https://kprf.ru/history/party/227358.html
Une date historique. À l’occasion du 40e anniversaire de l’élection de K.U. Tchernenko au poste de secrétaire général du Comité central du PCUS, les communistes russes reviennent sur la manière dont a été fabriquée l’image de “l’effondrement” de l’URSS : si les premiers dirigeants comme Lénine et Saline sont dans cette imagerie des “dictateurs”, d’autres à partir de Khrouchtchev et de ce qui a été une manière aussi de résister aux éléments délétères introduits par le dit Khrouchtchev (la technocratie se substituant à la démocratie du parti, l’irréalisme qui en a résulté entre autres et “la coexistence pacifique” au sommet) ont été dépeints comme une impuissance, une “gérontocratie” qui aurait nécessité la refonte de Gorbatchev. Le KPRF reprend la description de deux dirigeants. Nous publions, grâce à la traduction de Marianne Dunlop ce portrait de Tchernenko qui a été souvent présenté comme l’illustration de ce pouvoir de vieillards. Demain nous publierons celui d’Andropov. (note de danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
Au cours des trente dernières années, le discrédit jeté sur le socialisme soviétique est devenu un phénomène omniprésent. Certains représentants des milieux scientifiques et politiques, campés sur des positions anticommunistes, ne cessent de déployer des efforts pour former dans la société l’idée que l’ère soviétique était une époque épouvantable, que notre pays avait subi des pertes colossales durant cette période. Les clichés sur « l’expérience sanglante et insensée », qui aurait conduit le pays dans une impasse, et sur « la pose d’une mine à retardement sous l’unité de la Russie historique » sont constamment répétés. Comme si toute l’histoire de notre patrie avait commencé à l’époque de la perestroïka !
https://gensek.ru/publications/books_about/538.html
Dans de nombreuses publications, cela va jusqu’à compromettre directement l’image des dirigeants de l’État et du parti soviétiques. Si V.I. Lénine et I.V. Staline, ainsi que leurs collaborateurs, sont qualifiés de « dictateurs cruels » et de « bourreaux », ceux qui ont dirigé l’URSS au cours des dernières décennies du pouvoir soviétique sont généralement présentés comme détachés de la vie réelle. On tente encore de leur faire porter la responsabilité de la désintégration de notre patrie en 1991. À l’appui de cette version, ils avancent la thèse selon laquelle les personnes qui occupaient des postes de direction au sein du PCUS et de l’État soviétique pendant la période précédant Gorbatchev, de part leur tendance dogmatique, refusaient catégoriquement de procéder aux transformations nécessaires pour donner un élan au développement de notre pays. De l’avis d’un certain nombre de publicistes, cela s’est traduit par une aggravation des difficultés, ce qui a finalement conduit l’URSS à la ruine.
Ces jugements sont partiaux et même ouvertement tendancieux. Ceux qui les reproduisent ferment les yeux sur les véritables réalisations de notre peuple, dont il a fait preuve pendant toutes les décennies de l’ère soviétique, et insultent profondément les personnalités honorées qui ont consacré leur vie consciente à la défense de notre patrie, à son aménagement et à son développement. En effet, de nombreux dirigeants du Parti ont traversé la Grande Guerre patriotique, ont pris une part importante à la mise en œuvre de projets de développement à grande échelle, dont la réalisation a permis à l’Union soviétique d’entrer dans la catégorie des puissances avancées du monde. Néanmoins, des universitaires, des publicistes et des hommes politiques partiaux ne cessent de salir les dirigeants du parti et de l’État de l’Union soviétique en les dépeignant comme totalement incompétents.
Par exemple, depuis le début de la perestroïka, les efforts de propagande d’un groupe politique intéressé ont constamment donné des évaluations ouvertement biaisées de Konstantin Oustinovitch Tchernenko, qui a été secrétaire général du comité central du PCUS de 1984 à 1985. Il n’est pas surprenant que de nombreux compatriotes soient guidés par une vision très déformée d’un personnage historique aussi important, croyant que pendant la période où il a occupé une position politique de premier plan, il n’a pas réellement gouverné le pays en raison d’une maladie grave constante. En fait, les véritables intentions de Konstantin Oustinovitch de s’atteler à la mise en œuvre de mesures susceptibles de dynamiser le développement de l’URSS, ses plans d’action en matière de politique intérieure et étrangère n’ont jamais été évoqués ni verbalement ni par écrit.
Il est évident que depuis la seconde moitié des années 1980, le public a été délibérément exposé à des idées déformées sur des dirigeants soviétiques tels que Tchernenko. En dépeignant tous les représentants clés du PCUS de la période précédant la Perestroïka comme des personnages « faibles » et « indifférents aux intérêts du pays », les anticommunistes cherchent à atteindre les objectifs suivants : Premièrement, justifier la purge à grande échelle des structures administratives et économiques, des forces armées et des forces de l’ordre, des organisations scientifiques et culturelles, qui a eu lieu pendant la période Gorbatchev-Eltsine, et qui s’est traduite par l’élimination des personnes qualifiées et animées d’un esprit patriotique. Deuxièmement, en diffusant des idées ouvertement tendancieuses sur les dirigeants soviétiques qui ont précédé les auteurs de la perestroïka, les libéraux tentent en fait de faire croire à l’absence d’une alternative à la voie suivie depuis 1985, qui a eu des conséquences destructrices pour notre pays. Cependant, une analyse objective des processus qui se sont déroulés en URSS avant le début de la perestroïka, une étude complète du parcours des dirigeants du parti et de l’État de l’ère pré-Gorbatchev nous permettent d’arriver à des conclusions qui réfutent complètement les perceptions qui ont été semées dans tout le pays au cours des décennies de la période post-soviétique.
Cet article donne un aperçu détaillé du parcours de Konstantin Oustinovich Tchernenko. Nous parlerons notamment de ses préférences dans les différents domaines de la vie. Dans le même temps, nous prévoyons de mettre en lumière les activités de Konstantin Oustinovich aux postes de direction du parti et de l’État, afin d’attirer l’attention sur les particularités de ses approches en matière de résolution de problèmes clés. En particulier, nous estimons qu’il convient de présenter des informations complètes et fiables sur les activités de Konstantin Oustinovich Tchernenko en tant que secrétaire général du comité central du PCUS. Les dirigeants soviétiques ont-ils envisagé des options pour accélérer le développement de l’URSS, pour poursuivre le développement des relations socialistes ? Le parti communiste et l’appareil d’État soviétique ont-ils développé des alternatives à la perestroïka et aux réformes du marché ? Quelle voie Konstantin Tchernenko entendait-il emprunter pour conduire notre pays ? Quels moyens de résoudre les problèmes existant au milieu des années 80 lui paraissaient les plus efficaces ? Y avait-il des chances qu’elles soient mises en œuvre avec succès ? Les réponses à ces questions se trouvent dans le matériel de recherche qui vous est présenté. Mais tout d’abord, nous allons illustrer les principales étapes de la biographie de K.U. Tchernenko.
Les premières années
Une personne est toujours façonnée par son environnement. Les conditions dans lesquelles une personne donnée a grandi, a été élevée, est entrée dans le cycle de vie, a travaillé, affectent en fin de compte sa formation en tant que personne, contribuent à la formation de son caractère, de ses attitudes, de son système de valeurs. Ainsi, la familiarisation avec les principales étapes de la biographie de K.U.Tchernenko nous permet d’affirmer que, dès le début, il a dû vivre dans des conditions loin d’être simples, être constamment engagé dans un travail important pour la société, prendre des décisions équilibrées dans des conditions loin de la serre chaude, dont la vie du peuple et du pays dépendait en grande partie. Tout cela a finalement fait de Konstantin Oustinovich un organisateur talentueux, un penseur prévoyant et stratégique.
Konstantin Chernenko est né le 24 septembre 1911 dans le village de Bolshaya Tes’, district de Minusinsk, province de Yenisei (aujourd’hui district de Novosiolovski, région de Krasnoïarsk), au sein d’une famille de paysans. Son père, Oustin Demidovitch Tchernenko, possédait un petit lopin de terre cultivé à l’aide d’un cheval et d’une seule charrue. Ce n’est pas tous les ans qu’ils pouvaient utiliser pleinement le fruit de leur travail – ce n’est que lors d’une bonne récolte qu’il était possible de vendre une partie du blé. La nécessité de subvenir aux besoins de cinq enfants et d’acheter l’équipement nécessaire à la ferme l’obligea non seulement à travailler dans les champs, mais aussi à travailler à temps partiel comme batelier sur le Yenisei. Néanmoins, malgré les difficultés de la vie, dans la famille Tchernenko régnait une atmosphère amicale et bienveillante. La mère de Konstantin Oustinovich, Kharitina Dmitrievna, qui se caractérisait par son infatigabilité et son efficacité, contribua énormément à l’entretien des enfants. Dès l’âge de dix ans, Konstantin aidait activement son père dans les travaux des champs. Avec ses camarades, il fréquentait l’école primaire du village.
Les événements de 1914-1921, liés aux conséquences de la Première Guerre mondiale, aux interventions étrangères et à la guerre civile, ont en fait accéléré le passage à l’âge adulte de Konstantin Tchernenko. Dans une situation de famine, de dévastation et de propagation massive d’épidémies, après la mort de sa mère et la désintégration de la famille qui s’en est suivie, il a dû commencer tôt sa vie de travailleur. Tout en étant employé par les koulaks, il continue néanmoins à fréquenter l’école. En raison de la nécessité de gagner sa vie, il doit souvent se concentrer davantage sur son travail et n’étudie que par bribes. Mais même dans ces conditions, Konstantin parvient à rattraper son retard, à assimiler les connaissances et à surprendre ses professeurs par sa mémoire et son intelligence.
Par la suite, Tchernenko a été affecté par le Comité des pauvres à l’école de jeunesse paysanne de Novosiolovskaya, créée, comme dans toutes les régions rurales du pays soviétique, sur la base de l’école du premier cycle. Le pouvoir soviétique a délibérément prêté attention au développement de l’éducation publique, offrant aux natifs des familles d’ouvriers et de paysans la possibilité de maîtriser pleinement un large éventail de connaissances et de réaliser leurs capacités en général. Des centaines de milliers de jeunes, obsédés par le désir de maîtriser le savoir, rêvant de participer à la construction d’une nouvelle société juste, ont accepté avec enthousiasme l’engagement de Lénine de se consacrer à l’éducation. Pour donner aux enfants et aux jeunes soviétiques la possibilité de dire adieu à l’analphabétisme et de se développer intellectuellement, des écoles d’usine et des semiletkas [école de sept ans, NdT] d’usine ont été ouvertes dans les villes, et des écoles pour la jeunesse paysanne (SHKM) ont été créées dans les campagnes. L’accent était mis sur la formation des étudiants pour qu’ils deviennent des agriculteurs cultivés et des personnes socialement actives (y compris des cadres du Komsomol). Après l’obtention de leur diplôme, les diplômés étaient assimilés à ceux qui avaient terminé l’école secondaire et avaient la possibilité de poursuivre leurs études dans d’autres établissements d’enseignement.
Les personnes issues de familles ouvrières et paysannes ont compris que c’était la politique de transformation socialiste menée par les autorités soviétiques qui leur donnait la possibilité de recevoir une éducation complète, de trouver une place digne dans la vie et de s’épanouir librement. Car ce sont les efforts des bolcheviks qui ont permis de libérer le peuple du joug de la pauvreté, de l’analphabétisme et de la privation de droits. C’est ainsi que les jeunes ouvriers et paysans se sont efforcés de lier leur vie au Komsomol et, à l’avenir, au parti communiste. Konstantin choisit la même voie et rejoint le Komsomol en 1926.
Au sein du Komsomol, Konstantin Tchernenko s’engage dans un travail politique et culturel de masse. La rédaction de notes brillantes pour le journal de l’école, la conception de « feuilles de combat », la participation aux travaux d’un certain nombre de cercles, le groupe d’agitation « Blouse bleue », la formation d’une équipe de pionniers dans la banlieue de Novosiolovskaya, qui a participé à la construction de clubs de quartier, à l’initiation des jeunes aux sports – dans tout cela, Konstantin Ustinovich réussit brillamment. Ce n’est pas un hasard s’il est bientôt nommé président du bureau des jeunes pionniers du comité komsomol du district de Novosiolovski. En 1929, après avoir obtenu son diplôme, Konstantin est nommé chef du département d’agitation et de propagande du comité komsomol du district de Novosiolovski.
Tchernenko a dû diriger la section responsable du travail du Komsomol à un moment crucial pour notre patrie. Au tournant des années 1920-1930, les processus battaient leur plein dans tout le pays, ouvrant la voie à la conquête des sommets du progrès – industrialisation, collectivisation, révolution culturelle. À cette époque, Konstantin Tchernenko déploie de nombreux efforts pour améliorer le niveau d’alphabétisation des jeunes du district de Novosiolovski. Selon V.V. Pribytkov, Konstantin Oustinovitch s’occupait pratiquement tout le temps non pas de politique « en chambre », mais de travaux pratiques, mettant l’accent sur l’organisation d’événements culturels et de masse : « Konstantin restait rarement au comité de district, il voyageait beaucoup dans le district, et encore plus à pied. Il avait beaucoup de travail et d’énergie à dépenser : il créait de nouvelles cellules du Komsomol, prenait la parole lors des réunions du Komsomol et des assemblées de village, aidait à organiser des spectacles d’amateurs, à équiper les cabanes de lecture ».
Nous pensons qu’il est nécessaire de mentionner V.V. Pribytkov, dont nous évoquerons les mémoires à plusieurs reprises dans ce document. Pendant le régime soviétique, il a franchi les étapes de la direction du parti, ayant travaillé comme chef adjoint du département de la jeunesse active du comité central du Komsomol, au sein du personnel du comité central du PCUS en tant qu’instructeur, chef adjoint du secteur, secrétaire adjoint du comité central du PCUS. En 1984-1985, il travaille comme assistant du secrétaire général du comité central du PCUS. Il a continué à se consacrer à l’activité de l’État même après la retraite de Tchernenko. Ainsi, pendant les années de la perestroïka, il a travaillé en tant que chef adjoint de la direction principale de la protection des secrets d’État dans la presse sous le Conseil des ministres de l’URSS, à la chambre de contrôle de l’URSS, à la commission du contrôle et du budget sous le Soviet suprême de l’URSS et à la chambre des comptes de la Fédération de Russie.
Ayant travaillé aux côtés de Konstantin Tchernenko de 1984 à 1985, Viktor Pribytkov n’était pas seulement au courant des plans et des intentions politiques du chef du parti et de l’État soviétiques. En contact régulier avec lui, V. Pribytkov a eu l’occasion de connaître tous les détails des différentes étapes de la vie de Konstantin Oustinovich. À cet égard, les informations qu’il apporte méritent une attention particulière.
Néanmoins, K.U.Tchernenko ne pensait pas s’arrêter en si bon chemin. Liant sa vie au Parti communiste, ayant l’intention de consacrer le plus d’efforts possible à la construction du socialisme, au renforcement de l’état des ouvriers et des paysans, il a réalisé la nécessité de poursuivre son développement intellectuel. Les connaissances (essentiellement politiques) qu’il avait acquises à l’époque qui nous intéresse étaient insuffisantes pour un véritable bolchevik. Dans ces circonstances, Konstantin Oustinovitch, avec le soutien de ses principaux camarades communistes, commence à s’auto-éduquer. Il accorde une attention accrue à l’étude des œuvres de Lénine, à l’histoire de l’organisation régionale du parti et à ses traditions révolutionnaires. La connaissance de ces documents a influencé la formation des opinions idéologiques de Konstantin Tchernenko et l’a amené à décider de consacrer sa vie à la cause du parti communiste, de diriger sa propre énergie créatrice vers la construction et le renforcement du socialisme, l’État des travailleurs. Ainsi, dès le début de l’année 1930, il a été accepté comme candidat à l’adhésion au Parti communiste bolchevique de toute l’Union (b).
