L’ancien instituteur devenu gouverneur rejoindra le ticket Harris après avoir prouvé qu’il était un “chien d’attaque” divertissant, résument les médias aux USA. Kamala Harris a finalement mis fin aux spéculations mardi en exposant son choix pour la vice-présidence : le gouverneur du Minnesota Tim Walz, un officier militaire à la retraite et enseignant qui a été catapulté sous les projecteurs nationaux en passant à l’offensive contre les républicains « bizarres » un terme devenu viral dans la campagne. C’est du moins ce que Kalama Harris a avancé en premier mais il y a aussi le fond, un pays déchiré par des inégalités insupportables et au bord de la guerre civile, une économie dont le bilan est loin d’être aussi glorieux que nos médias et nos politiciens totalement “atlantisés” (sans la moindre opposition) nous la vendent comme ils nous vendent en général la victoire obligatoire de Kalama Harris, ce qui n’a rien d’évident. Que nous dit un tel choix, qui ne fera pas que des heureux en France puisque si les Républicains ont choisi de renforcer la ligne Trump, les démocrates tout en jouant la diversité “sociologique” et “géographique” renforcent également une ligne un peu plus progressiste que celle de Biden, un peu moins belliciste même si le résultat final présente toujours peu de variation par rapport aux bailleurs de fond et aux grands intérêts, les planètes ne s’alignent pas en faveur du jusqu’au boutisme belliciste y compris en Ukraine.
« Je suis fière d’annoncer que j’ai demandé au gouverneur Tim Walz d’être mon colistier. L’une des choses qui m’a frappée chez Tim, c’est à quel point ses convictions sur la lutte pour les familles de la classe moyenne sont profondes. C’est personnel”, a écrit la vice-présidente dans un communiqué. « En tant que gouverneur, entraîneur, enseignant et ancien combattant, il a oeuvré pour les familles de travailleurs comme la sienne. Nous allons construire un excellent partenariat. Nous commençons en tant qu’outsiders, mais je crois qu’ensemble, nous pouvons gagner cette élection ».
Harris présentera officiellement Walz lors d’un rassemblement à Philadelphie mardi après-midi, moins de cent jours avant les élections de novembre.
Walz, 60 ans, a gravi les échelons de la Garde nationale de l’armée, c’est un enseignant en sciences sociales et il a été entraîneur de football au lycée avant de se présenter aux élections en 2006. A partir de là il a accompli six mandats au Congrès, où il est apprécié, en représentant un district principalement rural du sud du Minnesota, il a été élu gouverneur en 2018, remportant sa réélection quatre ans plus tard. Le Minnesota est un état, le plus au nord est, dans un ensemble industriel en crise comme le Michigan, là dont est issu Vance le vice président démocrate, l’état où l’influence socialiste a toujours été la plus marquée au point d’avoir eu jusqu’en 2010 une très grande statue de Lénine. Au titre des particularités sympathiques le Minnesota a conservé à son plus haut niveau, celui des militants mais aussi du gouverneur, des liens amicaux avec Cuba. La candidature de Walz au poste de vice-président a été soutenu par Bernie Sanders. Ce profil à gauche qui ne manifeste aucun enthousiasme (c’est une litote) pour le soutien aux guerres de l’Empire qu’il s’agisse d’Israël ou de l’Ukraine est effectivement le moins pire choix. Mais si Harris l’a choisi c’est aussi parce qu’il joue dans la catégorie de Trump, il s’adresse à la classe ouvrière et au monde rural blanc et il partage avec eux le goût des armes à feu. Il y a eu récemment un film Civil war qui décrivait la guerre civile et l’assaut contre le président dans son troisième mandat refusant de quitter la maison blanche et pris d’assaut et exécuté par une armée unissant le Texas et la Californie, l’alliance la plus improbable… celle de Harris et Walz joue le même ticket : une manière comme une autre de traduire la guerre civile en tentant de la parodier comme dans le film dans des “coups médiatiques” sous le jeu des médias.
