Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Sur quoi peut se réaliser l’unité des communistes ? ultimes conclusions de l’Université d’été, conclusions toutes personnelles (4)

Le dimanche est un jour où l’audience est moindre qu’en semaine, celui où nous choisissons de publier des articles qui sont plus de réflexion, ce sera le cas de la plupart des textes que nous publions aujourd’hui, en exposant des points de vue venus d’horizons divers, sur quel est l’état du monde dans lequel nous agissons. Voici, à ce titre, le dernier article sur le mode de la confidence personnelle sur ce voyage à l’Université d’été du PCF hanté par l’idée de connaitre et de comprendre pour transformer… Une observation participation, à distance, dans laquelle, pour faire simple, j’ai eu la joie de découvrir que les communistes n’étaient pas aussi totalement intoxiqués par la propagande occidentale que ce que pouvait le faire croire l’image qu’ils en donnaient dans certaines interventions publiques et malheureusement plus généralement dans leur presse… ou ce qui en tient lieu… Notre point d’observation, ce qui réunit dans ce blog auteurs, lecteurs, la paix et les relations internationales. Notre conclusion : un dialogue est possible, nécessaire et au-delà des communistes, il concerne le peuple français, avec et au-delà de la gauche. Comme tout combat idéologique, il exige des principes et de la patience et le travail sera collectif ou il ne sera pas…

En sachant que le choix de l’international n’est en rien une sous-estimation de l’importance de la situation vécue par le peuple français, les couches populaires, mais la conviction qu’il ne saurait y avoir de politique pour ses couches populaires, la jeunesse dans un contexte belliciste, qui crée une aggravation de l’exploitation pour l’adversaire supposé mais surtout pour le peuple qui accepte la guerre…

Donc nous ne pouvons pas négliger la base concrète sur laquelle le peuple français peut se battre, le tout est de faire à chaque moment dans ce combat la clarté sur les enjeux réels…

Comme le note Xuan dans un de ces commentaires, nous sommes dans un temps où semble se réaliser la perspective que Mao définissait pour le peuple chinois et qui devient celle de l’humanité : « La situation telle qu’elle existe aujourd’hui, où les Etats-Unis détiennent la majorité à l’O.N.U. et contrôlent de nombreuses régions du monde, est seulement temporaire. Un jour, elle changera nécessairement. La situation de la Chine en tant que pays pauvre, auquel les droits sont déniés sur l’arène internationale, changera également : le pays pauvre deviendra un pays riche, l’absence de droits deviendra la plénitude des droits, c’est-à-dire qu’il se produira une conversion des choses en leur contraire. Ici, les conditions qui jouent un rôle décisif sont le régime socialiste et les efforts conjugués d’un peuple uni ».

J’ai observé ces débats à l’université en tentant de comprendre comment les choses “se transformaient en leur contraire” et quel rôle pouvait encore jouer le parti communiste tel qu’il était pour créer l’unité du peuple français vers “la plénitude de ses droits”.

Chez les communistes, tous sont désireux de mener ce combat pour une vie meilleure et contre le chauvinisme fasciste et la guerre qui va avec, ce qui est la politique de Macron et sur laquelle il s’obstine d’une manière qui se révèle dans sa dangerosité absurde. A ce titre, l’aspiration des communistes, comme celle de notre peuple va vers une prise de conscience même si plus de trente ans d’autodestruction pèsent lourdement et n’en font plus une avant-garde. Ces trente ans et plus, loin d’être une question subsidiaire sont au cœur du plafond de verre auquel se heurte le vote communiste et donc l’incapacité à construire une issue à gauche. On ne peut pas l’éluder.

En ce qui concerne la paix, et le contexte international, j’ose affirmer que 90% des participants à cette université d’été ne croyaient pas à l’hypothèse qui est celle défendue tous les jours dans l’Humanité et par certains organisateurs de cette université d’été que la paix s’obtiendrait par l’armement de l’Ukraine et le renforcement de l’OTAN. 90% des participants, ébranlés plus encore par la situation en Palestine, voire en Amérique latine, en particulier à Cuba ne croyaient pas à la volonté de paix des Etats-Unis y compris de la part des démocrates, ils s’interrogeaient sur ce qui se passait réellement en Ukraine.

