31 octobre 2024
Nous voici dans le weekend et sa formule “magazine” donc nous multiplions les sujets distrayants pris sous l’angle “civilisation” mais nous ne renonçons pas à la pédagogie en invitant notre lecteur sous divers angles à revoir les stéréotypes de sa propre société occidentale, ce qui en général fonde l’idée de l'”objectivité” de l’analyse, de son apport “démocratique”. Pour nous les BRICS ont une “finalité” plus ou moins inspirée de l’idéologie néo-colonialiste, impérialiste matinée d’affrontements type guerre froide que nous soyons pour l’atlantisme ou contre d’une manière gauchiste. Mais il faut bien mesurer que face à cette vision du monde de l’occident qui tout en appelant constamment à la justice et à la démocratie produit un maximum d’injustice et de répression inégalitaire, des pays du sud cherchent une autre rationalité qui échappe à ce “moule” qui pèse sur le développement en multipliant guerres et barrières dans les échanges et coopérations. Donc la première nécessité face aux BRICS est de proclamer notre ignorance et de voir les FAITS en apprenant. Toujours dans le cadre de leur fiasco démocratique certains citoyens des Etats-Unis tentent de remettre à plat la réalité du sommet qui cherche sa propre logique. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)
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Le sommet des BRICS à Kazan : un manifeste pour un ordre mondial rationnel
La Déclaration de Kazan du 23 octobre 2024, adoptée lors du 16e sommet des BRICS[1] organisé par la Russie dans la ville de Kazan sur la Volga du 22 au 24 octobre et auquel ont participé 36 pays[2], constitue un moment charnière pour l’humanité. Il y a de l’espoir dans l’air, un certain optimisme quant à la capacité de changer progressivement de paradigme, d’apaiser le désordre mondial, de s’éloigner de la mentalité de bloc, d’abandonner la politique de confrontation, d’éliminer progressivement la dépendance vis-à-vis du dollar américain et d’élaborer une politique cohérente pour renforcer le commerce, les échanges sociaux et culturels en tandem avec les buts et principes de la Charte des Nations Unies et dans l’esprit de la Constitution de l’UNESCO[3].
Il est vrai que les provocations et les bellicistes des États-Unis et de l’OTAN ne sont pas susceptibles de disparaître de sitôt. En fait, à en juger par ce que nous lisons dans les médias grand public, il y a une montée de la rhétorique belliqueuse en Occident et un danger réel que l’escalade continue conduise l’humanité à l’apocalypse – auquel cas la Charte des Nations Unies et la Déclaration de Kazan n’auront pas d’importance, car nous n’habiterons plus la planète Terre. Les civilisations ne sont pas éternelles. Les civilisations assyrienne, perse, étrusque, maya[4] ont toutes sombré. Nous pourrions nous réveiller morts demain – si nous n’empêchons pas une confrontation nucléaire. Comme le chantait John Lennon, « La guerre est finie – si vous le voulez ». [5]
Alors que les tensions persisteront pendant des années, l’existence même des BRICS et le sommet de Kazan, tourné vers l’avenir, offrent une alternative au nihilisme occidental. Les BRICS viennent d’ajouter 13 nouveaux membres, et il y en a des dizaines d’autres qui veulent les rejoindre. C’est la preuve éloquente que le monde est en train de changer et qu’il continuera d’évoluer en s’éloignant des fantasmes hégémoniques américains. En effet, les BRICS sont beaucoup plus représentatifs des réalités mondiales que l’UE ou le G-7. Les treize nouveaux membres sont l’Algérie, la Biélorussie, la Bolivie, Cuba, l’Indonésie, le Kazakhstan, la Malaisie, le Nigeria, la Thaïlande, la Turquie, l’Ouganda, l’Ouzbékistan et le Vietnam – un panorama qui englobe tous les continents.