Au cours des premières décennies du pouvoir soviétique, la question n’était pas seulement celle du développement de notre pays, mais aussi celle de sa survie. La perspective d’une invasion de l’Union soviétique par des États impérialistes, la recrudescence des activités subversives de leurs complices (contre-révolutionnaires ouverts ou latents) – tout cela menaçait de destruction notre patrie, avec pour conséquence l’élimination des conquêtes de la Grande Révolution d’Octobre. Le peuple soviétique, qui refusait catégoriquement que cela se produise, était obsédé par le désir de se joindre à la lutte contre les ennemis du pays des Soviets. Ce n’est pas sans raison que dans les années 1930, parmi les communistes, les membres du Komsomol et tous les non-membres du parti dévoués à notre patrie, le service dans les rangs de l’Armée rouge des ouvriers et des paysans était considéré comme un devoir sacré. Ainsi, K.U.Tchernenko, en 1930, a fait partie de ceux qui ont immédiatement répondu à l’appel du Comité central du Komsomol et se sont portés volontaires dans les troupes frontalières. Avec l’intensification des incursions provocatrices des États hostiles à l’URSS dans les régions frontalières de notre pays (ainsi qu’avec l’escalade des activités terroristes et de sabotage dans ces territoires, soutenues par des groupes antisoviétiques internes soutenus par l’ennemi extérieur), l’importance de la défense des frontières de l’État soviétique s’était accrue.
Tchernenko est d’abord affecté au détachement frontalier de Jarkent à Semirechye, situé à la frontière du Kazakhstan avec la Chine. Après avoir été formé dans un escadron d’entraînement, il a commencé à servir comme cavalier au poste frontière de Khorgos, où des affrontements armés avec des contrevenants à la frontière avaient lieu tous les jours. Konstantin Oustinovitch a fait preuve de bravoure à plusieurs reprises lors d’affrontements avec des bandes armées de Basmatchis. Il a réussi à maîtriser différents types d’armes (tir au fusil, à la mitrailleuse manuelle, lancer de grenades). Konstantin Tchernenko est devenu un bon cavalier, et il a toujours été le chef du groupe qui se déplaçait pour protéger la frontière de l’État. Tout en servant dans l’Armée rouge, Konstantin Oustinovitch devient un dirigeant du Komsomol. En 1931, son expérience de candidat du parti s’achève. Cette année-là, au poste frontière, K.U. Tchernenko est admis dans les rangs du Parti communiste de l’Union (bolcheviks).
Pendant son service, K.U. Tchernenko ne s’occupe pas seulement des affaires militaires. Il fait régulièrement des discours dans les clubs et s’adresse à la population locale sur des sujets politiques et consacre son temps libre à l’auto-éducation. Ses aspirations sont très appréciées par les communistes de l’avant-poste frontalier. Konstantin Ustinovich finit par être élu secrétaire de l’organisation du parti.
Travail pour le Parti dans le territoire de Krasnoïarsk
Après sa démobilisation en 1933, Tchernenko retourne dans sa ‘petite patrie’ et se met à la disposition de l’organisation régionale du parti. Pendant les dix années suivantes, il travaille pour le parti dans le kraï de Krasnoïarsk. Pendant cette période, Konstantin Oustinovitch occupe les postes de chef du département de propagande et d’agitation des comités de district de Novosiolovski et d’Ouïarski du parti communiste bolchevique de toute l’Union soviétique (b), de directeur de la maison régionale de formation du parti de Krasnoïarsk, de chef adjoint du département de propagande et d’agitation, de secrétaire du comité régional du parti de Krasnoïarsk. Comme avant son service dans l’Armée rouge, il passe le plus clair de son temps à travailler directement avec la population. Comme l’écrit V.V. Pribytkov, Konstantin Tchernenko « disparaissait toute la journée dans les champs, les ateliers, les écoles, les clubs, les huttes et les salles de lecture ». Il a dû constater « combien il est difficile de comprendre les motivations du comportement des gens, d’entrer dans leurs préoccupations, de défendre leurs besoins et leurs intérêts ».
Les résidents locaux ont beaucoup apprécié l’activité de Tchernenko dans le Kraï de Krasnoïarsk. Dans ses mémoires, V.V. Pribytkov donne des exemples de la façon dont les vétérans de Novosiolovsk, avec lesquels il a pu s’entretenir, ont parlé en bien de Konstantin Oustinovitch. L’auteur des mémoires se réfère également à des documents d’époque dont le contenu va dans le même sens. Par exemple, un fragment des mémoires du communiste N.M. Pitertsev est remarquable : « En tant que membre du bureau du comité du parti du district, Konstantin Oustinovich se rendait souvent auprès des travailleurs des champs, qui luttaient durement pour la récolte de ces années-là. Je me souviens que, lors de la campagne de récolte de 1936, le camarade Tchernenko s’est rendu de sa propre initiative dans l’une des fermes les plus arriérées du district et a réussi à y implanter le travail de l’organisation du parti, de sorte que la ferme collective et la récolte ont terminé en tête du district et ont dépassé le plan de livraison de céréales à l’État ». L’aspiration de Konstantin Tchernenko à pénétrer les besoins et les aspirations des gens ordinaires a également été appréciée. Le mécanicien de la ferme d’État « Legostaevsky », S.S. Tsiglimov, se souvient à ce sujet : « J’ai eu la chance de rencontrer Konstantin Oustinovich à deux reprises. C’est un homme extraordinaire. Le céréalier que je suis est stupéfait par sa simplicité, sa grande connaissance de la vie et la façon dont il est proche et compréhensible pour un simple travailleur ».
Ce sont ces dirigeants qui jouissent toujours de l’autorité du peuple, qui peuvent lui inspirer confiance et qui, par conséquent, peuvent mener à bien des tâches essentielles avec le soutien de la population. Dans les années 1930 et 1940, la prédominance de ce type de personnes à la tête du parti et de l’État a rendu un grand service au pays.
Dès le début de la Grande Guerre patriotique, des millions de personnes, sans distinction d’âge, de statut social ou d’activité professionnelle, sont partis volontairement au front pour lutter contre les envahisseurs nazis et défendre l’unité et l’indépendance de l’URSS. Parmi elles se trouvaient de nombreux responsables du parti et des travailleurs du Komsomol de différents niveaux. Par exemple, Konstantin Tchernenko ne faisait pas exception. L’inquiétude de Konstantin Ustinovich à l’égard de l’avenir de notre patrie et de notre peuple ne lui permettait pas de rester à l’écart de ce qui se passait. Toutes les conditions étaient réunies afin qu’il se porte volontaire pour le front. Il avait eu l’occasion, pendant ses années de service, de maîtriser les techniques de l’art militaire (en particulier de la cavalerie), et avait acquis une expérience du travail politique avec le personnel des combattants de l’Armée rouge. Il présenta tous ces arguments dans une déclaration au bureau du comité régional de Krasnoïarsk du parti communiste de l’Union des bolcheviks (b).
On ne peut que se féliciter de l’élan patriotique du peuple soviétique, y compris des cadres dirigeants du Parti communiste et du Komsomol. Cependant, pour vaincre l’ennemi, il est important de disposer non seulement d’un front fort, mais aussi d’un arrière stable. Deuxièmement, l’expérience de ceux qui, dans un moment difficile, ont pu élever l’esprit du peuple, inspirer non seulement les combattants de l’Armée rouge, mais aussi les travailleurs du front intérieur, dont les efforts ont permis d’assurer le fonctionnement ininterrompu des sphères clés de la vie, créant les conditions d’une contre-action réussie face aux agresseurs hitlériens, a été très précieuse. Tchernenko, sans aucun doute, faisait partie de ces leaders. À cet égard, le bureau du comité régional du parti de Krasnoïarsk a pris la décision suivante : « Votre ligne de front est ici. À Krasnoïarsk, c’est aussi le front. Et d’une manière générale, il n’y a pas d’arrière dans le pays. Toute la nation et tout le parti sont en guerre ».
Les premiers mois de la Grande Guerre Patriotique ont vu l’évacuation massive des entreprises industrielles des zones menacées d’occupation vers les territoires orientaux de l’URSS, et l’installation de leurs activités dans de nouveaux lieux. La région de Krasnoïarsk n’est pas restée à l’écart de ces processus, dont le parti et l’appareil soviétique ont dû résoudre (surtout au début de la guerre) les problèmes liés à l’installation de grandes usines de défense, au placement des personnes dans des appartements, ainsi qu’à la construction de cantines, de boulangeries, de bains, de baraquements. Il fallait tout faire pour que toutes les personnes reçoivent les rations alimentaires nécessaires avec des tickets, pour le fonctionnement des hôpitaux, des écoles, des jardins d’enfants. À l’approche de l’hiver, dans un contexte de pénurie d’appartements et de baraquements, de nombreux efforts ont été déployés pour creuser d’urgence des abris en rondins. Leur construction a nécessité la fabrication de milliers de poêles et l’approvisionnement des abris et des baraquements en charbon et en bois.
La solution de toutes ces tâches reposait essentiellement sur les épaules des communistes. Dans la perspective de la victoire sur le nazisme, ils travaillaient jour et nuit, privés de sommeil, mal nourris, gelés par un temps glacial sur les chantiers de construction. Il était important non seulement de fournir un logement et de la nourriture à des personnes écrasées par les difficultés de la guerre, mais aussi de leur apporter un soutien moral, en les encourageant à faire preuve de créativité pour le bien de la patrie. Tchernenko, qui avait une connaissance directe de la vie du peuple et n’était jamais indifférent à l’homme de la rue, était à la hauteur de la tâche. Il était pratiquement toujours absent de son bureau au Comité de Région et, du matin au soir, présent dans les entreprises de production, dans les champs, dans les casernes et dans les foyers de travailleurs. Bien que dans les premiers mois de la guerre, la situation soit parfois critique (notamment lorsque les Allemands s’approchent de Moscou), Konstantin Tchernenko trouve toujours un mot pour donner confiance à la population dans la victoire de l’URSS. À cette époque, la propagande du parti dispose en effet d’un pouvoir énorme. Selon V.V.Pribytkov, « les gens croyaient les mots qui leur étaient adressés, car ils avaient été convaincus à maintes reprises au cours des années précédentes que les slogans du parti n’étaient pas en désaccord avec les actes ».
En 1942, le Comité régional de Krasnoïarsk du Parti communiste de l’Union des bolcheviks (b) commence à améliorer le travail d’agitation et de propagande, en adoptant les formes utilisées pendant la guerre civile et qui ont joué un rôle de mobilisation colossal. Il s’agit d’organiser des trains spéciaux d’agitation pour le front, qui comprennent un wagon d’agitation, un wagon club, un wagon pour les conférenciers et une équipe de concert. Le train d’agitation dispose également d’une bibliothèque et d’un système de sonorisation de cinéma. Des wagons contenant des cadeaux offerts par les habitants de Sibérie aux soldats de l’Armée rouge – des vêtements chauds et des colis alimentaires – étaient attachés aux trains. Tchernenko s’occupait de la formation et de l’organisation des trains d’agitation.
Pendant la Grande Guerre Patriotique, les trains d’agitation de Krasnoïarsk se sont rendus sept fois sur les fronts du Centre, de Kalinin et de Carélie (l’un de ces voyages fut dirigé par Konstantin Tchernenko). Les conférenciers et les artistes des trains d’agitation se produisaient plusieurs fois par jour devant les militaires. Les soldats de première ligne étaient toujours ravis de l’arrivée des trains d’agit-prop.
Le rétablissement de la République socialiste soviétique de Moldavie après guerre
Tout ce qui précède nous permet de qualifier Tchernenko de dirigeant responsable, capable de faire face à toute tâche complexe. Les autorités soviétiques appréciaient les organisateurs et les gestionnaires de talent et s’efforçaient autant que possible de promouvoir la diffusion de leur expérience créative dans tout le pays. Ce n’est pas un hasard si les secrétaires les plus réputés des organisations du parti dans les districts, les villes, les régions, les kraïs et les républiques, ainsi que les chefs des organisations de gestion aux niveaux supérieurs, étaient périodiquement transférés dans d’autres parties du pays et promus à des niveaux de service plus élevés. C’est pourquoi, en 1943, le comité central du parti communiste de l’Union des bolcheviks (b) a relevé Konstantin Tchernenko de ses fonctions de secrétaire du comité régional du parti de Krasnoïarsk et l’a envoyé étudier à l’école supérieure des organisateurs du parti du comité central. Il obtient son diplôme en 1945 et, après ses études, devient secrétaire du comité régional de Penza du Parti communiste de l’Union soviétique (b).
Néanmoins, la perspective de travailler pour le parti à un niveau plus large et plus important pousse Konstantin Oustinovitch à faire des études complètes. Sans elle, il aurait été difficile de mener à bien les nouvelles tâches que la vie lui proposait. C’est pourquoi, deux ans après sa nomination au poste de secrétaire du comité régional de Penza du parti communiste bolchevique de toute l’Union soviétique (b), K.U. Tchernenko commence à étudier par correspondance au département d’histoire de l’institut pédagogique de Penza. Mais il ne parvient pas à terminer ses études en raison de son transfert en RSS de Moldavie en 1948 au poste de chef du département de propagande et d’agitation du comité central du parti communiste de Moldavie. Là, il a pu mener à bien ses études à l’Institut pédagogique de Kishenev, recevant à la fin de ses études une spécialisation en tant que professeur d’histoire.
Engagé dans le travail responsable du parti en RSS de Moldavie, K.U. Tchernenko a fait beaucoup pour le rétablissement de la vie économique dans la république, pour son développement culturel. Au départ, l’économie de la Moldavie était plus faible que celle des autres républiques de l’Union soviétique. À bien des égards, cette circonstance a prolongé la période de restauration de l’économie nationale après la Grande Guerre patriotique. Il était inacceptable d’ignorer cet aspect de la question. D’autant plus qu’une partie du territoire de la Moldavie était constituée des districts qui avaient rejoint la république dans la période d’après-guerre. Il était donc inacceptable de laisser se développer des processus qui risquaient d’éloigner une partie de la région de l’Union soviétique.
La particularité de la situation économique de la RSS de Moldavie, sa spécificité nationale exigeaient des changements dans les méthodes de direction, l’implication de cadres qualifiés du parti et de l’État dans la gestion. Ce n’est pas par hasard que K.U. Chernenko a été envoyé dans la république en 1948 en tant que membre du groupe du comité central du parti communiste, formé des meilleurs travailleurs des organisations du parti du pays. Depuis lors, de nombreux efforts ont été déployés non seulement pour développer l’économie, mais aussi pour élever le niveau d’alphabétisation de la population, faire prospérer la culture locale et éduquer le peuple dans l’esprit communiste. La contribution de Konstantin Oustinovitch, qui a coordonné le travail d’agitation et de propagande, a été colossale.
Dans le cadre du travail de masse, une grande attention a été accordée à l’organisation de réunions avec différents groupes de la population de la république, au cours desquelles les tâches les plus importantes de la construction économique et culturelle étaient discutées. Les problèmes aigus étaient examinés lors des réunions de district et du parti républicain, ainsi que lors des congrès de paysans, d’enseignants, d’intellectuels, de femmes et de jeunes. L’accent a été mis sur l’étude des besoins de tous les groupes de population afin de les prendre en compte dans le processus de prise de décisions importantes au niveau de la république.
Dans le même temps, des dizaines de milliers de personnes (y compris l’intelligentsia, principalement des enseignants) ont réussi à s’impliquer dans le travail d’élimination de l’analphabétisme en RSS de Moldavie. Le Komsomol, dont de nombreux représentants étaient directement impliqués dans l’enseignement des bases de l’alphabétisation à la population locale, a apporté une aide précieuse dans la réalisation d’une tâche aussi importante. Ils ont également combiné ce travail avec des tâches de propagande. En conséquence, la direction du parti-État de la RSS de Moldavie a réussi à éliminer l’analphabétisme dans la république à la fin de 1950, avec le soutien du grand public.
