Pour une action résolue en faveur d’une paix juste en Ukraine, dit le CN du PCF, c’est le fruit d’un compromis positif, par Danielle Bleitrach

Voicii la Déclaration du conseil National du PCF du 19 0ctobre 2024 et les réflexions que cette déclaration m’inspire. Si j’étais encore militante au sein de ce parti, je n’aurais aucun problème à distribuer des tracts qui la diffusent, j’insiste de ce fait sur l’aspect positif dans la poursuite des avancées des derniers congrès. Mais puisque dans le cadre d’histoireetsociete en particulier grâce au texte de Franck Marsal nous avons entamé un débat sur la nécessité d’un parti communiste dans lequel nous nous sentons libres d’apporter analyses, propositions, en tant que membres du PCF mais aussi sympathisants ou communistes non encartés, progressistes inquiets d’une issue politique. Histoire et societe est le lieu d’un approfondissement d’un tel débat sur la nécessité d’un parti communiste. Voici donc la Déclaration et en prologue quelques réflexions sur sa contextualisation.

Ce texte, comme celui soumis à la discussion des communistes, est le résultat d’un compromis positif. Positif parce qu’ Il témoigne de la pression massive exercée par les communistes à la base et à l’intérieur de l’executif pour vaincre ceux qui oeuvrent en faveur de la collaboration avec l’UE et l’OTAN, ceux qui tentent malgré le choix des communistes d’imposer leur politique d’échec depuis des décennies. Ce sont des directions sous Robert Hue, Marie Georges Buffet et Pierre Laurent, qui à partir de “l’eurocommunisme” et de la “mutation” ont dirigé le parti. Ce courant a dominé pendant une trentaine d’années et il a accompagné la contrerévolution qui a déferlé sur le monde . Cette contrerévolution peut être définie fondamentalement par la manière dont l’impérialisme a transféré sa crise de surraccumulation (sous le vocable de libéralisme) sur le reste du monde avec la chute de l’URSS qui lui a permis d’offrir de nouveaux territoires à sa voracité mais aussi à accroitre sa capacité d’échange inégal sur les pays du sud. Le capitalisme en crise a trouvé dans cet assaut (qui correspond à celui de l’OTAN et du pillage du tiers monde) une manière de survie qui depuis 2008 et singulièrement aujourd’hui est confrontée à ses propres limites, avec la remise en cause du dollar et de sa puisssance militaire. Son aspect autodestructeur des nations, des travailleurs, et de l’environnement. Le libéralisme “libertaire”, le pillage sous bannière démocratique est de plus en plus insupportable et n’apporte plus la moindre contrepartie en échange de son injustice et de son catastrophisme.

Nous sommes dans une contretendance : De nouveaux centres de pouvoir, de prise de décision politique et de croissance économique sont en train d’émerger dans le monde, ont déclaré mercredi les pays des BRICS dans la Déclaration de Kazan publiée lors du 16e sommet des BRICS. Cette tendance ouvre la voie à un ordre mondial multipolaire plus équitable, juste, démocratique et équilibré, et offre davantage d’opportunités aux marchés émergents et aux pays en développement de bénéficier d’une mondialisation économique universellement bénéfique et inclusive, ont déclaré les pays BRICS. C’est un mouvement qui doit tous nous faire réfléchir pour agir de tel sorte que soit enfin reconnu le droit de ceux que l’on censure, opprime, spolie et même massacre, c’est la vocation depuis toujours des communistes, ce monde là est fait pour eux et il doit se faire avec eux. Il est normal que Macron et les siens le nient, en déforment les potentialités, mais est-ils normal que la gauche et surtout le PCF contribuent à cette négation des possibles ?

Les gouvernements dits “démocratiques”, occidentaux sont en train de tenter de nier la poussée et le mécontentement des peuples, partout ils imposent leurs intérêts mortifères, ceux des marchands d’armes et de la finance. Comment peut-on croire à l’appel atlantiste et otanesque de Macron quand il nous ment chez nous, comment peut-on imaginer qu’il nous dit la vérité ailleurs ?

De surcroit partout ces expéditions bellicistes n’ont aucune issue militaire et portent de fait des opérations terroristes contre les peuples et une escalade vers l’anéantissement et la mondialisation terroriste. Personne ne peut les croire mais ils peuvent encore imposer l’idée qu’il n’y a pas d’alternative, que le reste à savoir le socialisme est pire.

