Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

El Moudjahid consacre un dossier à la Chine avec un reportage en pays Ouïghour


El Moudjahid, 
le quotidien algérien (la révolution par le peuple et pour le peuple) publie le 6 octobre 2024 un dossier sur la Chine avec un reportage sur le Quotidien du peuple, organe du comité central du Parti communiste chinois. Mais aussi un reportage en pays Ouïghour. Il s’agit en fait d’une initiative qui a concerné un grand nombre de publications de pays musulmans invités à juger sur place de la nature mensongère des allégations de la presse occidentale (mention spéciale à Glucksmann l’agent de la CIA et trafiquant d’armes devenu porte-parole du parti socialiste). Le contexte de ce qui passe au Proche Orient, le traitement des mêmes médias sur Gaza, le Liban, plus la proximité du sommet des BRICS est propice à cette dénonciation de la propagande anti-chinoise. D’ailleurs l’Afrique n’a jamais été totalement convaincue par la propagande anti-soviétique et tout en cherchant sa voie propre a poursuivi dans bien des pays une relation spécifique avec les voies du socialisme, avec la diplomatie russe restée “soviétique”, avec Cuba et bien sûr la Chine. Derrière ces reportages, il y a l’établissement de relations concrètes comme la création par la Russie d’une véritable bourse des grains, il y aura les pays qui deviendront membres des BRICS mais il y aura aussi d’autres qui bénéficieront de l’accès à des initiatives de développement. Au-delà de cette dénonciation de campagne de propagande de l’occident, il y a la proposition d’une “modernité” qui pourrait se passer des drames engendrés par le néo-colonialisme de l’occident. (note de Danielle Bleitrach dans histoire et societe)

De notre envoyée spéciale en Chine : Amel Zemouri

C’est un voyage hors du temps et dans les espaces lointains de la Chine que nous avons effectué en ce mois de septembre. Il a donné lieu à une rencontre avec un peuple dont on n’entendait parler que dans les médias, dont les échos ne nous parvenaient que par ouïe-dire et que l’on retrouve devant nous, sur ses propres terres, vivant dans une belle harmonie et une totale paix, qui nous ont laissés pantois.

Nous étions une vingtaine de représentants de médias arabes venant de divers horizons, qui ont pu constater de visu et selon leur propre expérience sur le terrain, que l’image véhiculée fréquemment en Occident d’une Chine qui maltraiterait ou isolerait volontairement ses minorités ne correspond pas du tout à la réalité.
Le choc est même déconcertant. Dès notre arrivée, l’on s’attendait à voir des gens habitant dans des régions rurales peu développées, mais on s’est retrouvés dans des villes ultramodernes, avec d’immenses avenues, des coopératives agricoles, tout droit sorties des pages d’un magazine tendance. La simplicité des gens et leur hospitalité, leur propension à partager avec vous leur repas, n’ont effectivement rien à voir avec ce qui se raconte ailleurs. Point de tension, ni d’agressivité ni de crainte, mais de la chaleur et de la tolérance dans chaque foyer visité.
Bienvenue donc, dans le Xinjiang qui est la plus grande province de Chine. Peuplée de seulement 21 millions d’habitants, la région offre un paysage de déserts, de plaines arides et de hautes montagnes bordées de prairies. Sa capitale est Ürümqi, mais les Ouïgours considèrent Kashgar (Kashi) comme étant la capitale culturelle du pays.
La province du Xinjiang abrite des populations à dominante turcophone musulmane (Ouïgours, Kazakhs, Kirghizes). La part des Hans (dynastie chinoise) s’élève aujourd’hui à 48%, et 56 ethnies y résident et se côtoient dans une totale harmonie.
Néanmoins, avec plus de 10 millions d’habitants, les Ouïgours sont la seconde ethnie du pays en termes de population. Ils sont musulmans. Certains sont turcophones, mais la majorité parle la langue ouïgour. Leur culture diffère totalement de celle des Hans. Elle se rapproche davantage des coutumes spécifiques à l’Asie mineure.
Sans exception, toutes ces minorités se partagent une large part des répertoires musicaux traditionnels, à savoir des complaintes chantées ; les chants tonitruants et lyriques et les danses folkloriques. Ces chants et ces danses sont perçus par les Chinois comme autant d’expressions de cultures traditionnelles authentiques devenues communes au fil du temps.
Ces minorités ne sont pas gérées de la même manière que l’ethnie majoritaire des Hans. Elles bénéficient d’une discrimination positive leur permettant de conserver leur langue et leur culture. Non soumises à la politique de l’enfant unique, les familles peuvent avoir plusieurs enfants qui seront ensuite favorisés lors des concours nationaux puisqu’ils se verront offrir un bonus de point pour la barrière de la langue, nous apprennent nos guides Miao et Lu, baptisés Ramy et Khaleda.
De plus, comme tout citoyen chinois, l’Ouighour a les mêmes droits civiques. Les membres de notre délégation de journalistes ont eu la bonne surprise de voir que les nombreux jeunes qu’ils ont questionnés à ce propos, avaient leur passeport, certains nous l’ont montré, pour nous affirmer qu’ils peuvent voyager sans contraintes. « Je ne sais pas pourquoi les médias occidentaux disent autant de mensonges », s’étonne Fadi Philippe Nathan, journaliste égyptien du site «El Arab». Idem pour son collègue, Hazem Samir, du quotidien El Djoumhouria qui affirme avoir été très favorablement impressionné par la qualité de vie de la population locale.

