Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

KKE : rapport DRAGHI “A toute vapeur vers l’économie de guerre et l’intensification des antagonismes…

On peut ne pas partager la totalité des analyses du parti communiste de Grèce mais on doit reconnaitre qu’en matière européenne et de l’OTAN, ils se trompent rarement et ont au cours de leur histoire assez payé pour savoir la nature de l’ennemi… (note et traduction avec deepl de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

«Le rapport Draghi « tant attendu » publié hier sur la compétitivité de l’industrie de l’UE, dans une tentative de l’Union impérialiste de répondre aux très grandes impasses et à la situation de l’économie capitaliste qui se dirige vers une nouvelle crise, montre toute la vitesse en avant » vers l’économie de guerre et l’intensification de la concurrence.

Le rapport Draghi reflète les antagonismes qui s’enflamment avec d’autres centres impérialistes, notant entre autres que « l’écart de PIB entre l’UE et les États-Unis s’est creusé, principalement en raison du ralentissement plus marqué de la croissance de la productivité en Europe » et ajoutant que « les fondations sur lesquelles nous avons construit sont ébranlées. Le paradigme mondial précédent est en train de s’estomper. L’ère de la croissance rapide du commerce mondial semble révolue, les entreprises de l’UE étant confrontées à une concurrence accrue de l’étranger et à un accès plus faible aux marchés étrangers. L’Europe a brusquement perdu son principal fournisseur d’énergie, la Russie. Dans le même temps, la stabilité géopolitique s’estompe et nos dépendances se sont révélées être des vulnérabilités.

Dans ce contexte, et parlant d’un « défi existentiel », le rapport Draghi pointe vers l’accélération des dépenses dans l’industrie de l’armement, ainsi que dans les activités de capital « vertes » et « numériques », notant que pour y parvenir « la part des investissements en Europe devra augmenter d’environ 5 points de pourcentage du PIB, pour atteindre des niveaux observés pour la dernière fois dans les années 1960 et 1970. C’est sans précédent : à titre de comparaison, les investissements supplémentaires prévus par le plan Marshall entre 1948 et 1951 s’élevaient à environ 1 à 2 % du PIB par an.

Le rapport illustre ainsi l’énorme capital accumulé qui provoque une « crise cardiaque » dans les économies capitalistes et multiplie les impasses, désignant implicitement mais clairement une nouvelle destruction massive de capital comme « issue », afin que les prochains « plans Marshall » puissent trouver des moyens rentables de sortir des décombres.

Intensification de l’exploitation, poursuite de la commercialisation et nouveaux « paquets » sur le dos des peuples

Pour commencer, le rapport recommande de nouveaux sacrifices sans fin pour les citoyens, afin que les groupes d’entreprises investissent avec une rentabilité élevée garantie et plus de 800 milliards d’euros. Alors que l’Europe doit aller de l’avant avec l’union des marchés de capitaux, le secteur privé ne sera pas en mesure de se tailler la part du lion dans le financement des investissements sans le soutien du secteur public. Plus la marge de manœuvre budgétaire augmentera et plus il sera facile pour le secteur public de fournir ce soutien.

En d’autres termes, les groupes d’entreprises gagnent : et par l’intensité de l’exploitation, de sorte que la « productivité » augmente, et avec de l’argent « chaud » dans leurs poches.

Dans ce contexte, le rapport identifie « trois domaines d’action », à savoir :

L’effort « pour combler le fossé de l’innovation avec les États-Unis et la Chine, en particulier dans les technologies de pointe ». « La concurrence chinoise devient féroce dans des secteurs tels que les technologies propres et les véhicules électriques, en raison d’une forte combinaison de politiques industrielles massives et de subventions, d’innovation rapide, de contrôle des matières premières et de capacité de production à grande échelle sur tout le continent. » 

Et, troisièmement, « accroître la sécurité et réduire les dépendances », il a noté : « À mesure que l’ère de la stabilité géopolitique s’estompe, le risque augmente que l’insécurité croissante devienne une menace pour la croissance et la liberté. L’Europe est particulièrement exposée. Nous dépendons d’une poignée de fournisseurs pour les matières premières critiques, en particulier en Chine. « Si l’UE n’agit pas, nous risquons de devenir vulnérables à la coercition », a ajouté le personnel de l’UE, soulignant que pour cette raison « nous aurons besoin d’une véritable politique économique étrangère de l’UE (…) une soi-disant politique d’État.