Contrairement au Sommet de l’ONU sur l’avenir et au Pacte pour l’avenir[6] du 20 au 22 septembre 2024, la Déclaration de Kazan avec ses 134 paragraphes constitue une étape majeure dans le développement d’un ordre mondial multipolaire et une réaffirmation de la volonté de la majorité mondiale de renforcer la paix et la sécurité internationales par le multilatéralisme. Un retour aux principes et aux objectifs de l’ONU est possible lorsque suffisamment d’États s’engagent à résoudre tous les différends par la diplomatie et à faire preuve de bonne foi au lieu de continuer à pratiquer une « culture de la tricherie »[7]. La coopération internationale dépend de la confiance et du respect mutuels, de la bonne foi, de la mise en œuvre des traités, pacta sunt servanda [8], et du désir sincère de favoriser l’amitié internationale dans tous les domaines par les échanges culturels, les sports et le commerce dans l’esprit de l’UNESCO.
Il convient de souligner certaines des réalisations et propositions concrètes du sommet de Kazan, qui témoignent d’une nouvelle volonté d’aller de l’avant en solidarité et d’abandonner l’approche conflictuelle des États-Unis et des États européens.
La Déclaration de Kazan souligne l’engagement commun en faveur de l’égalité souveraine, de l’inclusion, du consensus et de la démocratie. Dans ce contexte, nous rappelons la résolution 60/1 de l’Assemblée générale des Nations Unies du 24 octobre 2005, dont le paragraphe 135 stipulait : « Nous réaffirmons que la démocratie est une valeur universelle fondée sur la volonté librement exprimée des peuples de déterminer leurs propres systèmes politiques, économiques, sociaux et culturels et sur leur pleine participation à tous les aspects de leur vie. Nous réaffirmons également que si les démocraties ont des caractéristiques communes, il n’existe pas de modèle unique de démocratie, qu’elle n’appartient à aucun pays ni à aucune région, et nous réaffirmons la nécessité de respecter la souveraineté et le droit à l’autodétermination. Nous soulignons que la démocratie, le développement et le respect de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales sont interdépendants et se renforcent mutuellement. C’est l’approche de la majorité mondiale, qui rejette l’arrogance de certains pays occidentaux qui prétendent que seul le modèle de démocratie « occidental » est valide.
L’ordre du jour complet de la Déclaration de Kazan couvre un large éventail d’activités dans les domaines de l’établissement et du maintien de la paix, du changement climatique et de l’environnement, de la santé mondiale et des pandémies, de la lutte contre la drogue et le terrorisme internationaux, du soutien à la participation des femmes, des échanges entre les peuples, de la sécurité énergétique, de la numérisation, de la coopération financière et de la nécessité de dédollariser. Des propositions ont été présentées et discutées concernant de nouveaux mécanismes multilatéraux transfrontaliers pour le commerce et la finance, les modalités de création d’une nouvelle monnaie, qui, bien sûr, sont à long terme et complexes dans leur mise en œuvre. Les paragraphes 62 à 69 de la Déclaration sont particulièrement importants.
Entre-temps, les BRICS ont créé une commission chargée d’étudier ces propositions et cherchent des alternatives au système international de communication bancaire et de paiement par virement SWIFT, géré par les États-Unis, ainsi qu’une assurance pour le commerce international, qui a été détourné par la militarisation du dollar. Cependant, même en l’absence d’alternatives opérationnelles autres que le dollar et le système SWIFT, le commerce bilatéral dans d’autres monnaies nationales connaît une croissance rapide. Selon SWIFT, l’utilisation du dollar américain dans le commerce international n’est plus que de 49 %, la Russie et la Chine réalisant la majeure partie de leurs échanges en roubles et en yuans.
