Si cet article a le mérite de dire le fond de ce que signifie la proposition de Zelensky de demander aux USA et à l’OTAN, l’UE de contribuer à des frappes de missiles à l’intérieur de la Russie et le seuil qualitatif que cela représente par rapport à l’engagement actuel à savoir l’entrée en guerre, il ne fait pas assez état du désarroi que l’intervention de Poutine a provoqué… certes Zelensky se rend à Washington pour discuter des cibles de frappes de missiles à l’intérieur de la Russie, une escalade qui pourrait déclencher la Troisième Guerre mondiale, certes Macron et la Grande-Bretagne appuient une telle folie sans en référer à leur peuple et même à une assemblée nationale qui vote à peu près n’importe quoi… Mais il y a aussi eu un rétropédalage important. Ce qui se traduit dans nos medias y compris LCI par une difficulté à choisir un narratif face à la fois aux avancées russes et aux incohérences des USA sous l’administration Biden et les élections, là aussi le temps est suspendu entre élections qui ne changent rien et BRICS susceptibles de prendre des initiatives. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

par Stephen Bryen 14 septembre 2024

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Il n’y a pas d’autre façon de l’interpréter : Washington et ses clients membres de l’OTAN déclarent la guerre à la Russie.

C’est le sens direct de la prochaine visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Washington, où les parties se mettront d’accord sur des cibles à l’intérieur de la Russie.

Dire qu’il s’agit d’un geste insensé et imprudent est un euphémisme. C’est l’étape la plus dangereuse possible pour les États-Unis et l’OTAN – et elle conduira probablement à la Troisième Guerre mondiale.

Ne croyez pas à une rhétorique « justifiant » l’utilisation de missiles à longue portée contre la Russie. Poutine a souligné que si l’Ukraine héberge les missiles, ils seront tirés par le personnel de l’OTAN qui insérera également les données de ciblage provenant de satellites aériens couvrant le territoire russe. Ces satellites sont américains.

La prochaine réunion Zelensky-Joe Biden devrait également inclure la vice-présidente Kamala Harris, afin qu’elle assume l’entière responsabilité du déclenchement d’une guerre.

Personne ne peut présumer de ce que sera le résultat. La Russie va-t-elle user de l’arme nucléaire et mettre définitivement fin à la guerre en Ukraine ? Va-t-elle abattre des satellites américains ? La Russie enverra-t-elle des roquettes pour frapper les dépôts d’approvisionnement en Europe, en particulier en Pologne, qui est le point de départ des approvisionnements militaires à l’Ukraine ?

Il y a beaucoup d’autres possibilités qui s’offrent à la Russie. La Russie pourrait transférer des armes nucléaires à l’Iran, par exemple, ou à la Syrie.

La vérité est que Washington veut reprendre les propositions de Zelensky pour des frappes en profondeur sur le territoire russe, car l’Ukraine est en train de perdre la guerre et pourrait être battue avant même les élections présidentielles de novembre.

L’équipe Biden-Harris devra expliquer pourquoi elle a continué à soutenir un perdant, causant des dizaines de milliers de victimes, au lieu de chercher un règlement diplomatique qui était facilement à leur portée.

Là encore, Washington a stoppé un accord en cours de réalisation entre l’Ukraine et la Russie, et Biden et Harris en sont directement responsables.

La stratégie de Zelensky est facile à saisir. Il sait que tout est en train de s’effondrer et que l’Ukraine ne pourra plus se battre d’ici l’hiver, car ses infrastructures, en particulier l’électricité mais aussi le carburant, se tarissent.

Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radosław Sikorski, a déclaré que l’énergie électrique de l’Ukraine avait été dégradée de 70 %, peut-être plus. La stratégie de Zelensky est donc d’amener l’OTAN directement dans la guerre. Et, stupidement et avec arrogance, Washington joue le même jeu.

Personne, à part le Royaume-Uni, ne veut voir une guerre en Europe. Le Royaume-Uni n’est plus un pays européen important et ne dispose pas d’une armée de terre digne de ce nom.

Au lieu de cela, son gouvernement a construit quelques porte-avions extrêmement coûteux qui fonctionnent mal, voire pas du tout, au lieu de renforcer son armée et de reconstruire ses défenses.

Quoi qu’il en soit, le Royaume-Uni danse sur l’air américain. Les Britanniques sont impatients d’attaquer la Russie, mais n’ont pas pris la peine de savoir ce qui se passera lorsque la Russie fera exploser le Royaume-Uni.

La grande question est de savoir pourquoi Washington veut tirer des missiles sur la Russie. Cela signifie que Biden, le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan et le secrétaire d’État Antony Blinken savent que leur politique à l’égard de l’Ukraine est un désastre.

Au lieu d’essayer d’ouvrir des communications avec les Russes, ils font monter les enchères et prennent d’énormes risques, sans avoir aucune idée de la façon dont les choses vont se terminer, à moins qu’ils ne se préparent vraiment à envoyer des troupes de l’OTAN et à utiliser la puissance aérienne de l’OTAN dans la guerre en Ukraine.

La Russie n’a peut-être pas le même niveau que les États-Unis dans de nombreuses catégories militaires, mais elle occupe une grande masse continentale et possède des armes nucléaires stratégiques et tactiques.

Depuis des années, nous savons que l’armée russe ne fait pas vraiment de différence entre les systèmes nucléaires tactiques et stratégiques ; elle les voit plutôt tout au long d’un continuum à utiliser au besoin.

Cela signifie que la Russie peut lancer des ICBM et des IRBM sous-marins contre des cibles continentales américaines. Les gens à Washington devraient comprendre que les États-Unis n’ont presque pas de défenses aériennes continentales capables d’arrêter une attaque nucléaire russe.

Pendant des années, les stratèges se sont inquiétés d’une capacité dite de « première frappe ». Je ne peux pas dire que la Russie a vraiment cela, mais personne ne devrait vouloir le savoir.

Le seul espoir est de persuader nos dirigeants actuels, qui seront bientôt remplacés, qu’ils seront tenus responsables d’avoir déclenché une guerre sans aucune raison de le faire.

L’une des caractéristiques du gouvernement est que les gens prennent des décisions sans prendre de responsabilités. Dans le cas de la Troisième Guerre mondiale, quelle que soit la propagande des journaux américains, nos dirigeants auront beaucoup de sang sur les mains s’ils continuent à bombarder la Russie.

Stephen Bryen est correspondant principal à Asia Times. Il a été directeur du personnel de la sous-commission du Proche-Orient de la commission des relations étrangères du Sénat américain et sous-secrétaire adjoint à la Défense pour la politique.

Cet article a été initialement publié sur son Weapons and Strategy Substack, et est republié avec autorisation.