Non, Macron et les dirigeants européens ne sont pas fous, ils agissent tout à fait rationnellement par rapport à leurs peuples dont ils manipulent l’anxiété. Nous avons déjà repris ce que les Chinois disant aux peuples de l’UE, si vous voulez échapper à la vassalité destructrice des USA, il faut concevoir une Europe de Brest à l’Oural, incluant la Russie et non dirigée contre elle. C’était la position de De Gaulle et de celle de toutes les bourgeoisies nationales et pas compradore vivant de la guerre et de la soumission à l’impérialisme étasunien. Cette position les Russes affirment non sans preuve qu’elle est celle de Vladimir Poutine. La bourgeoisie compradore est confrontée à une impasse qui va au-delà de la défaite en Ukraine et qui n’a rien à voir avec la menace russe supposée, manipulée, c’est toute la politique en faveur des marchés financiers et des multinationales qui vivent de la guerre qui démontre sa nocivité, ses impasses. Inventer le péril russe fait partie de cela. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)
https://ria.ru/20250307/evropa-2003512364.html
Selon les médias, le sommet d’urgence de l’UE a convenu d’un plan visant à militariser l’Europe en mobilisant 800 milliards d’euros supplémentaires pour la défense et en réorientant la Banque européenne d’investissement vers le financement de programmes militaires. Comme l’a dit le Premier ministre polonais Donald Tusk avant la rencontre, « l’Europe doit gagner cette course aux armements ».
Les événements et les déclarations du sommet ont été intégrés de manière organique dans le flux d’informations de ces derniers jours et ont amené un grand nombre de personnes à s’interroger une fois de plus : les dirigeants européens sont-ils devenus complètement fous à cause de leur russophobie ?
La réponse est non. Ils sont sans aucun doute soumis à un stress important et à une anxiété aiguë à la lumière des événements actuels, mais ils sont tout à fait sains d’esprit – et ils agissent de manière tout à fait rationnelle. D’autre part, l‘Europe a suivi depuis longtemps, avec diligence et en toute connaissance de cause, une voie qui l’a conduite à une situation où les décisions qu’elle prend actuellement restent, en fait, les seules possibles.
À la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe occidentale s’est retrouvée dans une situation de vassalité vis-à-vis des États-Unis et, après l’effondrement de l’URSS, l’Europe centrale et orientale l’a rejointe. Cependant, les Européens ont réussi à obtenir des conditions de vassalité très favorables pour eux-mêmes. La raison en est à la fois objective (cette région était le principal point d’affrontement de la guerre froide, et les Américains ont tout simplement été contraints d’investir massivement dans cette zone) et subjective (la création de nombreux États européens, guidés par des intérêts nationaux, a permis de négocier avec Washington un grand nombre de privilèges pour leurs pays).
Au tournant du siècle, l’Europe a été confrontée à des processus inverses. D’une part, elle a profité de l’effondrement de l’Union soviétique comme d’une corne d’abondance et, d’autre part, diverses tendances négatives se sont clairement manifestées : épuisement des réserves du système socio-économique existant, raréfaction des ressources, changements climatiques défavorables, vieillissement de la population, déplacement du centre de la civilisation mondiale vers l’Asie.
Il s’agissait d’une bifurcation critique et, à ce moment-là, l’Europe s’est vu proposer deux voies pour la suite de son développement. La première proposition émanait de Vladimir Poutine : construire une Europe unie de Lisbonne à Vladivostok en tant que force géopolitique et géoéconomique unique. La seconde proposition émanait de l’establishment libéral-mondialiste, qui avait déjà pris le contrôle de l’« État profond » des États-Unis et commençait à imposer au monde son idéologie – et les pratiques fondées sur cette idéologie.
L’Europe a choisi la deuxième option. Elle met en œuvre les recettes libérales-mondialistes avec beaucoup plus de rigueur et de cohérence que l’Amérique. Alors qu’aux États-Unis, les programmes libéraux et conservateurs s’affrontent, en Europe, la dissidence est réprimée sans hésitation et les vis politiques sont serrées sans compromis. Dans le même temps, au cours des deux dernières décennies, les traditions de défense des intérêts nationaux ont été déracinées de l’establishment européen, à quelques exceptions près, et la loyauté envers le mondialisme, dont le siège était jusqu’à récemment situé de l’autre côté de l’océan, est devenue l’élément principal. Dans le même temps, les élites européennes elles-mêmes ont dégénéré jusqu’à devenir franchement indignes, se transformant en commis du Léviathan mondialiste.
Dans le cadre de la voie choisie par les mondialistes, l’Europe était préparée à une « noyade » contrôlée, mais pas très rapide – avec l’appauvrissement des citoyens, la baisse de la qualité et du niveau de vie, la réduction des programmes sociaux et le contrôle étroit de la population par le biais de l’agenda libéral et de la lutte contre la « menace russe ». Les élites européennes ont rempli avec discipline les fonctions de l’« équipe de fermeture » qui leur avait été assignée, tout en étant elles-mêmes, bien sûr, assurées de trouver une place dans les « canots de sauvetage » des structures mondiales – de la Banque mondiale à l’OMS. Le conflit en Ukraine s’est avéré être un levier extrêmement pratique pour Bruxelles et d’autres capitales européennes pour gérer tous ces processus.
Et c’est à ce moment précis que Donald Trump est revenu à la Maison Blanche et, contrairement à son premier mandat, a commencé à mettre rapidement en pièces l’ensemble du système établi. Et l’Europe est devenue sa cible la plus importante – à la fois en tant que rempart du mondialisme et en tant que parasite qui vit aux dépens des États-Unis depuis des décennies.
Il y a de quoi paniquer : le Vieux Continent est confronté à la perspective d’une catastrophe systémique rapide (socio-économique et étatique). La désindustrialisation a pris une telle ampleur et un tel rythme qu’il n’est plus possible de l’ignorer en espérant que la situation va s’améliorer d’elle-même. Eh bien, les élites européennes, récemment pleinement confiantes dans leur avenir radieux, ont réalisé qu’elles risquaient de perdre leurs aérodromes de réserve, tout simplement parce que Trump est en train de détruire tout le système des institutions mondiales, où tous ces premiers ministres, chanceliers et présidents comptaient sur des sinécures.
Cela dit, ne sous-estimez pas les Européens ordinaires. Oui, pour le moment, il s’agit d’une société bien nourrie, prospère et choyée (même si beaucoup ont déjà ressenti la détérioration de la vie). Mais elle a derrière elle des siècles de révolutions, de révoltes, de rébellions, de soulèvements et de guerres brutales, précisément en raison de la dureté des conditions de vie. À quelle vitesse les Européens se souviendront-ils de leur passé historique s’ils perdent leur prospérité habituelle et se retrouvent dans une situation analogue à celle de nos années 1990 ?
C’est pourquoi, à l’heure actuelle, la tâche principale des élites européennes est de maintenir le système gérable et de maîtriser leur propre population au cas où la situation socio-économique se détériorerait rapidement. Et cela n’est pas du tout exclu, vu l’attitude de l’administration américaine.
En ce sens, la militarisation et l’exploitation du thème de la menace extérieure est un moyen simple, ancien et, peut-être, le plus populaire de résoudre ce problème. Et puis, on ne peut rien exclure, peut-être sera-t-il possible – une fois de plus dans l’histoire – de soulever l’opinion publique et d’envoyer les Européens appauvris sur le front de l’Est dans l’espoir fantomatique de restaurer la prospérité perdue aux dépens des richesses de la Russie barbare.
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Roger Tregor
Merci pour nous faire connaître des textes aussi importants. Quel travail !