Renforcer le multilatéralisme
Le paragraphe 6 de la déclaration stipule, entre autres, que « nous notons l’émergence de nouveaux centres de pouvoir, de décision politique et de croissance économique, qui peuvent ouvrir la voie à un ordre mondial multipolaire plus équitable, plus juste, plus démocratique et plus équilibré. La multipolarité peut offrir aux [pays en développement] davantage de possibilités de libérer leur potentiel constructif et de bénéficier d’une mondialisation et d’une coopération économiques universellement bénéfiques, inclusives et équitables. Gardant à l’esprit la nécessité d’adapter l’architecture actuelle des relations internationales pour mieux refléter les réalités contemporaines, nous réaffirmons notre engagement en faveur du multilatéralisme et du respect du droit international, y compris les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations unies, qui en sont la pierre angulaire indispensable, et le rôle central des Nations unies dans le système international, au sein duquel les États souverains coopèrent pour maintenir la paix et la sécurité internationales, faire progresser le développement durable, assurer la promotion et la protection de la démocratie, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, ainsi qu’une coopération fondée sur la solidarité, le respect mutuel, la justice et l’égalité ».
Le paragraphe 7 note « … Nous saluons l’appel à l’action du G20 sur la réforme de la gouvernance mondiale lancé par le Brésil au cours de sa présidence du G20, qui constitue une étape positive dans cette direction. Nous saluons également les dialogues et les partenariats qui renforcent la coopération avec le continent africain, tels que le sommet du Forum sur la coopération sino-africaine, le sommet du Forum Inde-Afrique, le sommet et la conférence ministérielle Russie-Afrique ».
Le paragraphe 8 reconnaît la déclaration de Johannesburg II de 2023 et réaffirme « … son soutien à une réforme globale des Nations unies, y compris de son Conseil de sécurité, en vue de le rendre plus démocratique, plus représentatif, plus efficace et plus efficient, et d’accroître la représentation des pays en développement dans la composition du Conseil afin qu’il puisse répondre de manière adéquate aux défis mondiaux actuels…. ».
Rejet de l’unilatéralisme, en particulier des mesures coercitives unilatérales[10]
Le paragraphe 10 stipule : « Nous sommes profondément préoccupés par l’effet perturbateur des mesures coercitives unilatérales illégales, y compris les sanctions illégales, sur l’économie mondiale, le commerce international et la réalisation des objectifs de développement durable. Ces mesures sapent la Charte des Nations unies, le système commercial multilatéral et les accords sur le développement durable et l’environnement. Elles ont également un impact négatif sur la croissance économique, l’énergie, la santé et la sécurité alimentaire, exacerbant ainsi la pauvreté et les défis environnementaux ».
Le paragraphe 13 souligne que « … le caractère universel et inclusif du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de ses objectifs de développement durable, et que la mise en œuvre devrait tenir compte des différentes circonstances, capacités et niveaux de développement nationaux, tout en respectant les politiques et priorités nationales et en conformité avec la législation nationale… Nous condamnons les tentatives visant à soumettre le développement à des pratiques discriminatoires à motivation politique, y compris, mais sans s’y limiter, des mesures coercitives unilatérales incompatibles avec les principes de la Charte des Nations Unies, la conditionnalité politique explicite ou implicite de l’aide au développement, les activités, visant à compromettre la multiplicité des fournisseurs d’aide au développement international.
Le paragraphe 22 réaffirme que « … Les mesures coercitives unilatérales, notamment sous la forme de sanctions économiques unilatérales et de sanctions secondaires contraires au droit international, ont des répercussions considérables sur les droits de l’homme, y compris le droit au développement, de l’ensemble de la population des États ciblés, affectant de manière disproportionnée les pauvres et les personnes en situation vulnérable. Par conséquent, nous appelons à leur élimination.
Le paragraphe 34 souligne que « … La souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie doivent être strictement respectées. Nous condamnons la présence militaire étrangère illégale qui entraîne des risques croissants de conflit à grande échelle dans la région. Nous soulignons que les sanctions unilatérales illégales exacerbent gravement les souffrances du peuple syrien.