Harris par rapport à Trump et à Vance ne tient pas son public, c’est le style direct et populaire du gouverneur qui peut aider Harris qui n’a jamais eu de qualité d’orateur et qui a la réputation d’être de San Francisco et d’en illustrer les aspects bobos, élitistes que Trump et son co-listier prennent déjà pour tête de turc… Harris que l’on appelle déjà le caméléon tant son “gauchisme” est fluctuant s’est lesté d’un personnage qui a une réputation de loyalisme et de modestie “provinciale”, sans excès et avec bon sens.
Au cours d’une série d’apparitions publiques après la sortie de Joe Biden de la course de 2024, Walz a lancé la tactique consistant à qualifier Donald Trump et JD Vance de « bizarres » – pas bizarres comme une personne particulière qui aime les cornichons sur une pizza ; bizarre comme un gars qui vous coince à une fête pour vous raconter un truc sur une cabale contre les enfants… Walz est devenu viral à plusieurs reprises pour des remarques liant l’étrangeté des propos des dirigeants républicains et de leurs politiques, en particulier en ce qui concerne le droit à l’avortement. Il s’est ainsi interrogé à CNN : « Écoutez le gars. Il parle d’Hannibal Lecter et de requins affamés et de n’importe quelle chose folle qui lui vient à l’esprit », a déclaré Walz à propos de Trump. « Avez-vous déjà vu le gars rire ? Cela me semble très étrange qu’un adulte puisse passer six ans et demi sous les yeux du public comme ça, s’il a ri, c’est contre quelqu’un et pas avec quelqu’un. C’est un comportement étrange. La ligne d’attaque des ses adversaires baptisée les « grands cinglés » a été rapidement adoptée par Harris, dynamisant la base et renversant le scénario sur les républicains, qui ont eu du mal à trouver une réponse efficace. Il s’agit d’une stratégie efficace, qui semble avoir bénéficié à Walz en lui donnant l’occasion de devenir le commandant en second.
D’autres notent son âge et sa loyauté en subodorant le fait qu’Harris n’avait pas envie de se retrouver avec un jeune vice-président qui passerait le temps de son mandat si le ticket démocrate l’emportait à lui rendre la vie impossible pour lui succéder immédiatement.
Mais il n’y a pas que cela dans ce choix, quelque chose que notre atlantisme sans limite veut ignorer. Comme il n’y a pas un seul politicien, une seule presse en France capable de dire la réalité du monde et de l’empire dont la France est le vassal terrorisé à l’idée de s’avouer l’état réel du suzerain, il ne perçoit pas ce qui fait la force de Walz : il a la réputation d’avoir ce qui manque à Harris, une habileté politique d’homme de terrain et de bon sens. M. Walz, qui a grandi dans la petite ville de West Point, dans le Nebraska, a été professeur de sciences sociales, entraîneur de football et membre du syndicat du lycée Mankato West, dans le Minnesota, avant de se lancer dans la politique. En 2006, il a remporté le premier de ses six mandats au Congrès, dans une circonscription essentiellement rurale du sud du Minnesota, et a utilisé son poste pour défendre les questions relatives aux anciens combattants. M. Walz a servi pendant 24 ans dans la Garde nationale de l’armée, où il a atteint le grade de sergent-major, l’un des grades les plus élevés.
Il s’est présenté au poste de gouverneur en 2018 sur le thème “One Minnesota” et l’a emporté avec plus de 11 points d’avance. En tant que gouverneur, M. Walz a dû trouver des moyens de travailler, au cours de son premier mandat, avec une assemblée législative divisée entre une Chambre contrôlée par les démocrates et un Sénat dirigé par les républicains. Cependant, le Minnesota a une tradition de gouvernement divisé, et l’arrangement a été étonnamment productif au cours de sa première année. Mais la pandémie de COVID-19 a frappé le Minnesota au début de sa deuxième année, et la coopération bipartisane s’est rapidement effritée.
