Cet article du tabloïd officiel est exactement dans le sens de ce que nous défendons depuis des années dans ce blog histoireetsociete et dans notre livre qui sortira en avril 2025 et qui résume à travers l’approche de quatre auteurs gestionnaires de ce blog cette démarche. Ce que dit ici la Chine aux différents pays d’Europe est exactement ce que nous tentons de partager avec nos lecteurs français et internationaux. Nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer ce que dit la Chine, parce qu’elle nous parle de ce qui se réalise, alors que la propagande à laquelle nous sommes soumis (le nouveau péril jaune) ne porte que guerre et déclin. L’intérêt que nous avons à un tel « éveil » est économique, mais le projet est beaucoup plus vaste, il porte des valeurs dans lesquelles nous pouvons nous reconnaitre. Mais lisez plutôt et acceptez de suspendre vos a priori et stéréotypes y compris dans une visée de la paix, de la justice, de l’égalité et même de la laïcité… un nouvel humanisme… Et que cette ouverture nous aide ici même à ouvrir le dialogue entre ceux que la « contrerévolution » a séparés en chapelles antagonistes qui n’ont pas lieu d’être. Gardez vos exigences mais confrontez-les aux possibles ouverts par ce monde multipolaire. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Par Global Times 22 mars 2025
Illustration : Xia Qing/GT
Dans un contexte international complexe et changeant, le positionnement de l’Europe et le développement des relations sino-européennes ont suscité beaucoup d’intérêt. Cependant, une série d’actions et de déclarations récentes de la part de l’Europe sont apparues déroutantes. Tout d’abord, la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, a affirmé que si les États-Unis et l’Europe s’engageaient dans une guerre commerciale, la Chine « en retirerait tous les bénéfices ». Le commissaire européen au commerce et à la sécurité économique, Maros Sefcovic, a déclaré que si les fabricants chinois de véhicules électriques (VE) et de batteries souhaitaient investir dans l’UE, ils devaient être prêts à transférer des technologies. De plus, les derniers rapports indiquent que l’UE enquête pour savoir si la Chine a fourni des subventions indues à une usine de voitures électriques BYD en Hongrie.
Dans le même temps, cinq ans après la publication de la « boîte à outils de cybersécurité 5G de l’UE », qui exhorte les États membres à bannir Huawei et ZTE de leurs réseaux, des enquêtes indiquent que 17 pays de l’UE, dont les plus grandes économies, n’ont pas pleinement mis en œuvre ses dispositions. En outre, le déploiement du réseau 5G en Europe a clairement pris du retard par rapport à l’Amérique du Nord et à la région Asie-Pacifique, ce qui a conduit à des débats de plus en plus nombreux en Europe sur les erreurs stratégiques dans le développement de la 5G. L’Espagne a annoncé jeudi que le Premier ministre Pedro Sanchez se rendrait en Chine et au Vietnam le mois prochain, affirmant son intention de contribuer au rapprochement entre l’UE et « d’autres puissances et blocs régionaux » dans le « contexte géopolitique très changeant » actuel. De toute évidence, il existe un fossé entre la position de la Commission européenne sur la Chine et les opinions de certains pays européens, de la communauté des affaires européenne et des individus perspicaces.
Il n’est pas difficile de voir que derrière la position déroutante de la Commission européenne et du Parlement européen sur la Chine, il y a des tendances divergentes en jeu. Le premier état d’esprit s’explique par le fait, qu’étant sous la menace d’une guerre tarifaire de Washington, il existe un désir de ne pas attribuer la responsabilité aux vrais coupable et de détourner l’attention en lançant le récit selon lequel « la Chine bénéficie de la guerre commerciale entre les États-Unis et l’UE ». Le deuxième état d’esprit, toujours ancré dans le maintien des relations transatlantiques, cherche à utiliser l’amélioration des liens avec la Chine comme monnaie d’échange dans les négociations avec Washington. Le troisième état d’esprit est plus retors, il nourrit la conviction que la Chine a vu une opportunité dans la discorde entre les États-Unis et l’Europe, mais que Bruxelles ne devrait pas permettre à Pékin d’en profiter sans en payer le prix ; et pour en bénéficier, il faudrait traiter Pékin avec plus de prudence et de stratégie. Le quatrième état d’esprit est une posture défensive qui s’obstine, en particulier après avoir vu les avancées industrielles et technologiques de la Chine, et nous assistons alors à la tentative de s’accrocher encore plus obstinément à la stratégie de « réduction des risques », alors qu’elle est déjà en difficulté.
