Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Au delà d’un échange avec B. Drweski, la nécessité d’une théorie révolutionnaire aujourd’hui par Danielle Bleitrach

Hier un dialogue s’est esquissé avec Bruno Drweski à propos de ce que déjà Marx disait être “la question juive”, derrière cette question pour le moins “envahissante”, le principal est la nature du problème théorico-pratique qui dot être affronté et de ses conséquences politiques. Pour cela la théorie est indispensable. Pour Marx les formes “religieuses” qui sont souvent en liaison avec la monnaie, en particulier le judaïsme, sont les aspects phénoménaux des limites de l’émancipation bourgeoise, républicaines, laïques… Et donc l’impossible émancipation du “libéralisme”… Il y a quelque chose de l’ordre du rendez-vous que le jeune Marx donne à l’histoire dans l’incapacité du capitalisme et de ses “institutions” apparemment démocratiques au plan national comme international qui s’actualise encore aujourd’hui. Nous sommes à un moment historique dans lequel la compréhension consciente des possibles est cruciale… Échanger là-dessus est ma préoccupation principale, celle de ce blog, comme celle de l’intervention que je voudrais faire à l’université du PCF à Montpellier le 23 août et dont le thème serait :

Nécessité de la théorie et internationalisme.

1-Marx et le matérialisme historique, son originalité par rapport à ses sources

La question juive de Marx est un opuscule dans lequel il jette les bases du matérialisme historique en se distançant des hégéliens de gauche. Il faut noter que si Marx prend cette distance avec les hégéliens de gauche, paradoxalement il retournera jusqu’à la fin de sa vie à un Hegel – débarrassé des interprétations de gauche – pour ne pas se contenter d’un matérialisme dogmatique (et on trouve également ce retour théorique permanent vers Hegel chez Lénine dans le même esprit celui d’une critique d’une pseudo objectivité de l’économisme). Donc je dirais que par rapport aux sources du marxisme le retour à Hegel permet non seulement une critique de l’économie du capitalisme, son utilitarisme, son caractère bloqué sur les catégories qui confortent la domination bourgeoise mais également du spontanéisme de la lutte des classes à la française. Ce qui déjà intéresse Marx à ce moment-là c’est une nouvelle articulation des temporalités historiques qui fait des trois sources du matérialisme historique une autre théorie celle qui justement permet l’intervention politique des masses, celle de la conscience révolutionnaire. Et je voudrais faire partager cette approche de l’apport du marxisme léninisme non seulement parce qu’il est conforme à l’apport de Marx et des grands théoriciens mais parce qu’il s’avère aujourd’hui le plus essentiel.

La question juive de Marx est une critique du livre La Question juive et de l’article L’aptitude des juifs et chrétiens d’aujourd’hui à être libres du jeune hégélien Bruno Bauer traitant des velléités d’émancipation politique des juifs de Prusse. Bauer soutient que les Juifs ne sauront s’émanciper que s’ils abandonnent leur identité religieuse, l’émancipation politique étant fruit d’un sécularisme, qu’il ne doit pas avoir d’« espace » pour les identités sociales telles que la religion. D’après Bauer, de telles contraintes religieuses sont incompatibles avec les droits de l’homme. L’émancipation politique, selon Bauer, requiert l’abolition de la religion, ce que l’on retrouve aujourd’hui dans les positions laïques républicaines. Marx se sert de Bauer pour avancer sa propre analyse des droits libéraux. Il pointe les États-Unis, où la religion est omniprésente en dépit de l’absence de confession d’État, contrairement à la Prusse. Bauer fait donc selon Marx une erreur en croyant que le fait religieux disparaîtra de la vie sociale d’un État séculier qui demeure l’Etat d’une classe incapable d’aller jusqu’au bout de l’émancipation politique. Marx après quelques démonstrations assez rudes sur l’aliénation économique des juifs conclut que si les individus peuvent être « spirituellement » et « politiquement » libres dans le cadre d’un État séculier, ils peuvent rester prisonniers de contraintes matérielles découlant des inégalités économiques, ce qui formera d’ailleurs plus tard la base de son analyse du capitalisme.