Une politique qui bute bien sûr sur les très grandes contradictions au sein de l’union impérialiste, le rapport Draghi décrivant tous les « obstacles » qu’elles posent, affirmant par exemple que « l’Europe gaspille ses ressources communes » et « ne coordonne pas là où cela compte ». Dans ce cadre, les axes du rapport se concentrent sur la « mise en œuvre complète du marché unique » partout, « financer les principaux domaines d’action, qui impliquent d’énormes besoins d’investissement jamais vus depuis un demi-siècle en Europe », et la « volonté de réformer la gouvernance de l’UE, en renforçant la coordination et en réduisant la charge réglementaire ». En d’autres termes, on se prépare à de nombreux autres cycles de commercialisation et de « libéralisation » que les peuples paieront très lourdement, avec de nouveaux sacrifices et des mémorandums durables.

500 milliards d’euros L’euro pour l’industrie de l’armement !

L’industrie de l’armement est, bien sûr, à l’honneur. « L’industrie de défense a besoin d’énormes investissements pour rattraper son retard (…) Des investissements supplémentaires sont également nécessaires pour restaurer les capacités perdues en raison de décennies de sous-investissement et pour reconstituer les stocks épuisés, y compris ceux donnés pour soutenir la défense de l’Ukraine contre l’agression russe. En juin 2024, la Commission a estimé qu’environ 500 milliards d’euros d’investissements supplémentaires dans le domaine de la défense étaient nécessaires au cours de la prochaine décennie.

Dans le même temps, de nouvelles interventions impérialistes et des interventions de l’UE sont annoncées, et globalement l’intensification des concurrences, car « l’augmentation de la sécurité des matières premières critiques nécessite des investissements dans l’exploitation minière (à la fois nationale et dans les pays riches en ressources), le traitement, le stockage et le recyclage ».

Le rapport propose un financement conjoint de la R&D « défense » dans divers secteurs, tels que les drones, les missiles hypersoniques, les armes à énergie dirigée, l’intelligence artificielle militaire, la guerre sous-marine et spatiale et le secteur spatial en général. Il recommande également d’accroître les achats coopératifs d’équipements militaires, ainsi que de favoriser les groupes d’entreprises européens par rapport à leurs concurrents – principalement américains – même si, comme le note le rapport, leur chiffre d’affaires annuel dépassait déjà 135 milliards d’euros en 2022 ! Pour gonfler encore ces bénéfices, le rapport souligne que … pour augmenter la demande totale, qui est 1/3 de celle des États-Unis.    

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2 Commentaires

  • Xuan

    Le commentaire de Global Times ne s’est pas fait attendre :

    Le ‘rapport Draghi’ offre-t-il la prescription dont l’Europe a vraiment besoin?
    Par Global Times
    Publié le: 11 sept. 2024 12:22

    Illustration: Chen Xia/Global Times
    https://www.globaltimes.cn/page/202409/1319608.shtml

    L’ancien chef de la Banque centrale européenne et Premier ministre italien Mario Draghi a présenté un rapport lors d’une conférence de presse à Bruxelles lundi, intitulé “L’avenir de la compétitivité européenne”. Dans le rapport, il appelle l’UE à “changer radicalement”. La “prescription”, offerte par Draghi au milieu de l’extrême inquiétude de l’UE face au déclin de la compétitivité, est-elle vraiment ce dont l’Europe a besoin?

    La principale préoccupation du rapport est le déclin de la compétitivité de l’Europe. L’Europe est aujourd’hui confrontée à un dilemme sans précédent, avec une croissance économique atone, une compétitivité industrielle en déclin, un taux de chômage élevé et une faible confiance des entreprises. En conséquence, l’Europe a commencé à explorer diverses “prescriptions” pour relever ses défis.

    Dans le “Rapport de Draghi” de 69 pages, la Chine est mentionnée sur 25 pages. Le rapport souligne que “la compétitivité de l’UE est actuellement réduite de deux côtés. D’une part, les entreprises de l’UE sont confrontées à une demande étrangère plus faible – en particulier en provenance de Chine – et à des pressions concurrentielles croissantes de la part des entreprises chinoises.» Draghi a spécifiquement condamné la Chine pour « menacer de saper » la base industrielle de l’Europe en « tentant de capturer et d’internaliser toutes les parties de la chaîne d’approvisionnement dans les technologies vertes et avancées ».