La phrase introductive de Roubaud-Qashie sur le soutien du PCF aux peuples palestinien et ukrainien de ce fait se heurtait à un scepticisme grandissant et à une demande de véritable analyse et information.

Il y avait également la conscience de la déception du peuple français à l’égard d’une alternative droite gauche de la même politique.

Il y avait encore la conscience forte d’une transformation géopolitique et la manière dont le néocolonialisme, celui qu’avaient toujours combattu les communistes était fondamentalement derrière la pseudo défense de “la démocratie” et le combat contre le “totalitarisme”, le grand facteur de mobilisation de l’occident.

Sur ces trois points, les communistes, même s’ils ne sont plus une avant-garde, partagent la conscience qui est celle du peuple français d’être devant une modification profonde du monde et la montée en puissance de pays jusqu’ici “dominés”. Ils sentent bien que la division du monde entre nations démocratiques et barbarie a des relents de colonialisme. Et ils ne croient plus du tout en ce qu’incarne Macron, à la poursuite d’une politique qui prétend être la seule possible depuis des décennies.

Mais même la volonté de conserver un parti communiste demeurait vague parce que le but et les moyens de cette organisation restaient dans le flou au point que les uns lui substituaient en matière d’efficacité la seule union de la gauche, avec ses élus et les autres le mouvement spontané revendicatif, avec une sous-estimation de la “théorie”, d’une stratégie… Il n’y avait plus que cette revendication à l’autonomie pour mieux reprendre pied dans les couches populaires qui avaient déserté la gauche… Ce souci d’autonomie n’était pas dénué de détermination dans la nécessité d’un parti communiste, qui tant sur le plan organisationnel que théorique (le théorique étant dans une définition simple la carte d’état-major qui vous permet de vous guider dans une réalité peu lisible en elle-même) aurait son autonomie, il y a eu une exigence nouvelle…

Le positionnement majoritaire des communistes

Il y avait un premier positionnement : Le 38e Congrès puis le 39e s’étaient construits sur ce contrat minimal d’autonomie du parti et Fabien Roussel, comme Deffontaines y avaient été fidèles, ce qui explique l’adhésion massive à ces leaders et à la manière dont ils avaient mené les élections. De là avait surgi la conscience qu’ils avaient été comme l’ensemble de la gauche mais plus encore que ladite gauche confrontés à un plafond de verre qui allait bien au-delà du vote utile. Parce que ceux qui doutaient le plus de la gauche et de sa possibilité désormais de représenter une issue étaient les catégories traditionnelles du parti communiste. Pour une part, si la classe ouvrière, les couches populaires préféraient quand elles votaient porter leur voix à 55% sur le RN que sur la gauche tout entière (22%) cela était dû à la manière dont la gauche avait pratiqué depuis Mitterrand la même politique que la droite… Mais il y avait aussi pourquoi le nier et c’est le mérite de Léon Deffontaines, de Fabien Roussel et d’autres de ne pas l’avoir caché le fait que les communistes ne représentaient plus une voie pour exprimer mécontentement et perspective.

C’était là le sujet de fond auquel n’ont pas refusé de se confronter les communistes et ce pour la première fois depuis de nombreuses années. Cette volonté de comprendre et d’affronter est ce qui a rendu cette université vivable. On aurait pu croire que tous les débats seraient sacrifiés à la promotion de la sympathique Lucie Castets et donc de fait à des visées électoralistes à court terme qui sacrifieraient le sens même d’une “université”, qui elle se donnerait une perspective historique dans laquelle les “événements” et ce que Lénine appelait la “politicaille” reprendrait du sens. C’est ainsi que j’avais interprété le refus de ma proposition d’une intervention qui aurait eu comme titre Théorie et internationalisme mais aurait pu contredire ce “combat” sur la nomination de Lucie Castets comme première ministre… cela n’a pas été tout à fait le cas. Certes l’université a salué la venue de ladite Lucie Castets, n’ont même pas porté la contradiction sur la nature opportuniste de ce rassemblement et les ambiguïtés du programme. L’essentiel était de faire la démonstration du refus de Macron de respecter le choix du peuple, ce qui va bien au-delà de cette proposition.

