Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Moscou a puni Paris pour son avidité : les acheteurs de longue date de ses céréales se sont tournés vers les céréales russes.

Le grand apport du débat tel qu’il se présente en Russie c’est qu’il met en évidence les enjeux économiques qui sont trop souvent masqués sous des arguties “démocratiques” ou “moralisatrices” … Ce que ne supporte pas la France macronienne, celle des intérêts capitalistes, qui – à la manière de l’Allemagne asphyxiée par sa rupture avec la Russie – est de fait affaiblie par la stratégie impérialiste des Etats-Unis qui l’attaquent dans son pré-colonial et qui assure son déclin néocolonialiste c’est paradoxalement la concurrence russe. Un des effets des sanctions infligées à la Russie a été un nouvel essor concurrent de la perte de marché français… Le déclin impérialiste de la France qu’il s’agisse de l’Afrique, du Pacifique, des Antilles, de la Réunion ou de la Nouvelle Calédonie n’est pas dû à la concurrence russe, les USA, la Grande-Bretagne sont bien plus destructeurs mais la France se lance dans une politique agressive qui se retourne contre elle. Quand comme le Niger, l’ambiguïté demeure ce seront des pays comme l’Italie ou la Turquie qui bénéficieront du marchandage… Tout cela les commentateurs russes en sont très conscients et étant déçus par l’attitude française qui rompt avec l’indépendance relative diplomatique de la France jusqu’à Sarkozy ils disent la réalité de l’avidité de cette hypocrisie moralisatrice (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://svpressa.ru/economy/article/426797/

Texte : Lioudmila Nikolaieva

La marche victorieuse de nos exportations à travers les pays et les continents menace l’Occident d’un appauvrissement lent mais certain.

Une transformation discrète du marché mondial des céréales a eu lieu en Afrique du Nord. Les pays de cette partie du continent noir, comme on l’appelle dans l’Ancien Monde, ont récemment préféré acheter du blé russe plutôt que du blé européen ou américain, comme ils le faisaient depuis de nombreuses décennies. L’Algérie a été la première à « oser » le faire.

Depuis de nombreuses années, elle est un acheteur régulier de blé français. Ce qui est, en réalité, compréhensible, car pendant plus d’un siècle, jusqu’en 1962, le pays était une colonie. Ensuite, il a longtemps dépendu de Paris. Notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en denrées alimentaires et, en particulier, en blé. Dans les années 2000, l’Algérie est devenue l’un des plus grands importateurs de blé au monde. Jusqu’à ce que, faisant la nique à Paris, elle se tourne brusquement vers l’Est. « Elle s’est tranquillement et imperceptiblement trouvé un nouveau fournisseur : la Russie », indique la publication francophone Algerie Focus. Et de préciser : « Cela montre non seulement des changements dans la sphère commerciale, mais indique également la détérioration des relations entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique du Nord ».

Et il ne s’agit pas seulement de l’Algérie, mais aussi du Maroc et de la Tunisie. Les liens économiques entre l’ancienne métropole et ces pays se distendent. Les experts estiment que l’année 2023 a marqué un tournant, lorsque l’Algérie est devenue, contre toute attente, le deuxième acheteur de blé russe.

Ce fut un choc pour les Français, car cela entraîna une forte baisse des revenus de leurs propres agriculteurs, qui profitaient depuis des années des livraisons de céréales à la région africaine. Une bagatelle : à la place de 1,05 million de tonnes en 2022, les Africains n’ont acheté que 157 000 tonnes de céréales aux grenouilles en 2023.

La tendance se poursuit. La France n’est pas la seule à ne pas avoir la cote. Les approvisionnements en blé de l’Afrique du Nord par l’Union européenne, en particulier par l’Allemagne et les « nains » baltes, ont diminué de 25 % sur 7 mois de la campagne agricole 2023-2024. Tout simplement parce que la Russie augmente sa part sur ces marchés. Les analystes du ministère américain de l’agriculture (USDA) sont parvenus à une conclusion aussi désagréable pour les Occidentaux. Leurs prévisions pour les exportations de céréales de l’UE cette saison sont de moins 2 millions de tonnes supplémentaires.

Comment Moscou a-t-elle réussi à s’emparer des marchés étrangers malgré les sanctions les plus sévères ? Que pouvons-nous encore « voler » à l’Occident, déchaîné dans sa douloureuse russophobie ? Andrei Bunich, économiste et dirigeant de longue date de l’Union des entrepreneurs et des locataires de la Fédération de Russie, l’a expliqué à « SP ».

