Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Pourquoi l’Ukraine a échoué en tant qu’État multinational

Nous sommes à peine en train de pouvoir tirer les conséquences des multiples formes de faillite de l’hégémonisme occidental et de la brutalité actuelle des mesures prises par le gouvernement des USA pour y faire face. C’est le désarroi idéologique le plus total pour ceux qui sous diverses formes sont justement restés dans un moule idéologique hérité de la guerre froide et de l’apparente victoire d’un camp. En fait, loin d’être une fin de l’histoire dans laquelle tous les conflits ne seraient que des tentatives soit de peaufiner « le libéralisme » victorieux, soit de restaurer le socialisme à l’identique, l’Histoire, celle de la lutte des classes, étendue à la planète entière s’est poursuivie et est en train de balayer les constructions hasardeuses parmi lesquelles la tentative de construire un nationalisme agressif d’extrême droite. En ce sens la leçon ukrainienne et la manière dont elle s’est étendue à toute l’Europe face à la destruction du « libéralisme » par la financiarisation monopolistique destructrice des bases sociales de la « démocratie » va beaucoup plus loin que ce cas et la nécessité de négociations en vue de la paix (note de Danielle Bleitrach, traduction par DeepSeek, relue par Marianne Dunlop)

Par Eamon Dyas

L’Ukraine moderne est apparue comme un État indépendant issu de l’État le plus multinational de l’histoire : l’Union soviétique. À sa sortie de l’URSS, l’Ukraine elle-même présentait les caractéristiques d’un État multinational, avec des minorités russes, hongroises, roumaines et cosaques sur son territoire, les Russes constituant la plus importante. Cependant, l’Ukraine ne disposait pas d’une tradition libérale européenne pouvant la guider vers un modèle d’État multinational fonctionnel, tandis que l’héritage soviétique, pourtant expérimenté dans la gestion des diversités ethniques, s’était effrité. Ainsi, le seul sentiment capable de forger une identité ukrainienne post-soviétique indépendante fut celui qui avait émergé pendant la Seconde Guerre mondiale comme principal rival de l’hégémonie soviétique : un nationalisme ukrainien d’extrême droite, exclusif et radical.

Ce courant mit quelques années à s’imposer. Dans l’immédiat post-soviétique, le pays était dominé par une élite affairiste pragmatique, focalisée sur l’enrichissement personnel et l’ancrage du capitalisme dans une économie autrefois socialiste. Ce n’est que lorsque la corruption généralisée devint le prix de cette transition que la société civile ukrainienne commença à chercher une alternative politique. Sans interférence extérieure, cette quête aurait pu intégrer l’héritage multinational de l’Ukraine. Malheureusement, dès le début, les États-Unis ont intégré l’Ukraine dans une stratégie sécuritaire justifiant une ingérence massive, ruinant toute perspective de développement harmonieux.

L’ingérence géopolitique occidentale

La vision américaine fut exposée par Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale, dans son livre Le Grand Échiquier (1997) : « Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire eurasiatique. » Sur cette base, il argumenta que l’intégration de l’Ukraine dans l’orbite américaine affaiblirait la Russie et ferait des États-Unis « l’arbitre clé des relations de pouvoir en Eurasie ».

Pour concrétiser cette vision, des organismes comme la National Endowment for Democracy (NED), Freedom House, et USAID financèrent la formation de journalistes, juges et militants pro-occidentaux. Les États-Unis dépensèrent également 65 millions de dollars en 2003-2004 pour soutenir la campagne de Viktor Iouchtchenko, candidat pro-UE et pro-OTAN, contre Viktor Ianoukovytch, plus indépendant.

Le Canada, avec sa diaspora ukrainienne influente, joua aussi un rôle. Comme le révéla le Globe and Mail en 2007, l’ambassadeur canadien en Ukraine, Andrew Robinson, coordonna des financements occultes pour des groupes pro-occidentaux et invita des activistes serbes (Otpor) et géorgiens (Kmara) – ayant renversé leurs gouvernements – à former des organisations ukrainiennes.

La Révolution orange et ses conséquences

Lorsque Ianoukovytch remporta l’élection présidentielle de 2004, l’Occident refusa de reconnaître les résultats. Sous pression de l’UE et des États-Unis, des manifestations massives (la « Révolution orange ») conduisirent à l’annulation du scrutin et à l’investiture de Iouchtchenko. Le Canada finança directement le mouvement Pora, groupe phare de la révolution, dirigé par Vlad Kaskiv, lié à la Fondation Open Society.

Cependant, le bilan de la Révolution orange fut désastreux. Les espoirs démocratiques s’effondrèrent face à la corruption persistante et à la polarisation ethnique. En 2010, Ianoukovytch fut réélu légitimement, mais son parti, axé sur la reconnaissance des minorités, fut marginalisé après le Maïdan de 2014, soutenu par l’Occident. Ce coup porté à la légitimité démocratique scella l’échec de l’Ukraine en tant qu’État multinational.

L’échec de « l’ukrainisation » forcée

Un rapport de l’OSCE en 2011, rédigé par Frank Evers, souligna les divisions ethniques exacerbées par les politiques d’« ukrainisation » sous Iouchtchenko : promotion exclusive de la langue ukrainienne, réécriture historique glorifiant des figures controversées (comme Stepan Bandera), et marginalisation des minorités russes et tatares. Ces mesures, plutôt que d’unifier, alimentèrent le ressentiment, notamment en Crimée.

Après 2014, cette dynamique s’accéléra : interdiction du russe dans l’espace public, persécution de l’Église orthodoxe russe, lois discriminatoires. L’idéal d’une Ukraine démocratique et multinationale devint intenable, car la cohérence « nationale » fut imposée par la coercition, non par le compromis.

Démocratie versus multinationalité : l’impasse

L’exemple de l’Irlande du Nord montre qu’une solution pacifique dans un État multinational nécessite des mécanismes dépassant la simple règle majoritaire. Les accords de Minsk (2014-2015), visant à protéger les droits des russophones, furent sabotés par des groupes nationalistes ukrainiens armés, avec la passivité de Kiev.

Pourtant, l’Occident persiste à présenter l’Ukraine comme une démocratie victime de l’agression russe, occultant son incapacité structurelle à concilier démocratie et diversité ethnique. En réalité, l’Ukraine ne peut être à la fois un État démocratique (tel que conçu par l’Occident) et un État multinational. Son histoire post-soviétique en est la preuve tragique.

Conclusion

L’échec ukrainien révèle les limites de l’exportation dogmatique de la démocratie dans des sociétés complexes. En privilégiant la « démocratie » pro-occidentale au détriment des équilibres ethniques, les États-Unis et l’UE ont alimenté un nationalisme exclusif, rendant toute réconciliation impossible. Aujourd’hui, le conflit actuel est autant le fruit de cette ingérence que des fractures internes de l’Ukraine, État condamné à choisir entre unité nationale et diversité – une alternative où la démocratie, telle que pratiquée, a échoué.

Traduit de l’anglais par DeepSeek, sans correction nécessaire (mieux que DeepL donc, je vous recommande, et en plus c’est gratuit et sans limitations ; note de Marianne Dunlop)

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