Les militants sont restés sur l’essentiel, ils ont dénoncé le contexte politicien que s’emploie à créer Macron, en utilisant et en même temps en dynamitant les institutions de la Ve République, celle de l’UE… De ce point de vue comme le symbolise notre illustration le président de la république a la démocratie aux trousses mais ce qui le rattrape n’est pas la révolution socialiste mais le fascisme.

Qu’est-ce que cette mort qu’il a aux trousses ? ce que réellement il refuse pas seulement dans la LFI, dans le programme de Lucie Castets ? Il faut encore le voir …

Donc les militants rassemblés dans cette université d’été ont consacré ce qu’il fallait à la défense de l’Iphigénie sacrifiée (Lucie Castets) pour qu’un peu de vent souffle dans les voiles d’une gauche à 22% mais ils ne se sont pas détournés de l’objectif principal qui est de ne pas en rester là et de mesurer avec lucidité où en est l’analyse concrète de la situation concrète de la fascisation de la France, Macron étant président.

Il y avait là une ténacité symbolisée au plan concret par ces militants de l’Hérault qui fournissaient l’intendance à la limite de leurs forces, à deux doigts de l’explosion permanente face à la fatigue, à l’improvisation en compensant par la fraternité interne et externe. Et il y avait ce dont j’ai parlé le in et le off des débats, les échanges directs et pas à fleurets mouchetés mais pour se comprendre…

Il y avait de ce fait des moments où ceux qui pouvaient paraître désunis sur l’appréciation de ce qui se passait dans le monde, voire la perspective, se rejoignaient.

L’extraordinaire prestation de madame Clémentine Fauconnier sur “Où va la Russie ?” a été celle qui a soulevé une vague d’opposition proche de la révolte alors que jusqu’ici ma position demeurait en décalage avec le contenu de cette université. Peut-être, comme me l’a fait remarquer avec une amitié moqueuse Denis Durand, l’excellent animateur du blog “les communistes” de Pierre bénite : “Non ! Danielle tu n’as pas mauvais caractère, quand on te connais on le sait, mais tu as une capacité d’indignation tout à fait supérieure à la moyenne !

Comment et sur quoi mener le combat idéologique ?

La première leçon que j’ai reçue en écoutant ce qui se disait a été la nécessité d’une réflexion collective et mes propres limites dans l’effort pour convaincre sans cette réflexion collective et l’intervention multiforme de ceux qui ont perçu une part au moins de la situation réelle.

Effectivement, j’ajouterais que cette capacité d’indignation excessive, cet art de se découvrir alors que le jeu politique exige la prudence, est due à un tempérament pas nécessairement approprié à la politique… En tous les cas qui alerte mais qui a besoin de ceux qui ont un langage commun que je ne possède pas.

Comme pour le peuple français, il faut partir du substrat tel qu’il est, dans cette université d’été j’ai été confrontée à ce qui demeurait de ce substrat commun. Par exemple, prenons l’exemple de l’invraisemblable prestation de madame Clémentine Fauconnier sur “Où va la Russie”? : 45 minutes de pédanterie ignare… sans la moindre possibilité de la contredire puisqu’après cette stupide infamie il était admis seulement des questions en 3 minutes. Je m’étais jurée de me taire, et jusque là j’avais tenu parole, mais là dressée le bras levée telle une statue de la liberté j’ai dû réclamer avec vigueur le droit de pouvoir dire :