Le paragraphe 83 rejette « … des mesures protectionnistes unilatérales, punitives et discriminatoires, qui ne sont pas conformes au droit international, sous prétexte de préoccupations environnementales, telles que des mécanismes unilatéraux et discriminatoires d’ajustement carbone aux frontières (MACF), des exigences de diligence raisonnable, des taxes et d’autres mesures, et nous réaffirmons notre soutien total à l’appel de la COP28 relatif à l’évitement des mesures commerciales unilatérales fondées sur le climat ou l’environnement. Nous nous opposons également aux mesures protectionnistes unilatérales, qui perturbent délibérément les chaînes d’approvisionnement et de production mondiales et faussent la concurrence.
Paix et sécurité internationales
Le paragraphe 25 exprime sa préoccupation concernant « … l’augmentation de la violence et la poursuite des conflits armés dans différentes parties du monde, y compris ceux qui ont un impact significatif aux niveaux régional et international. Nous réaffirmons notre engagement en faveur du règlement pacifique des différends par la diplomatie, la médiation, le dialogue inclusif et les consultations de manière coordonnée et coopérative, et nous soutenons tous les efforts propices au règlement pacifique des crises. Nous soulignons la nécessité de s’engager dans les efforts de prévention des conflits, notamment en s’attaquant à leurs causes profondes. Nous reconnaissons les préoccupations légitimes et raisonnables de tous les pays en matière de sécurité.
Le paragraphe 30 réitère « … Gravement préoccupée par la détérioration de la situation et la crise humanitaire dans le territoire palestinien occupé, en particulier par l’escalade sans précédent de la violence dans la bande de Gaza et en Cisjordanie à la suite de l’offensive militaire israélienne, qui a fait de nombreux morts et blessés parmi les civils, des déplacements forcés et la destruction généralisée d’infrastructures civiles. Nous soulignons la nécessité urgente d’un cessez-le-feu immédiat, complet et permanent dans la bande de Gaza, de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et détenus des deux côtés qui sont illégalement retenus captifs, ainsi que de l’approvisionnement sans entrave, durable et à grande échelle de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, et de la cessation de toutes les actions agressives. Nous dénonçons les attaques israéliennes contre les opérations humanitaires, les installations, le personnel et les points de distribution. À cette fin, nous appelons à la mise en œuvre intégrale des résolutions 2712 (2023), 2720 (2023), 2728 (2024) et 2735 (2024) du Conseil de sécurité des Nations Unies… Nous prenons acte des mesures conservatoires prises par la Cour internationale de Justice dans le cadre des procédures judiciaires engagées par l’Afrique du Sud contre Israël. Nous réaffirmons notre soutien à l’adhésion à part entière de l’État de Palestine à l’Organisation des Nations Unies, dans le contexte de l’engagement indéfectible en faveur de la vision d’une solution à deux États fondée sur le droit international, y compris les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies et de l’Assemblée générale des Nations Unies, ainsi que l’Initiative de paix arabe, qui comprend la création d’un État palestinien souverain, indépendant et viable, conformément aux frontières internationalement reconnues de juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale vivant à ses côtés en paix et en sécurité avec Israël ».
Le paragraphe 32 condamne « … l’augmentation du nombre d’attentats terroristes liés aux TIC. À cet égard, nous condamnons l’acte terroriste prémédité qui a consisté à faire exploser des appareils de communication portatifs à Beyrouth le 17 septembre 2024, qui a fait des morts et des dizaines de blessés parmi les civils. Nous réaffirmons que ces attaques constituent une grave violation du droit international.
Le paragraphe 43 demande que « … le renforcement de la non-prolifération et du désarmement afin de sauvegarder et de maintenir la stabilité mondiale ainsi que la paix et la sécurité internationales. Nous notons l’importance primordiale des efforts visant à accélérer la mise en œuvre des 12 résolutions sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, y compris la Conférence convoquée en application de la décision 73/546 de l’Assemblée générale des Nations Unies. Nous appelons toutes les parties invitées à participer de bonne foi à cette conférence et à s’engager dans cet effort de manière constructive.
