Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Ce qui a été infligé à l’immigration chinoise aux Etats-Unis

L’histoire de l’immigration chinoise aux Etats-Unis a été atroce et il n’y a eu guère que les Indiens pour avoir subi l’équivalent. Ce que nous avons oublié ou voulu oublier en jouant avec le péril jaune est resté dans la mémoire du peuple chinois qui ne peut éprouver que mépris devant la nouvelle « victimisation » de l’ère Trump largement préparée par Biden. Et il n’y a pas eu qu’aux Etats-Unis, partout où il y avait un protectorat comme à Cuba, c’était le même régime de ségrégation et d’exclusion qui était imposé aux Chinois, et si le sort des anciens esclaves africains était une discrimination permanente, celle imposée aux Chinois était pire, les suicides étaient fréquents, mais là aussi il y eut la même nécessité, celle de s’enfermer dans des ghettos. On n’en finit pas d’être écœurés devant la manière dont les « occidentaux » ne cessent de se victimiser pour poursuivre leurs abominations sur la planète…

23 janvier 2025

A blackandwhite photo of a group of men in a public square in Chinatown San Francisco.

Une foule d’hommes dans le quartier chinois, à San Francisco, au début du XXe siècle. Photographie de Keystone / FPG / Getty

Si l’immigration chinoise qui débute dans les années 1820 est lente (en 1849, on recense à peine 650 personnes vivant au Etats Unis), entre 1848 et 1852, plus de vingt mille migrants chinois se sont rendus à San Francisco à la recherche d’or. La grande majorité étaient des hommes, des paysans ruraux de la province du Guangdong, située sur la côte sud-est de la Chine, près de Hong Kong. Ils ont continué à partir pour les États-Unis tout au long du XIXe siècle, travaillant d’abord dans les mines d’or, puis prenant d’autres formes de travail, y compris la construction du chemin de fer transcontinental. Ils en sont venus à être connus sous le nom de « célibataires », bien que beaucoup n’aient été célibataires que de nom. Rarement en mesure d’envoyer chercher leurs épouses et souvent sans les moyens de rentrer chez eux, ils ont établi des enclaves ethniques, ou « sociétés de célibataires », dont un certain nombre deviendraient les premiers quartiers chinois de Californie.

En 1852, plus de 25 000 immigrants chinois étaient arrivés et, en 1880, plus de 300 000 Chinois vivaient aux États-Unis, la plupart en Californie. Alors qu’ils rêvaient de trouver de l’or, beaucoup ont plutôt trouvé un emploi en construisant le premier chemin de fer transcontinental.

Beaucoup de ces immigrants sans ressource avaient « bénéficié » d’un ticket de ressource c’est-à-dire que leur passage aux Etats-Unis était payé à l’avance par des capitalistes américains et ils étaient endettés, obligés de donner une part de leurs salaires durant une période déterminée dans laquelle ils étaient de semi-esclaves. C’étaient le plus souvent des hommes, il n’y avait que 5% des femmes. Ils souhaitaient rentrer chez eux mais ne pouvaient pas faute de moyens financiers.

Un dessin montre un groupe d'ouvriers chinois qui construisent un chemin de fer. Plusieurs travailleurs discutent entre eux.
Figure 17.5.1 : La construction des voies ferrées était un travail dangereux et éprouvant. Sur la ligne de chemin de fer occidentale, les migrants chinois, ainsi que d’autres travailleurs non blancs, se voyaient souvent confier les tâches les plus difficiles et les plus dangereuses de toutes.

Depuis 1790, une loi interdisait aux Chinois toute naturalisation, et ils ont été les victimes de tous les sévices, discriminations mais aussi violence. Pour participer à la ruée vers l’or, ils devaient s’acquitter d’un impôt spécial et ils ne pouvaient résider que dans des lieux séparés. Il leur était interdit de se marier officiellement mais comme tout cela ne suffisait pas, vu ce qu’était la situation en Chine, la loi d’exclusion de 1882 a interdit toute nouvelle immigration en provenance de Chine pendant dix ans.

La communauté chinoise s’est réunie dans le but de créer des centres sociaux et culturels dans des villes telles que San Francisco. Au hasard, ils ont cherché à fournir des services allant de l’aide sociale à leurs compatriotes immigrants chinois, à partir de l’éducation, en passant par des lieux de culte, des établissements de santé et plus encore. Ce qu’ils vivaient était terrible et les commentateurs sont unanimes pour dire que seuls les Indiens d’Amérique ont subi plus de discrimination et de violence raciale, légalement sanctionnées par le gouvernement fédéral, que les immigrants chinois à ce stade de l’histoire américaine.

Tandis que les Chinois étaient rançonnés par les capitalistes, ils montaient contre eux les travailleurs en faisant d’eux une insupportable concurrence pour les salaires. Dans les années 1870, les Américains blancs ont créé des « clubs anti-coolie » (le « coolie » étant une insulte raciale dirigée contre des personnes de toutes origines asiatiques), par le biais desquels ils ont organisé des boycotts de produits fabriqués en Chine et fait pression pour des lois anti-chinoises. Les manifestations étaient assorties de meurtres comme en 1885 à Rock Springs, dans le Wyoming, où suite à des tensions entre des mineurs immigrés blancs et chinois il y a eu des émeutes ; deux douzaines d’immigrants chinois ont été assassinés et de nombreux autres blessés.

La nouvelle constitution californienne de 1879 a refusé aux citoyens chinois naturalisés le droit de vote ou d’occuper un emploi dans l’État. De plus, en 1882, le Congrès américain a adopté la Chinese Exclusion Act, qui interdisant toute nouvelle immigration chinoise aux États-Unis pendant dix ans. Cette interdiction a été renouvelée d’année en année jusqu’à son abrogation en 1943.

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