  1. j’ai proposé une intervention d’une vingtaine de minutes sur ce thème et vous l’avez refusée. Pourtant il est impossible de remonter un tel tissu de contrevérités et d’ignorances. Je me bornerai donc à deux remarques :
  2. quand on décrit” la vague de démocratisation” dont aurait bénéficié la Russie à partir de 1991 comme d’autres pays, ayant jusqu’ici subi le totalitarisme soviétique, en limitant le phénomène à l’établissement d’une copie de la constitution sur le modèle de la Constitution de la Ve république française (ce qui est exact) mais en omettant complètement le refus des “démocraties” occidentales d’arrêter la progression de l’OTAN malgré la fin du pacte de Varsovie et en manifestant une fausse “objectivité” sur ce qu’a pu représenter pour la majorité des Russes la fin de l’URSS tandis qu’une minorité occidentalisée s’enrichissait et donc le peu de confiance dans l’occident qui en résulte.
  3. quand on décrit le reflux dans l’opinion de la popularité de Poutine, dont on a complètement gommé par ailleurs le rôle qu’il a joué dans l’arrêt de la dégradation des conditions de vie des Russes, comme un simple effet de ses prises de position conservatrices, voire homophobes, et que l’on ignore le rôle joué par l’impopularité de la réforme des retraites dans cette baisse de popularité, on peut comme l’a fait madame Clémentine Fauconnier jouer sur la totale ignorance des communistes français de la réalité des combats menés par le KPRF. On peut mentir en faisant de ce parti qui est la principale force d’opposition à Poutine et à l’oligarchie, un simple appendice, soutien de la “dictature” poutinienne face à la seule opposition qui compterait celle de Navalny et autres “libéraux”. Parce que l’on ignore totalement le rôle original joué par les communistes russes à la fois dans la mobilisation contre l’OTAN et la “cinquième colonne” de l’oligarchie, l’appel à la fraternité avec les Ukrainiens victimes de leurs oligarques. Comme l’on ignore le rôle joué par les communistes russes contre la réforme des retraites, et ce dont ils sont victimes en tant qu’opposants. C’est une honte que LCI devienne la voix officielle de la section internationale du PCF et une honte que les études russes en France en soient réduites à ça…

Cette courte intervention s’est située dans un déferlement de contestation des propos de la conférencière, et je dois dire que Frédéric Boccara qui avec Denis Durand avaient la veille moqué mon excessive capacité d’indignation n’a pas été plus mesuré que moi dans sa dénonciation de l’incurie d’une telle démonstration. Ce qui le révoltait était l’ignorance totale de ce qu’avait économiquement reconstruit Poutine par rapport à la débâcle eltsinienne et qui lui avait valu la confiance des Russes face au pillage des oligarques. Il avait en quelque sorte défendu les intérêts des oligarques en régulant leur pillage… Mais ce qui était le plus incroyable de la part de la dite “conférencière” comme l’a noté Frédéric était de noter que le prochain sommet des Brics aurait lieu à Kazan et qu’elle n’en savait pas plus… Comment pouvait-elle ignorer la présidence assumée cette année par la Russie des dites BRICS, l’intense activité diplomatique, ses effets économiques politiques en relation avec la Chine et le monde multipolaire ? et oser présenter un débat interdit de contradiction sur le thème “où va la Russie ?”

Où va le parti communiste français ? Et sur quelles bases s’opérera cette évolution ?

Ce que j’ai compris alors c’est que je m’étais trompée dans l’estimation sur-idéologisée que je me fais du parti communiste français même si par une sorte d’instinct j’ai toujours refusé de faire de sa destruction la base de la construction d’un mouvement révolutionnaire… Je m’étais trompée parce que j’ai opposé mon propre choix politique – et je pense celui de Marianne – à la réalité de la conscience des militants communistes et pour une part celle de mon propre pays.

Nous sommes en effet Marianne et moi convaincues qu’il faut non seulement la paix mais la défaite de l’OTAN et de l’hégémonie occidentale.

La réalité est que ce n’est pas là le fond de ce que pensent la majorité des communistes, ni le peuple français, et paradoxalement notre conviction peut ne pas être celle proposée par la Chine qui joue un rôle leader dans la transformation. La Chine part au contraire du constat du retard de la conscience sur le mouvement objectif lié aux forces productives et à la contradiction des rapports de production, elle laisse donc à chaque peuple la possibilité de se rassembler sur sa propre tradition, sur son propre rapport de classe. Et dans ce respect laissé à chaque formation sociale en ce qui concerne le rôle du parti, il faut encore distinguer ce qui est recherche d’un compromis parlementaire qui ne mène nulle part et nouveauté du terrain, ce qui différencie aujourd’hui l’impérialisme occidental de celui des dernières guerres mondiales et surtout pour nous quelle lutte, pour quelle paix…

La plupart des communistes comme les couches populaires n’ont qu’une vague idée des bouleversements géopolitiques et de leur incidence sur la vie de tous et en particulier des principales victimes de la politique du capital. Cette conscience – toujours en retard sur l’objectivité de la “structure'”, les forces productives, les rapports de production – est en train de monter et se traduit encore par un simple refus de faire la guerre pour l’Ukraine, une méfiance instinctive face aux USA et il faut partir de là… Même si l’hostilité entretenue encore plus grande à l’égard des “autocrates” que seraient Poutine et les Chinois nous parait tout à fait ignare et imbécile. Pourtant le comprendre ne signifie pas s’y résigner.