Une mosaïque d’ethnies, une liberté de culte et de déplacement assurée

Ici, la tradition veut que l’on étudie le Coran et que l’on apprenne l’arabe. « L’apprentissage de cette langue sert aujourd’hui d’autant plus aux jeunes que la Chine a renforcé ses liens économiques et commerciaux avec les pays arabes ces dernières années » nous explique, pour sa part, l’imam de la mosquée Id Kah située sur la place centrale de Kashi (Kashgar), qui précise que celle-ci « est le lieu de rassemblement de tous les musulmans de la province »
Considérée comme la plus grande du pays, la mosquée s’étend sur 16.800 m2 et accueille plus de 10.000 personnes pour la prière du vendredi. Dans les années 2000, les autorités ont procédé à sa rénovation, ce qui a permis d’en faire un site touristique très fréquenté. « C’est l’Etat chinois également qui prend en charge les frais d’entretien et finance les activités de la mosquée », explique encore l’imam qui se félicite de la bonne entente qui existe entre les dizaines de minorités qui se côtoient à Kashi et qui affirme qu’ici, « la liberté de culte est assurée ».
Aux alentours d’Id Kah, les nombreuses échoppes offrent toutes sortes d’artisanat. Il y a des chaudronniers, des forgerons, des charpentiers, des bijoutiers, des cordonniers…. Chacun venant de telle ou telle minorité, ce qui constitue un brassage ethnique bruyant et coloré, éloigné de toute barrière idéologique ou sociale.

