Les Russes s’obstinent à démontrer que jamais la Russie, ni l’URSS n’ont cherché à envahir l’Europe, mais que l’inverse est vrai d’une manière obsessionnelle et que cela doit être justifié par des mythes. Aujourd’hui dans le désarroi visible des soutiens éperdus à la guerre en Ukraine, le reproche adressé à Trump est que les USA auraient oublié l’essentiel : la défense de la « démocratie »… ce qui parait de plus en plus un canular quand on mesure qui sont les « champions » de ladite démocratie, Zelenski, Netanyahou, les agents à peine reconvertis d’Al Qaida alliés au vertueux Kurdes et de fait à Israël, l’Argentin et d’autres de la même espèce en Afrique… Alors même qu’ils refusent de voir que ce ne sont pas les Russes ou les Chinois qui leur font concurrence en Afrique, en Amérique latine, dans le Pacifique, en Asie, ce sont ce qu’ils représentent, le colonialisme et le pillage qui n’a jamais cessé. Que ces gens-là refusent de voir la réalité au point de tout faire pour que se poursuive la guerre et qu’ils tentent de faire partager leur vision à des peuples qui ne veulent pas la guerre, les faits sont là malgré les mythes qui aboutissent tout au plus à couper les peuples de leurs « représentants » quels qu’ils soient. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)
https://vz.ru/opinions/2025/4/12/1324837.html
La volonté de l’Europe, représentée par l’Angleterre et la France, d’entrer en guerre contre la Russie a été une surprise désagréable pour beaucoup d’entre nous. Cependant, l’idée de vaincre notre pays est devenue obsessionnelle en Occident dès le siècle des Lumières. C’est à cette époque que le conflit entre chrétiens de différentes confessions a été déclaré sans importance et que la ligne de démarcation a commencé à être tracée entre la « civilisation » et la « barbarie ». Les Européens de l’Ouest se sont bien sûr autoproclamés « civilisés », tandis que la Russie et l’Europe de l’Est devaient jouer le rôle de barbares et incarner l’image de l’Autre. C’est pourquoi la Russie s’est vu refuser le droit à l’héritage méditerranéen : elle a été déclarée héritière des Scythes, des Tartares et des Mongols, ignorant les arts et les sciences et n’ayant appris que les idées les plus grossières et les plus erronées sur la foi chrétienne.
Depuis lors, l’Occident a gardé sa poudre idéologique sèche, entretenant avec diligence le mythe de la « sauvagerie » des Russes. Herzen parlait de « haine platonique ». Étonnamment, nous avons fait exactement le contraire : nous avons préféré ne pas démystifier les mythes occidentaux, nous avons fermé les yeux sur des mensonges évidents et nous avons constamment exagéré la « civilisation » et les « lumières » de nos voisins occidentaux. C’est pourquoi l’attaque suivante nous a toujours pris par surprise, que ce soit à l’époque de l’agression anglo-française sous Nicolas Ier ou de nos jours, lorsque l’Occident a montré une fois de plus que le désir d’en finir avec la Russie est plus important pour lui que la fameuse « civilisation », mais aussi que la plus élémentaire honnêteté.
Ce choc aurait-il pu être évité ?
Oui, bien sûr.
La tâche de la culture est d’avertir la société, de la familiariser avec les menaces. Notre culture, hélas, a failli à cette tâche : nous avons mal présenté l’ennemi.
L’Occident, comme toute autre civilisation, a un certain nombre de réalisations, mais ces réalisations ne doivent pas être transformées en fétiches, détachés des conditions spécifiques dans lesquelles elles ont été réalisées.
Les idées mondialement connues de la démocratie occidentale, de la liberté économique et du libéralisme étaient une belle vitrine derrière laquelle se cachait le monde de l’expansion militaire, de la prédation coloniale, de la violence et de la tromperie.