Cette analyse de la question juive surtout en sortant quelques phrases polémiques isolées de leur contexte a nourri les interprétations d’un Marx antisémite. Une telle interprétation ignore tout de la vie, des combats théoriques de Marx (contre Proudhon et Dühring en particulier qui eux s’affirment réellement antisémites sur le plan théorique). Cette interprétation a fleuri pour cautionner l’adhésion de la nouvelle philosophie et du sionisme à l’extrême-droite, voire des nazis véritables comme Soral.

En revanche, d’un point de vue érudit, il n’est pas inintéressant pour un ouvrage qui s’intéresserait aux sources personnelles (la biographie) des préoccupations de Marx comme à d’autres théoriciens de suivre le rôle que joue fréquemment la question juive dans l’évolution de la pensée mariste pour marquer la fétichisation des rapports sociaux dans le marchand, le non marchand des modes de production des thèses et des notes que l’on retrouve dans l’idéologie allemande, la sainte famille et même le capital, c’est-à-dire toujours dans l’originalité profonde du marxisme par rapport à ses sources. On s’aperçoit alors que pour Marx comme il le souligne sa seule invention politique n’est pas les classes sociales, le rôle des forces productives, dans le mouvement des civilisations, ni même la lutte des classes, tout cela existait déjà dit-il, non, son apport c’est la nécessité de la dictature du prolétariat comme la révolution française a instauré la dictature de la bourgeoisie et une émancipation formelle qui se heurte à la réalité de ce qu’est la classe capitaliste au plan national comme dans la mondialisation. Et c’est là qu’intervient l’émancipation des juifs comme de la classe capitaliste elle-même. Marx ne pense même pas que les juifs soient l’expression de la classe capitaliste même s’il joue là-dessus dans la question juive. Et dans le Capital (livre I section I) il insiste au contraire sur la religion protestante qui crée un homme abstrait celui du fétichisme de la marchandise. Weber qui connaissait très bien Marx s’en est inspiré.

Le principal est la nature du problème théorico-pratique et de ses conséquences politiques, à savoir que l’intervention politique nécessaire celle du parti révolutionnaire intervient dans des possibles à la fois techniques, scientifiques, des contextes nationaux que cette intervention doit maitriser pour exercer cette transition socialiste, passer de la dictature des classes propriétaires des moyens de production à la classe émancipatrice qui ne possède que ses enfants, leur avenir et sa patrie, mais qui a la paix pour intérêt. Pour Marx les formes “religieuses” qui sont souvent en liaison avec la monnaie, en particulier le judaïsme, sont les aspects phénoménaux des limites de l’émancipation bourgeoise, républicaines, laïques…

Honnêtement que c’est plutôt dans la filiation d’une telle réflexion qu’il faut chercher l’origine de mes interrogations sur le rôle envahissant qu’a l’antisémitisme aujourd’hui outre une sorte de réflexe individuel qui me fait soupeser jusqu’où mon interlocuteur serait prêt à aller si la situation était celle du IIIe Reich.

En ce moment, j’ai une préoccupation c’est justement celle de l’importance de la théorie pour un parti révolutionnaire. C’est une constante mais le fait d’avoir choisi de centrer l’intervention que je vais faire sur Théorie et internationalisme à l’université d’été du PCF me fait y revenir constamment pour être la plus compréhensible possible de mes interlocuteurs. Ce qui a toujours été mon problème parce que ce qui me convainc, ce qui m’incite à avancer dans mes analyses n’est pas l’angle d’attaque le plus directement perçu par la majorité de mes interlocuteurs. Outre le fait que j’ai tendance à adopter un foisonnement de faits et d’incidentes qui nuit à la clarté de l’exposé.

2-La démarche par laquelle passe mon expérience et les rencontres d’autres expériences : de l’apparition du “Sud”, de la Chine, à la découverte des conditions réelles de la chute de l’URSS

Que vous le croyez ou non, l’antisémitisme est pour moi une forme phénoménale (ce qui correspond à l’expérience sensible) de l’intervention politique des “masses” et de ses blocages tout autant qu’un des symptôme de la crise de la démocratie des “droits libéraux”. C’est une sorte de ré-interprétation de l’histoire qui empêche de comprendre le caractère totalement nouveau de la période historique tout en alertant effectivement sur l’issue de l’impérialisme occidental, ce que l’on pourrait définir comme l’hyperimpérialisme.