S’y résigner serait accepter le rapport de forces tel qu’il est, une France non seulement à droite mais chauvine avec un pouvoir mégalomane, hors sol, qui aggrave tous les jours cette dérive.

Il faut bien mesurer que le “front républicain” contre le “fascisme” a tendance à perdre de sa pertinence tandis que tout est fait pour constituer un autre ennemi identifié au “terrorisme” et qui a tous les traits du communisme tels qu’ils ont été fabriqués depuis une trentaine d’années y compris par la gauche. Le fait qu’un député du Rassemblement National puisse désormais accuser le PCF d’avoir soutenu Hitler en s’appuyant sur des décennies de propagande contre non seulement le PCF mais la Révolution française… C’est pourquoi quel que soit le mal que je pense de LFI, de Mélenchon et de leur clientélisme de division, il faut être clair sur le fait qu’ils ne sont qu’un prétexte… Ce qui est visé c’est sur le fond l’existence d’une alternative au capitalisme, le communisme et le socialisme réel.

La responsabilité des “intellectuels” ? et la conviction des masses …

Dans un tel contexte, qu’une université d’été du PCF puisse consacrer un débat théorique à la remise en cause de Politzer comme l’annonciateur de Jdanov et de Mao, en niant deux réalités pourtant évidentes : le rôle joué par le socialisme réel dans la démocratisation et l’essor des sciences sur toute la planète, y compris pour les femmes… la crise du développement scientifique dans le monde capitaliste et en France, le rôle de la censure et du poids du profit contre la recherche et l’éducation, mérite un véritable dialogue avec des progressistes et des marxistes, qui depuis des décennies ont le courage d’affirmer l’apport du marxisme, cela nécessite un dialogue à la fois épistémologique et qui en respecte la rigueur mais aussi réflexion sur les conditions réelles d’un nouvel essor. Ce débat doit continuer à être encouragé.

Autre chose est ce qui relève de l’escroquerie pure et simple, celui d’un négationnisme qui vise à identifier communisme et fascisme pour mieux faire le lit de ce dernier. L’escroquerie est double en effet, quand on invite comme conférencière quelqu’un dont les propos et le niveau de connaissance sont comparables à ce qui tous les jours se déploie sur les plateaux de LCI, une propagande atlantiste pure et simple et qui malheureusement illustre le niveau auquel on a réduit la recherche en France… Mais en ce qui concerne l’université d’été du PCF, c’est un choix qui dit la nature de l’opération négationniste sur leur propre histoire autant que sur la géopolitique qui a été menée au sein du parti. Là il n’y a pas de débat possible, il faut dénoncer cette opération comme celle menée dans la presse communiste, dans les secteurs internationaux par des gens qui sont de simples relais de la CIA et de l’OTAN, financés par eux ne serait-ce qu’à travers les fondations allemandes…

Il faut avoir le courage de mesurer ce dont le parti communiste, les forces progressistes, associations ont été victimes, cette guerre idéologique qui tente par aggravation de la censure de se resserrer autour de l’opinion française de plus en plus rebelle mais sans “carte d’état-major”, derrière un pouvoir qui a “la mort aux trousses” …

Les communistes ne sont pas confrontés à une fausse perception de l’avenir, même s’ils ne sont plus une avant-garde, ils demeurent parmi les plus conscients de la fausseté du discours de Macron et de l’impérialisme, ils n’y croient pas… Ce qui les empêche d’agir est de même nature que ce qui les empêche de convaincre alors même qu’ils voient avec stupéfaction une idéologie chauvine celle du Rassemblement national attirer ceux qui ne croient plus à cette alternance des mêmes à la tête du pays. Ce qui les empêche d’agir est la manière dont depuis plus de trente ans on a procédé au trafic de leur mémoire… La diabolisation du communisme.