Favoriser la coopération économique et financière
Le paragraphe 57 réitère « … fermement convaincu que la coopération multilatérale est essentielle pour limiter les risques découlant de la fragmentation géopolitique et géoéconomique et s’engager à intensifier les efforts dans des domaines d’intérêt mutuel, y compris, mais sans s’y limiter, le commerce, la réduction de la pauvreté et de la faim, le développement durable, y compris l’accès à l’énergie, à l’eau et à la nourriture, aux carburants, aux engrais ainsi que l’atténuation et l’adaptation à l’impact du changement climatique, l’éducation et la santé, y compris la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies.
Le paragraphe 58 demande que « … la mise en œuvre intégrale du Programme d’action d’Addis-Abeba, adopté lors de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement en 2015, et la participation effective des pays en développement à la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra en Espagne du 30 juin au 3 juillet 2025. Nous appelons les pays développés à honorer leur engagement en faveur du financement du développement et encourageons leur coopération avec les pays en développement dans différents domaines de développement, notamment la fiscalité, la dette, le commerce, l’aide publique au développement, le transfert de technologie et la réforme de l’architecture financière internationale.
Le paragraphe 60 met l’accent sur les problèmes liés à : « … des niveaux d’endettement élevés dans certains pays [qui] réduisent la marge budgétaire nécessaire pour faire face aux défis de développement actuels, aggravés par les effets d’entraînement des chocs extérieurs, en particulier les fluctuations des politiques financières et monétaires dans certaines économies avancées, ainsi que les problèmes inhérents à l’architecture financière internationale. Les taux d’intérêt élevés et le resserrement des conditions de financement aggravent la vulnérabilité à l’endettement dans de nombreux pays. Nous pensons qu’il est nécessaire de s’attaquer à la dette internationale de manière appropriée et globale pour soutenir la reprise économique et le développement durable, en tenant compte des lois et des procédures internes de chaque pays, ainsi que d’une dette extérieure viable et d’une prudence budgétaire. Nous reconnaissons la nécessité de s’attaquer de manière efficace, globale et systématique aux vulnérabilités d’endettement des pays à revenu faible et intermédiaire. L’un des instruments, parmi d’autres, permettant de remédier collectivement aux vulnérabilités liées à la dette consiste à mettre en œuvre de manière prévisible, ordonnée, opportune et coordonnée le Cadre commun pour le traitement de la dette du G20, avec la participation des créanciers bilatéraux officiels, des créanciers privés et des banques multilatérales de développement (BMD), conformément au principe de l’action conjointe et du partage équitable des charges.
Le paragraphe 61 traite des ODD et des partenariats public-privé des BRICS. Le paragraphe 62 reconnaît le rôle clé de la Nouvelle Banque de développement dans la promotion de l’infrastructure et du développement durable de ses pays membres, ainsi que dans l’expansion du financement en monnaie locale.
Le paragraphe 63 salue « l’accent mis par le mécanisme de coopération interbancaire (ICM) des BRICS sur la facilitation et l’expansion des pratiques et approches financières innovantes pour les projets et les programmes, y compris la recherche de mécanismes de financement acceptables en monnaies locales. Nous nous félicitons de la poursuite du dialogue entre l’ICM et la NDB.
Le paragraphe 65 réitère l’engagement « … au renforcement de la coopération financière au sein des BRICS. Nous reconnaissons les nombreux avantages d’instruments de paiement transfrontaliers plus rapides, peu coûteux, plus efficaces, plus transparents, plus sûrs et plus inclusifs, fondés sur le principe de la réduction des obstacles au commerce et de l’accès non discriminatoire. Nous saluons l’utilisation des monnaies locales dans les transactions financières entre les pays des BRICS et leurs partenaires commerciaux. Nous encourageons le renforcement des réseaux de correspondants bancaires au sein des BRICS et la possibilité de règlements en monnaies locales, conformément à l’initiative des BRICS sur les paiements transfrontaliers (BCBPI), qui est volontaire et non contraignante, et nous attendons avec impatience de poursuivre les discussions dans ce domaine, y compris au sein du groupe de travail sur les paiements des BRICS.