Le département de propagande et d’agitation du comité central du parti communiste de Moldavie, dirigé par K.U. Tchernenko, s’est engagé dans l’organisation d’un système unifié d’éducation du parti, le considérant comme une condition préalable importante pour l’amélioration du travail idéologique dans la république. Un réseau d’écoles et de cercles politiques pour l’analyse des problèmes politiques d’actualité et l’étude du « Cours abrégé de l’histoire du Parti communiste de toute l’Union (b) » a été créé et s’est rapidement développé. Les œuvres des fondateurs de l’idéologie marxiste sont traduites en moldave. Rien qu’en 1950-1952, 25 ouvrages de Lénine ont été publiés en moldave, avec un tirage total de 315 000 exemplaires.
La grande confiance de la population dans le Parti et les dirigeants soviétiques a conditionné le succès du travail de propagande en RSS de Moldavie (et dans toute l’Union soviétique). K.U. Tchernenko, qui avait alors l’expérience de l’encouragement de la population par la parole, s’acquitta avec succès de la fonction qui lui avait été confiée. En outre, il avait une idée assez claire de ce qu’il fallait mettre en avant dans le cadre du travail de propagande. Ainsi, Konstantin Oustinovitch pensait à juste titre que les résultats pratiques de la construction économique devaient servir de base à la propagande. Ce sont les réalisations de la construction socialiste, les résultats concrets du développement économique qui constituent le critère principal de l’efficacité du travail idéologique. Il faut vraiment que les gens soient convaincus que les activités du Parti communiste et des autorités soviétiques portent réellement des fruits positifs, que les résultats des efforts de tout le pays ne sont en aucun cas vains pour inspirer les travailleurs à de nouveaux exploits.
Par la suite, la population de la RSS de Moldavie a longtemps associé l’amélioration des indicateurs de développement de la république à l’activité de K.U. Tchernenko. À cet égard, le discours adressé en 1979 par le premier secrétaire du conseil de l’Union des écrivains de la République, Pavel Botsu, à Konstantin Oustinovitch, en visite en Moldavie, est révélateur : « L’organisation du parti en Moldavie a parcouru un chemin glorieux, et nous voyons aujourd’hui que les bonnes graines semées dans ces années tendues de l’après-guerre, à cette époque pleine d’enthousiasme et d’audace, portent de merveilleux fruits. Lorsque vous travailliez ici, honoré Konstantin Oustinovitch, vous avez toujours prêté une grande attention à tout ce que vivait la république, vous avez donné beaucoup d’énergie et d’efforts pour jeter les bases des succès actuels de notre région. »
Au sein du Comité central du PCUS
En 1956, K.U. Tchernenko est transféré dans l’appareil du comité central du PCUS. Depuis le milieu des années 1950, toutes ses activités sont liées au travail du parti au niveau de l’ensemble des syndicats, d’abord en tant que chef du secteur du département de la propagande et membre du comité de rédaction du magazine « Agitator ».
En 1960, Konstantin Oustinovich a commencé à travailler au sein du personnel du Présidium du Soviet suprême de l’URSS en tant que chef du secrétariat du Présidium du Soviet suprême de l’URSS. Cinq ans plus tard, il devient chef du département général du comité central du PCUS. De 1966 à 1971, il est candidat au comité central du PCUS et, en mars 1971, lors du XXIVe congrès du parti, il est élu membre du comité central du PCUS. Cinq ans plus tard (en mars 1976), lors du plénum du comité central du PCUS tenu après le XXVe congrès du parti, il est élu secrétaire du comité central. En 1978, K.U.Tchernenko fait partie du Politburo du Comité central du PCUS.
Pendant la « période Brejnev », Konstantin Tchernenko est élu à plusieurs reprises député du Soviet suprême de l’URSS. Il est député aux 7e – 10e convocations du Soviet suprême de l’Union, à la 10e convocation du Soviet suprême de la RSFSR.
Aujourd’hui, l’idée s’est imposée que K.U. Tchernenko a réussi à accéder aux plus hautes sphères du pouvoir grâce à Leonid Brejnev. Qu’en est-il ? En effet, Konstantin Oustinovich a fait la connaissance de Leonid Brejnev en Moldavie en 1952, alors qu’il était premier secrétaire du comité central du parti communiste de la République. Ensemble, ils ont eu l’occasion d’accomplir une série de tâches importantes. L’activité de Konstantin Tchernenko, qui s’est acquitté avec succès des tâches qui lui ont été confiées, a fait une impression positive non seulement sur Leonid Brejnev, mais aussi sur les dirigeants du parti et de l’État. Ce n’est pas par hasard qu’ils ont décidé de faire appel à une personnalité bien établie au niveau du pays tout entier.
Le transfert de K.U. Tchernenko dans l’appareil du Comité central du PCUS, ainsi que sa nomination à un poste élevé dans l’appareil du Présidium du Soviet suprême de l’URSS, ont eu lieu avant que Leonid Brejnev ne remplace N.S. Khrouchtchev au poste le plus élevé du parti. C’est pourquoi, à notre avis, les déclarations selon lesquelles le « patronage » de Konstantin Tchernenko serait le principal facteur de sa promotion « au sommet » sont inexactes. Toutefois, son ascension dans l’échelle du parti s’est poursuivie sous Leonid Brejnev. Mais, comme indiqué plus haut, Konstantin Oustinovitch était connu comme un dirigeant compétent, capable d’améliorer la vie dans une localité, dans une région, dans une république – même dans des conditions qui n’étaient pas des plus favorables. Il l’a prouvé à maintes reprises par ses actions. L.I. Brejnev, conscient de cela et ayant une connaissance directe du travail énergique de K.U. Tchernenko en RSS de Moldavie, a cherché à utiliser ses compétences dans son travail pour le bien de l’Union soviétique. Ce serait faire preuve d’un manque de perspicacité extrême que d’écarter des dirigeants qualifiés capables de contribuer au développement du pays des Soviets. Les actions de K.U. Tchernenko, qui a occupé des postes de responsabilité au sein du Comité central du PCUS, n’ont fait que le confirmer.
Il convient de noter que dans la seconde moitié des années 1960 et 1970, Konstantin Tchernenko a beaucoup fait pour renforcer les liens entre la direction du parti et les communistes de base, avec le peuple, pour surmonter l’obliquité de l’appareil administratif. Tout d’abord, il s’est attaché à modifier en profondeur le traitement des demandes et des lettres des citoyens de l’URSS, à améliorer qualitativement l’organisation de l’accueil dans les structures du parti et dans les organes soviétiques de la population sur des questions personnelles. Désormais, chaque personne pouvait être sûre que son appel aux autorités du Parti et de l’État à tous les niveaux recevrait une réponse. Et s’il fallait plus de temps pour examiner les demandes consignées dans les appels, il était obligatoire de donner aux demandeurs une réponse sur ce qui avait été fait pour les appels qu’ils avaient envoyés et sur ce qu’il était prévu de faire à court terme.
K.U. Tchernenko a également cherché à étendre la pratique qu’il avait introduite au niveau des organisations régionales et locales du parti. Selon V.V. Pribytkov, il « connaissait de première main […] la nature du travail sur le terrain et avait donc une bonne idée de la différence entre ce qui se passait depuis les fenêtres du Comité central et la vie réelle au niveau de la base du Parti ». C’est pourquoi Konstantin Oustinovitch s’est efforcé de « prendre le pouls des organisations régionales, municipales et locales du parti ».
Il est également impossible de passer sous silence les résultats des activités du secrétaire général du comité central du PCUS, Leonid Brejnev, et de ses collaborateurs, parmi lesquels figurait sans aucun doute K.U. Tchernenko. Bien que les détracteurs du socialisme soviétique aient essayé, au cours des trente dernières années, de présenter la période Brejnev comme une période de « stagnation », au cours de laquelle le pays semblait ramper dans le marécage de la stagnation et perdre du terrain, cette interprétation n’a rien à voir avec l’histoire réelle. Tout d’abord, au début des années 1970, l’URSS avait atteint la parité nucléaire avec les États-Unis. Cela a créé une garantie fiable pour la sécurité et l’indépendance de notre pays. À cette époque, l’Union soviétique était considérée à juste titre comme un garant de la paix et de la sécurité dans le monde, jouissant d’une influence dans les affaires internationales, soutenant les forces progressistes dans différentes parties du monde, luttant pour la justice sociale et l’indépendance nationale des pays et des peuples. Dans le même temps, des mesures réelles ont été prises en faveur de la détente afin d’empêcher le monde de sombrer dans une catastrophe nucléaire.
D’ailleurs, Konstantin Tchernenko n’a pas joué le moindre rôle dans tout cela. Par exemple, en 1975, il était membre de la délégation soviétique à la Conférence internationale sur la sécurité et la coopération en Europe qui s’est tenue à Helsinki et qui a abouti à la signature d’accords. Le document fixe l’inviolabilité des frontières européennes et n’autorise pas le recours à la force, ni l’ingérence dans les affaires intérieures des États. Il s’agit sans aucun doute d’un pas important vers le renforcement de la paix et de la sécurité des peuples et de la souveraineté de l’URSS. En outre, il a participé aux négociations de Vienne de 1979 sur le désarmement.
Deuxièmement, lorsqu’on caractérise la situation interne de l’URSS dans les années 1970 et au début des années 1980, il est incorrect de tout réduire aux problèmes qui se sont produits à cette époque. Le fait est que les anticommunistes, qui ne veulent pas se plonger dans les contradictions inhérentes à toute époque historique, dépeignent la situation de notre pays pendant la période Brejnev de manière unilatérale. Il ne s’agit pas du tout de l’idéaliser. La présence de certaines difficultés et de problèmes non résolus a été reconnue par les dirigeants du PCUS et de l’Union soviétique. Par exemple, en 1983, dans l’article de Y.V. Andropov « Les enseignements de Karl Marx et certaines questions relatives à la construction du socialisme en URSS » publié dans le magazine « Le Communiste », l’attention était portée sur les méthodes efficaces pour résoudre les problèmes. Mais parallèlement à ces méthodes, notre pays continuait à l’époque à faire preuve de grandes réalisations économiques.
Il convient de rappeler que c’est sous Leonid Brejnev qu’ont été mis en œuvre des projets d’envergure nationale tels que la construction de la ligne principale Baïkal-Amour et le développement du complexe énergétique et pétrolier en Sibérie et dans d’autres régions de l’URSS. Les gisements de pétrole suivants ont été découverts au cours de la période considérée : Mamontovskoye (1965), Samotlor (1965), Lyantorskoye (1965), Fedorovskoye (1971), Priobskoye (1982). Parallèlement, il convient de mentionner la découverte, pendant la période Brejnev, de gisements de gaz tels que le gisement de pétrole et de condensats de gaz de Gubkinskoye (1965), le gisement de pétrole et de condensats de gaz de Zapolyarnoye (1965), le gisement de condensats de gaz d’Orenbourg (1966), le gisement de gaz d’Urengoy (1966), le gisement de gaz de Nakhodkinskoye (1974), le gisement de condensats de gaz d’Astrakhan (1976), le gisement de gaz de Shtokman (1981), et ainsi de suite. La mise en œuvre de ces activités a nécessité la construction de nouvelles villes à proximité des nouveaux gisements, la construction d’infrastructures de transport, d’infrastructures sociales, de logements et d’autres infrastructures.
Ainsi, sous Leonid Brejnev, un riche potentiel économique a été formé, qui a été utilisé jusqu’à ce jour. Sa présence a permis de sauver la Russie de l’effondrement total et définitif dans les années 1990, et a rendu possible son existence dans les conditions de l’actuelle guerre de sanctions menée par l’Occident collectif. Cela nous permet d’affirmer sans équivoque l’importance de la politique créative menée par la direction du parti et de l’État de Brejnev, dont faisait partie K.U. Tchernenko.
Au poste de secrétaire général du comité central du PCUS
Après avoir analysé le parcours de K.U. Tchernenko, après avoir examiné de près ses méthodes de gestion, nous pouvons le caractériser comme un dirigeant véritablement populaire, dont les motivations n’étaient pas guidées par l’ambition, mais par le désir de bénéficier à sa patrie, d’améliorer la vie du peuple soviétique. Konstantin Oustinovich, qui n’a jamais perdu le contact avec le peuple, avait une compréhension claire des réalisations du pays, de ses problèmes et des tâches qui n’avaient pas encore été entièrement résolues. Et au début des années 1980, en effet, à côté des changements positifs, des tendances défavorables se développaient également. Celles-ci se traduisaient par une introduction trop lente des acquis de la révolution scientifique et technique dans l’économie nationale, par une certaine baisse de la productivité du travail, par la croissance du secteur parallèle de l’économie et par la corruption au sein de l’appareil administratif. Tout cela a parfois affecté le rythme de mise en œuvre des programmes publics de développement des infrastructures, la situation dans le domaine du commerce et des services, etc.
Dans ces conditions, la nécessité de rendre le système socialiste plus souple et plus dynamique, de prendre des mesures décisives pour lutter contre la corruption, les « gens de l’ombre » et les revenus du travail a été de plus en plus reconnue. Le Parti communiste et les autorités soviétiques ont commencé à accorder une attention accrue à tout cela dès le début des années 1980. Le renforcement de la discipline administrative, la lutte contre la spéculation, la corruption, la dissimulation de marchandises dans le réseau commercial, un certain accroissement de l’indépendance des entreprises, l’élargissement des droits des collectifs de travail, toutes ces mesures ont commencé à donner certains résultats encourageants dans la sphère socio-économique. Après son élection au poste de secrétaire général du comité central du PCUS en 1984, K.U. Tchernenko a effectivement déclaré son intention de poursuivre la politique entamée par ses prédécesseurs pour moderniser le socialisme, nettoyer le pays de la corruption, de la bureaucratie et de l’économie souterraine. Ainsi, lors d’une réunion avec les électeurs de la circonscription électorale de Kouïbychev à Moscou, le 2 mars 1984, il a déclaré que sous la direction de Youri V. Andropov, « le Comité central du Parti, le Politburo du Comité central a jeté les bases d’importants changements positifs dans la vie du pays ». Konstantin Oustinovitch a également qualifié les lignes directrices sur les orientations fondamentales du développement du pays élaborées en 1982-1984 et les réalisations de cette période de « capital politique important » qu’il convient de « chérir et de multiplier ».
Nous estimons nécessaire ici d’attirer l’attention sur la différence fondamentale entre l’approche de K.U. Tchernenko et celle d’un certain nombre de dirigeants ouvertement ambitieux et aventureux. Beaucoup d’entre eux, pour satisfaire leurs propres ambitions et faire passer des décisions socio-économiques et politiques qui ne suscitaient pas la compréhension de la société, étaient prêts à dénigrer tout ce que leurs prédécesseurs avaient fait et laissé derrière eux. Par exemple, Khrouchtchev a consacré beaucoup de temps et d’efforts à discréditer Staline et ses politiques, Gorbatchev à effacer tout ce qui était associé à la période Brejnev, et Boris Eltsine à nier totalement l’ère soviétique. Mais Konstantin Tchernenko, guidé par le désir de servir l’URSS, ne s’est pas permis de barbouiller de peinture noire tout ce qui a été fait par son prédécesseur. Au contraire, réalisant que les idées adoptées depuis 1982 étaient bénéfiques pour le pays et le peuple, il entendait continuer à les mettre en œuvre, en y apportant des compléments dans certains domaines.