Pour illustrer ces quelques ultimes réflexions inspirées par cette université d’été je voudrais que vous mesuriez à quel point nous avons subi l’évolution de cette propagande en repartant en arrière, il y a eu mai 68, le retrait de De Gaulle après l’échec du referendum, et Pompidou l’a emporté sur Poher avec la brillante campagne de Duclos proclamant bonnet blanc et blanc bonnet, ralliant à lui près du quart de l’électorat, un score du PCF qui ne sera jamais atteint et qui ne cessera de baisser…

Les communistes comme le peuple français sont paralysés par le trafic de leur mémoire :

J’ai le goût des “Mémoires” retrouvées chez des bouquinistes et vendues quasiment au poids du papier… Ainsi en est-il des Mémoires d’avenir de Michel Jobert, ce bourgeois cultivé ombre de Pompidou… Voici comment il décrit alors que se préparent des élections compliquées dans lesquelles se mettent en place les “camps” qui vont porter au pouvoir Mitterrand, cette gauche qui disons-le simplement va assurer le retour du pétainisme et la stigmatisation du “communisme”, voici comment Michel Jobert raconte un moment de détente à savoir la visite de Leonid Brejnev en France . C’est une bonne introduction à la nécessaire démystification de ce pitre sanglant qu’est Zelensky et la manière dont dans la logique de ce retour du pétainisme et du nazisme masqué sous l’idée de la défense de la démocratie, la gauche s’est faite le hérault de la propagande de la CIA en une fois de plus inventant des adversaires à la France. Voilà donc d’abord comment, aux lendemains de 1968, avant l’aventure du programme commun, derrière Mitterrand l’homme de Vichy, le gouvernement français décrivait Leonid Brejnev que l’on va bientôt nous présenter comme un mort vivant d’une URSS aux mains des gérontes.

“La visite de Leonid Brejnev, dont c’était le premier voyage à l’occident, faisait, le 25 octobre une agréable diversion. Il résidait au Grand Trianon et j’allais le chercher pour les entretiens ou le raccompagnais. Je disais qu’après le président de la République, j’étais ainsi l’interlocuteur le plus assidu du secrétaire général. Il y a chez les Russes – qu’ils soient soviétiques ou non – une simplicité et une spontanéité joyeuse qui les mettent de plain pied avec nous. Je le confesse, j’aimais bavarder avec Brejnev. Il avait été fort mécontent de quelques commentaires de la presse française donnant l’impression qu’il avait peu prisé l’un des ballets modernes qui composaient le spectacle officiel de la veille. Il me l’expliqua longuement – et la grande connaissance qu’il avait de l’art chorégraphique”. Michel Jobert Mémoires d’avenir. Grasset. 1974, p. 197

Nous avons tous besoin d’un parti communiste

Ce qui s’est passé dépasse l’aventure individuelle y compris la censure dont comme bien des intellectuels et des militants aguerris j’ai été victime.

Là encore j’ai compris mieux l’évolution d’une telle censure : dans ma vie militante, jusqu’à la “mutation” de Robert Hue, j’ai toujours accepté la discipline de parti… Cette idée forte énoncé par Juquin : Ce que pense Danielle Bleitrach, la France entière s’en moque en revanche ce que pense le PCF peut intéresser les Français… cette remarque correspondait tout à fait à son corollaire énoncé par Francette Lazard : “si tu choisis de devenir membre du comité central et donc de rompre avec la quiétude de l’universitaire reconnue par son milieu, ce sera ton choix et ne le reproche jamais à personne. ” C’était un contrat dont si on y réfléchit ces deux phrases définissent l’éthique matérialiste celle qui reste action dans un relationnel. Dans les deux cas, la parole était subordonnée à la capacité d’action, ce qui m’allait tout à fait. Donc si en tant que membre du comité central, on me demandait de ne pas dire mon opinion mais celle du collectif c’était juste, c’était mon choix, ma liberté…

J’ai été révoltée par la pétaudière des instances collectives qu’a été la “mutation”, celle du Comité National jusqu’aux sections… et comme je l’ai dit à Roubaud-Qashie quand il m’a dit sur un mode ironique : il parait que tu te plains de moi et de ma censure alors même que j’étais le premier à t’offrir d’intervenir à nouveau dans la presse communiste ?