Le Xinjiang, immense carrefour sur la route de la soie

Véritable carrefour sur la Route de la Soie situé entre l’Orient et le Moyen-Orient, la région située à l’extrême ouest du pays, partage ses frontières avec huit pays, que sont la Mongolie, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde.
Bien que peu connu, le Xinjiang change néanmoins rapidement grâce aux efforts du gouvernement central pour moderniser les infrastructures et promouvoir le tourisme. Pékin œuvre indéniablement à la renaissance des caravanes sur la route de la Soie, cette fois composées de voyageurs.
C’est ainsi qu’ayant bénéficié d’importants investissements de la part du gouvernement central et du rapprochement entre la Chine et ses voisins centrasiatiques (Route de la soie), la province connaît un taux de croissance économique supérieur au reste du Grand Ouest chinois.
« La région autonome a fait l’objet de politiques préférentielles supplémentaires Pékin et d’importantes entreprises d’État (Sinopec, State Grid Corporation, Shenhua Group, etc.) ont apporté leur soutien financier et technique au développement de la région, tandis que se poursuit son intégration au sein du corridor Urumqi-Lanzhou-Xi’an », nous explique notre guide qui souligne que portée par ses secteurs agricole et énergétique, la région enregistre une croissance annuelle supérieure à 11 %, ceci d’autant que son sous-sol renferme 30% des réserves pétrolières chinoises
La cuisine ouïgoure occupe une place extrêmement importante au Xinjiang et est également appréciée dans toute la Chine. Le plat principal «dapanji», un ragoût de viande et de pommes de terres, ou encore les naans, des petits pains plats ou bien les «yangrouchuan», brochettes de mouton épicées, se rapprochent beaucoup de ce qui se fait en Algérie, ce qui était franchement, assez plaisant pour nous, après tout ce dépaysement .

Allégations de travail forcé : « Plus le mensonge est gros, plus il passe »

Néanmoins, comme le Xinjiang est la cible de nombreuses accusations de la part des médias occidentaux qui font cas de «travail forcé» dans cette partie de la Chine, nous avons voulu en avoir le cœur net. C’est ainsi, qu’après avoir rencontré des dizaines de jeunes Ouighours, visité des villages à vocation agropastorale, notre délégation de journalistes a pu se rendre compte du fait que ces allégations sont apparemment basées sur une méconnaissance et une mauvaise interprétation des politiques de la Chine dans cette province.
De même, l’embargo imposé sur les produits provenant du Xinjiang est qualifié d’«injuste» par les jeunes et les femmes qui se retrouvent en «chômage forcé» après l’arrêt de plusieurs usines.
« Au final, comme dit la citation, plus un mensonge est gros, plus il passe » s’indigne Susan Hamid Madjid, la directrice des radios et télévisions irakiennes, soulignant qu’il faut juste faire un petit déplacement ici, pour se rendre compte que la réalité est toute autre ».
Évoquant les sanctions unilatérales imposées par certains pays occidentaux et leurs « conséquences socio-économiques négatives sur la vie des gens », l’éditorialiste égyptienne Inès Awadh, a déploré le fait que celles-ci « sont utilisées comme un outil de politique étrangère et une méthode de coercition économique ».
« Les sanctions imposées ont aggravé les difficultés des femmes ouïghoures, entraînant une baisse de leurs revenus, de leur statut familial et de leur niveau d’éducation, ce qui constitue une violation flagrante des droits de l’homme » a déclaré, pour sa part, Alena Douhan, rapporteuse spéciale des Nations unies après une visite de 12 jours dans la région en mai dernier.
Pour elle, « le Xinjiang est particulièrement touché, avec des secteurs économiques clés et des chaînes d’approvisionnement transfrontalières et internationales interrompues par crainte de sanctions ». « Les sanctions unilatérales contre la Chine ne sont pas conformes à un grand nombre de normes juridiques internationales et sont introduites pour faire pression sur l’Etat » a-t-elle tenu à clarifier.

« Aucun employé ne sera licencié sur la base de son origine ethnique »

