Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les milieux de la politique étrangère et les médias allemands réagissent à Trump en incitant encore plus à la guerre

Il ne faut pas se fair d’illusion sur l’apparent désarroi et division des puissances européennes, ils sont tous en train de céder aux véritables objectifs de Trump à savoir la guerre à la Chine… Et pour cela ils sont en train comme Macron, non seulement de répondre à l’ordre du président des Etats-Unis de tout subordonner au réarmement et de militariser leur économie mais ils s’emploient par la même occasion à aller vers le « fédéralisme » en transformant les institutions européennes pour que soit érigé un pilier de la défense commune y compris avec le nucléaire. pour accomplir cette mutation indépendamment de tout débat démocratique il leur faut inventer des périls, diaboliser Poutine et transformer la légitime exigence de sécurité de ce dernier en volonté prédatrice quitte comme ici en Allemagne à accélérer les conditions du désastre économique et de l’emploi. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Peter Schwarzil y a 7 heure
Le politologue Herfried Münkler plaide en faveur d’une «composante de dissuasion nucléaire » [Photo by Elena Ternovaja / Wikimedia / CC BY-SA 3.0]

La réaction des principaux cercles de la politique étrangère allemande au conflit avec l’administration Trump et à son rapprochement avec la Russie est l’hystérie guerrière et des appels à un réarmement accru. Les politiciens, journalistes, professeurs et autres «experts» qui prônent depuis des années un renforcement du militarisme allemand voient leur heure venue et réclament des dépenses d’armement colossales, la réintroduction du service militaire obligatoire et une bombe nucléaire européenne.

Mardi, l’hebdomadaire Der Spiegel a plaidé en faveur d’une «nouvelle vision»: celle d’une «Europe qui accompagne enfin sa puissance économique gigantesque d’une force militaire crédible – afin de pouvoir survivre dans le nouvel ordre mondial qui émerge». Selon l’auteur Markus Becker, «cela nécessiterait non seulement une armée européenne, mais probablement aussi une force nucléaire européenne».

Becker ne se contente pas d’un réarmement, il veut aussi une militarisation sur le plan idéologique. La «nouvelle ère» de la politique étrangère proclamée par le chancelier Olaf Scholz il y a deux ans signifiait bien plus que «l’augmentation du budget de la Défense à deux ou même trois et demi pour cent du Produit intérieur brut». Elle exigeait «une toute nouvelle image que les Allemands ont d’eux-mêmes et de leur rôle dans le monde».

Selon Becker, les Allemands doivent considérer leur pays comme une «puissance moyenne» qui «ne peut faire valoir ses intérêts géopolitiques qu’à travers l’UE et l’OTAN». Le gouvernement allemand devait donc «faire tout ce qui est en son pouvoir pour renforcer, diriger et développer ces institutions – pour en faire des instruments de pouvoir dans un monde où règne à nouveau et de plus en plus la loi du plus fort».

L’ancien ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer (Verts) écrit dans le quotidien économique Handelsblatt: «À l’avenir, la paix et la liberté sur le continent européen devront avant tout reposer sur notre propre force et notre capacité de dissuasion. C’est pourquoi l’Europe doit devenir une puissance très rapidement et immédiatement, y compris et surtout sur le plan militaire, quel qu’en soit le prix.»

Dans un article publié conjointement par Der Spiegel, les politologues Claudia Major, Carlo Masala, Christian Mölling et Jana Puglierin présentent un «programme d’action en cinq points, assorti d’un calendrier clair». Son objectif: «renforcer l’Ukraine, améliorer ses propres capacités de défense et accroître la dissuasion contre la Russie». Le troisième point comprend un engagement à augmenter les dépenses militaires «à 3 pour cent ou plus ».

Anton Hofreiter, député européen écologiste, appelle à la création d’un «fonds de défense de 500 milliards d’euros» pour soutenir l’Ukraine et «améliorer rapidement et efficacement la capacité de défense de l’UE».

Dans une interview au Handelsblatt, le politologue Herfried Münkler parle d’un «nouvel ordre mondial dans lequel il n’y a qu’une seule monnaie: la force». Lui, soutenait depuis des années que «les Européens doivent développer leurs propres capacités pour pouvoir s’affirmer dans cet ordre mondial». Les événements de la semaine dernière avaient été « un appel dramatique au réveil de l’Union européenne, peut-être le dernier». La «mise en place de capacités de défense» était «une question de volonté» et non «avant tout un problème de ressources». Münkler plaide également en faveur d’une «composante de dissuasion nucléaire » européenne.

De telles réactions montrent que la transition vers une politique étrangère impérialiste implacable et des méthodes de gouvernement autoritaires qui caractérise le premier mois de la présidence de Trump ne se limite pas aux États-Unis. La classe dirigeante allemande renoue elle aussi avec ses traditions criminelles.

Le renforcement massif des forces armées en Allemagne et en Europe n’a pas pour but, comme on le prétend, de garantir la paix et la défense, mais d’intensifier la guerre en Ukraine et de préparer de nouvelles guerres impérialistes. Comme le réarmement à la veille de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, c’est un chemin qui mène au désastre.

L’OTAN a toujours été une alliance militaire impérialiste agressive. Fondée au début de la guerre froide, elle était principalement dirigée contre l’Union soviétique. De leur côté, les puissances européennes ont soutenu tous les crimes de l’impérialisme américain ou y ont participé – en Corée et au Vietnam, en Amérique latine et en Afrique.