Cette absence d’alternative, cette peur du socialisme volontairement confondu avec le nazisme pour mieux blanchir ce dernier en particulier dans les jeunes générations, est insuffisante pour créer les conditions d’une mobilisation enthousiaste et basée sur l’espérance (qu’ouvrent les BRICS) mais elle est assez négative, multipliants divisions et hostilités pour fournir la base négative des poussées en faveur du fascisme. Inutile de dire, mais peut-il faut-il aussi y réfléchir à quel point cette identification communisme-fascisme a eu des effets négatifs sur les communistes et sur ce qui les caractérise… Comment cela a pu jouer chez des militants communistes qui veulent comprendre le monde pour le transformer, mais ce sont aussi les premiers à ne pas se contenter de ces mensonges…

C’est cette amorce de prise de conscience dont témoigne ce texte, les liquidateurs sont confrontés à des FAITS et il leur reste à se targuer d’un pseudo droit international pour continuer à masquer leur allégeance depuis des décennies à l’atlantisme. Non seulement alors qu’ils mentent sur ce qui se passe chez eux, sur les profiteurs réels et tentent de nous faire croire qu’ils disent la vérité ailleurs, mais leur viol de toute légalité de plus en plus manifeste continue à se présenter comme un droit de deux poids de mesure. Ce que perçoit bien la déclaration tout en continuant à s’y référer pour ne pas aller vers le concret. Et la principale lacune de cette déclaration est qu’à l’inverse de la proposition de Franck Marsal elle ne s’assortit pas d’un retrait de l’OTAN, d’une remise en question de l’UE de plus en plus identifiée à l’OTAN, faute de propositions concrètes, elle peut tenter de maintenir un espèce de signe d’égalité entre le dit OTAN et ceux qui refusent l’agression.

Ces “liquidateurs” ont été battus au 38 et 39 e congrès par ceux qui souhaitaient l’existence d’un parti communiste. Profitant de la confusion qu’ils ont entretenu sous ouvert d’unité, ils se sont acharnés tels des patelles ou arapèdes sur leurs positions de direction, d’influence, transformant l’exercice des responsabilités qui leur étaient restées en bastion et factions à l’intérieur du PCF. Les communistes ont vu s’accentuer la désorganisation et les orientations pro-otan imposées en violation de leurs votes de Congrès. Par un mélange de censure et de fausse avancées ilsont tenté de maintenir un consensus qui est devenu de plus en plus insupportable avec les événements de Gaza et la multiplication des conflits, le militarisme. Il y a eu au plan intérieur le véritable choc du refus de Macron de reconnaitre la majorité relative à gauche et la candidature de Lucie Castets. Si une grand nombre de communistes sans illusion sur les possibilités réelles offertes à une gauche minoritaire n’ont pas été surpris, d’autres qui avaient le plus d’illusions sont tombés de haut. Certains continuent mais d’autres ont vu l’impasse enfin… Les protestations en faveur de la paix sont restées en deça de la situation et le désarroi trop grand pour prendre en compte ce qui naissait avec les BRICS, le refus de l’OTAN et d’une UE identifiée avec l’OTAN et les marchés financiers. Toutes ces avancées se sont heurtés à un pseudo consensus électoraliste, et même au refus de réunir autour de débats, en encourageant de fait les autoexclusions des camarades excédés, l”absence d’actions, malgré les combats courageux en faveur de l’autonomie de la ligne du PCF. Malgré les candidatures comme celles de Fabien Roussel et Léon Deffontaine dont ils espéraient qu’elles seraient condamnées comme des échecs. Il est à noter le parallélisme entre ce jeu des liquidateurs à l’intérieur du PCF et celui de groupuscules pseudo radicaux… Certains d’entre ces dirigeants communistes n’ont pas craint de soutenir en sous main et même officiellement d’autre cadidatures.

Mais surtout tout a été fait et continue à être fait pour que le parti n’a pas eu les moyens de réfléchir à ce qui bloque et ne permette pas de transformer l’essai de l’intérêt et de la sympathie pour les communistes au vote en leur faveur pour exprimer au moins leur mécontentement devant les politiques du pouvoir, celles de l’UE et de l’OTAN autant que Macron qui fait le lit de l’extrême-droite. C’est un travail de fond indispensable qui ne se résoudra pas par quelques déclarations formelles mais qui devra déboucher sur des engagements parfois difficiles.

Prenant prétexte sur les élections, et tentant toujours plus de transformer les exigences de clarté des communistes en propos formels sans influence sur l’activité et l’organisation des communistes ce courant liquidateur nous coupe toujours plus des réalités qu’il s’agisse des difficultés de la classe ouvrière, des couches populaires, de la jeunesse et de la réalité de l’évolution geopolitique. Et là une amorce de combat est entamée grâce à Fabien Roussel et ceux qui sur des bases diverses sont entrés dans l’action.

