Pour rééduquer un peuple français qui ne lit plus et est soumis à une propagande à haute dose, certains jeunes plaident pour des textes de présentation qui n’excédent pas 3 minutes d’exposé comme dans les séminaires de cadres puisque la décision se prend ailleurs.
Je propose à la manière de Felix Feneon qui en trois lignes fabriquait les brèves d’un journal en insistant sur le caractère irrévérencieux et cruel de la situation :
En ce qui concerne l’Europe et la France : Si Trump ne veut pas hériter de la catastrophe créée par Biden, avec Macron et Zelenski, on se bat au contraire pour l’héritage du fiasco le plus manifeste qui se puisse imaginer.
Comme le dit The Economist, la question semble alors se résumer à celle-ci :
Quel Européen doit affronter Trump et Poutine ?
Macron, Tusk, Costa : les sprinters de l’enfer

25 février 2025
L’article de The Economist passe là encore par un classique de la « pensée » occidentale : quand une situation est totalement inextricable, on fait appel à Kissinger. Jamais réputation fut plus imméritée, l’Occident global l’a inventé comme le génie de la diplomatie, alors que c’était un être servile face à Nixon le paranoïaque mais il a appliqué la logique suicidaire des Etats-Unis avec un tel cynisme qu’il est passé pour un génie.
Donc l’auteur de l’article imagine Kissinger avec son baryton rocailleux et ses tentatives de feindre de surplomber le désordre du monde comme s’il en était l’instigateur, expliquant : « qu’il ne pourrait jamais savoir qui appeler pour parler à l’Europe. Une question qui a été (non) posée pour la première fois à l’ère du téléphone rotatif reste sans réponse à l’ère de Zoom. Le moment est venu pour l’Europe de proposer un interlocuteur unique pour le monde extérieur. Bientôt, dans des circonstances encore floues, des pourparlers de paix sur la guerre en Ukraine pourraient avoir lieu. Compte tenu de l’enjeu, l’Europe veut désespérément – et à juste titre – s’asseoir à la table des négociations. Mais pour être inclus, elle devra mettre en place quelqu’un qui peut se présenter pour des séances de photos avec Vladimir Poutine (représentant les intérêts de son régime russe despotique) et Donald Trump (représentant ceux de Donald Trump), et peut-être Volodymyr Zelensky (Ukraine). Il est facile de déterminer qui ne peut pas s’asseoir dans le fauteuil européen, aux yeux d’une faction ou d’une autre. Trouver le nom de quelqu’un qui pourrait le faire est délicat ».
Qui est digne d’être admis à la partie de poker ou du moins celle que prétend imposer Trump ? Tous les pays européens ont pour obéir à Trump besoin de dépenser beaucoup beaucoup d’argent pour la défense, une somme gargantuesque, la France y met sa bombe et pavane face à l’Allemagne qui doit surmonter son allergie à la dette. Elle n’arrive historiquement à vaincre cette allergie que quand elle s’exalte militairement et là il n’y a plus moyen de l’arrêter.
Trump et sa bande, une brute orange, mécanique, Chéri bibi élu par deux fois, flanqué de ses acolytes, mène une sorte de révolution culturelle réactionnaire mais décapante et sur le plan logique incontestable, pour imposer une vision lucide : l’occident n’a pas les moyens d’un conflit mondial et il lui faut se refaire une santé, obtenir un moratoire. Cet anticommuniste forcené balaye ce faisant tout ce qui est insupportable d’hypocrisie et de rance incapacité de notre propre monde. Il n’y a rien eu de plus jouissif que de voir un de ses acolytes, Vance, dire leur fait à Munich, à toute cette bande, incapables d' »ouvrir » comme au poker parce que le « pot » était trop élevé pour eux. Il a tenté de les assommer, ça a failli marcher, mais c’était sans compter sur la capacité à créer du gâchis de nos dirigeants européens.
La vraie partie se joue, Trump le gangster en chef s’installe dans le fauteuil face à son partenaire Poutine, l’homme venu du froid, la force de l’embuscade sur les terres russes. Les conversations cessent et sous les lumières de la lampe, sur le tapis vert, des doigts experts disposent les cartes en éventail. Moscou et Washington ont des doigts qui semblent doués de vue mais ils ne peuvent composer leur jeu comme ils l’entendent sans tenir compte de ce qui change tous les rythmes prévisibles de la chance : la Chine et le monde multipolaire.
Mais derrière la vitre opaque, des silhouettes se dessinent excitées, protestant, les « caves » européens, entre deux élections qui déstabiliseraient n’importe quel être censé, feignent de s’horrifier parce que ces « gangsters » prennent des décisions sur le sort des États les plus faibles en leur absence. Or, cela a toujours été le cas et plus que jamais durant ces dernières décennies où il n’y avait pas de concurrents à l’empire, quel que soit l’état de l’empereur. Plus d’Union soviétique pour venir au nom des exploités, des bas-fonds, bouleverser les mondanités entre « fondés de pouvoir ». Mais là la partie a repris et les voyous tentent de faire peuple.