Peut-être le plus simple si vous en avez la patience c’est de suivre l’évolution de mes propres réflexions sur le sujet puisque j’ai eu la chance non seulement de voir de près l’eurocommunisme comme je le raconte dans mes mémoires mais de bénéficier d’une formation et de débats théoriques tels qu’ils n’existent plus aujourd’hui.

Si je devais résumer la manière dont je vois la planète aujourd’hui, cette vision est en décalage avec la plupart de mes contemporains, Français en particulier.

Ce qu’ils commencent à percevoir est ce que grâce à Fidel Castro, son rapport des non alignés de 1983, et le fait d’avoir été à ce poste d’observation privilégié qu’est Cuba (mais aussi mes voyages en Afrique et dans le reste du monde) je décrivais dans Les Etats-Unis de mal empire et que mes deux co-auteurs eux mêmes ne percevaient pas : à savoir l’émergence d’un monde multipolaire avec une double réalité les nouveaux rapports sud-sud (qui apparaissaient avec Chavez à la fois avec l’Amérique latine bolivarienne et aussi avec Poutine et l’Iran à savoir la lutte des pays producteurs contre les “majors” des USA) et surtout le rôle de la Chine dirigée par un parti communiste, qui présentait la particularité d’avoir été la puissance asiatique la plus anciennement civilisée et dans le même temps d’avoir subi les atrocités du colonialisme comme les autres peuples du sud.

Ce que je percevais donc par suite de ma relation privilégiée avec Cuba qui était déjà en train de s’installer dans cette nouvelle réalité c’était en 2004… Et je me souviens de la série de conférences que j’ai faites pour parler de ça sans toujours être claire.

Donc aujourd’hui, ce qui en 2004 ne correspondait à aucune expérience politique française aujourd’hui apparait de plus en plus à la conscience de certains de mes contemporains français qui ont des sympathies communistes ou progressistes.

A partir de 2008 et de la crise géorgienne, je rencontre Marianne et grâce à elle je découvre des pans de réalité qui me manquaient. Certes à Cuba j’avais été confrontée à une toute autre analyse de l’URSS et du rôle de Gorbatchev (hijo de puta était l’appréciation). Mais grâce à Marianne sa maitrise des langues, le russe, le chinois et d’autres je commence à découvrir que ce que l’on nous a raconté sur l’URSS à savoir qu’il n’y a pas eu de résistance est complètement faux… Je dois dire que ma stupéfaction devant la patience de Marianne face à la manière dont nous Français y compris communistes nous croyons savoir ce que nous ignorons sur ces pays dits de l’Est, la Russie qui ont réellement vécu la trahison de la destruction de l’URSS. Sur ce point ce que je découvre est ce que quelqu’un comme Bruno Drweski et d’autres mettent en évidence d’une manière très juste et ils témoignent lui et d’autres dont Monica d’un grand courage politique d’autant plus que la Pologne est un cas spécial traversé par des influences complexes.

Ce qui explique d’ailleurs qu’un dialogue soit possible alors que nous nous opposons sur ce qui est de l’ordre du tabou en France aujourd’hui à savoir le problème de l’antisémitisme. Et quand je lui propose de parler d’autre chose cette recommandation est faite en toute bonne foi puisque nous avons des combats à mener ensemble.

Je partageais donc la plupart des analyses de Bruno Drweski sur ce qu’a été réellement le socialisme et ce qu’il en reste de ligne force dans les pays qui l’ont vécu… et c’est encore le cas, mais je découvre chez lui (atténué par rapport à d’autres) ce qui existait au Venezuela et dans d’autres pays d’Amérique latine (mais pas à Cuba) de l’antisémitisme… Il est vrai que tout est fait pour l’alimenter en Amérique latine avec le rôle d’Israël en soutien de tous les coups d’Etat réactionnaires, des équipes de tortionnaires… Ce rôle peut prendre des aspects paradoxaux puisque les services spéciaux d’Israël soutiennent de fait en Bolivie ceux qu’a organisés Barbie… Comme la France a envoyé partout ses tortionnaires de la guerre d’Algérie en aide de ces gens-là… En Pologne on a vu également une union étonnante de cet antisémite forcené qu’est Walesa avec des juifs qui s’emparent des médias, et partout vont appuyer Solidarnosc… Quitte à se retrouver aujourd’hui avec une histoire officielle complètement négationniste qui interdit de voir les complicités polonaises dans le nazisme. Là encore des gens comme Bruno Drweski et Monica sont d’un très grand courage… Mais il y a chez eux une obsession qui me gène : je n’ai pas la même vision qu’eux concernant les responsabilités du retour du fascisme, de la russophobie et de ce qui se passe en Israël.

