Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La longue marche vers le monde multipolaire : voir ce qui est déjà là et les dangers réels, par Danielle Bleitrach

La planète entière a compris que la pseudo indépendance de Macron et de l’UE consiste simplement à faire payer aux Européens la lutte contre la Russie à la place des Etats-Unis. Ce dernier réalise que ses objectifs de l’éclatement de la Russie sur le modèle de l’URSS sont inatteignables et il se retire pour trouver un un terrain plus favorable – il a beaucoup de mal d’ailleurs à en trouver un-. Alors nous assistons au spectacle le plus invraisemblable d’autodestruction… La Chine nous dit calmement : choisissez l’intérêt national. C’est l’ultime conviction qui nous a poussé à écrire ce livre parce que nous étions inquiets pour notre pays. Autre conviction, si l’on veut choisir l’intérêt national, il faut sortir réellement de cette dépendance en considérant qu’il existe désormais une alternative qui ne nous demande aucun militarisme de notre économie en proposant une autre conception de la sécurité. Le slogan choisi par le PCF est très juste « non à la marche à la guerre, oui à la sécurité collective ». Nous le partageons à 100 % mais il faut aller plus loin,.. Comme nous le conseille le ministre des Affaires Chinois aujourd’hui : si l’Europe veut vraiment sa souveraineté par rapport aux Etats-Unis elle ne l’obtiendra que par l’intégration de la Russie dans l’Europe et le tout dans une unité eurasiatique ouverte sur la planète, le sud en particulier. C’est étrange que ceux qui cherchent à créer une véritable paix, une sécurité n’aient pas songé à une telle évidence : la sécurité ne dépend pas de la course aux armements, elle dépend de mes bons rapports de voisinage. La sécurité de mon voisin est la mienne. C’était le principe défendu dès sa naissance par l’URSS et ça passait par le désarmement.

Notre livre pour ceux qui prendront la peine de le lire avec sérieux a été conçu pour aider les Français à voir que ce qui est déjà là, à savoir le monde multipolaire, en quoi il détermine un profond changement. Pour cela il est indispensable de changer ses grilles de lecture si l’on veut pouvoir en tirer une aide réelle pour la paix. Oui il s’agit d’une Longue Marche mais les différentes formes de multipolarité qui ont été initiées les BRICS, l’organisation de coopération de Shanghai, la BRI (la ceinture et la route), toutes ces initiatives sont déjà réalisées et elles ont généré des modes de coopération. Elles ont même incité à une transformation des organisations existantes comme l’ONU et d’autres. On peut considérer que ce que vivent les Etats-Unis et l’UE, ce choc qui nous a laissé groggy est un des effets de ces réalisations qui s’étendent sur tous les continents et face auxquelles le président des Etats-Unis est contraint à tenter de reprendre l’initiative à l’échelle du bouleversement qui fait vaciller la première puissance du monde.

Il ne faut pas entretenir l’idée sur laquelle s’acharnent notre classe capitaliste et son petit personnel à savoir que cela apparait aujourd’hui et que ce déclin programmé, auto-fabriqué est entièrement pris dans les sursauts de l’élection de Trump, c’est une illusion d’optique qui nous induit à beaucoup d’erreurs, nous découvrons ou croyons découvrir ce qu’est ce monde et nous plaquons sur cette réalité des grilles de lecture inadaptées. Il en est ainsi aujourd’hui de la manière me semble-t-il dont la gauche mais aussi le secteur international du PCF et celui de l’Humanité n’arrive pas à s’abstraire de son atlantisme spontané. Cela nuit à la courageuse prise de position en faveur de la paix qu’a pris le PCF, son secrétaire Fabien Roussel et les députés communistes. La lucidité y compris avec laquelle avec son instinct de classe et son patriotisme réel l’ont conduit à préfacer ce livre. Une préface qui montre à quel point il rompt avec cette catastrophe mais qui reste comme la politique du parti encore pris dans la gangue de décennies de liquidation, ne pas oser aller jusqu’à la construction réelle d’un continent européen de Brest à l’Oural et pas dans les folies de la conquête de la Russie mais dans le refus de la guerre à cet immense pays.

Cette position courageuse est bridée par l’incapacité à mesurer l’importance du changement.

