Ceux qui ont analysé le résultat du sommet de Kazan et son élargissement relatif puisque les membres permanents des BRICS ont fait le choix de sorte de “stagiaires”, des partenaires associés mais ne jouissant pas du droit de veto sur certaines décisions. On a vu que si la plupart de ceux qui avaient été associés dans le dernier élargissement avaient confirmé leur adhésion et surtout comment deux des membres fondateurs la Chine et l’Inde avaient choisi de régler positivement leur problème frontalier issu de la colonisation; l’Inde s’étant aperçue que les Etats-Unis ne lui offriraient pas le partenariat avec la Chine (sans doute parce que les pays socialistes présentent des avantages en matière de forces de travail) avait choisi les BRICS et la présidence russe n’y était pas pour rien vu l’équilibre de l’Asie centrale et au-delà.
Mais il y a eu d’autres cas notons l’invite au Nigeria, à l’Algérie et l’absence du leader saoudien qui demande à réfléchir. Nous vous proposons de garder en mémoire ces trois cas pour tenir compte de la situation de l’OPEP et de l’OPEP + aujourd’hui. Et de bien vouloir considérer les autres modifications intervenues à ce sommet.
Détour sur l’Amérique latine : il y a bien sûr la crise de l’hystérique Argentine en proie à une cure néolibérale et à des tensions sociales extrêmes (1) qui a refusé l’adhésion concoctée par Lula qui rêvait d’un Mercosur jouant sur tous les tableaux pour créer une zone d’échange. Le même Lula qui s’est opposé à l’association avec le Venezuela, ce qui est une hérésie et pas seulement dans une vision de résistance aux USA mais par rapport à la logique des BRICS+ qui est le contrôle par les pays producteurs de l’énergie et des ressources minérales(2).
Si l’on considère les commentaires au positif comme au négatif saluant les BRICS et le nouveau rapport des forces mondial, il a été bien vu la montée des pays émergents et la revendication à leur prise en compte que symbolise assez bien la présence de cet “envoyé” traditionnel des USA qu’est le secrétaire général de l’ONU venu négocier ce nouvel équilibre en tenant compte des “préoccupations” de l’occident : son hégémonie dans des guerres militaires et économiques où il perd et l’accès à un nouvel ordre international sur le modèle supposé des “modérés”. Si certains comme les “excités” qui jouent leurs intérêts sur le modèle de Zelensky ou de Netanyahou ont crié à la fin de l’ONU, la plupart des autres ont considéré qu’il fallait bien un peu changer quelque chose pour que tout demeure à l’identique.
Dans cette logique de division, il a été bien vu le frein mis à une cohésion politique symbolisée par l’éviction du Venezuela. Pourtant non seulement ils ont dû accepter Cuba, mais également puisque l’ouverture des BRICS et des BRICS + est d’abord une ouverture à un marché comparable à celui de l’UE, celui où les échanges peuvent donner une assise à une monnaie commune avec une banque centrale et celui des pays producteurs d’énergie et de ressources minérales une configuration qui n’est pas celle de l’idéologie pour ou contre l’empire mais celle du “développement”. Elle est à l’origine des BRICS dès 2002, celle qui a uni les pays producteurs que sont la Russie et le Venezuela. Poutine et Chavez (qui l’a probablement payé de sa vie) ont créé une résistance aux majors du pétrole (issus du Texas avec Bush) qui encore aujourd’hui fonctionne. Et qui a produit à côté de l’OPEP, l’OPEP + avec des formes de “discipline” que l’on voit ici et qui arrive parfois à surmonter les divisions du monde arabe et musulman… (3)
Donc ici aussi nous plaidons pour une lecture de la réalité du monde multipolaire qui ne se contente pas des institutions y compris l’ONU mais voie la “toile d’araignée” sur des intérêts multiples qui est en train de se mettre en place et toujours pour trouver des solutions à des problèmes concrets : ici l’effondrement des cours du pétrole lié en particulier à la pression des Etats-Unis sur l’économie chinoise. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
1) L’Argentine a offert peu après le spectacle de son représentant à l’ONU refusant de voter comme les USA et Israël dans le cas du blocus de Cuba comme le voulait son atrabilaire président qui l’a aussitôt accusé de complicité avec les “communistes”.
2) L’intégration de la Bolivie, le pays des coups d’Etat par excellence en pleine grève suscitée par l’ancien président Morales contre le nouveau est un chef d’œuvre d’imbroglio qui laisse loin derrière lui les pseudos turpitudes du Venezuela mais les ressources minérales et le lithium sont là et Lula accepte.
3) Dès 2002, Poutine et Chavez rejoints par l’Iran vont organiser un réseau d’entente des pays producteurs d’abord l’OPEP, avec l’Arabie saoudite dont dépend en fait pour une bonne part la force du dollar avec le pétrodollar puisque chaque pays est obligé avant d’acheter son énergie de vendre (à perte souvent) ses ressources aux USA pour acquérir des dollars, puis l’IRAN. L’intelligence de Chavez en lien étroit avec Fidel c’est d’avoir su articuler les systèmes d’intérêt dans une large alliance des pays du sud sur le modèle des non alignés.
L’OPEP + retient sa production…
Aux grands maux les grands remèdes pour éviter l’effondrement des prix du pétrole. Dimanche, huit membres de l’Opep+ (Arabie Saoudite, Russie, Irak, Emirats Arabes Unis, Koweït, Kazakhstan, Algérie et Oman) ont annoncé une extension de leurs coupes de production de pétrole jusqu’à fin décembre, reportant ainsi la réouverture des vannes.
Les huit pays « ont convenu de prolonger d’un mois leurs réductions volontaires supplémentaires de production de 2,2 millions de barils par jour », a indiqué l’alliance dans un communiqué.
Cette décision vise à soutenir les prix, le WTI américain et le Brent se situant autour de 70 dollars face à une demande incertaine et une offre qui s’accélère.
Six millions de barils retenus tous les jours
Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menée par l’Arabie saoudite, et leurs alliés conduits par Moscou, ont noué en 2016 un accord appelé Opep+ pour mieux peser sur le marché.
Cette alliance, composée aujourd’hui de 22 membres, garde actuellement sous terre près de six millions de barils à travers trois mécanismes différents, à la fois à l’échelle du groupe et sous la forme de coupes volontaires.
L’ensemble des ministres doit se réunir début décembre à Vienne, siège de l’Opep, mais avec l’annonce de dimanche, les huit pays procédant à ces réductions volontaires ont d’ores et déjà décidé de ne rouvrir les robinets d’or noir qu’à partir de début 2025.
Ce sera donc avec minimum trois mois de retard par rapport au calendrier initial : début juin, lors de la dernière rencontre ministérielle, l’Opep et ses alliés avaient annoncé leur volonté d’augmenter leur production dès le mois d’octobre.
Incertitudes économiques
L’alliance avait cependant pris soin de se ménager une porte de sortie, insistant à plusieurs reprises sur le fait que cette décision pouvait être revue à tout moment.
Les cours sont minés depuis plusieurs mois par les incertitudes économiques, notamment en Chine, deuxième consommateur mondial et principal moteur de la croissance de la demande mondiale de pétrole, et aux Etats-Unis, suspendus aux résultats de l’élection américaine prévue le 5 novembre.
Vues : 129