    Le “Rapport Draghi” reflète l’inquiétude générale de l’Europe. Il est compréhensible que l’Europe cherche une issue à sa situation difficile actuelle. Toutefois, cette solution ne doit pas passer par la position de la Chine comme une cible qui entrave le développement européen, ni par les relations entre la Chine et l’UE. Si l’UE recourait à une telle approche, non seulement elle ne parviendrait pas à aider l’Europe à surmonter ses défis, mais elle pourrait même exacerber ses problèmes.

    Les difficultés économiques actuelles de l’Europe révèlent des défauts structurels profonds. Face à une concurrence intense sur le marché, les entreprises européennes peinent à se transformer et à s’adapter aux nouveaux développements économiques et technologiques, ce qui les désavantage nettement sur le marché mondial. Dans ce contexte, alors que la Chine a fait des progrès significatifs dans des domaines émergents tels que les énergies renouvelables, certains points de vue européens, avec une pression accrue de la part des États-Unis, perçoivent la relation normale de marché avec la Chine comme une dépendance et un risque excessifs.

    Cependant, cette perspective non seulement occulte les propres problèmes de l’Europe, mais elle confond aussi les questions de compétitivité avec des jeux géopolitiques complexes, ce qui aggrave la situation économique de l’Europe.

    En fait, la Chine et l’Europe partagent de profonds intérêts mutuels dans les relations économiques et commerciales, la gouvernance mondiale et la politique. En dépit de leurs différences, les relations entre la Chine et l’UE bénéficient d’un puissant moteur endogène et de perspectives de développement brillantes. L’essence de la coopération entre la Chine et l’UE réside dans des avantages complémentaires et des avantages mutuels. La Chine peut soutenir l’Europe dans le développement de nouvelles énergies, en aidant à remédier aux goulets d’étranglement auxquels l’Europe est confrontée.

    Le déclin de la compétitivité agit comme un filet invisible, rendant difficile la compétitivité de l’Europe à l’échelle mondiale. Plus l’Europe devient anxieuse, plus elle doit s’efforcer de maintenir une certaine lucidité. Une poursuite simpliste du protectionnisme, comme le font actuellement les États-Unis et l’UE, ne peut pas résoudre les problèmes fondamentaux et profonds auxquels l’Europe est confrontée. L’UE devrait résoudre les frictions commerciales avec la Chine par le dialogue et la consultation, en tenant compte des préoccupations légitimes des uns et des autres, tout en évitant les conflits commerciaux de représailles et en évitant une situation de perdant-perdant. Ce n’est qu’en faisant cela que l’UE pourra renforcer sa compétitivité. La “prescription” de l’Europe ne devrait pas se concentrer sur l’exagération de la façon dont la Chine a “serré” l’espace de survie de l’Europe; elle devrait plutôt se concentrer sur la correction de ses propres défauts structurels.

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  • Xuan

    Ce rapport me rappelle un chef du personnel courant dans un atelier en disant « je suis dans une merde noire » parce qu’une grève venait de s’y déclencher. Cet âne prétentieux et méprisant savait que j’allais sur-le-champ en informer les grévistes mais son angoisse aveuglait son discernement.

    Draghi relève l’effondrement de l’industrie et du PIB. L’Europe se voit de plus en plus dépassée par les USA, l’écart en niveau de PIB passant de 17 % en 2002 à 30 % en 2023.
    Notons d’autre part que l’écart entre la Chine Populaire et les USA est passé de 76,7 % à 21,12 % entre 2002 et 2023.
    De sorte que depuis le COVID l’écart entre l’Europe et la Chine Populaire est passé de 0 à près de 10 %, à l’avantage de la RPC.
    Le graphique montre qu’après un léger fléchissement et malgré des mesures drastiques de confinement l’évolution de la Chine est repartie de plus belle.
    https://legrandcontinent.eu/fr/2024/09/09/rapport-draghi-6-points-clefs-et-12-graphiques-a-retenir/
    Aux USA et en Europe, le fléchissement a été beaucoup plus marqué, mais en Europe la croissance est à peine revenue à 3,8 % au dessus du niveau de 2019.

    En bref, l’écart entre les USA et l’Europe s’accroit de plus en plus. La Chine rattrape les USA et a dépassé l’UE depuis le COVID, mais Draghi ne dit pas un mot de la domination et des exigences des USA. Par contre il s’éternise sur la Chine pendant presque un tiers du rapport.
    De la même façon l’Europe a rejeté la 5G chinoise sous prétexte d’espionnage, alors que les logiciels US ont envahi les entreprises et notre quotidien.
    Draghi ne dit rien non plus de la désindustrialisation causée par l’externalisation, ni de la domination des profits financiers sur l’investissement productif.