3- Où en est réellement la situation géopolitique : la défaite irréversible de l’hégémonie occidentale… et ce que cela exige d’intervention consciente, de “théorie”…

En fait, au départ c’est imperceptible mais avec le temps cela devient une véritable interprétation théorico-politique, il ne s’agit pas seulement de la responsabilité des peuples dans la montée du fascisme… Il s’agit de l’analyse géopolitique qui concerne la transformation de la situation de 2004, vingt ans après. Apparemment ce qui nous oppose et qu’il définit comme mon “obsession” à dénoncer l’antisémitisme va plus loin, beaucoup plus loin et concerne y compris mon choix de fidélité au PCF. C’est sans doute cela qui devrait donner lieu à un débat plus productif.

Le premier point est ce que j’estime le propre des communistes, le refus de confondre les peuples avec leurs dirigeants fascistes et criminels. C’est ce que j’ai admiré à Cuba cette volonté de toujours distinguer le peuple des États-Unis avec les dirigeants capitalistes, je trouve cela non seulement plus humain mais beaucoup plus intelligent sur le plan stratégique. En ce qui concerne l’antisémitisme et ce qu’est le peuple juif c’est même fondamental. Il faut absolument s’appuyer sur les forces qui dans ce peuple partout luttent contre l’extrême droite israélienne.

Le second point concerne ce que l’on pourrait définir comme l’hyperimpérialisme. Ce n’est pas la nation américaine, ni son peuple, c’est ce que disent les Cubains (sans pourtant ignorer les conditions de naissance d’une telle nation mais qui a aussi des aspects contradictoires) mais bien un système capitaliste qui s’est imposé à eux, contre les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière et des couches aujourd’hui dites moyennes dont les divisions permettent l’aliénation… j’affirme que cette approche est marxiste, alors que celle qui tend à voir dans un peuple le mal ne l’est pas… même quand elle s’accompagne d’un “utilitarisme” économiste toujours “bidon” celui qui revient à lier richesse capitaliste et judaïsme par exemple. Ce qui caractérise la tendance antisémite c’est de vouloir démontrer que ce sont les juifs qui dirigent les États-Unis et le monde… on substitue à l’analyse de la complexité politique un déterminant simple celui d’un groupe de conspirateurs qui détiennent le monde et chaque fois que l’on voit un juif cela devient la preuve d’un système dans lequel le rôle de forces occultes prend toujours la place de l’analyse concrète d’une situation concrète. Une telle vision prend d’autant plus de réalité que la politique impérialiste apparait comme simplement celle du primat des opérations de la CIA qui favorisent le pillage d’une couche de plus en plus étroite de capitalistes dont les caprices semblent gouverner le monde malgré les peuples. Je dirais que l’incroyable alignement de la gauche et de certains partis communistes sur la politique menée par les USA engendre une vision en terme de toute puissance des services secrets. Les coups d’état, les révolutions de couleur, les équipes de tortionnaires, les trafics de drogue et d’arme tout cela est fait pour engendrer une telle vision.

Le troisième point est qu’une telle vision a besoin d’être confrontée à une analyse marxiste qui favorise l’intervention populaire. Le propre de la vision d’un monde dominé par des forces occultes s’il a le mérite de faire douter du narratif officiel bloque l’initiative populaire, comme d’ailleurs le catastrophisme. En fait, le catastrophisme est simplement le constat d’une petite bourgeoisie et petite bourgeoise de son propre déclassement. Tout cela nous empêche de voir ce qui est l’essentiel.