Quels objectifs à long terme K.U. Tchernenko a-t-il fixés pour l’ensemble du pays ? Lors de son discours à la réunion de la commission du comité central du PCUS sur la préparation d’une nouvelle version du programme du PCUS, qui s’est tenue le 25 avril 1984, il a identifié comme tâche principale « la création d’une économie hautement efficace, la base d’une satisfaction de plus en plus complète des besoins matériels et spirituels du peuple soviétique, l’accroissement de la puissance de notre État ». Konstantin Oustinovich a suggéré que la nouvelle édition du programme du Parti définisse une ligne de conduite « pour la mise en œuvre complète des dernières réalisations de la science et de la technologie dans la production, l’amélioration des formes de gestion, le développement de l’initiative et de l’activité des masses en matière de travail ». Selon lui, le programme du PCUS devrait certainement refléter « l’idée de fusionner les deux révolutions – scientifique et technologique et sociale ». Il est évident que la condition pour atteindre ces résultats était d’encourager pleinement l’initiative créatrice des masses de travailleurs, le développement continu du pouvoir populaire soviétique – à la fois dans les sphères économiques et politiques. C’est ce que Konstantin Tchernenko avait à l’esprit lorsqu’il a demandé à la réunion des contrôleurs populaires de toute l’Union, qui s’est tenue le 5 octobre 1984, de « déployer pleinement le pouvoir créatif de l’autonomie socialiste du peuple ».
En fait, K.U. Tchernenko a adopté la directive de Lénine visant à impliquer les masses laborieuses dans la gestion des affaires de l’Etat. Il ne fait aucun doute que la solution de ce problème ne nécessite pas seulement un jour ou même une année. Il est nécessaire de créer les conditions qui favoriseront l’implication du peuple dans la résolution des problèmes économiques, dans le contrôle de l’appareil administratif. Une telle tournure des événements pour les cadres dirigeants inciterait davantage à une gestion plus efficace de la production, à une distribution plus équitable et plus rapide des ressources, à une exécution plus consciencieuse des obligations envers les citoyens de l’URSS par ceux qui sont au pouvoir. Ce n’est pas un hasard si Staline a tenté à deux reprises (en 1937 et en 1952) de mener des réformes visant à renforcer les fondements de la démocratie et à accroître le rôle des conseils dans la gestion du pays. Toutefois, ces tentatives ont été contrecarrées à deux reprises par les intrigues des conspirateurs au sein du parti.
Néanmoins, au début des années 1980, l’idée de Staline de réformer le système soviétique, qui avait été longtemps mise de côté, frappait à la porte avec de plus en plus d’insistance. Sa mise en oeuvre était désormais dictée non seulement par la nécessité d’empêcher le divorce entre le pouvoir et la société, entre les dirigeants du parti et les communistes ordinaires et les non-membres du parti, non seulement par l’importance de nettoyer les structures administratives des cupides et des opportunistes, mais aussi par la nécessité de mettre en place un système de gestion des ressources humaines qui permette d’améliorer la qualité de vie des citoyens. La nécessité de mener à bien la révolution scientifique et technologique de la production exigeait une libération supplémentaire de l’énergie des travailleurs, en donnant aux collectifs de travail plus d’espace pour la manifestation de l’initiative créative et créatrice. À cet égard, les idées exprimées par K.U. Tchernenko étaient opportunes et leur mise en œuvre aurait donné à l’URSS un grand élan de développement.
Quels sont les moyens spécifiques de résoudre les problèmes dans les différents domaines de la vie publique que K.U. Tchernenko considérait comme les plus optimaux ?
Renforcer la discipline et l’ordre
Les objectifs de K.U. Tchernenko décrits ci-dessus étaient louables. Cependant, il est important de prêter attention à un autre aspect de la question. Dans un contexte de criminalité croissante, de domination du « secteur parallèle » et de corruption, aucune politique économique sensée ne peut être bénéfique pour le pays. Est-il possible d’envisager des avancées si les ressources allouées au développement ne sont pas toujours utilisées de manière ciblée ? Si les réformes sont menées en laissant de côté la corruption et les détournements de fonds, en pensant que ces phénomènes négatifs disparaîtront automatiquement lors de la transition vers le nouveau système, le pays sera confronté à des résultats peu enviables. Les groupes criminels, se sentant comme des poissons dans l’eau, utiliseraient certainement les réformes dans leur propre intérêt. Ils auraient des occasions illimitées de détourner l’essence des changements, de s’approprier les ressources nationales en leur faveur, avec toutes les conséquences destructrices qui en résulteraient pour la société. Finalement, les événements de la perestroïka et des réformes démocratiques des années 1990 se sont déroulés dans notre pays selon le scénario ci-dessus.
Ce n’est pas sans raison qu’au début des années 1980, une série de poursuites pénales ont été engagées contre des dirigeants du parti, de l’État et de l’économie impliqués dans des affaires de corruption et de crimes économiques. K.U. Tchernenko, s’exprimant en mars 1984 devant les électeurs du district de Kouibyshev à Moscou, s’est déclaré prêt à poursuivre dans cette voie. Il a souligné que la lutte contre les détournements de fonds et les pots-de-vin, contre la dilapidation des fonds publics et contre les abus de pouvoir n’était pas une campagne temporaire, mais une ligne de conduite qui serait « menée constamment et rigoureusement ». Konstantin Oustinovitch a affirmé que « nous avons besoin d’une responsabilité et d’une rigueur encore plus grandes de la part des dirigeants, d’une attention constante à ces questions de la part des organisations du parti et des collectifs de travail, de tout le peuple soviétique, et d’un travail efficace des organes de contrôle du peuple, de l’ordre public et de la justice ».
Contrairement aux idées reçues, K.U. Tchernenko n’a pas ralenti la lutte contre la mauvaise gestion et la corruption dans les hautes sphères du pouvoir, qui avait commencé avant son élection au poste de secrétaire général du comité central du PCUS. Au contraire, il ne s’est pas contenté de paroles et a tout fait pour poursuivre la purification des rangs du parti et de l’appareil d’État soviétique des détourneurs de fonds et des détourneurs de biens socialistes. C’est sous Konstantin Tchernenko qu’un certain nombre de processus initiés en 1982-1984 ont été développés. En particulier, l’enquête sur l’« affaire ouzbèke » – un procès contre les dirigeants de l’industrie du coton de la RSS d’Ouzbékistan qui avaient été entachés de fraude, de double comptabilité et d’autres machinations, ainsi que contre les chefs des structures de l’État républicain qui entretenaient des liens corrompus avec eux – a été intensifiée. Le démêlage de l’écheveau des actes illégaux des dirigeants des organisations professionnelles battait son plein. Par exemple, le chef du magasin Yeliseyevsky [Elysée] Y.K.Sokolov a été condamné à mort pour détournement de fonds à une échelle particulièrement importante. L’enquête contre l’ancien ministre de l’Intérieur de l’URSS, N.A. Chtchelokov, est reprise.
Toutes ces mesures ont permis d’établir un certain ordre, d’obtenir plus de ressources utilisées pour le développement de l’économie nationale. K.U. Tchernenko a parlé des résultats positifs de la campagne de lutte contre la corruption, lors d’un discours prononcé en octobre 1984 à l’occasion de la réunion des contrôleurs populaires de toute l’Union. Il a attribué ces résultats à un meilleur respect par les entreprises de leurs obligations contractuelles, à une réduction significative des temps d’arrêt, des retards et de l’absentéisme. Konstantin Oustinovich a ajouté que « la production en a immédiatement et concrètement bénéficié ». En même temps, le secrétaire général du comité central du PCUS a admis qu’à l’automne 1984, le problème n’avait pas été entièrement résolu. Il admet qu’« une partie des livraisons n’est toujours pas effectuée », qu’« une partie du temps de travail est perdue », que « les travaux de construction sont souvent exécutés à un niveau de qualité médiocre, que leurs délais sont perturbés ». Il a également parlé d’une « attitude de gaspillage et de non-économie à l’égard des matières premières, des matériaux et de l’énergie ». Il a ajouté que les travailleurs n’étaient pas satisfaits du niveau de qualité du travail dans le commerce de détail et les services aux consommateurs, mentionnant des « violations flagrantes de l’ordre et des normes obligatoires dans le cadre du travail au service de la population ».
K.U. Tchernenko avait l’intention de rendre la campagne ani-corruption plus systématique et plus rigide afin d’éradiquer la corruption et la mauvaise gestion. Ainsi, lors du plénum d’avril 1984 du Comité central du PCUS, il a déclaré que « pour tout échec, pour toute lacune commise cette année, l’exigence doit être plus stricte que jamais ». En même temps, Konstantin Oustinovitch demandait que la corruption et le « secteur parallèle » soient considérés comme l’incarnation non seulement de la criminalité, mais aussi d’une menace pour le socialisme. À cet égard, la réflexion suivante, publiée en 1983 dans les pages du magazine « Kommunist » dans l’article « La cause de tout le parti, le devoir de chaque communiste », mérite l’attention : « Il convient de souligner que les actions criminelles des pilleurs du bien du peuple, des spéculateurs et des corrupteurs doivent nécessairement faire l’objet d’une évaluation de classe claire, puisqu’il s’agit de la défense de la propriété socialiste, de nos fondements et normes fondamentaux ».
A la lumière des événements des trois dernières décennies, il est facile de se convaincre du bien-fondé de l’approche défendue par Konstantin Tchernenko. C’est la dégénérescence d’une partie des dirigeants du parti, de l’Etat et de l’économie, l’implication d’un nombre important de leurs représentants dans les machinations qui ont conduit à la formation d’une couche distincte. Cette dernière a finalement commencé à s’efforcer de créer les conditions qui garantiraient son enrichissement illimité et la possibilité constante de constituer un capital. Cela ne pouvait se produire que dans le cas de la restauration du capitalisme et de l’appropriation de la propriété de l’État par une strate étroite de ces renégats. Par conséquent, les considérations susmentionnées de K.U. Tchernenko étaient absolument justifiées.
Konstantin Tchernenko comprenait qu’il ne serait pas possible de débarrasser le parti, l’appareil soviétique et l’appareil économique de la corruption et d’autres machinations uniquement par des mesures administratives. Il était conscient du fait que pour résoudre complètement ce problème, il était nécessaire de changer le système, de développer les fondements du pouvoir populaire, de renforcer le contrôle des travailleurs sur les instances administratives. Ainsi, les possibilités pour les cadres dirigeants d’abuser de leur position officielle seraient considérablement réduites. Il en va de même pour la lutte en faveur de l’accélération des indicateurs de développement économique de l’URSS. En particulier, en mars 1984, le Secrétaire Général du Comité Central du PCUS a déclaré que la direction du Parti et de l’Etat soviétique avait entrepris de renforcer la discipline et l’ordre, ce qui « a immédiatement donné un effet économique notable ». Mais, selon K.U. Tchernenko, l’affaire ne peut se limiter à de telles mesures : « Il est nécessaire d’aller plus loin, de procéder à des changements qualitatifs profonds dans l’économie nationale. »
Approche des questions socio-économiques
Dans ses discours, K.U. Tchernenko, en tant que secrétaire général du Comité central du PCUS, soulignait régulièrement la nécessité d’une réorganisation structurelle de l’ensemble du système de gestion économique. Il voyait l’essence de ce processus dans « le déploiement de l’initiative et de la créativité économiques au niveau des régions économiques, des associations et des entreprises », et entendait faire tout son possible pour que « l’homme soviétique au travail » devienne un « maître à part entière et responsable ». L’objectif est certainement bon. Mais il ne peut en aucun cas nous faire fermer les yeux sur la question des moyens à mettre en oeuvre pour réaliser les transformations esquissées.
La résolution du problème de la transition vers la voie du développement intensif, l’introduction des bases de la révolution scientifique et technologique dans la sphère de production ont automatiquement stipulé la nécessité d’utiliser des formes flexibles de gestion de l’économie nationale, d’accroître l’indépendance économique dans une certaine mesure. Mais tout cela ne doit en aucun cas être en contradiction avec le système de planification de l’Etat. Tout d’abord, la production moderne exige des coûts colossaux. Deuxièmement, l’élargissement des horizons de la politique industrielle, qui permet l’élaboration d’une stratégie de développement industriel à long terme, est une condition indispensable pour que le pays s’engage sur la voie du développement durable. Troisièmement, l’existence d’une planification centralisée joue le rôle d’une sorte de coordinateur pour le développement du secteur public de l’économie et permet de donner un caractère systémique aux programmes économiques. Dans ces conditions, l’élimination du système planifié apparaît comme une mesure franchement contre-productive. Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour trouver des exemples. Ainsi, l’abolition de la gestion centralisée de l’économie par l’Etat lors de la perestroïka de Gorbatchev et le fait que les entreprises subordonnées à l’Etat aient pu flotter librement se sont traduits par une désorganisation de la production et de la distribution. Et l’élimination complète de la régulation par l’État des processus financiers et économiques, effectuée lors de la mise en œuvre de la « thérapie de choc » de Gaidar, a conduit à des résultats peu enviables, dont la Russie subit les conséquences jusqu’à aujourd’hui. Il était donc hors de question de liquider le système planifié et de retirer l’État de l’économie.
A juste titre, K.U. Tchernenko estime qu’il convient de préserver les fondements de l’économie planifiée. À cet égard, il préconise de « renforcer la gestion et la planification centralisées, afin de les rendre plus efficaces et plus flexibles ». Konstantin Tchernenko estime que l’État doit consacrer toute son énergie à la résolution des problèmes clés du pays. Selon lui, « les organes étatiques et économiques doivent créer les meilleures conditions pour que les collectifs de travail puissent mettre en œuvre leurs programmes de production et leurs plans de développement social ».
Soulignant l’importance de préserver la planification centralisée de l’État, Konstantin Oustinovitch n’a pas seulement prêté attention à l’aspect économique des choses. L’existence de mécanismes de contrôle de la réalisation des plans par les dirigeants des associations de production n’est pas moins importante. Le secrétaire général du comité central du PCUS a souligné que « la situation dans tous les domaines de l’économie nationale dépend largement de leur intégrité, de leur compétence et de leur persévérance ». Il a également soulevé la question de la révocation des responsables économiques de leurs postes en cas d’incapacité à « assurer le bon ordre dans le domaine de travail qui leur a été assigné ».
Dans le même temps, K.U. Tchernenko préconise d’accroître l’indépendance des entreprises dans le cadre de l’économie planifiée et d’impliquer les travailleurs dans la gestion de l’économie nationale d’une manière réfléchie. De facto, selon le schéma présenté, il était dit que le propriétaire des moyens de production resterait l’État, et leur gestionnaire indépendant – le collectif de travail. À cet égard, Konstantin Tchernenko a évalué positivement la loi sur les collectifs de travail adoptée en 1983, qui donnait aux travailleurs et aux employés le droit de participer à la discussion des plans de développement de la production et des questions relatives à la dépense des fonds salariaux. Dans un premier temps, il s’agissait des droits délibératifs des travailleurs de l’entreprise. Le secrétaire général du comité central du PCUS prévoyait d’approfondir les transformations entamées, en introduisant progressivement de nouvelles méthodes de gestion dans l’économie nationale. Par exemple, lors de son discours à la réunion économique de l’Union sur les problèmes du complexe agro-industriel, le 26 mars 1984, il se prononce pour « l’introduction à grande échelle de l’autofinancement et des contrats collectifs » dans la production agricole. Les idées de Konstantin Oustinovitch relatives à l’élargissement des droits des conseils locaux, pour leur donner la fonction de contrôler les entreprises de diverses industries situées sur leur territoire, sont également dignes d’attention.
Parallèlement, Konstantin Oustinovitch entend introduire de nouvelles méthodes pour stimuler le travail en encourageant les travailleurs les plus actifs et les plus consciencieux. S’exprimant devant les participants de la réunion pan-syndicale des contrôleurs populaires, il rappelle le principe socialiste « de chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail ». En même temps, K.U. Tchernenko a parlé négativement de l’égalisation, la qualifiant de « tendance à ennoblir le fainéant, le fraudeur et en même temps à offenser, désavantager le bon travailleur consciencieux ». Il a regretté que de nombreuses personnes ferment les yeux sur les cas où « les primes (…) sont accordées au même montant au premier et au dernier de la classe ». Le Secrétaire général du Comité central du PCUS a estimé à juste titre qu’il était nécessaire de remédier à cette situation.
