Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Peut-on croire à la paix ?

Ce diagnostic n’est pas celui d’un politicien de gauche, ni même d’un communiste dont on pourrait l’attendre, puisque “la gauche” française en est pratiquement à la situation des “démocrates” aux Etats-Unis, plus ou moins contraints y compris dans “leur radicalité” à apporter leur caution à un “empire dégénéré en phase terminale” qui invite les peuples à se soumettre à ce mécanisme mortifère. Que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, apparement cette soumission se fait au nom des échéances électorales à court terme, sauver un poste de conseiller d’arrondissement à Becon les Bruyères devient plus fondamental que la lutte pour la paix et la survie de l’humanité. En fait,derrière l’absurdité électoraliste, il y ce qui est plus fondamental l’incapacité à une alternative socialiste. Le paradoxe est que le système dégénéré en phase terminale auquel s’accroche le jeu électoraliste ne satisfait plus les capitalistes eux-mêmes. Le diagnostic dont nous faisons état est celui d’un specialiste des investissements capitalistes qui guette l’effondrement du marché derrière le dollar et la fuite en avant dans la guerre. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

rédigé par Bill Bonner 8 octobre 2024

Une guerre ingagnable peut être le meilleur remède pour un empire dégénéré en phase terminale. Elle fait taire l’opposition en la qualifiant de « traître », maintient le « peuple » dans le droit chemin en le qualifiant de « patriote », et permet aux élites de continuer à recevoir de l’argent.

George W. Bush a déclenché la guerre éternelle entre l’Est et l’Ouest, en annonçant que nous étions en guerre contre le « terrorisme » – qui ne disparaîtra jamais complètement… et en disant ensuite au monde : « Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous. »

En 2003, la plupart des nations ne faisaient partie ni d’un camp ni de l’autre.

La guerre contre l’Irak était une sorte d’avertissement pour tous les pays du monde : « Si vous nous cherchez, vous serez punis. »

Puis, à partir de 2022, les autres pays ont constaté que leur argent n’était plus en sécurité non plus. Les Etats-Unis et leurs alliés n’ont pas hésité à saisir des actifs ou à paralyser une économie, à leur guise, même dans des pays qui n’avaient jamais fait de mal aux Etats-Unis.

Aujourd’hui, l’Occident a abattu une autre carte et s’est montré prêt à tuer à plus grande échelle. Israël a porté la guerre (ou le meurtre, selon le camp auquel on appartient) à un niveau supérieur. Ses assassinats, ses pièges et ses bombardements ont choqué presque tout le monde. Le dirigeant de l’Iran se cache… et le reste du monde tremble de crainte ou d’admiration.

En Occident, les élites sont fières et rassurées. Aucun ennemi ne peut leur échapper. Leur technologie sophistiquée peut trouver n’importe qui… et leurs bombes chirurgicales peuvent l’éliminer, ainsi que tout son voisinage. Ni sa famille, ni ses amis, ni les personnes portant le même nom de famille, ni ses animaux domestiques, ni quiconque vivant près de lui n’a une chance de s’échapper.

Voyant le danger, « l’autre camp » resserre les rangs. Et tout comme ils ont cherché des solutions de rechange au dollar, ils cherchent maintenant de nouvelles tactiques et de nouvelles stratégies pour sauver leur vie. Ils cherchent la solidarité de leurs amis et puissances nucléaires à Moscou et/ou à Pékin pour leur apporter un peu de protection.

Kamala, Joe, Tony et Donald disent qu’ils travaillent dur pour obtenir « la paix à notre époque ». Mais ce n’est peut-être pas le cas.

C’est ainsi que les deux camps s’affrontent. L’Est contre l’Ouest. Ils se battent désormais dans la Méditerranée orientale et les steppes eurasiennes, en s’appuyant sur des alliés locaux pour faire le sale boulot.

L’Occident, et en particulier Israël, dispose d’un avantage technologique. Ce dont il manque, c’est d’un approvisionnement illimité en main-d’oeuvre. L’Occident dispose d’armes nouvelles, coûteuses, super-perfectionnées et efficaces. Mais l’Est (dont la Russie est peut-être le meilleur exemple) dispose de la force brute et de la résistance.

Une technologie supérieure devrait être décisive. Mais ce n’est pas toujours le cas. Pendant la Seconde Guerre mondiale, par exemple, l’Allemagne avait un avantage technologique sur l’Union soviétique. Mais une technologie plus sophistiquée est aussi plus coûteuse à produire, plus longue à maîtriser, et tend à être moins fiable et moins facilement réparable sur le champ de bataille.