L’essentiel est que nous sommes déjà dans cet autre monde multipolaire et que tout en conservant une certaine puissance de nuisance l’hyperimpérialisme est incapable d’imposer au monde le sens qui est le sien, celui d’une autodestruction. C’est ce que nous tentons de développer dans ce blog avec Marianne et d’autres intervenants. Je dirais non pas que nous avons une vision optimiste mais qu’elle tranche avec le pessimisme ambiant. C’est ce sur quoi je suis en train de travailler en particulier pour mon intervention à l’université d’été du PCF. Je suis à la recherche de l’angle d’attaque pour faire partager cette analyse du moment historique réel, ce qui me convainc n’étant pas toujours ce qui convainc les autres. Pour résumer je dirais que si l’on considère le noyau de l’ébranlement de toute la société dans laquelle nous avons vécu jusqu’ici : la relation entre forces productives et rapports de production, le système capitaliste occidental devenu un hypermpérialisme a perdu, cela se voit partout dans les crises financières, dans l’échec climatique environnemental, dans les guerres où ils ne savent plus que jouer le terrorisme. Tout montre que c’est la défaite face à laquelle le pouvoir de nuisance des jusqu’au-boutistes est prête à nous mener à l’apocalypse. Mais même au sein des couches capitalistes il n’y a pas l’unanimité.

Ce qui reste en décalage ce n’est même pas la lutte des classes qui monte et qui concerne un nombre grandissant y compris de “petits bourgeois”. Par parenthèse plus monte le mécontentement de ces couches plus on a de chance d’avoir de la confusion et ce n’est pas que négatif. Mais il y aussi le danger du recours au fascisme à partir de cette confusion.

Bref je vais conclure sur le plus important et que l’on retrouve dans l’analyse de Novikov que nous publions aujourd’hui.

4-Face au fascisme et à a guerre il faut s’unir, pour s’unir il faut un parti révolutionnaire et pas de parti révolutionnaire sans théorie révolutionnaire.

Il est des moments où les périls imposent de s’unir et nous sommes devant la fascisation impérialiste dans un de ces moments. Ils sont bloqués, ils n’ont pas d’autres solutions ils ne peuvent que compter sur la faiblesse politique de leur adversaire de classe. S’unir est une nécessité, mais ont peur de l’union les révolutionnaires qui ne sont pas sûrs d’eux-mêmes. Il y a partout et toujours la nécessité de construire des alliances temporaires même avec des éléments aussi incertains que peut l’être au plan international l’Inde ou l’Iran, voire pire encore les saoudiens. Et au plan intérieur aucun parti ne peut exister sans alliances, aujourd’hui plus que jamais. Autre chose est la conditions de telles alliances pour les communistes, ceux dont le but est la construction d’une autre société basée sur les coopérations et la paix dans la justice. Tout ce qui divise ceux qui pourraient s’unir, simplement pour se créer des clientèles, est à proscrire. Ils peuvent avoir des discours radicaux mais en fait cela ne sert qu’à la promotion de chefs à l’intérieur du système.

Je développerai tout cela, c’est compliqué parce que cela nécessite à chaque moment des développements contradictoires sur le mouvement de transformation, ses obstacles, ses points d’appui, les expériences face à l’histoire de l’humanité mais aussi celle de ces vingt dernières années, dans un temps de l’accélération mais voilà ce qui me semble essentiel, cette réflexion de Marx :

S’il est vraiment nécessaire de s’unir écrivait Marx aux chefs de parti, passez des accords en vue de réaliser les buts pratiques du mouvement, mais n’allez pas jusqu’à faire commerce des principes, ne faites pas de concession théoriques”. Et bien sûr nous aboutissons à ce constat ” sans théorie révolutionnaire, il n’y a pas de mouvement révolutionnaire. “

C’est le sens que je veux donner à l’analyse que je vais faire à l’université d’été du PCF. Tout simplement parce que je considère que la situation exige un parti communiste avec une théorie révolutionnaire et qu’au risque de choquer des compagnons de toujours pour lesquels j’ai de l’estime je pense que le PCF est ce qui se fait de moins pire pour construire ce parti qu’exige la situation historique dans laquelle nous nous trouvons dans l’état d’aliénation de notre peuple qui peut aller vers le fascisme et la guerre.