Cependant, la question ne se limite pas à des déclarations. Sous K.U. Tchernenko, de véritables mesures ont été prises pour accroître l’indépendance des entreprises et le rôle des collectifs de travail. Depuis juin 1984, le Conseil central des syndicats de toute l’Union et les syndicats locaux se sont vu accorder le droit de contester devant les organes du parti-État les décisions des chefs d’entreprise, des instances du parti et des instances économiques qui violaient la législation soviétique du travail, entravaient le développement de l’initiative économique, ralentissaient la croissance de la productivité du travail et ne remplissaient pas leurs obligations en matière de sécurité sociale des personnes au travail. Le 1er janvier 1985, il était prévu de transférer aux nouvelles conditions de gestion économique les entreprises relevant de la compétence du 21e ministère. Il ne s’agissait là que des premières étapes de la transformation de l’économie soviétique.
Dans le même temps, il convient de noter que K.U. Tchernenko allait approfondir le travail d’élaboration et de mise en œuvre des réformes économiques. Ainsi, en 1984, sur la base de ses instructions, les travaux de préparation d’un programme global de réforme de l’économie de l’URSS ont commencé. Sur décision du Politburo du Comité central du PCUS, une commission chargée d’améliorer la gestion a été créée. Elle comprenait le président du Conseil des ministres de l’URSS, N.A. Tikhonov (qui était également le chef de la commission), N.I. Rijkov, V.I. Dolgikh et d’autres. Le document le plus important élaboré par les membres de la commission serait le « Concept d’amélioration du mécanisme économique de l’entreprise ». Les évaluations des documents présentés diffèrent. Des personnalités comme E.T. Gaidar ont affirmé que le « Concept… » envisageait une libéralisation progressive de l’économie. Nous ne pouvons pas donner d’évaluations précises, mais nous admettons que de telles interprétations peuvent être des tentatives de faire passer des vœux pieux pour la réalité. Il est possible que certains membres de la Commission aient été obsédés par le désir d’introduire les bases de l’économie capitaliste. Mais K.U. Tchernenko s’est rendu compte qu’il était dangereux d’abandonner le socialisme et le système planifié. Il a donc soulevé la question de la combinaison de la planification étatique et de la liberté d’entreprise, mais pas plus. Il pouvait être question d’assouplir la régulation étatique de l’économie, mais pas de la réduire « étape par étape ».
Bien qu’un certain nombre de chercheurs, analysant le concept développé par la Commission, tirent des conclusions sur son contenu prétendument anti-socialiste. En particulier, l’historien A.V. Ostrovsky, dans son livre « Qui a mis Gorbatchev aux commandes ? », affirme que la Commission du Politburo du Comité central du PCUS était en faveur d’une « transition vers une économie de marché multi-structurée, tout en conservant le rôle prépondérant du secteur étatique ». Il se réfère aux mémoires de l’ancien président du Conseil des ministres de l’URSS, N.I. Ryzhkov, selon lesquelles le secteur d’État devait représenter 50 %, 30 % de la propriété des entreprises et environ 20 % de la propriété individuelle. Cette interprétation nous semble un peu simpliste. Tout d’abord, les relations de marché ne sont pas toujours l’antithèse de la planification, elles sont parfois complémentaires (comme ce fut notamment le cas en République populaire de Chine depuis l’époque de Deng Xiao Ping). Deuxièmement, le problème est que l’État, même s’il dispose d’énormes ressources, ne sera pas toujours en mesure de répondre à 100 % des besoins de la population. Personne ne peut prévoir avec précision combien de logements, de biens de consommation, quels types de biens, quel niveau de qualité, etc. sont nécessaires.
Selon nous, la base de l’économie aurait dû être la propriété nationale des moyens de production. Dans le même temps, il était nécessaire de permettre une initiative privée raisonnable en complément du secteur étatique de l’économie.
Par exemple, sous I.V. Staline, les artels et les entreprises individuelles à la campagne ont réussi à saturer le marché avec des biens de consommation. Dans les années 1950, les « artels de Staline » produisaient environ 70 % des ustensiles métalliques, 40 % des meubles, plus d’un tiers des tricots et la quasi-totalité des jouets pour enfants. Il est tout à fait compréhensible que la fermeture de ces entités dans les années du « dégel » de Khrouchtchev et la dénationalisation totale de l’ensemble de l’économie n’aient pu qu’engendrer des problèmes sur le marché de la consommation, dans la sphère des services et de la distribution. Il était nécessaire de corriger les distorsions qui en résultaient. K.U. Tchernenko a envisagé une telle option. Par exemple, s’adressant aux électeurs en mars 1984, parlant de son intention de poursuivre la recherche d’une accélération de la solution au problème du logement, il s’est prononcé en faveur d’une solution « pas seulement au moyen de l’État ». Konstantin Oustinovitch estime qu’« il faut être plus audacieux… développer la construction coopérative et individuelle ».
Cette approche est fondamentalement différente de l’expérience menée dans les années de la perestroïka, où l’on refusait de distinguer les secteurs étatiques et non étatiques de l’économie, où l’on permettait aux coopératives et aux structures commerciales d’apparaître non pas en plus du secteur national, mais sur sa base. Cela a eu des conséquences peu enviables pour notre pays. De notre point de vue, il est même superflu de rappeler le contraire de la variante de K.U. Tchernenko, à savoir la privatisation de masse réalisée dans les années 1990. Quoi qu’il en soit, les exemples ci-dessus réfutent complètement l’idée qu’il n’y avait pas d’alternative à la perestroïka. Au contraire, elle a été proposée. Malheureusement, K.U. Tchernenko n’a pas eu le temps de mettre en œuvre ses plans de réforme de l’économie socialiste soviétique, car il est décédé en mars 1985.
Préparation de la réforme politique
K.U.Tchernenko considérait le développement et l’approfondissement de la démocratie socialiste comme un moyen d’offrir aux travailleurs des possibilités supplémentaires de manifester leur initiative créatrice, et la formation de mécanismes efficaces, dont l’existence empêcherait la dégénérescence de l’appareil du parti-État, contraindrait pleinement les dirigeants de tous les niveaux à remplir pleinement et consciencieusement leurs obligations envers le peuple. Le secrétaire général du comité central du PCUS a développé cette idée en mars 1984 lors de son discours aux électeurs du district de Kouïbychev à Moscou. Il a déclaré que « le Parti cherche à faire en sorte que le style léniniste, dans toute sa diversité et sa richesse, devienne un besoin de l’âme, un outil de travail indispensable pour chaque dirigeant du Parti, du Soviet et de l’économie ». Rappelant la responsabilité des personnes investies du pouvoir, Konstantin Oustinovitch a déclaré qu’il n’y a rien de pire pour elles que la confiance en soi et l’arrogance, ainsi que « l’utilisation inepte, comme l’a dit Lénine, du pouvoir uniquement en tant que pouvoir, lorsque les gens disent : “J’ai reçu le pouvoir, j’ai prescrit, et vous devez obéir” ». Konstantin Tchernenko a cherché à mettre fin à ces phénomènes contre-productifs.
K.U. Tchernenko a vu la solution dans le renforcement du rôle des Soviets à tous les niveaux dans la gestion du pays. Il entendait miser sur « une plus grande implication dans les affaires publiques des citoyens conscients, politiquement mûrs et dotés d’une pensée créative ». Konstantin Oustinovitch s’est penché sur ce sujet lors du plénum du Comité Central du PCUS du 10 avril 1984. Tout d’abord, il regrette que « l’énorme potentiel des Soviets soit réalisé… insuffisamment ». Ainsi, « de nombreux ministères… tentent de contourner les soviets locaux ». Konstantin Tchernenko a déclaré que « concentrant leurs activités sur la construction et la reconstruction d’installations industrielles, ils ne prêtent souvent pas attention à la construction de logements et d’installations sociales et culturelles ». Pour éliminer ces phénomènes, le secrétaire général du comité central du PCUS a appelé les communistes à faire preuve d’une « attitude responsable à l’égard des fonctions de député », à « rassembler autour d’eux tous les représentants élus du peuple, à stimuler et à diriger leur initiative créatrice ».
Dans le même temps, Konstantin Tchernenko voyait la voie de la démocratisation du système politique non seulement dans l’implication des Soviets dans la gestion des processus clés et dans le contrôle de l’appareil d’État. Il a également soulevé la question de l’ouverture des organes du parti et des autorités de l’État à la population. À cet égard, le secrétaire général du comité central du PCUS a attribué aux médias un rôle important dans la « sensibilisation de la population à la situation réelle », dans la « glasnost dans le travail des institutions du parti et de l’Union soviétique ». K.U. Tchernenko a également rappelé la nécessité d’adopter « une attitude sensible à l’égard des propositions et des commentaires critiques des travailleurs » et a déclaré son « intolérance à l’égard de toute forme de répression de la critique ».
La mise en oeuvre du plan présenté pour la réforme du système politique soviétique ne devait pas donner aux agents politiques de l’impérialisme occidental et aux opposants au socialisme une « carte blanche ». La démocratisation devait être réalisée dans le but de donner au peuple plus d’espace pour l’auto-réalisation et l’initiative créatrice, pour la subordination complète des autorités à leurs propres intérêts, et non dans le but d’ouvrir aux partisans de la revanche capitaliste la possibilité de ruiner le pays et de ruiner la majorité de la population active pour le bénéfice d’un cercle étroit d’« élus ». D’autant plus que le capital mondial et ses complices étaient impatients de saisir la première occasion de tromper le peuple soviétique afin de réaliser leurs plans destructeurs.
K.U. Tchernenko, contrairement aux auteurs de la perestroïka de Gorbatchev, était conscient de ce qui se passait. Dès 1983, dans un article publié dans les pages de la revue « Communist », il avertissait que « l’adversaire de classe ne recule devant aucune provocation, bafoue les normes généralement admises du droit et de la morale, ne recule devant aucune calomnie ni aucun mensonge, et fomente un antisoviétisme vigoureux ». Dans la situation actuelle, « il est nécessaire de faire preuve d’une grande vigilance et de contrer vigoureusement toutes les intrigues des saboteurs idéologiques ». Konstantin Tchernenko a donc soulevé la question de la création d’un « système unifié de contre-propagande à l’échelle nationale, en commençant par le collectif de travail ». Il estime qu’il est nécessaire de se concentrer, au cours de ce travail, sur la « révélation vivante des avantages du mode de vie soviétique », sur la « mise en évidence profonde et convaincante des “valeurs” pourries de la conscience bourgeoise », sur la réalisation « d’analyses concrètes de la propagande hostile au socialisme », ainsi que sur « l’élaboration et la coordination de mesures proactives de contre-propagande ».
Les propositions illustrées pour la modernisation du système politique semblaient tout à fait logiques et correspondaient parfaitement aux besoins de notre pays au milieu des années 1980. Cependant, la mort de K.U. Tchernenko a empêché la réalisation des projets en question.
Projets de rétablissement de la justice historique
En ce qui concerne les projets de K.U. Tchernenko, il convient d’accorder une attention particulière à son désir d’éliminer les conséquences de la « déstalinisation » de Khrouchtchev. Konstantin Oustinovitch a peut-être été le seul dirigeant du parti et de l’État soviétique, après le « dégel », à chercher à restaurer la réputation de Joseph Vissarionovitch Staline. Il semblerait qu’il ne s’agisse de rien d’autre que du traitement d’un personnage historique important. Mais Joseph Vissarionovitch Staline n’est pas seulement un personnage historique, il incarne les symboles de la construction du socialisme, la plus grande percée du pays soviétique à l’avant-garde du progrès et la victoire sur l’hitlérisme. En fin de compte, Joseph Vissarionovitch a laissé au pays un riche héritage non seulement économique, militaire, scientifique et culturel, mais aussi théorique. Nombre de ses prédictions politiques concernant le pari de la bourgeoisie sur le déclenchement d’une guerre mondiale et la fascisation de la vie sociale, ainsi que la résistance croissante de l’ennemi de classe à mesure que les succès du socialisme augmentent, et la perspective d’une restauration capitaliste, la mort de l’État ouvrier et paysan, la chute du parti communiste et son détachement des travailleurs, tout en conservant les vestiges de la conscience bourgeoise, ont fini par se réaliser. Les événements tragiques de la fin du XXe siècle en témoignent directement. Enfin, l’ouvrage de Staline intitulé « Les problèmes économiques du socialisme en URSS » représentait en fait une tentative sérieuse d’analyser scientifiquement non seulement les particularités de l’économie socialiste, non seulement la fixation de ses lois, mais aussi les perspectives de son développement. La négligence de nombreuses recommandations et mises en garde de Staline, y compris celles énoncées dans l’ouvrage susmentionné, a fini par jouer un tour cruel au socialisme et à l’URSS.
Il ne faut pas oublier que la campagne visant à démystifier le « culte de la personnalité de Staline », qui a débuté avec le rapport de Khrouchtchev lors du XXe congrès du PCUS, a débouché sur une série de conséquences désagréables. Tout d’abord, la confiance du peuple dans les idéaux du socialisme soviétique, dans les réalisations de notre pays obtenues grâce à la modernisation de Lénine-Staline, a été artificiellement sapée. Il ne faut pas oublier l’influence de la « déstalinisation » de Khrouchtchev sur la scission dans les rangs du mouvement communiste et ouvrier mondial et dans les pays de la Communauté socialiste. Cette dernière a affaibli le camp socialiste face à l’impérialisme, qui a intensifié ses attaques pendant la guerre froide. Le début du dénigrement du système créé sous Staline (ainsi que de Joseph Vissarionovitch lui-même), et la baisse conséquente de la vigilance politique d’une partie importante de la population, ont facilité la tâche du monde capitaliste et de ses complices internes qui menaient une guerre de l’information contre l’URSS. Et l’adoption de décisions anti-staliniennes dans la période Khrouchtchev a ouvert la voie à la pénétration dans les rangs du parti-état et de la direction économique, dans les structures du pouvoir, de carriéristes et de personnages sans scrupules, ainsi que d’opposants cachés au socialisme. Le développement de tels processus devait tôt ou tard se transformer inévitablement en ce que notre pays a dû endurer sous M.S.Gorbatchev et B.N.Eltsine.
Par conséquent, afin de renforcer la conscience patriotique du peuple, de protéger la vérité historique, d’éliminer ceux qui ont été créés artificiellement après 1956 et qui entravent le développement du socialisme soviétique, de purifier le parti et le pays des ennemis cachés, des corrupteurs et des détourneurs de biens nationaux, il était nécessaire d’adopter les idées de Staline, de réfuter la désinformation diffusée à son adresse depuis 1956. D’autant plus que le rapport émis au XXème Congrès du PCUS par N.S. Khrouchtchev ne contenait pas un seul mot de vérité.
Par exemple, les déclarations de Khrouchtchev sur Staline en tant que « commandant militaire sans talent », comme s’il ne planifiait des opérations que sur le globe, sont absolument invraisemblables. Les commandants des fronts de la Grande Guerre patriotique, les célèbres commandants de la Victoire ont toujours reconnu l’importance de la contribution de Joseph Vissarionovitch à la défaite de l’hitlérisme, et ont parlé de son talent à la tête des forces armées, au front et à l’arrière. La thèse de l’« amour du pouvoir » de Joseph Staline et de son impatience supposée à l’égard de la dissidence a également été avancée. En même temps, on a caché que Joseph Vissarionovitch écoutait tous les points de vue lorsqu’il discutait de questions essentielles et qu’il changeait même d’avis lorsqu’on lui présentait des arguments convaincants. Mais il est tout aussi important de rappeler la nécessité de respecter les principes du centralisme démocratique. On a également beaucoup parlé du « culte de la personnalité » de Staline. Mais N.S. Khrouchtchev n’a jamais daigné mentionner que le peuple lui-même exaltait et glorifiait Staline, le percevait comme un guide moral, lui associant la construction d’une société basée sur les principes d’égalité et de justice, le dépassement du retard de notre patrie, sa victoire sur l’hitlérisme. Bien sûr, au XXe Congrès, Nikita Khrouchtchev n’a pas dit que Joseph Staline était contre sa canonisation politique. Il est impossible de laisser passer l’affirmation de Khrouchtchev selon laquelle tous les cadres du parti, de l’État, de l’économie et de l’armée qui ont été arrêtés et condamnés à mort en 1937-1938 étaient des « victimes innocentes ». Personne ne nie l’existence d’une « surenchère sur le terrain » au cours de ces années. Mais en même temps, beaucoup de ceux qui ont été condamnés étaient réellement impliqués dans la commission de graves crimes anti-étatiques liés à l’espionnage en faveur d’États hostiles à l’URSS, à des tentatives de désorganiser le travail des installations de production et des transports, de porter atteinte à la sécurité alimentaire, à des actes terroristes et à des tentatives d’organiser un coup d’État militaire. En particulier, il concerne directement les accusés des célèbres procès de Moscou de 1936-1938. D’une manière générale, le professeur Grover Furr a écrit sur tout cela en détail dans son livre « La mesquinerie antistalinienne », en utilisant des exemples spécifiques pour prouver l’invalidité de chaque thèse du rapport de Khrouchtchev au XXème Congrès du PCUS.