Nos confrères libanais, Ali Raya, Amer Mohcen et Hocine Djeradi ont pu s’entretenir avec des jeunes rencontrés dans un restaurant de la ville, à l’image de Gulpari Abdursul, une femme ouïghoure de 28 ans, ingénieure d’essai dans l’une des entreprises frappées par l’embargo. Pour elle, le poste qui lui a été offert est une opportunité qui lui a permis d’améliorer sa vie grâce à un bon salaire. « Personne n’a été forcé de travailler ici. Nous sommes très en colère contre ces rumeurs » a-t-elle dit, précisant le fait que « trouver un emploi au Xinjiang, ou plus largement en Chine, est un processus de sélection à double sens. C’est-à-dire que chacun a ses conditions. Nous vivons dans une société fondée sur le droit, comment pourrait-on forcer quelqu’un à travailler ? », s’est-elle insurgée. Idem pour Yeernaer Adierjian, un vendeur de 22 ans appartenant à l’ethnie kazakh qui s’est demandé comment on pouvait proférer de telles accusations sans venir voir sur place. « Mon père travaille dans les champs de coton et il gagne bien sa vie. Comme on dit chez nous, le salaire gagné de ses propres mains est plus doux que le miel. Ils veulent quoi, qu’on devienne tous des chômeurs ? ».
De leur côté, les entreprises chinoises activant dans la province que nous avons rencontrés, ont refusé de licencier leurs employés ouïgours en échange de l’annulation des sanctions contre elles. Dai Tian, DG du consortium chinois Hoshine, a été explicite : « Non, nous ne licencierons aucun employé sur la base de son origine ethnique. Ils ont contribué au développement de notre entreprise, comment pourrions-nous les abandonner ? ».
« Nous considérons la sauvegarde de la grande unité de notre nation comme notre responsabilité sociale », explique pour sa part, Wang Fei, haut cadre du comité central du parti communiste qui souligne que le «travail forcé» n’était qu’un prétexte pour empêcher le développement des entreprises chinoises de haute technologie et pour la Chine. « Nous devrions donc être encore plus unis et nous concentrer sur notre développement et notre cohésion ». Rappelant le fait que le gouvernement populaire de la région autonome ouïghoure s’engage fermement pour promouvoir l’emploi, le responsable affirmera que tous les travailleurs du Xinjiang, indépendamment de leur appartenance ethnique, race, sexe ou de leurs croyances religieuses, signent avec les entreprises des contrats de travail, qui sont en toute conformité avec la législation chinoise notamment la «loi sur le travail» et la «loi sur les contrats de travail».
« Cela permet d’établir des relations de travail protégées par la loi et de sauvegarder assurément les droits et les intérêts de la population ».
Il est utile de rappeler que la région accueille constamment des délégations de visiteurs d’un peu partout dans le monde, et que des diplomates des pays en développement d’Asie et d’Afrique ont affirmé récemment, en ce mois de septembre, avoir vu une société pluraliste, moderne et tolérante au Xinjiang. Pour eux, « les groupes ethniques se sentent plus prospères, plus heureux et plus en sécurité ces dernières années ». Chose que confirmera notre ami Nan Yang, cadre au Centre de communications national du Xinjiang qui a indiqué que des centaines de groupes de fonctionnaires internationaux, de diplomate, de journalistes étrangers et des personnalités religieuses ont visité la province depuis la fin de la pandémie de la Covid-19 et qu’ils ont constaté que l’économie était «très dynamique» et que le développement du Xinjiang est «impressionnant !»
« Comme le dit si bien l’adage, il vaut mieux voir une fois de ses propres yeux que d’entendre parler cent fois », a-t-il dit avec le sourire précisant « le fait que les gens qui ont visité le Xinjiang, quelle que soit leur religion ou nationalité, sont unanimes sur le fait que le Xinjiang qu’ils ont visité est totalement différent de ce que rapportent les médias occidentaux ».
Et le mot de la fin revient au rédacteur en chef du quotidien People’s Daily qui a assuré, en tant qu’homme des médias, que le Xinjiang connaissait actuellement la meilleure période de développement de son histoire, puisqu’il jouit d’une stabilité sociale durable et que les habitants de tous les groupes ethniques vivent dans l’harmonie et la prospérité. Les populations de tous les groupes ethniques du Xinjiang, tout comme celles du reste du pays, sont entrées dans une société modérément prospère, bénéficiant pleinement de garanties tangibles en matière de droits de l’Homme. Que dire de plus ?

Amel Zemouri

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