5-le choix du PCF n’est pas plus sentimental que mon refus de l’antisémitisme, il est fondé par l’analyse concrète d’une situation concrète

Très souvent – sans doute parce que je suis une femme – on m’attribue des positions “sentimentales” une vieille fidélité au PCF ou mes origines juives, cela joue comme pour tout un chacun mais il y a aussi toujours le primat de l’analyse théorique et du travail sans relâche que je m’impose depuis tant d’années, les expériences. Il est clair que l’antisémitisme m’apparait comme l’art de ne pas prendre la mesure de la théorie dont devrait s’emparer un parti communiste. C’est un raccourci. Il est clair par exemple que ce qui se passe à Gaza a joué un rôle essentiel dans une nouvelle vision de l’hypocrisie hyperimpérialiste dans la jeunesse comme dans les peuples du sud. Pourquoi parmi tant d’injustices celle-là ? parce qu’elle correspond à cette montée anticolonialiste du sud, le rôle de l’énergie, peut-être aussi l’antisémitisme facilite-t-il et introduit-il un élément passionné mais c’est un faux-ami… qui ne correspond pas à l’unification de tous. L’attitude de la Chine et même de la Russie est très cohérente là-dessus comme elle dans bien d’autres points de guerre potentiels.

On ne craint pas de s’allier avec l’Iran face à l’attaque du guerrier terroriste par procuration derrière le parapluie de l’OTAN et des USA mais nous ne devons pas faire de concessions théoriques. C’est sur cette question de la nature des alliances et des concessions théoriques que je travaille en ce moment à élaborer ce qui est le plus difficile pour moi : exprimer d’une manière convaincante mais non abusivement simplificatrice ce qui me parait être l’exigence théorique du moment.

Et c’est de cela dont il est question dans le bref dialogue que j’ai eu ici avec Bruno Drweski. Quel rôle jouent mes ascendances juives et l’expérience existentielle à laquelle cela correspond est un autre problème il ne maque pas d’intérêt à mes yeux mais je le vois plutôt comme un signal épidermique qui réveille mon attention mais qui doit être déconstruit en tant que facteur même et surtout s’il a le caractère envahissant idéologique que l’on connait.

De même mon choix du PCF et y compris de l’apport empirique du 38e congrès, et des campagnes de Roussel ou de Léon Desffontaines sont également fondés en théorie, en partant de la situation concrète mais c’est exactement une part de ce que je voudrais expliquer à l’université d’été… Comment puis-je rassembler tout ce que représente ce blog, tout notre travail avec Marianne, les expériences dans une expression qui puisse être partagée avec des gens qui sont encore aux antipodes de ces réflexions ?

Hier un camarade me disait que ce blog était le seul lieu qui portait de l’optimisme et de l’espoir… Il ne s’agit pas d’optimisme, il s’agit justement d’avoir conscience des possibles et de ce qui peut aider la construction d’un collectif apte à se donner des buts et des moyens. Cette réflexion ne peut pas être celle d’un individu, elle a besoin de mise en œuvre…

Danielle Bleitrach

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8 Commentaires

  • LAGIER
    LAGIER

    Est-t-il nécessaire d’avoir une théorie pour dénoncer le scandale de la société française : l’exploitation des personnes âgées et du personnel hospitalier qui travaille dans ces EHPAD?
    6 propriétaires d’EHPAD figurent parmi les 500 plus grosses fortunes de France ( cf. le magazine Challenge) En faisant des bénéfices au détriment des personnes âgés , Domitis peut se payer le luxe de sponsoriser le Tour de France pour mieux engranger de dividendes
    Posséder des actions de ces entreprises rapporte plus qu’un livret “A”

    En 2017 les Opalines dans le Jura ont fait 110 jours de grèves pour obtenir des emplois supplémentaires . Dans le même temps , un des actionnaires de cet EHPAD détenant 14 % du capital a perçu en dividendes l’équivalant de 123 emplois . sans commentaires . Oui , les personnes âgées sont obligées de liquider toutes leurs économies réalisées tout au long de leur vie , vendre la maison de famille pour pouvoir subvenir aux nécessités .Sarkozi avait déclaré que pour faire face à ces dépenses il fallait souscrire une assurance .
    L’ exploitation des personnes âgées est une ressource inépuisable pour faire du profit