Il est difficile reconnaissons-le de passer de la logique du mode de fonctionnement de l’impérialisme occidental à celle du monde multipolaire qui s’est mis en place avec au cœur le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine. Dans notre livre nous consacrons trois chapitres à l’élucidation de ce partenariat et nous ne prétendons avoir tracé que quelques pistes de compréhension dans lesquelles comme dans l’ensemble du livre nous considérons la Chine, le leader ce mouvement inusité dans sa relation avec le reste de la planète, une relation millénaire dont l’occident n’est que très récemment paru gouverner l’évolution, aujourd’hui il y a un nouveau décentrage. Tout dans la relation entre la Russie et la Chine et bien d’autres pays ne s’explique pas comme une simple réponse à l’hostilité de l’occident. la création et l’expérimentation d’autres types de relations internationales ne se joue pas uniquement avec les USA et encore moins avec l’UE.

Cela donne une toute autre perception du monde et celle-ci devient dominante. Comme nous le conseille le ministre des Affaires Chinois: si l’Europe veut vraiment sa souveraineté par rapport aux Etats-Unis elle ne l’obtiendra que par l’intégration de la Russie dans l’Europe et le tout dans une unité eurasiatique ouverte sur la planète, le sud en particulier. C’est étrange que ceux qui cherchent à créer une véritable paix, une sécurité n’aient pas songé à une telle évidence : la sécurité ne dépend pas de la course aux armements elle dépend de mes bons rapports de voisinage. La sécurité de mon voisin est la mienne. C’était le principe défendu dès sa naissance par l’URSS et ça passait par le désarmement.

Le fond de ce nouveau positionnement est que chaque nation considère son intérêt national en priorité et à partir de là définit ce qui chez le partenaire potentiel améliore cet intérêt réciproque. il n’y a pas d’alliance comme dans la logique des blocs qui est celle qui a été imposée à la planète et dont paradoxalement l’UE réclame à grand cris le maintien. Alors que les exigences d’Obama et de Biden ont conduit non seulement la malheureuse Ukraine à une autodestruction en donnant dans la russophobie et un coup d’état orienté contre ce qui avait toujours été le peuple frère, mais il n’y a pas eu que l’Ukraine: l’Allemagne a lourdement payé cette logique, et la France y a perdu 30 milliards empruntés ce qui pèse lourdement pourtant Macron en rajoute.. Voilà ce qu’est l’addiction à la logique des blocs de l’ancien système…

Trump s’est rendu compte que c’était un gouffre et il tente de copier le multipolaire, la négociation marchandage, les alliés coûtent trop et ne rapportent pas grand chose. Son problème est qu’il a une societé polarisée à l’extrême incapable de s’entendre sur l’intérêt national. C’est le stade actuel de l’impérialisme et sa financiarisation. C’est stupéfiant , fascinant mais ça ne tombe pas du ciel.
Mais voilà depuis des décennies on pense comme ça (y compris le secteur international du PCF et celui de l’Humanité) tous devenus intoxiqués de l’atlantisme, convaincus que le marchandage entre Trump et Poutine va mettre en colère la Chine. Mais comme vous le lirez dans notre livre il y a toute chance que ce soit le contraire. Et effectivement la conférence de presse de Wang le ministre des affaires étrangères chinois de hier 6mars 2025, dont nous publions le compte-rendu par Global Times devra décevoir beaucoup ceux qui sont littéralement shootés au mode de penser des démocrates étasuniens et ne savent même plus quels sont intérêts français alors que le PCF et Fabien Roussel lui repart légitiment vers le travail et la souveraineté nationale.

La première leçon du monde multipolaire tel qu’il se met en place dans les BRICS : chacun défend ce qui lui semble le meilleur pour son pays et pas d’abord « l’alliance » qui n’existe pas. En tous les cas celle qui ne produit que de l’autodestruction et un coût maximal non seulement pour l’adversaire mais pour les alliés d’abord. C’est pour cela que les communistes français ont raison d’être les seuls à lier une paix durable à la fin de l’OTAN. Mais leur démonstration ne prendra sens que s’ils s’appuient sur la réalité du peuple français: malgré un pilonnage de propagande. ce peuple français dans son immense majorité ne veut pas faire la guerre à la Russie et ne voient pas en Trump un allié à supplier en rampant à ses pieds. ils peuvent détester les deux mais pas au point de leur faire la guerre au contraire plus on leur fait peur plus ils ne sont pas prêts à envoyer leurs enfants mourir pour l’Ukraine, la Moldavie et la Roumanie.

