désaveu général il ne manque que la construction d’une perspective, un parti communiste ? (note de Danielle Bleitrach )

La justice tunisienne a frappé fort dans l’affaire dite du « complot contre l’État ». Le Tribunal de Tunis a condamné vendredi soir les personnes poursuivies pour complot contre la sûreté de l’État à des peines allant de 4 à 66 ans de prison ferme.

Parmi les condamnés figure Bernard-Henri Lévy, connu sous les initiales BHL. Le très controversé écrivain et homme d’affaires a été condamné en contumace à 33 ans de prison ferme.

L’homme d’affaires et lobbyiste Kamel Eltaïef a, quant lui, écopé de la plus lourde peine prononcée par ce tribunal : 66 ans de prison.

Au total, 37 accusés ont été condamnés dans cette affaire qui a tenu en haleine toute la Tunisie.

Selon l’Agence tunisienne de presse (TAP), ces personnes sont poursuivies pour « complot contre la sûreté de l’État, constitution et appartenance à une organisation terroriste, atteinte visant à changer la forme du gouvernement ou à inciter les citoyens à s’entre-tuer, troubles, meurtres et pillages liés à des crimes terroristes et atteinte à la sécurité alimentaire et à l’environnement. »

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