je lui ai répondu je ne me plains pas de la censure quand elle est justifiée du point de vue collectif, dans le cadre d’un combat auquel j’adhère… Tout n’est pas bon à dire même si ce qu’on dit doit être vrai ! Et quand j’ai voulu publier ce texte sur les Conseils de Budapest, le cinéma hongrois et Lukacs, je savais qu’il y avait un texte de Lukacs qui poserait problème, celui où à la fin de sa vie, il a un débat avec un cinéaste hongrois à qui il dit : qu’on le veuille ou non l’URSS dirigée par Staline a par deux fois sauvé l’humanité, la première fois en la débarrassant du nazisme, la seconde fois en ayant la bombe nucléaire et en empêchant les USA de poursuivre l’horreur initiée à Hiroshima.

Au lieu de me dire : tu enlèves ce propos de Lukacs ou ton texte ne paraîtra pas ce qui aurait été au moins politiquement honnête, tu as dit qu’il était trop long et m’a proposé avec ton habilité coutumière de le réduire toi-même, j’ai refusé et réclamé un nombre de signes. J’ai rendu le texte au format indiqué mais en laissant le propos de Lukacs et là nouvelles contorsions et interdit in fine.

Ce que je reproche ce n’est pas ton choix éditorial, c’est le côté mondain avec lequel tu me l’as infligé… ce côté sympathique, convivial et pour tout dire typiquement “bourgeois”… et qui repose seulement sur une appréciation de la bourgeoisie, sa définition de ce qui est “tolérable” et ce qui ne l’est pas. J’ai une autre conception du débat d’idées, je peux rester amie avec un “adversaire” et ne pas confondre nos oppositions politiques (si elles ne sont pas de nature criminelle dans leurs conséquences) avec des relations humaines, amicales, de parenté, de voisinage, etc.. mais je ne supporte pas la fausse convivialité ou l’art de me sourire pour me faire accepter ce que je refuse, cette manière de me transformer en sujet d’une opinion qui n’est pas la mienne…

Cette université d’été me confrontait à la fois à la nécessité de faire mesurer aux communistes et aux Français la manière dont avait été manipulée leur mémoire et en tant qu’individu seul, l’intellectuelle dans l’incapacité de convaincre ! Donc au besoin d’un collectif pour dénoncer la censure sur des bases d’efficacité et pas simplement celle d’un débat mondain ou totalement marginalisé…

Là aussi il y avait eu un début de travail idéologique, avec la volonté de Fabien Roussel de se référer aux jours heureux, à la libération, au rôle du PCF. Mais ce travail était bloqué par la nécessité de se “faire accepter” en particulier par les médias en période électorale et osons l’avouer l’évolution de l’eurocommunisme et les dérives qui avaient été les siennes…

Mais ce que j’ai compris dans cette université, c’est que ce travail serait difficile mais qu’il était la seule issue, et surtout en quoi c’était un travail collectif. J’ai eu l’impression que simplement en faisant percevoir à chacun sa place dans ce parti et le rôle qu’il pouvait y jouer en fonction de ce qu’il était dans le collectif on pouvait avancer, le relais de conviction était pris par des gens qui eux savaient convaincre alors que moi j’en étais incapable. Je perçois assez bien les obstacles, leur nature mais parce que je suis “seule” je ne sais pas comment les lever.

Tout cela rendait les affrontements, les oppositions d’une nature différente…

Je dois dire à ce propos qu’il y a eu un grand moment de soulagement… A la fin de la conférence de Clémentine Fauconnier, je me suis levée d’une manière qui manifestait le peu de crédit que l’on pouvait accorder à un tel discours. Il y avait au fond de la salle, une brochette de membres de la Fédération des Bouches du Rhône, des grands spécialistes du sourire pour mieux vous interdire l’action ou vous désigner à la vindicte publique avec des ragots mensonger, un traitement infligé depuis une trentaine d’années. Ils ont salué ma sortie avec des murmures de réprobation, je leur ai dit avec une véritable amitié comme je ne l’avais plus éprouvé depuis des années: “Arrêtez votre cirque, voyez où cela vous mène, vous ne pouvez pas cautionner cette échappée de LCI, ce n’est pas possible, vous n’en n’êtes pas là !!! Vous êtes en train de devenir jobards…

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a dit approuver l’offensive ukrainienne menée dans la région de Koursk, en Russie, invoquant le droit de l’Ukraine à se défendre dans une interview donnée au journal allemand Die Welt. Sur le terrain, au moins sept personnes ont été tuées vendredi dans des frappes russes sur Kharkiv en Ukraine et cinq dans des bombardements ukrainiens sur Belgorod en Russie, selon les autorités locales.