M. Walz s’est appuyé sur les pouvoirs d’urgence pour prendre en main l’État. Les républicains se sont heurtés à des restrictions telles que le confinement, la fermeture d’écoles et d’entreprises. Ils ont riposté en renvoyant ou en forçant à partir certains de ses représentants. Mais les habitants du Minnesota qui sont restés bloqués chez eux ont également appris à mieux connaître M. Walz grâce aux fréquentes réunions d’information qu’il a tenues l’après-midi dans les premiers jours de la crise, et qui ont été retransmises et diffusées dans tout l’État. M. Walz a été réélu en 2022 avec près de 8 points d’avance sur son adversaire du parti démocrate, le Dr Scott Jensen, médecin et sceptique à l’égard des vaccins. Non seulement Walz a gagné, mais les démocrates ont gardé le contrôle de la Chambre des représentants et renversé le Sénat, remportant ainsi le “tiercé” du contrôle total des deux chambres et du bureau du gouverneur pour la première fois en huit ans. L’arrêt Dobbs de la Cour suprême, selon lequel la Constitution n’inclut pas le droit à l’avortement, y est pour beaucoup. Cette décision a nui aux républicains du Minnesota, en particulier parmi les femmes des banlieues.
C’est donc un politicien habile et un gestionnaire défendant ses options mais avec des résultats. Si en France, nous ne parlons pas ou peu de cette question essentielle : alors que Biden prétendait avoir un bon bilan économique les résultats en matière d’emploi sont tels qu’ils ont entraîné ce lundi un ébranlement boursier qui pèse lourdement sur le camp démocrate. Nul doute que Vance et Trump vont axer leur campagne sur les résultats de Biden : inflation, chômage avec à l’horizon la crise boursière.
Vance et Walz s’adressent tous les deux au même électorat, ouvrier, rural, classe moyenne qui ont l’impression d’être sacrifiés. Harris a tout à fait conscience d’être l’outsider et malgré l’enthousiasme de nos médias français en pleine propagande, elle sait qu’il lui faut marquer – y compris par rapport à sa propre image – une nouvelle orientation non seulement vers l’Amérique profonde mais également la reconstruction d’un pays divisé, proche de la guerre civile et doutant de ses fondamentaux.
En ne choisissant pas Shapiro le gouverneur de la Pennsylvanie (qui a néanmoins tout de suite apporté son soutien et sera présent au premier meeting), Harris écarte le candidat juif aussi engagé derrière Netanyahou qu’a pu l’être Biden et qui s’est attiré la colère et le refus de vote d’une partie de la jeunesse et même des juifs progressistes, pire encore dans un état comme le Michigan des élus démocrates. Nul doute que Trump renforcera ses attaques accusant le mari de Harris qui est juif d’être “un mauvais juif’ comme elle est une femme faussement noire en fait asiatique mais il est vraisemblable qu’ils vont axer l’essentiel de leur critique contre “le gauchisme” et le caractère “dépensier” des démocrates qui est la grande préoccupation de la “classe moyenne” des USA, celle qui travaille et qui voit ses revenus fondre.
Le mandat de Walz a été marqué par des réalisations politiques qui séduisent les progressistes et les électeurs de la classe ouvrière, notamment le droit codifié à l’avortement, l’élargissement des congés familiaux et médicaux payés, la légalisation de l’usage récréatif de la marijuana et les déjeuners scolaires gratuits universels (Les critiques conservateurs, quant à eux, affirment que ce bilan législatif serait un handicap pour Walz auprès des électeurs modérés). Mais peut-être s’agissait-il de tirer parti du choix de Trump de prendre un colistier plus dur encore que lui en tablant sur des transactions pour les attirer comme cela se fait aux USA en leur garantissant des postes… Ce qui fait qu’à la fin on a toute chance d’hériter des mêmes quel que soit le ticket choisi.
Danielle Bleitrach
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Xuan
On n’attire pas les mouches avec du vinaigre.
Il me semble que la politique des USA dépend surtout d’un
” problème à trois corps”, la guerre au Moyen Orient, la guerre en Ukraine et la crise.
Cette dernière repose finalement sur la polarisation des revenus et des contradictions de classes qu’aucun politicien au pouvoir ne va résoudre.