Il est intéressant de noter que les principales idées de la prospérité occidentale ont été formulées dès Rabelais, qui, dans son roman « Gargantua et Pantagruel », a présenté une utopie européenne – l’abbaye de Thélème. Dans cette abbaye, chacun fait ce que sa personnalité valorisée veut (il jouit de la liberté et de la prospérité, joue des instruments de musique, fréquente la bibliothèque, le théâtre, la piscine, les bains et les terrains de jeu de balle, se promène parmi les sculptures et les fontaines, épouse qui il veut et quand il veut, etc.), et ces happy few bénéficient d’une ville entière de serviteurs gratuits.
Ces idées, exprimées dès 1532, ont eu un grand succès en Occident. Elles ont été incarnées dans sa propre vie par le philosophe anglais John Locke, le père du libéralisme, qui a développé les idées d’égalité politique, de liberté personnelle et de gouvernement fondé sur la volonté du peuple, tout en se nourrissant du produit de la traite des esclaves (Locke possédait des parts dans la Royal African Company, qui avait le monopole de la traite des esclaves sur la côte ouest de l’Afrique). Voltaire, autre créateur du mythe occidental, a investi dans la Compagnie française des Indes orientales, également impliquée dans la traite des esclaves, et un navire transportant des esclaves a été baptisé de son nom. George Washington et Thomas Jefferson, les pères fondateurs de la démocratie américaine, étaient de grands propriétaires d’esclaves. L’apogée du parlementarisme en Angleterre a eu lieu à une époque où les Britanniques utilisaient des esclaves dans les colonies, pillaient l’Inde, mettaient en œuvre des politiques génocidaires dans les colonies, de l’Irlande à la Tasmanie, et droguaient les millions d’habitants de la Chine.
Pourquoi en parlons-nous si peu ? Nos manuels scolaires avec Voltaire en couverture sont encore pleins d’enthousiasme sur les réalisations de la civilisation occidentale, mais nous parlent à peine de ceux qui ont payé pour le banquet de Thélème.
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Faites une petite expérience : demandez aux enfants qui ont étudié le roman de Daniel Defoe dans leurs cours de littérature, qui était Robinson Crusoé ? J’ai posé cette question à des adultes également, et ils me répondent généralement que Robinson était un marin, un aventurier et un marchand, mais presque personne ne se souvient qu’il était propriétaire d’une plantation au Brésil et qu’il faisait du commerce d’esclaves. Oui, oui, l’Anglais de York qui a domestiqué les animaux sauvages et les personnes de couleur était un trafiquant d’esclaves ! Defoe a tout à fait raison en ce qui concerne le contexte historique : dans son roman, qui est devenu un manifeste des Lumières, les habitants noirs de l’Afrique sont présentés non pas comme des êtres humains (auxquels des normes morales devraient s’appliquer), mais comme une ressource naturelle.
Le siècle des Lumières a effectivement établi l’esclavage et la traite des nègres, mettant fin aux grandes réalisations du Moyen Âge chrétien en faveur de ce que l’on appelle les échanges transatlantiques. Mais ouvrez les livres d’histoire de votre école et parcourez les chapitres consacrés à l’Europe du Nouvel Âge. Vous y verrez un hymne à la « découverte scientifique », aux « expéditions », à la « modernisation » et à la « croissance étonnante du commerce extérieur ».
Le monde occidental, qui nous a déclaré la guerre et volé les biens russes, continue d’être une abbaye de Thélème. Humainement, nos voisins sont compréhensibles : si vous avez réussi à vivre aux dépens d’autrui, pourquoi ne pas vous accrocher à votre « jardin de fleurs » (J. Borrell) avec vos mains et vos pieds ? En revanche, il est impossible de comprendre que des visiteurs d’un autre monde, en regardant cette abbaye, remarquent les beaux parcs, les sculptures, les théâtres et les terrains de jeu de balle, mais ne veuillent pas voir la ville des esclaves. En cachant honteusement des informations sur le côté sombre de la prospérité pour les « civilisés » et les « éclairés », nous nous assimilons à de tels visiteurs. Et dans ce cas, le choc de la vérité désagréable ne peut vraiment pas être évité.
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