    Il faut bien noter cette phrase :
    « Dans le même temps, trois conditions externes qui ont soutenu la croissance européenne après la fin de la guerre froide se sont estompées : l’essor du commerce mondial soutenue par des règles multilatérales semble révolu ; l’énergie bon marché importée par gazoducs depuis la Russie n’est plus disponible depuis l’invasion russe de l’Ukraine ; enfin, sous la protection américaine, les Européens ont pu séparer la politique économique des considérations de sécurité et utiliser les « dividendes de la paix » pour poursuivre d’autres objectifs de politique publique. Aujourd’hui, dans un contexte géopolitique en pleine mutation, l’Union ne peut plus faire l’économie de sa défense »

    En clair l’UE a profité des règles commerciales instaurées par l’hégémonie US, du gaz russe bon marché et de la protection militaire des USA.
    Et maintenant elle pleure ce bonheur disparu comme les « belles passantes » de Brassens:
    «…Alors aux soirs de lassitude
    tout en peuplant sa solitude
    des fantômes du souvenir
    On pleure les lèvres absentes
    de toutes ces belles passantes
    que l’on n’a pas su retenir».

    La mauvaise foi de Draghi et Cie en est presque comique :

    Primo le développement économique du sud global remet en question non pas l’essor du commerce global, qui se poursuit de plus belle en Asie et bientôt en Afrique, mais les « règles » impérialistes de l’hégémonie du dollar, et les reliquats impérialistes comme la Françafrique, ce que Draghi appelle avec cynisme les « dividendes de la paix ».
    Draghi regrette « un accès plus faible aux marchés étrangers » mais ce sont les USA qui ont initié le découplage de la Chine, qui l’imposent aux entreprises européennes et que l’Europe a elle-même défendu.
    La réponse de Global Times est sans équivoque :
    « Le déclin de la compétitivité agit comme un filet invisible, rendant difficile la compétitivité de l’Europe sur la scène internationale. Plus l’Europe est inquiète, plus elle doit s’efforcer de rester lucide. Une poursuite simpliste du protectionnisme, comme le font actuellement les États-Unis et l’UE, ne peut pas résoudre les problèmes fondamentaux et profonds auxquels l’Europe est confrontée. L’UE doit résoudre les frictions commerciales avec la Chine par le dialogue et la consultation, en tenant compte des préoccupations légitimes de chacun, tout en évitant les conflits commerciaux de représailles et en prévenant une situation perdant-perdant. C’est seulement ainsi que l’UE pourra améliorer sa compétitivité. La « prescription » européenne ne doit pas se concentrer sur l’exagération de la façon dont la Chine a « étranglé » l’espace de survie de l’Europe ; elle doit plutôt se concentrer sur la correction de ses propres défauts structurels. »

    Secundo Draghi se plaint de ne plus avoir de gaz russe « depuis l’invasion russe », c’est fort de café ! L’Europe s’est tiré une balle dans le pied en sanctionnant la Russie et a dû acheter le gaz de schiste US hors de prix. Et maintenant l’Allemagne se demande qui a détruit le gazoduc quand la main des USA et de l’Ukraine est un secret de Polichinelle. Ici la tartufferie de cette clique n’a plus de bornes, c’est du Bruno Lemaire tout craché.

    Tertio les USA n’ont jamais protégé l’Europe. Au contraire l’OTAN y a provoqué conflits et subversion. Non seulement ils ne « protègent » plus militairement l’Europe, mais ils ont vidé ses arsenaux dans le conflit ukrainien. Et de surcroît ce sont les dirigeants français et allemands eux-mêmes qui ont entravé la mise en œuvre des accords de Minsk, provoquant le conflit.
    Au lieu de préconiser ou de soutenir un plan de paix garantissant une sécurité commune dans la région, l’UE a obéi aux ordres de Washington et poursuivi l’effort de guerre, investissant des milliards d’euros dans un puits sans fond. Pour résoudre ce problème Draghi veut remettre au feu la main qui s’est brûlée et accentuer la militarisation agressive de l’Europe au détriment de son développement et de sa sécurité. Mais cette militarisation pose la question de la conscription parce qu’on ne fait pas la guerre uniquement avec des bombes, or les peuples d’Europe ne sont favorables ni à la guerre ni à une mobilisation belliciste.

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