Sur la base de tout ce qui précède, on peut affirmer que l’effort de K.U. Tchernenko pour réhabiliter Staline sur le plan politique était louable. Des mesures concrètes ont été prises dans la bonne direction. Par exemple, sous Konstantin Ustinovich, ont été rétablis dans les rangs du PCUS les associés de Staline, tels que V.M. Molotov, L.M. Kaganovich et G.M. Malenkov (le 6 juillet 1984, Konstantin Tchernenko a personnellement remis à Viatcheslav Molotov sa carte du parti), qui avaient été exclus à l’époque de Khrouchtchev. Au même moment, la fille de Joseph Staline, Svetlana Allilueva, est invitée à Moscou. Konstantin Tchernenko, dans une lettre qui lui est adressée au printemps 1984, note ce qui suit : « Dans le cadre du prochain rétablissement de la justice à l’égard de la mémoire et de l’héritage de Staline, vous, sa fille, devriez, à mon avis, être en ce moment dans sa patrie… ».
À l’approche du 40e anniversaire de la victoire de l’URSS dans la Grande Guerre patriotique, K.U. Tchernenko signe un projet visant à rebaptiser Volgograd « Stalingrad ». À cette date festive, il était prévu de publier une résolution du comité central du PCUS « sur la correction de l’approche subjective et des inflexions qui ont eu lieu dans la seconde moitié des années 1950 et au début des années 1960 dans l’évaluation des activités de Staline et de ses plus proches collaborateurs ». Néanmoins, les projets de K.U. Tchernenko n’étaient pas destinés à se réaliser après sa mort. Au contraire, M.S.Gorbatchev et son équipe, qui lui a succédé, ont non seulement poursuivi la ligne entamée lors du XXème Congrès du Parti, mais l’ont également développée, d’abord en permettant l’intensification des attaques contre la période stalinienne, puis contre les idéaux marxistes-léninistes. Les conséquences de ces actions sont bien connues.
Priorités en matière de politique étrangère
Il était nécessaire de défendre l’indépendance de l’Union soviétique, de protéger les peuples des différents pays du monde du diktat impérialiste et, en même temps, d’empêcher une catastrophe nucléaire. K.U. Tchernenko était conscient de la nécessité de se concentrer sur les questions de politique étrangère autant que sur les questions intérieures. Sa participation régulière, en 1984-1985, à des discussions sur des sujets importants pour le monde entier avec des chefs d’Etats étrangers et des représentants influents de leur « élite » politique confirme l’intérêt de Konstantin Ustinovich pour l’avenir de l’humanité tout entière.
Ainsi, au cours de la période susmentionnée, il a eu des réunions de négociation avec le secrétaire général des Nations unies, Perez de Cuellar, avec les dirigeants des pays socialistes adoptant une position anti-impérialiste ou neutre par rapport aux États capitalistes, avec les chefs des pays impérialistes lors de leurs visites en URSS.
Konstantin Tchernenko a eu des discussions approfondies sur les principaux sujets internationaux avec le secrétaire général du comité central du parti communiste de la RPDC Kim Il Sung (Corée du Nord), le premier secrétaire du comité central du parti communiste de Cuba, président du conseil d’État et du conseil des ministres de la République de Cuba Fidel Castro Ruiz, le secrétaire général du comité central du PCT Gustav Husak (Tchécoslovaquie), le Président de la République socialiste de Roumanie Nicolae Ceausescu, le Premier ministre du gouvernement de la RSV Pham Van Dong (Vietnam), le Président du Conseil d’État de la RPB Todor Zhivkov (Bulgarie), le Premier secrétaire du Comité central du PORP, Président du Conseil des ministres de la RPP Wojciech Jaruzelski (Pologne), le Premier secrétaire du Comité central du MNRP, Président du Présidium du Grand Khoural populaire de la République populaire de Mongolie Yuzhmagiin Tsedenbal (Mongolie), le Secrétaire général du Comité central du Parti démocratique populaire d’Afghanistan, Président du Conseil révolutionnaire de la RPA Babrak Karmal, le Premier ministre et Président du Parti social-démocrate de Finlande Kalevi Sorsa. Il a également rencontré Daniel Ortega (Nicaragua), membre de la direction du Front sandiniste, le roi Juan Carlos Ier d’Espagne (Espagne), le président François Mitterrand de France, le premier ministre Indira Gandhi de l’Inde, le président Hafez Assad de la République arabe syrienne (Syrie), le président Ali Abdullah Saleh de la République arabe du Yémen, le premier ministre P. E. Trudeau du Canada, le ministre des affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher de la République fédérale d’Allemagne, le vice-président George W. Bush des États-Unis, le président du conseil d’administration d’Occidentalpetroleum (France), le président du conseil d’administration d’Occidental Petroleum Company (Allemagne), le ministre allemand des affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher, le vice-président américain George W. Bush, le président du conseil d’administration d’Occidental Petroleum Corporation Armand Hammer, etc.
Tout cela prouve que K.U. Tchernenko, en tant que secrétaire général du comité central du PCUS, n’a jamais relégué au second plan les questions liées à la sécurité et à la position de l’État soviétique sur la scène mondiale. Quelles mesures pourraient être prises pour parvenir à la stabilité sur la planète ? La réponse à cette question peut être obtenue en analysant la ligne de politique étrangère de Konstantin Tchernenko.
Si l’on considère directement la politique étrangère de K.U. Tchernenko, il est nécessaire d’en distinguer les orientations : la politique à l’égard des pays socialistes et celle à l’égard du monde capitaliste. Dans les conditions de l’assaut croissant de l’impérialisme occidental, Konstantin Tchernenko était conscient de la nécessité de renforcer l’unité des pays du choix socialiste, d’éliminer les différences entre eux, ainsi que les phénomènes qui pouvaient servir de germes de discorde. À cet égard, la normalisation des relations entre l’URSS et la République populaire de Chine, entamée sous Konstantin Oustinovitch, est remarquable. Ainsi, le 28 décembre 1984, les deux pays signent un accord de coopération économique et technique. Dans le même temps, le document susmentionné fixe les fondements politiques de la coopération sur la base des « principes d’égalité, de bénéfice mutuel, de non-ingérence dans les affaires intérieures de l’autre et de respect mutuel de la souveraineté ».
Konstantin Tchernenko a été le premier dirigeant soviétique, depuis le dégel de Khrouchtchev, à décider de mettre fin à la confrontation entre les deux puissances socialistes. Il a attribué cette décision à la nécessité de « renforcer le rôle du socialisme dans la vie internationale ». Dans le contexte de la guerre froide et de l’escalade des aspirations expansionnistes du monde capitaliste, la poursuite de la confrontation soviéto-chinoise menaçait de diviser le front anti-impérialiste et offrait aux États-Unis et à l’OTAN la possibilité d’accroître la pression sur le camp socialiste. Dans le même temps, il convient de noter que l’approfondissement de la coopération entre l’URSS et la Chine permettait d’étudier la pratique des réformes économiques qui ont commencé à la fin des années 1970 en Chine, en vue d’appliquer de manière créative leur expérience dans notre pays. Dans les conditions de préparation du développement du programme de transformation de l’économie soviétique, initié par K.U. Tchernenko, la généralisation de l’expérience du « voisin de l’Est » engagé dans la modernisation du socialisme, semblait pertinente.
Outre la normalisation des relations entre l’URSS et la Chine, K.U. Tchernenko s’est attaché à approfondir l’interaction de notre pays avec d’autres États socialistes. Il considérait que cette orientation de la politique internationale était nécessaire pour renforcer le front anti-impérialiste. Ainsi, lors de la visite en Union soviétique, en mai 1984, de la délégation de la République démocratique populaire de Corée dirigée par le secrétaire général du comité central du Parti du travail de Corée, président de la RPDC, Kim Il Sung, Konstantin Oustinovitch a rappelé que notre pays et la Corée du Nord coopéraient étroitement dans la lutte contre l’agression américaine. L’URSS a aidé la RPDC à surmonter les conséquences des actions aventureuses de Washington. Le secrétaire général du comité central du PCUS a fait l’éloge de l’état des relations soviéto-coréennes, exprimant sa satisfaction quant au développement des liens économiques et à l’expansion des contacts dans les domaines de la science, de l’éducation et de la culture.
D’une manière générale, sous la direction de K.U. Tchernenko, l’attention se porte sur le renforcement de la coopération dans le cadre du Conseil d’assistance économique mutuelle, mais sur une nouvelle base. Désormais, il est proposé que l’URSS ne joue pas le rôle de fournisseur de matières premières aux pays de la Communauté socialiste. La question portait sur l’établissement d’une coopération industrielle et technologique entre notre pays et les Etats socialistes, qui permettrait à l’Union soviétique de participer sur un pied d’égalité aux avancées technologiques moyennes et élevées. Cette question a été examinée par les participants à la réunion interétatique des pays membres du CAEM qui s’est tenue à Moscou en juin 1984. A l’issue de cette réunion, il a été décidé de préparer la coordination des plans d’intégration en tenant compte des particularités nationales et économiques des pays socialistes, de suivre le principe d’une coopération égale et commerciale dans l’interrelation « matières premières – produits semi-finis – produits finis/services », etc. Mais toutes ces décisions ont été annulées de facto depuis le début de la perestroïka en URSS.
Une idée générale des particularités des moyens de renforcer les liens de coopération au sein des pays du CAEM préconisés par K.U. Tchernenko peut être obtenue sur la base d’une analyse du programme à long terme pour le développement de la coopération économique, scientifique et technique entre l’URSS et la République populaire de Pologne, qu’il a annoncé jusqu’en l’an 2000. Le document a été présenté en mai 1984 lors de la visite en Union soviétique de Wojciech Jaruzelski, premier secrétaire du comité central du POUP et président du conseil des ministres de la République populaire de Pologne. A l’issue des négociations, les représentants des deux pays sont convenus que l’approfondissement de la coopération soviéto-polonaise devrait contribuer au maximum à la réalisation des avantages du modèle socialiste de développement de l’économie nationale, au renforcement de l’indépendance économique et technologique des pays socialistes par rapport à l’Occident, à l’amélioration du bien-être des travailleurs, à la satisfaction globale des besoins de la population, y compris les biens de consommation et les services ménagers, et à l’amélioration des conditions de vie.
Afin de résoudre les problèmes susmentionnés, K.U. Tchernenko a suggéré que les deux parties se concentrent sur le développement de la coopération entre l’URSS et la Pologne dans un large éventail d’industries spécifiques et sur la spécification des domaines de coopération. Par exemple, il a été question d’orienter la coopération dans le domaine de la construction de machines vers la résolution des problèmes de rééquipement de la base de production en utilisant les acquis du progrès scientifique et technique. Il était prévu de se concentrer sur le développement de nouvelles branches de l’ingénierie mécanique, en particulier la robotique, la microélectronique et les systèmes de production automatisés flexibles.
L’Union soviétique devait approfondir la spécialisation de la production (et des exportations) « dans la fabrication d’équipements énergétiques, miniers et métallurgiques, de machines pour la construction de routes, d’équipements de levage et de transport, de camions, de tracteurs, de machines agricoles, de locomotives diesel et électriques, d’équipements métallurgiques et électriques, d’équipements aéronautiques, d’appareils divers, de produits radioélectroniques, d’équipements informatiques électroniques, de machines et d’appareils ménagers complexes ». La Pologne, quant à elle, se voit attribuer une spécialisation dans la fabrication et l’exportation de produits. « Dans la construction navale, y compris les navires destinés au développement du plateau continental, la production de matériel ferroviaire roulant, de matériel de construction et d’aviation, de machines et d’équipements pour l’industrie légère et alimentaire, de machines pour l’agriculture, d’équipements chimiques, métallurgiques et miniers, de produits de l’industrie électrique, d’équipements électroniques et informatiques, de radio-électronique, de moyens de communication, d’appareils ».
Les questions relatives au développement conjoint de diverses formes de tourisme et de loisirs entre l’URSS et la Pologne n’ont pas été ignorées. Afin de résoudre cette tâche, il est prévu de se concentrer sur le développement de « l’échange organisé de groupes de jeunes, de collectifs d’entreprises avancées et de groupes individuels de spécialistes ».
De même, il est prévu d’approfondir les liens entre l’URSS et la République populaire de Mongolie. Ainsi, en octobre 1984, K.U.Tchernenko et le secrétaire général du comité central du MNRP, le président du conseil des ministres de la République populaire de Mongolie, Zhambyn Batmunkh, ont tenu une réunion qui a abouti à l’élaboration des orientations de la coopération économique soviéto-mongole pour la période 1986-1990. Une grande importance a été accordée à la coopération dans les domaines de l’agriculture, de l’alimentation, de l’industrie légère et de l’industrie minière. Un accent particulier a été mis sur l’importance de développer un programme à long terme de coopération économique et scientifico-technique entre les deux pays pour la période allant jusqu’à l’an 2000.
L’Union soviétique entend non seulement approfondir la coordination avec les pays socialistes dans tous les domaines. En même temps, des recommandations ont été données aux pays qui se sont engagés sur la voie de la construction d’une société juste. Elle a également soulevé la question de la volonté d’apporter un soutien réel aux peuples en cas d’agression impérialiste. Par exemple, K.U.Tchernenko, recevant en mars 1984 le président du Conseil administratif militaire provisoire de l’Ethiopie socialiste et de la Commission pour l’organisation du Parti des travailleurs d’Ethiopie Mengistu Haile Mariam, a donné des recommandations à la direction de ce pays pour qu’elle intensifie son développement révolutionnaire. Le secrétaire général du comité central du PCUS a rappelé que « la création prochaine d’un parti d’avant-garde au pouvoir, guidé par les principes du socialisme scientifique, sera d’une grande importance pour la résolution des tâches urgentes de la révolution éthiopienne ».
Dans le même temps, Konstantin Oustinovitch a déclaré que l’URSS soutenait la lutte de libération nationale des peuples africains. Il a noté que l’Union soviétique « reste fermement en faveur de l’Angola, du Mozambique et d’autres États de la “ligne de front”, ainsi que des combattants pour la libération de l’Afrique australe du colonialisme et du racisme ». K.U. Tchernenko a estimé que le règlement de la situation politique sur ce continent passait par des négociations « conformément aux principes de l’ONU et de l’Organisation de l’unité africaine ». Le dirigeant soviétique a ajouté que le rôle clé dans ce processus devait revenir aux États africains eux-mêmes. En même temps, il a précisé que seule l’unité des peuples d’Afrique sur une plate-forme anti-impérialiste, anti-coloniale et anti-raciste ouvrirait la voie à l’amélioration de la situation dans la région.
En ce qui concerne la ligne de la politique étrangère de l’URSS par rapport aux Etats capitalistes, il convient de distinguer les orientations suivantes dans ce bloc de politique étrangère : soutien au mouvement anti-guerre et anti-impérialiste dans les pays développés, interaction avec les dirigeants relativement modérés des Etats bourgeois et relations avec les centres du « mondialisme ». Ainsi, K.U. Tchernenko, lors de sa rencontre avec la délégation de la municipalité d’Assise et des représentants de l’Ordre franciscain, a souligné le développement du mouvement anti-guerre en Italie. Selon lui, cela inspire « l’espoir que la situation actuelle dans le monde peut être corrigée ». Le secrétaire général du Comité central du PCUS a souhaité le succès aux participants du mouvement anti-guerre italien, qui luttent pour la prévention de la menace nucléaire, pour la réduction radicale des armes nucléaires sur la base des principes d’égalité et de sécurité égale.