Les faits sont têtus et il ne restait plus simplement qu’à interroger ceux qui prétendent trouver la moindre justification aux propos de madame Clémentine Fauconnier… Est-ce qu’un un secteur international du PCF peut sans violer la démocratie interne, celle du congrès énoncée par Franck Marsal quasiment clôturer les travaux de l’université d’été par une telle prestation ? Quel est le sens d’une telle intervention ? En quoi cela contribue-t-il à ce qu’a affirmé encore Roubaud Qashie et Vincent Boulet, un apport de connaissance contribuant à un combat pour la paix ? Après une telle désinformation en faveur de l’OTAN, peut-on imaginer la moindre mobilisation en faveur de la paix ? Non, une telle prestation révèle une autre perspective, celle non seulement de privilégier l’union de la gauche sur l’intervention propre du parti, mais de le faire en adhérant aux thèses de Glucksmann : ce qui se traduirait par une activité uniquement centrée sur des “comités du Nouveau Front Populaire” défendus par le PS et dont leur seul objectif est de vider le combat annoncé, la finalité : une candidature unique de la gauche qui assurerait de fait la succession à Macron, préfigurée par l’opération Caseneuve. Le combat contre Macron et son refus de nommer une premier ministre issue du Nouveau Front populaire, qui représenterait une reconquête sur les retraites, sur le pouvoir d’achat, si limité soit-il, de sa dimension de lutte réelle serait dévoyé au profit d’une opération dans laquelle le parti communiste serait une fois de plus une force d’appoint pour des manœuvres politiciennes, qu’il s’agisse de Mélenchon et de ses rivaux internes ou du PS, préparant la victoire de l’extrême-droite.

C’était si évident que pour la première fois depuis des années, je pouvais simplement leur dire ça comme je l’aurais dit non à des adversaires mais à des amis, des camarades: “Écoutez, quels que soient nos différences, ça vous ne pouvez pas ne pas le voir… et l’accepter…

J’en déduis donc qu’il est nécessaire qu’existent des “théoriciens” qui posent comme nous le faisons avec Marianne et d’autres (comme les éditions Delga, des revues) à la fois l’exigence de devoir vaincre l’impérialisme occidental, son “incarnation” les USA, l’OTAN, l’UE et pas seulement une paix précaire… Qu’il est nécessaire également d’affirmer que le principal obstacle que rencontre la volonté de transformation de la société n’est pas dans le défaut de conscience du présent mais bien dans le trafic de sa mémoire qui ne laisse plus d’issue que dans le fascisme. Donc histoire et societe va continuer en espérant qu’il naîtra une génération d’accoucheurs (la maïeutique chère à Socrate, base de la dialectique) dans la praxis du collectif redevenant celui qui donne la carte d’état-major dont le peuple français tel qu’il est a la nécessité…

En ce qui me concerne, cette expédition et cette observation m’ont énormément fatiguée et à partir de lundi je prends quelques jours de vacances…

Danielle Bleitrach

Vues : 474

Suite de l'article

2 Commentaires

  • Marxou
    Marxou

    pendant des décennies toujours la même rengaine A la télévision toujours la même chanson Le capital vainqueur le socialisme en berne
    Lénine a disparu l’espoir était vaincu
    mais aujourd’hui partout la barbarie explose
    Profits exorbitants et mendiants dans les rues
    Mais rien n’est terminé ce n’était qu’une pose Et dans le monde entier partout l’espoir renait

    Un couplet d’une chanson sur le PRCF

    Répondre
  • Francis
    Francis

    QR effectivement ne veut pas critiquer les USA.Il fait donc du Macarthisme au sein du PCF depuis qu’il anime ses universités d’été.Il a même invité Anselme son gourou,dont Fauconniers a récité les débilités ineptes décrites ici.Quels propos abscons au regard des centaines de milliers de victimes et millions avec celles du Kivu ,Soudan et autres.. des guerres actuelles fomentées par les USA.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.