Parallèlement, les Allemands ne pouvaient rivaliser avec les Soviétiques en termes de matières premières (notamment le pétrole), de main-d’oeuvre… ou de capacité de l’Union soviétique à faire marcher de grandes quantités de chars et d’avions. A Stalingrad, par exemple, les chars soviétiques à peine sortis de la chaîne de montage ont directement intégré la bataille.

Et souvenez-vous de la guerre d’Indochine. Les Français disposaient d’une avance technologique considérable. Ils disposaient d’avions, d’hélicoptères et de chars – la plupart provenant des Etats-Unis (ils employaient même des pilotes privés américains pour acheminer le ravitaillement vers leurs troupes basées dans la jungle).

A Diên Biên Phu, les officiers français ont supposé que le Viêt-minh, qui ne disposait que de ses propres muscles, ne pourrait jamais traîner de l’artillerie lourde dans les montagnes, sur les rivières et à travers des centaines de kilomètres de jungle. Ils comptaient également sur leur propre puissance aérienne pour empêcher le Viêt-minh de masser une trop grande partie de sa puissance de feu près de la base française.

Ils se sont trompés. Les hommes et la détermination l’ont emporté sur la technologie. Le commandant des unités aériennes françaises en Indochine – qui avait promis que ses avions protégeraient les troupes et fourniraient du ravitaillement et des renforts le cas échéant – était tellement désemparé qu’il s’est suicidé.

Le général de Gaulle, alors président de la France, avait averti John Kennedy de ne pas répéter ses erreurs. Mais il n’en a pas eu l’occasion. Il a été assassiné et les Etats-Unis ont commis presque exactement les mêmes erreurs, mais à une échelle beaucoup plus grande.

Le conflit au Moyen-Orient est une toute autre affaire. Mais le même danger nous guette, dans les jungles urbaines comme dans les jungles vertes.

Bombarder un ennemi conventionnel peut le mettre au pas. Vous pourrez alors annoncer la victoire et prononcer un discours devant le Congrès réuni en séance plénière. Mais les combats de rue avec des « terroristes » décentralisés et dotés d’une technologie bon marché font des victimes et n’ouvrent pas de voie claire vers la victoire. C’est pourquoi nos sources insistent toujours sur le fait qu’Israël veut éviter une guerre terrestre de grande envergure.

Ont-elles tort ? Nous n’en savons rien.

Mais la journée d’hier marquait le premier anniversaire de l’attaque du 7 octobre par le Hamas. M. Netanyahou pourrait vouloir marquer l’occasion par plus qu’un simple discours. Il pourrait ne pas résister à la même erreur que celle commise par les Français à Dien Bien Phu, répétée par les Américains quinze ans plus tard.

Et Jared Kushner, le gendre de Donald Trump, le presse de le faire :

« La bonne décision à prendre maintenant pour les Etats-Unis serait de dire à Israël de mettre un terme au conflit. Cela aurait dû être fait depuis longtemps. »

Mais ce n’est peut-être pas tout. Une guerre ingagnable peut être le meilleur type de guerre pour un empire dégénéré à un stade avancé. Elle fait taire l’opposition en la qualifiant de « traître », maintient le « peuple » dans le droit chemin en le qualifiant de « patriote », et permet à l’élite de continuer à recevoir de l’argent.

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Bill Bonner

Bill Bonner est le co-auteur de plusieurs best-sellers comme L’inéluctable faillite de l’économie américaine, L’empire des dettes et Hormegeddon. Dans son dernier livre, Gagner ou Perdre, il explore l’avancée de nos sociétés modernes, leurs hauts et leurs bas – et révèle en chemin la règle unique qu’une société doit suivre si elle espère progresser… tout en montrant ce qui arrive à ceux qui ignorent cette règle. En 1978, Bill a fondé Agora – désormais le plus grand réseau de recherche indépendante au monde. Il a lancé des entreprises partout dans le monde – dont les Publications Agora en France… emploie des milliers de personnes… a investi sur cinq continents… a acquis plus de deux douzaines d’entreprises… possède des centaines de milliers d’acres de terrain… parcourt plus de 150 000 km chaque année… et a lancé plus de 1 000 produits. Ses notes quotidiennes, publiées notamment dans La Chronique Agora, sont lues par plus de 500 000 personnes dans le monde – dont près de 40 000 en France. Bill s’est donné pour mission d’identifier les meilleures opportunités d’investissement – et de montrer où les investisseurs particuliers commettent les erreurs les plus coûteuses. En deux mots, Bill offre un regard lucide sur le monde de l’économie et de l’investissement — un point de vue contrarien et sans concession, que vous ne retrouverez nulle part ailleurs.

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