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    • admin5319
      admin5319

      premiérement oui cela nous indigne mais le fait est que cela se perpétue et s’aggrave et donc que votre indignation c’est pisser dans un violon… elle n’a ni but ni erspective ni sur ce blog ni pire encore dans la réalté… et elle fait de vous un troll impuissant qui visiblement ne s’intéresse pas à ce qui est écrit…
      C’est ça l’absence d’un parti révolutionnaire cette impuissance indignée qui ne mèe nulle part et qui emp^che même de répondre à ce qui est dit…vous êtes désormais si peu apte à toute réflexion que vous n’arrivez pas à lire un texte et vous croyez apparaitre comme un révolutionnaire en collant une information qui est susceptible légitimement de provoqer l’indgnation y compris d’une bonne soeur… avec la même absecnce d’efficacité… c’est du mépris pour vous même, pour nous dans c blog et pour moi qui ai pris la peine d’écriree ce que vous ne daignez même pas lire… si vous deviez continer sur ce mode l vos remarques ne seront pls publiées.
      danieelle Bleitrach

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    • Xuan

      Il existe un mouvement des “Indignés”, et c’est très instructif de consulter la présentation qu’en fait Wikipedia :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_des_Indign%C3%A9s#cite_ref-hasta36_19-3
      Faute d’une théorie révolutionnaire et d’un parti révolutionnaire, ce mouvement s’est vautré dans le réformisme et n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau, une révolte castrée dès la naissance comme les veaux.

      On peut dénoncer toute sa vie les scandales du capitalisme, parler même de le “dépasser”, sans jamais s’interroger sur la société qui doit le remplacer, et comment, et sur celles qui l’ont réellement remplacé et les leçons qu’il faut tirer de leurs succès et de leurs échecs.

      Les leçons ont pour beaucoup d’entre elles été déjà tirées, ou plutôt payées au prix du sang, par des millions d’ouvriers et de paysans. Et c’est un héritage extrêmement précieux, le seul que nous ayons en fait pour assurer notre avenir, pour nous éviter de recommencer les erreurs qui ont coûté si cher à nos aînés. C’est la théorie marxiste-léniniste.

      Une chanson dit :
      “…La Butte Rouge, c’est son nom, l’baptème s’fit un matin
      Où tous ceux qui montèrent, roulèrent dans le ravin
      Aujourd’hui y a des vignes, il y pousse du raisin
      Qui boira d’ce vin là, boira l’sang des copains…”
      Prétendre qu’il n’est pas besoin de théorie pour mettre fin à l’exploitation capitaliste, ce n’est pas boire le sang des copains, c’est pisser sur leur tombe.

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    • Martine Garcin
      Martine Garcin

      Il me semble que la question posée est celle de la validité d’une théorie si elle ne s’appuie pas sur la pratique. Que vaut une théorie révolutionnaire en l’absence d’un parti révolutionnaire ? C’est-à-dire une ORGANISATION, un lien avec le peuple, un débat idéologique permettant en premier lieu la perception de la réalité.

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      • admin5319
        admin5319

        plutôt que de dire que la validité de la théorie est de s’appuyer sur la pratique, je poserai là encore une question: “qui sont les juges de la validité de la théorie?” et à quoi leur sentence aboutit-elle ? C’est un peu ce que dit Xuan à propos des “idignés”. En France, la remise en cause de la théorie marxiste léniniste a été précédée d’une période d’extraordinaire popularité, ce qui est une bonne chose parce que cela marque que des couches de la petite bourgeoisie sont mécontentes… Mais ce renforcement (on assiste à l’amorce de quelque chose de semblable) est aussi l’apparition de confusions qui ont des conséquences pratiques importantes. C’est pour cela que la théorie du parti révolutionnaire doit être révolutionnaire, c’est-à-idre toujours marquer y compris au sein des alliances temporaires nécessaires le non compromis possible entre le capital et le prolétariat. C’est le contraire qui est intervenu dans la période dite de l’eurocommunisme : l’accent a été mis sur la dénoncation du dogmatisme et le poids des doctrines alors qu’il suffirait de dénoncer la réalité de ce qui se passe sans s’encombrer en fait il y a eu à la fois critique de la théorie et multiplication de “théories” novatrices ou considérées comme telles avec le primat de l’éecléctisme et l’abandon des “principes”.
        C’est sous ce régime qu’a vécu ou plutôt survécu l’idée de la nécessité de la révolution, du socialisme et ce qu’il implique, les expérences concrètes ont été désavouées…
        Donc la relation théorie pratique et l’existence d’une organisation doit s’interroger sur le “bilan” et qui le fait ?