Le paragraphe 66 fait référence à la nécessité « … d’explorer la faisabilité de connecter l’infrastructure des marchés financiers des pays BRICS. Nous convenons de discuter et d’étudier la faisabilité de la mise en place d’une infrastructure transfrontalière indépendante de règlement et de dépôt, BRICS Clear, une initiative visant à compléter l’infrastructure existante des marchés financiers, ainsi que la capacité de réassurance indépendante des BRICS, y compris la compagnie de (ré)assurance BRICS, avec une participation sur une base volontaire.
Le paragraphe 67 charge les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des BRICS d’étudier la question des monnaies locales, des instruments de paiement et des plateformes et de faire rapport d’ici le prochain sommet. Le paragraphe 68 reconnaît que « … l’accord de réserve d’urgence (CRA) des BRICS est un mécanisme important pour prévenir les pressions à court terme sur la balance des paiements et renforcer davantage la stabilité financière. Nous exprimons notre ferme soutien à l’amélioration du mécanisme de l’ARC en envisageant d’autres monnaies admissibles et nous accueillons favorablement la finalisation des modifications apportées aux documents de l’ARC. Nous soulignons la réussite de la 7e série d’essais de l’ARC…
Le paragraphe 102 reconnaît l’importance de renforcer et d’institutionnaliser davantage la coopération fiscale des BRICS et se félicite de l’adoption du cadre de gouvernance des chefs des autorités fiscales des BRICS, qui constitue une étape importante vers une coopération fiscale systématique et cohérente entre les pays des BRICS.
Le paragraphe 103 se félicite de la résolution 78/230 de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la promotion d’une coopération fiscale internationale inclusive et efficace[11] et exprime sa satisfaction pour l’engagement pris dans l’élaboration du mandat d’une convention-cadre des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale. [12]
Le paragraphe 110 reconnaît la nécessité d’approfondir la coopération des BRICS dans le domaine de la justice et prend acte de la première réunion des ministres de la Justice des BRICS. « Nous reconnaissons l’importance d’attirer les investissements et de développer les économies des pays BRICS et d’élaborer un cadre solide pour répondre aux doléances des investisseurs, avec des consultations et des délibérations supplémentaires entre les pays BRICS. Nous prenons note de l’initiative russe visant à créer le Centre international d’arbitrage des investissements des BRICS.
Flux financiers illicites, blanchiment d’argent et drogues
Le paragraphe 49 engage les membres des BRICS « … à la prévention et à la lutte contre les flux financiers illicites, le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme, le trafic de drogue, la corruption et l’utilisation abusive des nouvelles technologies, y compris les cryptomonnaies, à des fins illégales et terroristes. Nous réaffirmons notre attachement aux principes de nature technique et non politisée de la coopération internationale anticriminelle, y compris dans le but de prévenir et d’établir des traces financières de ces crimes.
Le paragraphe 50 appelle à un dialogue renforcé au sein des BRICS sur les questions de « … le blanchiment d’argent et la lutte contre le financement du terrorisme avec la participation des parties prenantes concernées.
Le paragraphe 51 met l’accent sur « … la production, le trafic et l’abus de drogues illicites dans le monde entier, [qui]… menace la sécurité publique et la stabilité internationale et régionale, la santé, la sûreté et le bien-être de l’humanité et compromet le développement durable des États.