– Au cours des trois à cinq dernières années, le marché mondial s’est reformaté. D’où de nouvelles tendances, intéressantes du point de vue des échanges mutuellement bénéfiques. La Russie y joue un rôle actif et non des moindres. Qu’est-ce qui rend notre pays plus attrayant ?

– Parce qu’il offre des prix favorables aux importateurs de tous les pays. Qu’ils soient africains, d’Asie centrale ou d’Amérique latine. Outre le facteur prix, il est important que ces approvisionnements soient indépendants des principaux négociants, qui ne sont que quatre. De plus, trois d’entre eux sont américains. Le marché mondial est donc biaisé en faveur des États-Unis, dont les approvisionnements sont souvent utilisés dans leur propre intérêt. Ils peuvent, par exemple, augmenter soudainement les prix.

Mais la Russie, en tant qu’État indépendant, aide les importateurs à ne pas dépendre totalement des Américains. De nombreux pays ont été sous leur coupe pendant des décennies. Aujourd’hui, ils tentent enfin de se libérer. En général, le marché est très lié aux États-Unis. Ils déterminent à qui acheter, à qui vendre et à quel prix. Or, les Africains et les Asiatiques veulent passer des contrats directement avec les producteurs. Sans intermédiaire. C’est ainsi que fonctionne la Fédération de Russie, qui occupe un créneau unique dans le commerce mondial.

“SP : Mais nous vendons, si j’ai bien compris, à des prix sous-évalués par rapport aux prix mondiaux ? Quel est alors l’avantage – purement politique ?

– Ce n’est pas que c’est bon marché, non ! Pour prendre le marché, on commence toujours par des prix un peu plus bas. Le contrat est également important. Certains le concluent pour des volumes, d’autres le lient au prix de la bourse, qui peut augmenter soudainement. Nos approvisionnements sont moins liés à la bourse. C’est pourquoi ils se vendent de manière stable.

Il est important que la Russie ne participe pas aux jeux que les Américains proposent aux acheteurs. Lorsque leurs trois traders s’entendent, ce n’est jamais en faveur des importateurs. Mais il est possible de négocier avec la Russie. Pour les acheteurs, nous sommes une assurance fiable contre les jeux américains et européens. Si quelqu’un à la Maison Blanche décide, par exemple, d’augmenter les prix, les importateurs les délaisseront simplement pour nous. C’est pourquoi nos exportations de céréales ont augmenté ces dernières années.

« SP » : Sommes-nous en train de rattraper l’URSS en termes d’approvisionnement record du tiers-monde ?

– L’Union soviétique avait un système complètement différent. D’autres positions dans le commerce extérieur. La structure de l’agriculture était différente…

Au cours des 20 dernières années (après une décennie et demie de dévastation par la perestroïka), un nouveau système de production et d’exportation, complètement différent, a été mis en place et promu. La principale tendance actuelle est l’augmentation constante des ventes de céréales à l’Afrique et à l’Asie. Si seulement nous pouvions élever notre propre élevage au même niveau que les céréales… J’espère que c’est la prochaine étape.

« SP » : Et les restrictions occidentales ? Ne freinent-elles pas notre développement dans les zones « sous-sanctions » ?

– Dans ce cas, au contraire, ils nous rendent service en aidant certains pays à se réorienter vers les approvisionnements russes. Ils ont vu que les Yankees peuvent à tout moment arrêter des comptes qui ne leur appartiennent pas et les « déconnecter » du commerce mondial. Beaucoup de choses négatives ! Il est vraiment dangereux de coopérer avec eux. Et les céréales, c’est de la nourriture, c’est-à-dire la vie !

C’est pourquoi de nombreux pays, qu’ils soient grands (comme l’Inde) ou en développement, se sont préoccupés de trouver une alternative fiable et ont intensifié les négociations avec Moscou, qui est indépendant de l’« hégémon ».

Aujourd’hui, notre pays est un acteur important sur le marché mondial des céréales. Il n’est plus possible de construire une tarification à l’échelle mondiale en ignorant le facteur russe.

« SP » : En termes de revenus des ventes, les céréales sont-elles en train de « rattraper » le pétrole et le gaz ?

– Non, bien sûr. On en est encore loin. Mais la place des céréales dans le commerce extérieur de la Russie reste importante : des dizaines de milliards de dollars [contre des centaines de milliards pour le pétrole – « SP »].

“SP : Que pouvons-nous “voler” aux russophobes, à part le marché des céréales ?

– Notre tâche n’est pas de « voler » aux autres, mais de réduire nos importations. C’est réaliste si nous développons l’élevage et augmentons la production de fourrage. Nous n’aurons pas besoin de les acheter à l’étranger.

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