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      • Xuan

        Nous sommes d’accord Martine, sur ce lien entre pratique et théorie, sur le passage de la pratique à la théorie. Un lien réciproque d’ailleurs puisque la théorie guide la pratique des communistes et que leur pratique vérifie ou infirme la théorie, etc.

        La théorie marxiste-léniniste ne nous dit pas quelle sera la meilleure solution pour le troisième âge dans la société socialiste. C’est une solution qu’il faudra élaborer avec les masses populaires, au moyen du centralisme démocratique du parti communiste et au moyen du centralisme démocratique de la nouvelle démocratie. Ce n’est rien d’autre que le processus pratique – théorie – pratique – etc. mais formalisée sur le plan de l’organisation et des institutions.

        Ce que nous dit la théorie marxiste-léniniste, fruit de l’expérience du prolétariat international, ce sont notamment les quatre principes que nous avons relevés dans notre étude sur Gorbatchev. Mais là on ne va pas réinventer l’eau chaude:

        >La voie du socialisme vers la société sans classe, le communisme.
        >La théorie marxiste-léniniste, comme le renversement de l’Etat bourgeois, et non les théories réformistes que Danielle décrit plus haut
        >La dictature du prolétariat contre les ennemis fondamentaux du peuple, disons la grande bourgeoisie monopoliste.
        >La direction du parti communiste, parti indépendant des partis et formations de la bourgeoisie.

        Et là nous voyons que dans notre pays, la démocratie bourgeoise fondée sur un parti majoritaire et une opposition aboutit à une impasse et qu’il faut de nouvelles institutions.
        Une démocratie populaire doit être dirigée par un parti révolutionnaire et non ballotée entre une majorité et une opposition.
        Et le bien-être du peuple impose des mesures coercitives contre les « 500 plus grosses fortunes de France » pour reprendre l’expression de Lagier.
        C’est une application à notre pays de ces quatre principes.

        Sur le caractère révolutionnaire de la voie socialiste se pose la question de la violence ou de la voie pacifique, comme celle de la guerre ou de la paix.
        Evidemment nous sommes pour une voie pacifique et pour la paix.

        Mais comme les communistes ne sont pas seuls à en décider, le bon sens nous dit que la voie pacifique n’est pas une religion, contrairement à certaines théories reprises par Khrouchtchev et par ses successeurs.

        L’expérience nous avertit qu’il ne faut pas se laisser entraîner dans les provocations. Par contre tendre l’autre joue est une conception étrangère à notre théorie, parce que le résultat c’est le massacre des communistes et du peuple. Donc nous sommes pour une voie pacifique, mais nous devons organiser les masses populaires pour faire face à toutes éventualités, de la même façon qu’un pays pacifique doit aussi se préparer à la guerre pour ne pas se faire ratatiner.

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  • Falakia
    Falakia

    D’accord avec votre analyse juste Xuan , en mentionnant que la théorie guide la pratique .
    Pour Marx la théorie est en même temps
    praxis scientifique
    Dès lors la clé marxiste de l’histoire conserve sa validité scientifique celle du temps et qui conduira avec la praxis scientifique
    l’humanité à cette révolution .
    Marx et Freud présente des traits communs.
    ( Marx ) qui s’est attaché à l’étude de la société , et dans le besoin de libérer les sociétés de leur aliénation sociale
    Et ( Freud ) études de l’individu humain de la psychologie des profondeurs , et libérer l’individu de leurs troubles psychiques .

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    • admin5319
      admin5319

      votre reflexion sur le caractère original (par rapport au positivisme dominant) de la démarche de Marx et de Freud de ce rapport théorie pratique est une des choses que j’avançais à mes étudiants. L’école lacanienne avec un Lacan très proche des surréaliste a encore insisté sur cette particularité en distinguant l’analysant (le patient) de l’analyste…

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