Il y a en ce moment dans le drame que vit la France en proie à la médiocrité la plus stupéfiante qui se puisse imaginer, face à la nature des périls, quelqu’un qui comprend vite et qui quand il comprend agit en communiste. Ils ne sont pas nombreux à avoir le sens politique, celui qui ne se borne pas au théâtre d’ombre que sont devenus les gouvernants, en particulier européens, mais plonge les racines de cette compréhension dans le respect de ceux qui font l’histoire. Je le dis avec d’autant plus de facilité que j’ai passé ces dernières années à m’opposer à sa vision de la politique internationale et de l’histoire alors que sur le plan intérieur il y avait un renouveau incontestable mais cela était insuffisant : la plupart des décisions qu’il fallait prendre étaient conditionnées par un contexte international, le poids d’une histoire qu’il paraissait lui et le PCF vouloir ignorer.

Pourtant par rapport à ce que le PCF était devenu et qu’il demeure encore par bien des aspects, il y avait quelqu’un capable d’écouter ce que disait le peuple français : un communiste et s’il est là c’est parce qu’il y a eu et il y a une volonté collective. Quelqu’un capable de faire de son échec y compris personnel la base d’un apprentissage et d’un retour à l’action. Cet interview me satisfait non parce que je suis d’accord sur tout mais parce qu’il porte sur l’essentiel à savoir ce que peut être la paix qui n’est pas un simple cessez-le-feu pour maintenir les braises en état d’être rallumées.
Ceux qui, quelle que soit leur compréhension de la situation, du passé comme de l’avenir ont vraiment le désir d’avancer doivent accepter de partir de cette base et agir dans le sens de ce qui leur parait juste pour réaliser, parce qu’il n’y a pas de véritable compréhension sans mise en pratique. Je pense à tous ceux dont j’ai partagé les combats et qui ont contribué à sauver la mémoire, les écrits, qui ont tenu bon alors que tous démissionnaient, il serait dommage de ne pas contribuer à réaliser ce pourquoi nous avons fait tant d’effort, avons subi tant d’injustices, faisons-nous une raison, nous ne serons pas réhabilités mais l’essentiel est ailleurs il est dans ce qui peut encore advenir. Se dire que nous refusons jusqu’au fait qu’il nous soit rendu justice par mépris de toute courtisanerie mais de savoir que nous aurons fait jusqu’au bout ce qu’il fallait. Mais ne pas rater le coche, aider à ce qu’il existe un parti communiste en France.
Nous sommes encore loin des pas qui restent à franchir pour que la nation française se pense hors de l’hégémonisme occidental, qu’elle accepte de rentrer dans ce monde multipolaire dans lequel l’empire comme syndic de faillite se retire de son ultime défaite et c’est tout le sens de ce que j’espérais qui serait l’objet du livre que nous étions en train d’écrire sur la Chine, la Chine prise non comme un problème exotique en soi, mais la Chine comme leader de fait de ce bouleversement planétaire. Le seul interlocuteur en capacité d’entendre et d’agir en ce sens s’avère être ce dirigeant communiste parti de loin comme son parti mais avec la force de ce qui fait les communistes, s’ancrer sur une souveraineté qui soit celle des peuples et non du caprice des puissants. Le dialogue existe sans faux semblant et il a accepté de préfacer ce qui demeure de l’ordre d’un dialogue ouvert et sur lequel il conserve ses propres ancrages.
C’est la première fois depuis trente ans qu’il existe un tel possible, non un ralliement mais le dialogue, la fin de toutes les censures et propagande en vue d’une solution. La première fois qu’est rompu disons-le clairement l’acceptation de faire de la France une colonie des Etats-Unis, de ne pas voit le degré de corruption de la vie politico-médiatique française et l’humiliation, la haine que je subissais de ceux qui prétendaient développer une autre vision. Celle-ci, cette colonisation est encore totalement dominante en France mais il y a cette porte entrouverte, celle de l’honnêteté des Faits et de la perspective. Ne nous faisons pas d’illusion il n’y en n’a pas d’autre et celle-ci ne nous apportera ni justice, ni respect, simplement la possibilité qu’un jour il en sera autrement et nous ne le connaitrons pas.
Il ne s’agit pas de se rallier à un homme, un dirigeant mais au fait que celui-ci semble comprendre qu’il est le secrétaire d’un parti et que c’est ça le plus fondamental. Il s’agit de l’aider à recréer un collectif en sachant que c’est d’une extrême difficulté mais que c’est l’unique solution. S’il y a une chose que Mélenchon n’a jamais comprise quand il a pensé avec l’aide de quelques irresponsables faire une OPA sur le PCF, c’est la relation qui unit les communistes à leurs dirigeants. J’ai conservé en mémoire cette scène où interpellé par un militant à la fête de l’humanité, Mélenchon lui dit « tu es communiste, tu es discipliné, alors obéis ».. C’était stupéfiant, il n’avait rien compris en particulier ce que m’avait dit mon compagnon Pascal Fieschi quand j’avais été élue membre du comité central : » On ne dirige pas les communistes comme les autres, c’est tous des chefs ». La confiance des communistes dans leur dirigeant qui a été si maltraitée, c’est celle de l’égalité entre combattants. Et c’est cette égalité dont Roussel a fait et fait l’expérience. Dire mon accord ce n’est pas flatter c’est approuver le chemin et la volonté même si je ne suis plus membre de ce parti et n’y reviendrai jamais parce que je n’ai plus la force de subir ce qu’il faut pour retrouver ce dont mon pays a un besoin urgent, parce que j’en fais chaque jour l’expérience, ils sont les mêmes, ces hommes et ces femmes des temps obscurs dont parle Eluard.
Nous sommes dans des temps désespérants mais aussi dans un bouleversement dont nous avons encore du mal à percevoir l’accélération, chacun de nous le sent bien. Personne n’est réellement prêt à ce qui est là déjà mais il y a ceux qui ont le courage de leur transformation, et nous sommes dans une période où chacun choisit ce qu’il adviendra de lui et qui passe par un destin collectif. Et c’est ce destin collectif qui s’esquisse.
J’ai récemment voulu écrire un livre mais il a déjà atteint son but et s’il peut encore apporter il est clair que bientôt chacun sera confronté à des chapitres inédits dans lesquels il faudra à la fois rester ferme sur les principes, refuser la confusion, les pièges du fascisme et dans le même temps accepter le réalisme des solutions, de ce qui peut paraître des compromis.
Danielle Bleitrach
Je voudrais ajouter à cette vidéo sur l’événement une autre qui dit la profondeur de l’engagement et m’a fait espérer que le parti de Maurice Thorez, d’Aragon et de tous ceux dont j’ai connu le désintéressement et la volonté de servir le peuple étaient toujours là.
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Michel BEYER
Faire NATION, Fabien ROUSSEL est brillant. Ce discours devrait être étudié dans les écoles.
Qu’est-ce que c’est « être français » ?