Lors du sommet de Newport en 2014, les membres de l’OTAN se sont engagés à consacrer 2 % de leur PIB à la défense d’ici 2024, avec 20 % dédiés aux investissements militaires, incluant la recherche en défense. Dix ans plus tard, 22 des 29 pays de l’OTAN en Europe ont atteint ou dépassé cet objectif, représentant un total de 476 milliards de dollars (environ 441,6 milliards d’euros) consacrés à la défense. Cette augmentation significative des budgets militaires est le fruit de la constitution volontaire de l’idée d’une menace extérieure, celle de la Russie. Ce sont les Etats-Unis qui ont massivement profité de cette augmentation des budgets militaires et de ce fait également les augmentations n’ont répondu à aucune cohérence ce qui s’est vu en Ukraine. C’est le cheval de bataille de Trump soutenu dans son élection par les marchés financiers et les marchands d’arme qui exigent un retour sur investissement. Et c’est comme Zelenski, plus il devient impopulaire, plus il essuie des échecs (y compris en Afrique) plus il doit donner des gages et surjouer la défense de la patrie.
La situation en Ukraine illustre les tensions entre les États-Unis et les Européens. Les négociations menées par les États-Unis avec la Russie, souvent sans consultation des partenaires européens, mettent en évidence la marginalisation de l’Europe dans les décisions stratégiques majeures. Cette dynamique alimente le débat sur la nécessité pour l’Union européenne de développer une politique de défense autonome et Macron comme Zelenski sont à la tête de l’escalade. Reste la question de la capacité de financement de cette défense et même son efficacité sur le terrain. Vaine question, dit Macron… puissance nucléaire, il va déposer sa bombe dans la corbeille de mariage de l’Europe fédérale qu’il vient vanter à Trump, pour obtenir la première place en Europe et rester le colonial de toujours.. Il est d’accord pour en finir avec le péril jaune et rouge… et Macron se voit si bien en président des Etats-d’Europe, la planète a besoin d’Etats désunis bis…
Poutine s’est simplement rebellé et a tenté le pari, et ses cartes étaient meilleures que ce que l’on croyait. Maintenant Trump sait qu’il lui est impossible de tenir la planète alors il cherche l’entente. Au moins pour se refaire. Les européens s’agitent il n’est pas question d’arrêter, ils parlent de Munich… Non! il ne s’agit pas de ça, parce que Munich a eu comme issue Yalta, où la discussion entre Churchill, Staline et Roosevelt avait en toile de fond une guerre mondiale, une autre époque… Non parce c’est encore à Munich que Poutine était venu les prévenir que cela ne pourrait pas durer. Et Vance a remis ça… Non! la partie se joue après trente ans de racket minable sur des peuples et nations apeurées. Une partie de poker dans laquelle calmement chacun constate en silence qu’il est allé trop loin pour s’arrêter.
Attention dit Trump nous sommes proches d’une guerre mondiale, pendant qu’il regarde avec étonnement et un mépris cordial le frétillant Macron. Ce dernier s’accroche à la manche du pardessus de son hôte. Conférence de presse, on lui fait le cadeau de cette prestation, on l’autorise à faire le beau, le familier, au regard toujours un peu halluciné devant les caméras. Au nom de l’Europe tandis que Trump en silence revoit la partie et songe à sa reprise : à la manière dont il a doublé la mise en exigeant de Zelenski le remboursement des frais et les terres rares dont Poutine l’a averti qu’elles n’existaient pas. Macron s’agite et Trump se demande s’il va l’abattre d’un coup de poing ou le caresser pour qu’il se calme. Le mafieux en chef cherche à dire quelque chose à la mesure du personnage, il confond les dirigeants européens, Zelenski, avec les épouses (votre merveilleuse femme et ma sublime épouse comme s’il s’agissait d’objets de collection), mais oui ils auront le droit de revenir après les choses sérieuses, après cette partie de poker entre « hommes », au moment où on se désaltère avec un verre de whisky.
Les visages tendus dans un cercle de lumière empli de la fumée des cigares, l’entourage silencieux se confondant avec l’obscurité, le silence traversé par le tictac de l’horloge murale et Trump venu jouer le partage de zones d’influence dans lesquelles l’Ukraine l’intéresse moins que le Panama non pas parce qu’il raisonne en munichois mais bien comme le ferait un mafieux en se partageant les territoires de trafics parce qu’il ne peut pas faire autrement.
3 minutes alors qu’il s’agit d’univers, de ruban de Moebius qui n’en finissent pas et rendent magique mais aussi parfois évident l’incompréhensible. La lecture fait de vous un athlète de la mémoire, et alors qu’à la fin de sa vie Aragon avait sa formidable intelligence qui partait en lambeaux, ceux-ci étaient oripeaux royaux et festin parce qu’il n’avait jamais cessé d’écrire en se nourrissant de mille et une collections, de cartes postales, d’œuvres, de livres encore et toujours. Il n’y avait aucune hiérarchie dans cette boulimie. Cette infinie curiosité au-delà de tous les conformismes. Voilà faites un effort pour lire pour vous muscler l’entendement et pour prendre un plaisir accru à la vie qui doit toujours être le premier.
En particulier en avril ne vous découvrez pas d’un fil mais lisez entre autres notre livre : quand la France s’éveillera à la Chine ou la longue Marche vers un monde multipolaire. Au chèque en noir sur l’avenir que tire l’impérialisme substituez le soleil qui se lève dans « l’orient rouge » où pour une fois notre cocorico ne sera plus un vain égosillement d’une volaille déplumée…
Danielle Bleitrach
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