Cet intérêt national, les dirigeants Russe l’ont mis en avant et il a emporté l’adhésion du peuple russe qui a une expérience historique des invasion européennes, qui en général vont dans ce sens là et pas dans l’autre. Comme le ministre Wang et le président Xi, le président Poutine a déclaré : La Russie recherche la paix en Ukraine qui garantira un développement stable et la tranquillité, .« Nous devons choisir pour nous-mêmes une version de la paix qui nous convient et qui garantisse la tranquillité pour notre pays sur une longue perspective historique », a déclaré Poutine lors d’une réunion avec des employés de la fondation russe Défenseurs de la patrie. Le président a souligné que la Russie ne céderait à personne dans la situation en Ukraine.

C’est tout ce que l’on peut souhaiter à la France s’il arrive que l’on n’ait pas les moyens de faire plus que de souhaiter… Et on n’a pas besoin d’être un fan du président Poutine, ni même du président Xi pour s’inscrire dans cette logique.

En fait, Macron et ses homologues brassent de l’air dans le but de faire de l’argent en grande quantité et rapidement, et de se maintenir au pouvoir en faisant diversion par rapport aux attentes des Français. Quand on en est au grotesque comme Macron de qualifier Poutine d’«impérialiste révisionniste» et de prétendre que la Russie représente «une menace existentielle» pour justifier une politique nationale qui accorde tout droit au pillage pour ses bailleurs et offre au fédéralisme européen la force de dissuasion française est-ce que ça n’alerte pas le bon sens français ?

Macron n’a jamais eu l’idée de défendre sérieusement l’Ukraine, pas plus qu’il n’ira faire la guerre à la Russie (comment la ferait-il d’ailleurs ? Une nouvelle campagne de Russie ? Avec 200 chars ?). Mais l’argent va couler à flots et les bourses jubilent. Pourtant il est difficile de démontrer que la Russie est au bord de la défaite et que l’Ukraine peut seule sans l’aide des Etats-Unis renverser la donne et dans le même temps nous effrayer avec la vision des chars russes fonçant à travers l’Europe.

Comme nous en avons déjà discuté dans notre groupe qui a écrit ce livre, le « danger » n’est pas a priori militaire, il est politique. L’UE est déjà en train de se diviser. La situation politique roumaine et moldave est très difficile pour les pro-UE, qui sont en train de basculer dans la dictature. Si Poutine obtient un pouvoir avec qui discuter en Ukraine et rétablit les relations commerciales, les flux gaziers et pétroliers vers l’Europe de l’Est, l’UE va se retrouver en situation très difficile, avec la Slovaquie et la Hongrie déjà en franc-tireurs, et la Bosnie et le Kosovo au bord de l’embrasement. Alors il faut inventer les chars russes là où les lignes de fracture entre dirigeants européens et populations s’élargissent mais la répression viendra et elle vient déjà de ces dirigeants.

Pour ce qui est du secteur international du PCF et de l’Humanité, leur position devient de plus en plus difficile parce qu’il ne s’agit pas d’une faction du parti mais bien de la position atlantiste qui est celle du capital. Comme partout il s’agit de l’impossibilité pour l’idéologie dominante de continuer à s’imposer. Cette impossibilité à imposer de telles analyses le sera encore plus quand cette réalité se découvrira dans toute son ampleur, la base du parti s’interrogera sur ce décalage permanent entre cette vision géopolitique qui bat en retrait sur les positions de l’impérialisme et l’avancée de ce parti qui retrouve peu à peu ses fondamentaux et souhaite confronter son rôle avec les nécessités du moment historique. Cette prise de conscience fait partie du mouvement du monde. C’est le pari pascalien, communiste dit Fabien Roussel dans sa préface qui nous fait privilégier non pas le clivage mais l’éclaircissement des enjeux dans une voie qui est la seule en France à être elle aussi déjà là. Seule la vérité est révolutionnaire et nous sommes devant l’épreuve de la vérité, celle de la guerre, l’ultima ratio disait Marx.

Danielle Bleitrach (à partir de la réflexion collective des auteurs de notre livre)

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