Donc ce texte est celui d’un compromis, d’un débat passionné au sein du CN, la majorité du CN a mené le combat contre un texte émanant des liquidateurs et il a fallu l’arbitrage positif de Fabien Roussel qui a tranché à la fois dans le sens de la réalité, du débat et sa poursuite parce que Fabien Roussel a le courage de tenir bon sur l’autonomie du parti, sur la nécessité de l’ancrer dans les exigences des couches populaires et de par son expérience il sait à quel point la gauche, actuelle, ses errances sont désavouées par ceux qui souffrent, mais en tentant aussi de préserver l’unité du parti. En fait ses campagnes l’ont confronté à ce que sont les médias et à la nécessité d’un “consensus” formel si l’on veut faire passe par exemple une autre conception du budget et de la lutte en faveur des victimes du capital. Mais outre, ce régime de censure des médias, ce qu’il craint le plus comme beaucoup de camarades c’est une saignée qui ne concernerait pas seulement les quelques “vendus” mais ceux qui sont eux-mêmes en pleine évolution. On ne peut pas balayer tout ça sous un pseudo radicalisme du type Ya ca… Le texte de franck Marsal tient compte de tout cela. On peut comprendre la position de Fabien Roussel et même la partager mais il y a beaucoup de temps et d’opportunités perdues, outre une possible accélération de la prise de conscience… (encore que dans ce domaine on peut noter non sans ironie à la manière de marx que la prise de conscience de la direction du PCF va nettement moins vite que l’avancée des troupes russes sur le terrain sans parler de l’audience des BRICS).

C’est donc un texte qui introduit les responsabilités fondamentales de l’OTAN, le non respect des accords de Minsk et la répression dans le Donbass et le sud de l’Ukraine par des bandes armées s’attaquant aux civils, l’interdiction de la langue russe, etc… Mais qui continue paradoxalement à parler de l’agression du “régime” (pourquoi la Russie serait-elle plus un régime que les USA ou la France? Sans parler d’autres “soutiens” encore plus contestables? Faut-il ignorer partout la position des communistes par rapport à leurs gouvernements ? Sans dire ce que nous pouvons dénoncer ici à savoir le fait que l’unité du parti, le rassemblement le plus large dépend de la clarté politique et donc de virer des directions ceux dont la mission est la division, l’absence d’action et la confusion. Il faut préciser ce que l’on attend des directions, ce qu’est la démocratie réelle tel qu’il est malgré des années de destrution le PCF est encore ce qui se fait de différent, un lieu d’écoute, dans lequel les exclus par la bourgeoisie peuvent s’exprimer, il faut aller plus loin et toujours plus innover entre apport de connaissance, critique et action… (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Déclaration du conseil National du PCF du 19 0ctobre 2024

Dcpuis février 2022 près d’un million cle personnes, civils ou militaires, ont été tués. Cette guerre a
également un coût financier et écologique extrêmement lourd.

Tous les peuples en sont victimes. Le peuple ukrainien, qui va subir un 3e hiver de guerre, avec plus de 4 millions de déplacés en Europe dont 100000 réfugiés en France; le peuple russe, qui subit aussi de lourdes pertes ; les peuples européens auxquels les classes dirigeantes imposent une économie de guerre et une politique d’austérité. L’invasion de L’Ukraine décidée par le régime russe
en février 2022 viole frontalement le droit international et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ses causes profondes sont la chute du système sécuritaire européen elle nait de l’expansion de I’O’IAN vers l’Est, le non-respect des Accords de Minsk ct le non règlement de la guerre à l’Est de l’Ukraine depuis 2014″

Les risques de généralisation de la guerre, y compris dans une dimension nucléaire, sont aigus. Les USA et leur bras armé l’OTAN poursuivent leur politique impérialiste de tension guerrière et d’asservissement militaire” politique et énergétique de l’Europe. La commission européenne’ non seulement n’a pris depuis le début de la guerre, aucune initiative politique pour ouvrir le chemin à une solution de paix, mais elle renforce le bellicisme de l’UE, alignée sur l’OTAN. Le deux poids, deux mesures de la politique occidentale est une des composantes de f impérialisme. Il est insupportable.

Il n’y aura aucune solution militaire à cette guerre !

C’est pourquoi nous demandons à rediscuter des conditions de l’aide militaire celle-ci doit être soumise à la construction d’une solution politique concrète et urgente. Après deux ans et demi d’une guerre meurtrière, il est urgent d’imposer une solution politique et diplomatique. La stratégie suivie par les Occidentaux et par la France est une impasse tragique.

Des gouvernements appellent à une réorientation politique . L’Allemagne souhaite ouvrir des négociations pour un cessez-le -feu. La Chine et le Brésil, sur 1a base de leurs précédentes initiatives pour la paix regroupant des pays du « Sud global » sont en faveur d’une cessation des combats’ La France devrait emboîter le pas à ces initiatives. Il est urgent de rendre possible une paix juste une paix sans vainqueur, ni vaincu. en Ukraine toutes ses composantes devraient être la neutralité de l’Ukraine sur les garanties internationales et onusiennes .

Une guerre globalisée en Europe serait d’un coût très élevé pour les peuples. Ils la paieraient d’une brutale aggravation de l’austérité, de l’étranglement des libertés démocratiques, de l’essor des idéologies qui encouragent les nationalismes réactionnaires, la haine, le racisme. Nous appelons à la construction d’un vaste mouvement populaire en faveur de la paix et de la coopération entre les peuples, auquel nous souhaitons que s’associent le plus grand nombre de forces démocratiques, d’organisations syndicales, de mouvements citoyens et de jeunesse. de partis
.de gauche et écologistes.