Changement climatique
Le paragraphe 14 souligne que « … l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté et les travaux de la Task Force pour une mobilisation mondiale contre le changement climatique, ainsi que la Déclaration historique de Rio de Janeiro sur la coopération fiscale internationale. Nous nous réjouissons à la perspective de l’organisation réussie du sommet des dirigeants du G20 à Rio de Janeiro en novembre 2024 sous la présidence brésilienne et réaffirmons notre volonté de coordonner nos positions afin de renforcer l’inclusion et d’amplifier la voix des pays du Sud et d’intégrer davantage leurs priorités dans l’ordre du jour du G20 par le biais des présidences consécutives des États membres des BRICS au G20 – Inde, Brésil et Afrique du Sud – au cours de la période 2023-2025 et au-delà. À cet égard, nous saluons et soutenons également l’inclusion de l’Union africaine en tant que membre du G20 lors du sommet du G20 à New Delhi en 2023.
Le paragraphe 18 reconnaît que « la dégradation des terres, la désertification et la sécheresse font peser de graves menaces sur le bien-être et les moyens de subsistance des populations et sur l’environnement et, tout en reconnaissant les efforts en cours pour promouvoir des pratiques de gestion durable des terres, nous demandons que des ressources financières accrues, des partenariats solides et des politiques intégrées soient mis en place d’urgence pour relever les défis…. ». Le paragraphe 19 salue les efforts déployés au niveau mondial pour lutter contre la pénurie d’eau.
Le paragraphe 86 salue la création du groupe de contact sur le changement climatique et le développement durable par les ministres de l’environnement des BRICS le 28 juin 2024, ainsi que l’adoption du cadre sur le changement climatique et le développement durable. Une plateforme de recherche sur le climat des BRICS est en cours de création afin de renforcer les échanges de vues et de bonnes pratiques entre scientifiques et experts. Le paragraphe 90 fait référence à l’importance cruciale des océans pour le développement durable et la stabilité du climat.
La santé mondiale
Le paragraphe 93 réitère le soutien des BRICS « … au rôle central de coordination de l’Organisation mondiale de la Santé dans la mise en œuvre des efforts internationaux multilatéraux visant à protéger la santé publique contre les maladies infectieuses et les épidémies, et à s’engager à réformer et à renforcer le système international de prévention, de préparation et d’intervention en cas de pandémie. Nous reconnaissons le rôle fondamental des soins de santé primaires en tant que fondement essentiel des soins de santé universels et de la résilience des systèmes de santé, ainsi que de la prévention et de la réponse aux urgences sanitaires. Nous nous félicitons de la promotion de liens plus étroits entre les institutions de santé des BRICS responsables de la santé et du bien-être sanitaires et épidémiologiques, de la prévention, de la préparation et de la réponse aux maladies transmissibles à tendance épidémique et de l’impact sanitaire après les catastrophes, et nous encourageons la poursuite de l’exploration des possibilités de partage des connaissances, d’échange d’expertise et de la mise en œuvre de projets conjoints dans le secteur de la santé.
Le paragraphe 96 rappelle le potentiel important des pays des BRICS « … dans le domaine de la médecine nucléaire, nous saluons la décision de créer un groupe de travail des BRICS sur la médecine nucléaire. Nous notons le bon déroulement du premier Forum de médecine nucléaire des BRICS les 20 et 21 juin 2024 à Saint-Pétersbourg et la publication de l’Examen des meilleures pratiques en médecine nucléaire des BRICS.
Échanges entre les peuples
Le paragraphe 119 réaffirme l’importance des « … échanges entre les peuples des BRICS pour renforcer la compréhension mutuelle, l’amitié et la coopération. Nous apprécions les événements organisés sous la présidence russe en 2024, notamment dans les domaines des médias, de la culture, de l’éducation, des sports, des arts, de la jeunesse, de la société civile, de la diplomatie publique et des échanges universitaires, et nous reconnaissons que les échanges entre les peuples jouent un rôle essentiel dans l’enrichissement de nos sociétés et le développement de nos économies. À cet égard, nous appelons à redoubler d’efforts pour respecter la diversité des cultures, valoriser l’héritage, l’innovation et la créativité, plaider conjointement en faveur d’échanges et d’une coopération internationaux solides entre les peuples et reconnaître l’adoption de la résolution A/RES/78/286 de l’Assemblée générale des Nations Unies intitulée « Journée internationale pour le dialogue entre les civilisations »[13].