K.U. Tchernenko a constamment prêté attention à la lutte pour empêcher le monde de sombrer dans l’abîme nucléaire. Il a abordé ce sujet à des degrés divers lors des négociations avec les chefs d’État et a voulu subordonner tous les projets scientifiques et techniques communs à des objectifs pacifiques. Par exemple, Konstantin Oustinovich, s’exprimant au Kremlin le 20 avril 1984 lors de la remise des prix soviétiques aux cosmonautes de l’URSS et de l’Inde, a insisté sur la participation conjointe des deux pays au développement de la sphère spatiale. En même temps, il a précisé que « le programme spatial, tant national qu’international, est de nature pacifique ». Le secrétaire général du comité central du PCUS a appelé à une exploration conjointe de l’espace « pour le bonheur des gens, pour une vie meilleure des générations futures ». Cela diffère fondamentalement des programmes des États-Unis, dont le gouvernement les a développés dans l’espoir de transférer la confrontation avec l’URSS dans l’espace extra-atmosphérique.
La question de la détente nucléaire internationale a également été abordée lors de la rencontre de juin 1984 entre K.U. Tchernenko et le président de la République française François Mitterrand. Les deux parties sont convenues de la nécessité d’entamer sans tarder des négociations afin d’élaborer des accords destinés à prévenir la perspective d’une apocalypse nucléaire. En particulier, l’urgence de renforcer et d’étendre le régime de non-prolifération nucléaire a été soulignée. En même temps, les négociateurs ont réaffirmé leur volonté d’entreprendre des efforts conjoints dans ce domaine, conformément à la déclaration sur la non-prolifération des armes nucléaires signée entre l’URSS et la France en 1977.
Il ne fait aucun doute que K.U. Tchernenko et François Mitterrand avaient des points de vue différents sur des domaines spécifiques du désarmement atomique. Néanmoins, les dirigeants de l’URSS et de la France ont souligné l’importance de poursuivre le processus d’élaboration d’un ensemble de mesures de confiance et de sécurité en Europe.
Quant à l’état des relations soviéto-américaines sous K.U. Tchernenko, un tableau atypique s’est dessiné. À l’époque que nous considérons, il y avait une prise de conscience croissante de la nécessité de prendre des mesures urgentes pour empêcher la guerre froide de dégénérer en une confrontation atomique. Le développement par les États-Unis d’Amérique d’armes nucléaires de plus en plus dangereuses, utilisables non seulement sur Terre mais aussi dans l’espace, et parfois les actions provocatrices de Washington menaçaient d’amener le monde entier au bord de la destruction. Dans ces circonstances, il était important de se concentrer sur l’arrêt du développement des processus qui pouvaient conduire la planète entière dans l’abîme nucléaire. K.U. Tchernenko a abordé ce sujet lors de son discours devant les électeurs du district de Kouïbychev à Moscou en mars 1984, en déclarant que « l’essentiel pour la paix et la sécurité des peuples est… d’enrayer la course aux armements nucléaires ».
Quelles mesures spécifiques le secrétaire général du comité central du PCUS a-t-il proposées pour prévenir une catastrophe nucléaire mondiale ? Il a vu les moyens de résoudre le problème, important pour l’ensemble de la planète, dans le refus de promouvoir la guerre atomique sous quelque forme que ce soit (à la fois globale et limitée), dans la prévention des situations susceptibles de déboucher sur un conflit nucléaire. Dans l’éventualité d’un tel danger, K.U.Tchernenko estime que des consultations urgentes devraient être organisées pour éviter une apocalypse atomique. Les questions soulevées étaient l’inadmissibilité de la prolifération des armes nucléaires sous toutes ses formes, l’inadmissibilité de leur transfert à n’importe quel pays (ainsi que le contrôle des armes atomiques), et la réduction des armes nucléaires sur la base du principe d’égale sécurité.
Dans sa réponse au président de l’Internationale socialiste Willy Brandt et aux dirigeants des partis membres de l’Internationale socialiste, Konstantin Tchernenko précise les moyens proposés par l’URSS pour prévenir la guerre atomique. Il s’agit notamment du gel immédiat de tous les arsenaux nucléaires, de la limitation et de la réduction substantielle des armes stratégiques, de la réduction radicale de la confrontation nucléaire en Europe, de la prévention de la militarisation de l’espace, de l’interdiction et de la destruction des armes chimiques. Le secrétaire général du Comité central du PCUS a ajouté que tous les pays possédant des armes atomiques devraient s’engager et prendre également des mesures pour renforcer la détente. Selon lui, « il est important que toutes les puissances nucléaires placent la prévention de la guerre nucléaire au centre de leur politique et construisent leurs relations dans cette optique ».
Le problème qui se posait était en effet un défi sérieux pour le monde entier et nécessitait une solution urgente. En même temps, il était important de parvenir à la détente d’une manière réfléchie, de passer entre le Scylla de la perspective d’une escalade de la confrontation en une guerre nucléaire et le Charybde de la perte de la position de l’URSS sur la scène mondiale. On sait que dans les années de la perestroïka, M.S.Gorbatchev et son entourage, sous prétexte de prévenir l’apocalypse atomique, se sont précipités dans les bras ouverts de la communauté mondiale, même au prix d’une capitulation en matière de politique étrangère (jusqu’à permettre aux États-Unis de s’immiscer dans les affaires intérieures de notre État, de soutenir les séparatistes nationaux dans les républiques de l’Union). En fin de compte, cela s’est traduit d’abord par la désintégration de l’Union soviétique, puis par l’avancée de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, par les tentatives de l’Occident de transformer l’espace post-soviétique en une zone de ses intérêts mondiaux et par le déclenchement de la guerre contre notre pays par les régimes nationalistes des pays de la CEI. Par conséquent, dans les années 1980, la tâche consistant à empêcher le monde de sombrer dans un abîme nucléaire aurait pu et aurait dû être résolue non pas au prix de la perte de la position de l’URSS sur la scène internationale, et surtout pas au prix d’une atteinte à notre souveraineté et d’une détérioration de notre unité territoriale. D’autant plus qu’à l’époque mentionnée, l’expérience avait permis de surmonter un désastre similaire lors de la crise des missiles de Cuba en 1962.
K.U. Tchernenko a compris la nécessité d’adopter une ligne équilibrée dans les affaires internationales. Soulevant constamment la question de la tenue de négociations en vue d’une réduction égale du potentiel nucléaire de tous les États et du refus d’une confrontation nucléaire dans l’espace, il se méfie en même temps de la tactique des autorités américaines. Il a attiré l’attention sur l’ambivalence de Washington, qui à la fois fait des déclarations pacifistes et renforce sa propre supériorité, y compris dans le domaine nucléaire : « Malheureusement, les États-Unis ont transformé leur participation aux négociations sur ce sujet en un outil de propagande pour dissimuler la course aux armements et la politique de la guerre froide. Nous n’avons pas participé à un tel jeu et nous n’y participerons pas… En déployant des missiles en Europe, les Américains ont créé des obstacles aux négociations non seulement sur les armes « européennes », mais aussi sur les armes nucléaires stratégiques ». Konstantin Tchernenko a rappelé que pendant longtemps, les États-Unis n’ont pas ratifié les traités signés avec l’Union soviétique sur la limitation des essais souterrains d’armes nucléaires et sur les explosions nucléaires à des fins pacifiques. Ils n’ont jamais finalisé un accord sur l’interdiction complète et universelle des essais nucléaires.
Le secrétaire général du comité central du PCUS a fait valoir que l’objet des négociations entre l’URSS et la partie américaine pourrait être unique – discussion des moyens de lever l’obstacle à la détente nucléaire, poursuivie de manière égale par toutes les parties. Dans tout autre cas, la tenue de négociations n’aurait aucun sens. K.U. Tchernenko a attiré l’attention sur ce point lors de sa conversation avec les correspondants du journal Pravda le 9 avril 1984 : « Persistant dans son ancienne ligne, qui a conduit à l’échec des négociations à Genève, continuant à déployer ses missiles en Europe occidentale, Washington se dit prêt à reprendre les négociations. Mais, pourrait-on demander, des négociations sur quoi ? Sur le nombre et le type de missiles que les États-Unis peuvent déployer en Europe, en direction de l’Union soviétique et de leurs alliés ? Nous n’accepterons pas de telles négociations. »
En même temps, Konstantin Tchernenko a souligné que la partie soviétique était prête à continuer d’insister sur la tenue de négociations, qui pourraient aboutir à l’adoption de décisions visant à approfondir la détente nucléaire et à l’adhésion de toutes les parties à l’approche développée. Ainsi, répondant aux questions des correspondants du Washington Post le 18 octobre 1984, le secrétaire général du comité central du PCUS a rappelé que : « Nous sommes prêts à entamer des négociations dans le but d’élaborer et de conclure un accord sur la prévention de la militarisation de l’espace, y compris l’abandon complet des systèmes anti-satellites, avec l’établissement d’un moratoire mutuel sur les essais et le déploiement d’armes spatiales à partir du jour où les négociations commenceront. C’est ainsi que nous avons formulé notre proposition depuis le début. La réponse appartient à Washington ». Il a ajouté que « la proposition soviétique selon laquelle les États dotés d’armes nucléaires devraient geler toutes les armes nucléaires quantitatives et qualitatives qu’ils possèdent reste également en vigueur ». Un accord sur cette question permettrait « l’arrêt mutuel de l’accumulation de tous les éléments des arsenaux nucléaires existants, y compris les vecteurs et les têtes nucléaires ». En conséquence, « la course aux armements nucléaires … aurait été stoppée ». Ce n’est que le 8 janvier 1985 qu’un accord a été conclu pour reprendre les négociations entre le ministre soviétique des Affaires étrangères, M. Gromyko, et le secrétaire d’État américain, M. George H.W. Bush. On ne sait pas exactement quels auraient été les résultats de ces négociations. Cependant, une chose est certaine : sous K.U. Tchernenko, tôt ou tard, grâce à l’attitude de principe de la partie soviétique, il aurait été possible de parvenir à des accords dont la mise en oeuvre aurait contribué à désamorcer les tensions nucléaires mondiales et n’aurait pas conduit à la perte de la position de l’URSS dans l’arène internationale.
En soulevant la question de la réduction du potentiel nucléaire et de l’inadmissibilité du déploiement d’une confrontation nucléaire dans l’espace, K.U.Tchernenko, contrairement à Gorbatchev, a compris que cela ne signifiait pas qu’il fallait relâcher l’attention portée à la capacité de défense de l’URSS en tant que telle. Les événements des décennies qui ont suivi la perestroïka ont prouvé que l’affaiblissement de la puissance géopolitique et militaire de notre pays a servi en quelque sorte de signal à l’Occident collectif. Ce dernier, profitant des actions des auteurs de la perestroïka et des réformes, a renforcé sa politique expansionniste, a commencé à exercer une pression sur la Russie, allant jusqu’à la confrontation armée. En conséquence, l’affaiblissement de la défense du pays sous n’importe quel prétexte a marqué l’approche future non pas de la paix, mais d’une nouvelle guerre brutale. Konstantin Tchernenko a développé une idée correspondante lors de son discours au plénum extraordinaire du comité central du PCUS le 13 février 1984 : « Nous voyons clairement la menace que représentent aujourd’hui pour l’humanité les actions téméraires et aventuristes des forces agressives de l’impérialisme, et nous en parlons à haute voix, attirant l’attention des peuples de la terre entière sur ce danger. Nous n’avons pas besoin de supériorité militaire, nous n’avons pas l’intention de dicter notre volonté aux autres, mais nous ne permettrons pas que l’équilibre militaire que nous avons atteint soit rompu. Et que personne n’en doute : nous continuerons à veiller au renforcement de la capacité de défense de notre pays, afin de disposer de moyens suffisants pour refroidir les ardeurs des aventuriers belliqueux. Il s’agit là, camarades, d’une condition essentielle à la préservation de la paix ».
En suivant la ligne de conduite de K.U.Tchernenko en matière de politique étrangère, l’URSS pouvait non seulement influencer l’évolution de la situation internationale, mais aussi préserver sa place dans le monde.
Au-delà de la politique
Nous avons réussi à donner de K.U.Tchernenko l’image d’un dirigeant de l’État et du parti soviétique qui a beaucoup fait pour consolider et développer les acquis du socialisme. En même temps, nous admettons que beaucoup de gens se demandent comment était Konstantin Oustinovich dans sa vie personnelle. Quels étaient ses centres d’intérêt, quels loisirs l’attiraient le plus ?
Avant d’aborder ce sujet, nous allons d’abord dire quelques mots sur les qualités personnelles et professionnelles de K.U.Tchernenko lui-même. Diriger pendant longtemps le département général du comité central du PCUS, occuper les postes de membre du bureau politique du comité central du PCUS, de secrétaire général du comité central du PCUS et de président du présidium du Soviet suprême de l’URSS exigeait une vaste expérience, de la systématicité, de la sagesse, un sens de l’organisation, de la fermeté et une incroyable capacité de travail. Konstantin Oustinovitch était un homme d’État exceptionnel, doté de responsabilités colossales, tout en restant une personne très humaine, décente, modeste et facile à vivre.
Il faut savoir que Konstantin Oustinovitch a été un homme très occupé tout au long de sa vie, en commençant par le Komsomol. Toute sa vie ultérieure a été marquée par une activité colossale – pendant son service dans les troupes frontalières, pendant ses études à l’institut, pendant son travail au sein du parti dans le territoire de Krasnoïarsk, à Penza, en République socialiste soviétique de Moldavie, au comité central du PCUS et à des postes gouvernementaux. L’accomplissement des tâches importantes du parti et de l’État exigeait beaucoup d’attention et de temps. Malgré son emploi du temps chargé, K.U. Tchernenko prenait toujours le temps de communiquer avec ses proches, et tout le monde appréciait beaucoup ces moments où ils se réunissaient en famille. Konstantin Oustinovitch était parfaitement au courant de la situation de chaque membre de la famille : ce qui se passait au travail avec ses enfants, comment leurs familles se portaient, comment leurs petits-enfants étudiaient, quels étaient les projets de chacun. On pouvait toujours compter sur ses bons conseils.
Konstantin Oustinovitch a eu deux mariages. Sa première épouse était Marya Mikhailovna Tchernenko (Levina). De ce mariage est née une fille, Lydia Konstantinovna Tchernenko, qui a deux fils, Boris et Konstantin. Tous deux sont diplômés des écoles soviétiques, vivent et travaillent à Moscou. Boris a deux filles, Konstantin a trois enfants et a déjà des petits-enfants.
Le second mariage de Konstantin Oustinovitch est celui d’Anna Dmitrievna Tchernenko (Lioubimova). Trois enfants sont nés de ce mariage : Vladimir Konstantinovich, Elena Konstantinovna et Vera Konstantinovna. Vera Konstantinovna a eu un fils, Mitya, qui est malheureusement décédé.
C’était une famille très unie. Les enfants issus du premier et du second mariage de Konstantin Oustinovitch étaient en contact étroit, se rendaient souvent visite, passaient des vacances ensemble. Les relations au sein de la famille étaient des plus chaleureuses. La famille de Konstantin Tchernenko a toujours été une équipe amicale et soudée. Tous les enfants et petits-enfants du secrétaire général du comité central du PCUS se sont réalisés avec succès dans la vie. Aucun des membres de la famille de Konstantin Oustinovitch (ni aucun de ses proches héritiers) n’a fini par émigrer, tous ont étudié dans des écoles et des universités soviétiques, tous vivent et travaillent en Russie.