Si l’on essaie d’analyser l’évolution de l’état d’esprit de l’Europe au cours des dernières années, depuis le conflit russo-ukrainien jusqu’à la crise actuelle des relations transatlantiques, l’inquiétude de l’Europe quant à ses propres vulnérabilités n’a cessé de croître rapidement. Dans de nombreux domaines d’action, on observe une tendance croissante à la « multiplication des échappatoires ». Ce qui ressort encore plus, c’est que certains en Europe pointent instinctivement du doigt la Chine, en s’acharnant essentiellement sur ce qu’on appelle la « réduction des risques » contre la Chine, et formulant une variété d’autres boîtes à outils telles que des « outils anti-coercition » qui ont profondément affecté les relations économiques et commerciales entre la Chine et l’Europe. Mais qui représente vraiment la plus grande menace pour la sécurité économique de l’Europe ? Notons que dès le début, certains Européens nourrissaient l’illusion que les pertes causées par la réduction de la coopération avec la Chine pourraient être compensées ailleurs. En réalité, non seulement les compensations ne se sont pas matérialisées, mais l’Europe a également été confrontée à une pression encore plus forte de la part de ces supposées alternatives.
Non seulement cette mauvaise prescription ne s’attaque pas aux problèmes structurels de l’UE, mais met en évidence sa myopie et sa passivité face à la concurrence mondiale. L’Europe devrait trouver des moyens de surmonter son anxiété plutôt que d’être piégée par celle-ci ou poussée dans un dilemme par des impulsions réactives. En effet, de plus en plus de voix de réflexion émergent en Europe. Par exemple, un récent article des médias belges a noté que la Chine a accumulé par le passé une expertise automobile grâce à la coopération avec des acteurs européens, et il semble que l’Europe devrait s’en inspirer dans le domaine des batteries et qu’il est temps de revenir sur la voie de la coopération avec une attitude modeste. La plupart des professionnels pragmatiques de la communauté des affaires européenne reconnaissent les opportunités qui découlent de la coopération avec la Chine. Ils espèrent renforcer davantage la collaboration tournée vers l’avenir avec la Chine dans des domaines tels que la technologie et les nouvelles énergies. Ces voix pragmatiques devraient être prises en compte dans le processus décisionnel de l’Europe.
Alors que la plupart des pays de l’UE trouvent pratiquement impossible de « couper les liens » avec les produits chinois, les pays européens qui ont déjà approfondi leur coopération avec la Chine en récoltent les fruits. Par exemple, Chery Automobile et l’espagnol Ebro-EV Motors ont créé une coentreprise à Barcelone, créant ainsi plus de 1000 emplois locaux. Après avoir ouvert des usines en Allemagne et en Hongrie, CATL s’est associé à Stellantis pour établir une usine de batteries au lithium fer phosphate à grande échelle en Espagne, offrant aux consommateurs européens des véhicules électriques de meilleure qualité, plus durables et plus abordables. Cette année, XPeng Motors et Volkswagen ont intensifié leur collaboration pour construire un réseau de recharge ultra-rapide, tandis que Hesai Technology a obtenu un projet exclusif à long terme avec un équipementier européen de premier plan. Ces développements démontrent les innombrables opportunités qui émergent de la coopération sino-européenne.
L’Europe est arrivée à un point où elle doit rééquilibrer son approche. Pour s’attaquer aux vulnérabilités de l’Europe et favoriser un meilleur développement, il faut coopérer avec la Chine, et non l’inverse. La coopération sino-européenne n’est pas simplement une convergence d’intérêts économiques, c’est aussi un choix stratégique visant à relever ensemble les défis mondiaux. Sur des questions telles que le changement climatique, la sécurité numérique et la santé publique, les deux parties partagent des intérêts et des responsabilités communs. Le renforcement de la coopération dans ces domaines permettrait non seulement d’accroître leurs capacités respectives, mais aussi d’insuffler une nouvelle vitalité à la gouvernance mondiale. La Chine n’a pas l’intention d’exploiter les difficultés des autres ou d’intimider qui que ce soit, et l’Europe devrait également poursuivre une communication et une coopération sincères avec la Chine sur la base de l’égalité et du respect mutuel.
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