Le paragraphe 123 souligne en outre que « … que tous les pays des BRICS ont une riche culture sportive traditionnelle et conviennent de se soutenir mutuellement dans la promotion des sports traditionnels et autochtones entre les pays des BRICS et dans le monde. Nous nous opposons fermement à toute forme de discrimination fondée sur l’âge, le sexe, le handicap, la race, l’appartenance ethnique, l’origine, la religion, le statut économique ou tout autre statut des athlètes. Nous reconnaissons l’importance des événements sportifs conjoints des BRICS, des réunions, des conférences, des séminaires dans le domaine des sciences du sport et de la médecine du sport.
Réflexions finales
Le dynamisme économique et l’expansion du PIB se sont déplacés de l’Occident vers les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, notamment le Brésil, la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud. En conséquence, le système international dirigé par les États-Unis et conçu à Bretton Woods en 1944 semble obsolète et a été utilisé comme une arme si agressive par les États-Unis – au détriment de la majorité mondiale – que de nombreux pays ont décidé de tester d’autres options. Il est impressionnant de constater que de nombreuses nouvelles institutions ont vu le jour pour mieux refléter les réalités économiques du 21e siècle, qui ne peut plus être unipolaire. Les BRICS en sont le principal exemple.
Dans un certain sens, les BRICS représentent une « nouvelle aube » de multipolarité et, espérons-le, de paix sur la base de la Charte des Nations Unies et du respect de l’égalité souveraine des États et de l’autodétermination des peuples. Comme l’a noté un observateur : « Les BRICS ont l’intention de se positionner comme un laboratoire multitâche de la gouvernance mondiale, où de nouveaux algorithmes de coopération multilatérale et des modèles innovants pour résoudre les grands problèmes économiques et politiques du monde peuvent être testés. » Nous vivons une période passionnante.
L’Occident peut continuer à nier l’existence des BRICS. Même si des chiens aboient, la caravane poursuit son chemin.
Notes.
[1] http://static.kremlin.ru/media/events/files/en/RosOySvLzGaJtmx2wYFv0lN4NSPZploG.pdf
[3] https://www.unesco.org/en/legal-affairs/constitution
[4] https://www.bbc.com/news/articles/crmznzkly3go
[5]https://www.youtube.com/watch?v=f7hxfGf7lyA
https://www.thenation.com/article/archive/war-over-if-you-want-it-john-and-yoko-40-years-later/
[6] https://www.un.org/en/summit-of-the-future
[8] Treaties must be observed. Vienna Convention on the Law of Treaties, Article 26.
https://legal.un.org/ilc/texts/instruments/english/conventions/1_1_1969.pdf
[9] https://documents.un.org/doc/undoc/gen/n05/487/60/pdf/n0548760.pdf
[10] https://www.ohchr.org/en/special-procedures/sr-unilateral-coercive-measures
Cf. Hans Kochler (éd.), Responsibility in International Relations, International Progress Organization, Vienne 2024, pp. 139-170.
[11] https://documents.un.org/doc/undoc/gen/n23/431/97/pdf/n2343197.pdf
[12] Voir également le rapport de l’Assemblée générale de 2016 de l’Expert indépendant des Nations Unies sur l’ordre international, https://documents.un.org/doc/undoc/gen/n16/248/82/pdf/n1624882.pdf
[13] https://documents.un.org/doc/undoc/gen/n24/175/66/pdf/n2417566.pdf
Alfred de Zayas est professeur de droit à l’École de diplomatie de Genève et a été expert indépendant des Nations Unies sur l’ordre international de 2012 à 2018. Il est l’auteur de douze livres, dont « Building a Just World Order » (2021), « Countering Mainstream Narratives » 2022 et « The Human Rights Industry » (Clarity Press, 2021).
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