Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Asie : Trump combat « le monde », le monde va-t-il gagner ?

Nous commençons à peine à découvrir à travers le coup de pied dans le nid de frelons qu’est la guerre tarifaire de Trump l’ampleur des changements qui ont affecté la planète durant cette dernière décennie. A partir du moment où dans un accès victimaire assez incongru Trump a déclaré une guerre capricieuse et narcissique au monde, le monde a l’occasion de se débarrasser de son insupportable suzerain. Certaines transformations paraissent aller dans ce sens, la plupart des événements politiciens, limite folkloriques comme en France, prennent leur sens réel dans cette « révélation », mais peu de protagonistes sortent de leur « zone de confort », celui des factions s’affrontant pour le pouvoir national, ses élections, ce qui donne à la démocratie un aspect hors sol avec des comportements de masse qui n’ont pas d’expression politique et des « soulagements momentanés » dans le dégagisme. Autre aspect lié à la période, celui de l’affaiblissement des forces collectives du monde du travail qui ont subi dans les dernières décennies un véritable séisme, l’importance des « leaders charismatiques » auxquels il est encore possible d’accorder de la confiance. La Corée du Sud fait partie de ces peuples en situation intermédiaire sur lesquels s’exerce la plus forte pression économique, militaire des USA et qui dans le même temps conservent une forte mobilisation populaire, une pression démocratique, là où l’empire connait ses défaites mais sans qu’une issue soit évidente.

«La démocratie a gagné !»

« La démocratie a gagné ! » © Lee Sae-rom/yonhapnews Des participants d’une manifestation organisée par l’Action d’urgence pour le retrait immédiat de Yoon Suk Yeol et la grande réforme sociale scandent des slogans devant la porte de Gwanghwamun, dans le centre de Séoul, le samedi 5 avril 2025. (Yonhap)  

Entre-temps, en Corée, d’importants changements politiques se sont produits, dans les règles de l’art.

Le président sud-coréen Yoon a été démis de ses fonctions pour insurrection à la suite d’une décision de la Cour constitutionnelle. À la fin de l’année dernière, il a tenté un coup d’État militaire, qui, selon de nombreux analystes, avait le soutien tacite des États-Unis. Mais ces événements politiques se passent dans un contexte économico-politique qui témoigne des incertitudes face à la politique des Etats-Unis et à quel point les aspects erratiques de ce dernier pèsent sur ses principaux alliés asiatiques.

SEOUL, 06 avr. (Yonhap) — La Corée du Sud s’est retrouvée parmi 37 économies importantes en 29e position en termes de croissance du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre de l’année dernière, et ce dans un contexte d’affaiblissement de la demande intérieure et d’accroissement des incertitudes politiques, a montré un rapport publié ce dimanche par la Banque de Corée (BOK)

La quatrième économie d’Asie a affiché une croissance de son PIB réel de 0,066% pour la période octobre-décembre 2024, un chiffre plaçant le pays vers le bas de la liste rassemblant les 36 membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Chine, selon le rapport de la banque centrale.

L’Irlande est arrivé en tête du classement avec un taux de croissance de 3,613%, loin devant le Danemark (1,849%), la Turquie (1,688%), la Chine (1,6%) et le Portugal (1,542%). Les Etats-Unis ont vu leur PIB augmenter de 0,607%, se classant au 17e rang, et le Japon de 0,556% pour se situer 20e.

La croissance du PIB réel de la Corée du Sud est en diminution continue depuis le deuxième trimestre de l’année dernière, lorsqu’elle a chuté à la 32e place avec un taux de -0,228%, alors qu’elle occupait la 6e place avec 1,3% le trimestre précédent. Malgré un léger rebond à la 26e position au troisième trimestre avec une croissance de 0,1%, la tendance a été de nouveau à la baisse en fin d’année.

La BOK a attribué la mauvaise performance du quatrième trimestre à une consommation des ménages atone et à des investissements dans la construction manquant de tonicité. L’instabilité politique, exacerbée par l’imposition éphémère de la loi martiale par l’ancien président Yoon Seok Yeol en décembre, a détérioré encore plus la confiance des consommateurs et des investisseurs.

Myeongdong

Myeongdong

Par ailleurs, les perspectives pour le premier trimestre de 2025 restent sombres. La demande intérieure continue de faiblir et les exportations semblent s’essouffler alors que les effets des mesures tarifaires du président américain Donald Trump ne sont pas encore ressentis.

Selon les derniers chiffres de la BOK, les exportations sud-coréennes ont atteint en janvier 49,81 milliards de dollars, soit un net recul de 9,1% par rapport au même mois de 2024. Il s’agissait de la première baisse en glissement annuel en 16 mois, depuis septembre 2023 (-1,6%).

Les experts sont donc sceptiques quant à la prévision de la banque centrale d’une croissance de 0,2% pour les trois premiers mois de cette année. «Sur la base des données économiques de février, la Corée du Sud ne devrait croître que de 0,1% au premier trimestre», a prédit Park Jeong-woo, économiste chez Nomura Securities, avant de mettre en garde : «Avec la poursuite de l’effondrement de la demande intérieure et du ralentissement des exportations, il est même possible que le pays connaisse une croissance négative.»

xb@yna.co.kr

D’ici juin 2025, la Corée du Sud pourrait avoir un président progressiste du Parti démocrate (Lee Jae-myung) et une législature qui pourrait mener des politiques intérieures et étrangères qui n’auront pas la faveur de leur allié dominateur, les États-Unis. D’autant plus que Trump a imposé des droits de douane de 25 % sur le commerce coréen avec l’Amérique !

Comment la Corée va-t-elle changer ? Comment les relations avec le Japon, les États-Unis, la Chine et l’Asie-Pacifique vont-elles changer ? La Corée du sud représente un des cas les plus intéressants de cette mutation dont les experts chinois pensent que le mal est très profond et qu’il ne suffira pas d’un simple changement de gouvernement pour l’enrayer même si les forces progressistes et anti-impérialistes y témoignent d’une résistance démocratique tout à fait originale que l’on ne peut isoler de la coupure en deux de la péninsule.

Jeff Rich un commentateur australien note : j’ai discuté de ces questions dans ma dernière interview sur YouTube avec KJ Noh. KJ Noh est un journaliste, analyste politique, écrivain et enseignant spécialisé dans la géopolitique de la région Asie-Pacifique (voir le China Report à @BreakThroughNews) Il m’a rejoint pour cette interview spéciale afin de discuter des événements de la destitution du président Yoon et de la façon dont les événements se dérouleront en Corée et dans le monde.

Il vaut également la peine de regarder mon interview avec KJ de la fin de l’année dernière, peu après le coup d’État militaire manqué. Nous discutons de l’histoire tragique de la Corée après 1945 et après la partition, et de la façon dont elle se répercute sur le coup d’État de 2024.

Les traumatismes de la société coréenne sont étudiés dans les écrits du prix Nobel de littérature 2024, Han Kang. Mon appréciation de son travail est disponible pour les abonnés payants aux Archives Nobel.

Views: 72

Suite de l'article

1 Commentaire

  • Philippe, le belge
    Philippe, le belge

    Interview très instructive, à regarder absolument! Pour ceux qui ne comprennent pas l’anglais, la traduction automatique en français est performante

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.