Il convient de noter en particulier qu’il n’y a pas eu d’autres familles attribuées à Konstantin Oustinovitch par la presse à sensation.
Il s’agit sans aucun doute des résultats de l’éducation. L’épouse de Konstantin Oustinovitch, Anna Dmitrievna, était responsable de toutes les affaires familiales et de l’éducation des jeunes, et elle s’en est acquittée avec succès, en dépit de ses occupations et de la complexité de la tâche. Par exemple, il n’y a jamais eu de « manières de seigneurs » dans la famille. D’une part, K.U. Tchernenko élevait les jeunes par son exemple personnel et, d’autre part, il était tout à fait possible d’obtenir une réprimande sévère de sa part et de la part d’Anna Dmitrievna en cas de comportement inapproprié.
On sait que le niveau de stabilité familiale dépend largement du nombre d’enfants. Plus il y a d’enfants, plus l’environnement moral et psychologique de la famille est favorable. En effet, les enfants élevés dans des familles nombreuses sont plus enclins à la bienveillance et à la cohésion. Par conséquent, il y a plus de chances qu’ils soient plus nombreux à perpétuer le souvenir de la bonne réputation de leurs parents. Par conséquent, le fait que Konstantin Tchernenko, malgré son énorme charge de travail à des postes de responsabilité au sein de l’Union soviétique et du parti, ait réussi à trouver l’occasion de fonder une famille nombreuse, ne le caractérise que d’un point de vue positif.
Anna Dmitrievna et Konstantin Oustinovitch discutaient de toutes les questions familiales et prenaient ensemble les décisions importantes. Anna Dmitrievna ne s’est jamais impliquée dans les problèmes professionnels de son mari, mais si Konstantin Tchernenko lui faisait part de ses réflexions, elle était toujours prête à engager une conversation sérieuse et à lui donner de sages conseils. Par exemple, Anna Dmitrievna était opposée à ce que Konstantin Oustinovitch accède au poste de secrétaire général du comité central du PCUS. Mais il lui dit : « Anya, tu comprends ? il le faut ! ».
Malheureusement, une histoire fictive est reproduite sur l’internet (elle est activement diffusée par un historien contemporain populaire) selon laquelle Anna Dmitrievna, après la mort de Konstantin Oustinovitch, sans moyens de subsistance suffisants, a été forcée de travailler comme concierge dans la maison de sa propre résidence. J’ai demandé aux membres de la famille si c’était vrai. J’ai reçu la réponse suivante : « Non, ce n’est pas vrai. Après la mort de Konstantin Oustinovitch, elle a pris sa retraite et a vécu en colocation avec ses enfants. Anna Dmitrievna est décédée en 2010, entourée de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants ». Nous considérons que de telles publications sont offensantes pour la famille et la mémoire de Konstantin Oustinovich, et nous laissons ces mensonges sur la conscience de leur auteur.
Konstantin Oustinovitch était un homme sage, expérimenté, juste et bienveillant. Il est important de noter sa droiture et son désintéressement. Il n’a pas accumulé de biens matériels tout au long de sa vie et, après sa mort, toute la sécurité de l’État (datcha, voiture, etc.) lui a été retirée. Toute la bibliothèque de Konstantin Oustinovich et d’Anna Dmitrievna a été transférée à la bibliothèque municipale de Sharypovo (ancienne ville de Tchernenko). Et par exemple après des négociations sur la construction du Centre de commerce international de Moscou avec le millionnaire américain Armand Hammer (qui avait l’habitude d’assister aux réceptions de Lénine), Konstantin Oustinovitch a refusé tous les nombreux cadeaux qui lui ont été offerts, à l’exception d’une chemise à fleurs, qu’il a ensuite offerte à son fils.
Tchernenko se caractérisait par son attitude respectueuse envers ses subordonnés. Ainsi, Konstantin Oustinovitch appelait les chauffeurs, les médecins et les agents de sécurité par leurs prénoms et leurs patronymes. Tous étaient toujours félicités à temps pour les anniversaires et autres fêtes. C’est également le mérite d’Anna Dmitrievna. Les relations de Konstantin Tchernenko avec ses employés ont toujours été empreintes de respect et de gentillesse.
Konstantin Tchernenko passait aussi régulièrement du temps avec ses autres proches parents. Parfois, ils se réunissaient avec sa sœur Valentina Oustinovna et son frère Alexander Oustinovitch. Ils avaient de nombreux souvenirs, des histoires intéressantes et instructives. La sœur aînée, Valentina Oustinovna, cuisinait des tourtes au poisson et aux cerises et préparait des brioches au fromage blanc (changui) selon les recettes familiales. Le dîner se terminait par des chansons sibériennes, qu’elles chantaient à merveille. Leur amitié était forte, malgré le fait qu’ils se voyaient rarement. Tous étaient des bourreaux de travail.
Konstantin Oustinovitch était ami avec Leonid Brejnev. En vacances en Crimée, ils habitaient non loin l’un de l’autre et, en dehors des événements professionnels, qui étaient nombreux, et des vacances, ils se rendaient parfois visite l’un à l’autre. Lors des dîners, on ne parlait pas d’affaires, mais on plaisantait et on s’amusait beaucoup. Konstantin Oustinovitch et Leonid Ilitch avaient un merveilleux sens de l’humour. Lors des réunions communes, ils buvaient avec modération de l’eau-de-vie moldave – apparemment, cette préférence date de l’époque où ils travaillaient ensemble dans la RSS de Moldavie, même si, comme on le sait, Leonid Ilyich aimait la zoubrovka.
Par ailleurs, il convient de noter que Konstantin Oustinovitch, comme toute autre personne, avait des intérêts qui n’étaient pas liés à son activité principale (nous parlons ici de ce que l’on appelle les « hobbies »). Konstantin Oustinovitch était sibérien, et ses préférences gastronomiques étaient assez simples : des boulettes sibériennes, bien sûr (nécessairement dans un bouillon), des gâteaux froids, des cornichons, les plats les plus simples, et en été – de l’okroshka.
La question était conditionnée non seulement par les préférences culinaires, mais aussi, dans une certaine mesure, par le respect des traditions des peuples de leur petite patrie. Les habitants de la Sibérie ont toujours préféré les pelmeni (raviolis sibériens). Ce n’est pas un hasard si presque tous les membres de la famille participent au processus de confection des pelmenis.
Pendant les vacances, Konstantin Oustinovitch nageait beaucoup dans la mer, malgré son âge avancé. On ne peut que compatir avec les agents de sécurité qui l’accompagnaient dans ses « baignades ». C’était un très bon nageur. Dans sa jeunesse, il a traversé l’Ienisseï à la nage, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde. Konstantin Oustinovitch était un pêcheur émérite et un chasseur passionné.
Cependant, le principal hobby de Konstantin Oustinovitch était tout ce qui avait trait au développement intellectuel et à l’amélioration de soi. Il s’agit tout d’abord des œuvres du cinéma soviétique, des œuvres des écrivains russes, caractérisées par l’exaltation des qualités humaines les plus aimables, d’autres idéaux élevés de l’humanité, associés au courage, à la lutte pour un avenir meilleur pour le peuple. Ce n’est pas sans raison que le poète préféré de Konstantin Oustinovitch était Serguei Essenine, dont les poèmes exprimaient l’image de notre patrie, étaient pleins de perspicacité quant aux aspirations du peuple russe, tous des personnages à la pensée progressiste du début du XXe siècle. Ils reflètent également les thèmes de la recherche du bonheur, de l’amour et de l’harmonie. Konstantin Tchernenko a également beaucoup apprécié la série télévisée « Nés dans la révolution », consacrée à la formation et au renforcement de la police soviétique, qui a constamment veillé sur le peuple de notre pays et sur les conquêtes de la Grande Révolution d’Octobre.
Konstantin Oustinovitch n’était pas indifférent au football. Le « sauvetage » du club de football Spartak est un fait intéressant. Cette histoire est décrite dans le livre de l’assistant de Konstantin Oustinovich, V.V.Pribytkov – « Apparatus ». Konstantin Tchernenko a soutenu de tout cœur le club de football « Spartak », apportant son soutien à cette équipe sportive unique dans les moments cruciaux. Le fait est que le « Spartak », à la fin des années 1970, pour des raisons objectives et subjectives, a été exclu de la plus haute ligue de football de l’URSS. Konstantin Ustinovich s’est penché sur la question, a pris les mesures nécessaires pour redresser la situation et a donné les ordres qui s’imposaient. Ainsi, le sponsor du FC « Spartak » est devenu « Aeroflot », et les meilleurs spécialistes ont rejoint la direction du club (y compris les entraîneurs). En conséquence, la saison suivante, le Spartak est revenu en première division et, un an plus tard, il est devenu champion d’URSS.
Konstantin Tchernenko attire les frères Starostine, des vétérans du football qui ont de l’autorité auprès des jeunes joueurs. Il écoute également l’avis d’Andrei Petrovitch Starostine, qui propose Konstantin Ivanovitch Beskov et Nikolaï Petrovitch Starostine pour les postes d’entraîneur principal et de chef de l’équipe de football. Dans le même temps, K.U. Tchernenko s’est préoccupé d’apporter une aide matérielle aux joueurs du Spartak. Il s’est efforcé d’accélérer la résolution du problème de logement des joueurs. Il a également alloué une somme importante pour la rénovation de la base de football de Tarasovka, ce qui a permis aux joueurs d’acquérir de nouveaux équipements sportifs et d’améliorer le niveau d’entraînement des joueurs. L’aide apportée à l’équipe de football par le ministère de l’aviation civile lui a permis d’éviter les problèmes liés aux vols en URSS et dans le monde. Tous ces efforts ont porté leurs fruits. Ce n’est pas un hasard si, en 1977, le Spartak est revenu en première division et, en 1979, il est devenu champion d’URSS.
Ainsi, toute tâche entreprise par K.U. Tchernenko était menée à bien, et pas seulement dans le domaine de la politique. Cela caractérise Konstantin Oustinovitch comme un personnage sincèrement concerné, déterminé et polyvalent.
* * *
Le degré de contribution à l’histoire de chaque chef d’État, de chaque personnalité politique de premier plan est différent. Le souvenir de certains dirigeants, qui ne se sont pas illustrés pendant leur règne, s’efface instantanément. D’autres, qui se sont rendus coupables d’actes répréhensibles liés à la trahison des intérêts du pays, à son effondrement, à la poursuite d’une voie contraire aux intérêts de la majorité des compatriotes, sont toujours perçus par les générations qui leur succèdent comme des symboles de destruction et d’injustice. Mais d’autres, qui ont beaucoup fait pour accélérer le développement et l’amélioration du pays, qui ont travaillé pour le bien du peuple, ne laissent que des souvenirs positifs d’eux-mêmes pour toujours. Konstantin Oustinovich Tchernenko fait indubitablement partie de ces personnes.
Par décret du Présidium du Soviet suprême de l’URSS du 9 août 1982, il a été décidé de construire un buste en bronze du héros du travail socialiste K.U. Tchernenko, récompensé par la deuxième médaille d’or « Faucille et marteau ». Le buste a été installé dans la petite patrie de Konstantin Oustinovitch, à Krasnoïarsk.
Cependant, Gorbatchev, par décret (décret du président de l’URSS N UP-1007 du 12 novembre 1990), a personnellement ordonné le démontage du buste. Par la suite, le buste a été déplacé dans le village de Novosyolovo et installé devant la maison de la culture locale. Le monument est entretenu et soigné, le territoire qui l’entoure a été amélioré. Un grand merci à l’administration du village de Novosyolovo.
Lorsque le monument a été déplacé de Krasnoïarsk à Novosyolovo en 1990, le socle de granit et la plaque de bronze d’origine ont été perdus. Il n’est même pas surprenant que dans le musée des traditions locales de Krasnoïarsk (très grand et très bon), il n’y ait pas une seule mention, pas une seule photo du natif du kraï de Krasnoïarsk, le seul Sibérien – le dirigeant de notre pays, qui a fait beaucoup pour lui et pour le kraï de Krasnoïarsk également. Nous espérons vivement que cela sera corrigé.
Malheureusement, au cours des dernières décennies, une vision déformée de l’activité de K.U. Tchernenko s’est formée. L’internet est encore rempli de mensonges purs et simples et d’articles de presse bon marché sur Konstantin Oustinovitch. Tout ceci est une conséquence directe de la propagande de l’époque de la soi-disant perestroïka, lorsque, sur ordre direct de ses organisateurs, la mémoire de Konstantin Tchernenko a été activement combattue.
En 1990, comme s’il s’agissait d’un ordre, à la suite de « nombreuses demandes des travailleurs », la plaque commémorative de la maison où Konstantin Oustinovitch a vécu (Moscou, Bolshaya Bronnaya, 19) a été démontée et détruite, la ville de Tchernenko a été rebaptisée en ville de Sharypovo, la rue Tchernenko à Moscou a été rebaptisée en rue Khabarovskaya. Le poste de K.U.Tchernenko à Khorgas, en République socialiste soviétique du Kazakhstan, a également été rebaptisé en 1990, bien entendu « à la demande des travailleurs ».
De très nombreuses personnes qui ont connu K.U. Tchernenko parlent de lui avec beaucoup de respect. La famille et les proches de Konstantin Oustinovitch gardent un souvenir impérissable de lui. Il convient de noter que la famille s’est toujours battue pour préserver la mémoire de Konstantin Tchernenko.
Par exemple, récemment (en 2023), une plaque commémorative a été restaurée sur la maison où il a vécu. Zurab Konstantinovich Tsereteli a personnellement apporté une aide précieuse à la restauration de la plaque commémorative.
Nous espérons que le temps remettra les choses à leur place. Quelle a été l’attitude du peuple à l’égard des hommes d’État qui ont organisé la perestroïka, déformé les faits historiques, utilisé le terme de « stagnation » et, en fin de compte, ruiné un grand pays ? Konstantin Oustinovitch ne méritait pas une telle attitude. K.U. Tchernenko a acquis une réputation positive en résolvant les problèmes de normalisation de la vie dans le kraï de Krasnoïarsk (même pendant la dure période de guerre) et dans la RSS de Moldavie dans des conditions extrêmement difficiles, sincèrement obsédé par les aspirations patriotiques, déterminé à défendre les intérêts du peuple jusqu’au bout.
Il connaissait de première main les besoins du pays, subordonnant ses activités exclusivement au renforcement de la puissance de l’URSS et à l’amélioration du bien-être des travailleurs, il a sérieusement réfléchi à la mise en œuvre d’idées susceptibles de donner un élan au développement de notre patrie, d’ouvrir de nouvelles perspectives à la population. L’élaboration détaillée par Konstantin Tchernenko de plans d’action dans les domaines socio-économique, de la politique intérieure et des questions internationales, afin de rechercher des solutions équilibrées et adaptées aux besoins de la société, a créé les conditions préalables à la mise en œuvre réussie des transformations développées du socialisme soviétique. Leur réalisation aurait permis d’intensifier le développement de notre pays, de continuer à étonner le monde entier par l’exploration continue de nouveaux horizons. Les percées réalisées par la République populaire de Chine, dont les autorités ont généralement mis en œuvre, depuis la fin des années 70, une grande partie des projets de K.U. Tchernenko et des propositions des représentants de la commission du Comité central du PCUS formée à l’époque, confirment le caractère prometteur du modèle de développement présenté.
Tout ce qui précède nous permet de classer K.U. Tchernenko comme un personnage historique important. Nous sommes convaincus qu’à l’avenir, la vérité sur l’éminent secrétaire général du Comité central du PCUS prévaudra, que son nom sera rétabli et que ses idées pour le développement de notre pays dans les sphères socio-économiques et politiques seront adoptées. Les principes de désintéressement, de diligence, de justice, de véritable patriotisme et de travail pour le bien du peuple, suivis par Konstantin Tchernenko, triompheront également à nouveau. Ce n’est que sur cette base qu’il sera possible de faire revivre notre pays, de guérir la société de la crise sociale et morale.
Docteur en sciences historiques, Mikhail Borisovich Tchisty.
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