Après la dissolution de l’Union soviétique en 1991, les alliés de l’OTAN ont mené de nombreuses guerres néocoloniales contre des pays comme l’Irak, la Yougoslavie, l’Afghanistan et la Libye, qui avaient obtenu un certain degré d’indépendance en manœuvrant entre les puissances impérialistes et l’Union soviétique. Aujourd’hui encore, Berlin et Bruxelles continuent de soutenir le génocide des Palestiniens, même si le gouvernement israélien est accusé de crimes de guerre. Dans le même temps, l’OTAN a progressé toujours plus vers l’est, provoquant l’invasion réactionnaire de l’Ukraine par la Russie.

Depuis, les États-Unis et les puissances européennes ont soutenu cette guerre à coups de centaines de milliards d’euros et de dollars. Leur objectif n’est pas seulement de contrôler l’Ukraine, mais aussi de soumettre et d’écraser la Russie.

Maintenant que Trump a quitté le front commun, qu’il dirige la machine de guerre américaine vers la Chine et qu’il regarde les puissances européennes en rivales, ces dernières s’efforcent de poursuivre seules la guerre en Ukraine et de se préparer à de futurs conflits avec les États-Unis dans d’autres régions du monde. C’est pour quoi elles prônent un renforcement militaire massif.

Cela ne peut se faire par des moyens démocratiques. La répression de la résistance au militarisme et aux coupes sociales nécessaires à son financement requiert des méthodes dictatoriales.

Une chronique parue mercredi dans Der Spiegel sous le titre «Le temps des grandes réformes est venu» l’explique avec une franchise remarquable. Ursula Weidenfeld y salue la crise actuelle car elle impose des changements dont aucun parti n’ose parler dans l’actuelle campagne électorale. Elle écrit :

Aucun des candidats à la chancellerie n’utilise volontairement le mot «chose dure à accepter». Pourtant, tous les hommes politiques savent probablement qu’ils devront adopter, peu après les élections, un programme de réformes qui pourrait toucher non seulement quelques groupes, mais tout le monde. Ils semblent en avoir très peur. Mais la bonne nouvelle est que le moment est venu.

Le premier point d’un tel programme de réformes serait «une nette augmentation des dépenses militaires». Weidenfeld ne cache pas ce que cela signifie :

Pour l’Allemagne, cela signifierait une réduction des dépenses publiques dans des domaines tels que les aides sociales, le logement, les retraites ou les éoliennes, la création d’un nouveau fonds spécial ou même la fin temporaire du frein à l’endettement. Il ne fait aucun doute que cela exigerait beaucoup de la politique allemande […] Le réarmement ne serait ni facile ni amusant. Mais cette fois, il est essentiel pour la survie.

Quel que soit le résultat des élections de dimanche, le prochain gouvernement attaquera tous les acquis sociaux et démocratiques pour financer sa politique de réarmement et de guerre. Des millions de gens ne toléreront pas cette politique, ce qui est la base objective qui permet de mettre un terme à la folie guerrière.

Le programme électoral du Sozialistische Gleichheitspartei (SGP, Parti de l’égalité socialiste) déclare :

Le SGP rejette l’illusion que les partis établis peuvent être contraints de changer de cap par des appels moraux ou des pressions venues d’en bas. Notre campagne électorale s’adresse à la classe ouvrière et à la jeunesse, à tous ceux qui refusent d’accepter la politique de guerre génocidaire, les inégalités sociales criantes, la destruction du système de santé et d’éducation et la dévastation de notre planète.

La classe ouvrière internationale est une force sociale formidable, composée de 3,5 milliards de personnes, soit 55 pour cent de plus qu’en 1991. Elle crée toute la richesse sociale tout en supportant l’intégralité du fardeau de la guerre et des crises. La catastrophe ne pourra être évitée que si elle intervient de manière indépendante dans la vie politique et transforme la société sur une base révolutionnaire, en expropriant les grandes banques et les grands trusts et en les plaçant sous contrôle démocratique.

Un tel mouvement s’est déjà mis en branle. Des États-Unis à l’Europe, en passant par l’Asie et l’Afrique, d’âpres luttes sociales éclatent qui entrent de plus en plus en conflit ouvert avec la bureaucratie syndicale pro-capitaliste. Malgré une répression brutale, des millions de personnes ont protesté contre le génocide à Gaza. La tâche principale est d’unifier ces luttes au niveau international, de les doter d’une perspective socialiste et de construire un nouveau parti de masse socialiste. Tel est l’objectif de notre campagne électorale.

(Article paru en anglais le 21 février 2025)

Views: 77

Suite de l'article

1 Commentaire

  • Etoilerouge
    Etoilerouge

    Voilà qui est clair. Les impérialistes allemands et français qui hier collaboraient dans le nazisme veulent la guerre contre leur propre peuple pour armer et fanatiser le continent contre la Russie et la Chine. Cela signerait la fin de toute vie à l’ouest de l’Europe. Croyez vous que les crétins malfaisants Macron et autres et les tarés du haut commandement des armées spécialistes de la collaboration mais incapables de défendre le peuple les travailleurs vont avoir les résultats dont ils vous bavassent? Mauvais hier mauvais aujourd’hui mauvais demain. La dictature néo fasciste pour la guerre impérialiste. Il faut un PCF de combat.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.