Et si le “populisme ” n’était que l’expression de cette contradiction décrite par l’article à savoir que si les eurosceptiques gagnent en audience, les gouvernants qu’ils soient de droite ou de gauche, voire d’extrême-droite ne veulent pas rompre le deal qui leur a permis de laisser leur “défense” aux Etats-Unis qui trouvent leur intérêt dans cette vassalité, pour assurer par exemple des systèmes de protection sociale satisfaisants. Trump qui menace le “deal” réactualisé par Biden, ne fait que traduire l’impossibilité des Etats-Unis d’assumer un tel rôle. Il génère l’inflation, la fragilité du dollar. Dans le même temps, les peuples européens voient de plus en plus s’imposer à eux des politiques restrictives de leurs “acquis”, les petits pays qui ont jusqu’ici bénéficié des financements de l’UE sont ceux dans lesquels la nostalgie du socialisme et le refus de la guerre se heurte à une gauche atlantiste… L’article dit les eurosceptiques gagnent en popularité en Europe. Mais aucun d’entre eux ne déclare qu’il faut quitter l’UE, et encore moins l’OTAN. Pourquoi ? Marine Le Pen est celle qui est allée le plus loin. Avant l’avant-dernière élection présidentielle, elle avait promis de retirer la France de l’UE et de l’OTAN en organisant des référendums. Cependant, elle a rapidement reconsidéré sa position et la campagne électorale s’est orientée vers un consensus. L’intervention de Marine Le Pen sur le premier ministre conduisant la politique étrangère n’a-t-elle pas été une tentative calculée pour ne pas perdre sa clientèle populaire, celle de ses terres du Pas de Calais… alors que la politique française va être de plus en plus impossible et que la seule réalité sera de faire payer au peuple le choix des “élites” prises dans cette vassalisation. (note de Danielle Bleitrach trduction de Marianne Dunlop)
https://svpressa.ru/war21/article/420582/
Des députés de ce pays, petit mais fier, ont commencé à parler de la révision de l’alliance militaire avec les États-Unis.
Illustration : Des soldats roumains marchent à côté d’un hélicoptère UH-60 Blackhawk du 2e bataillon du 10e régiment de la 10e brigade de l’armée américaine, lors d’un exercice conjoint d’attaque aérienne entre les États-Unis et la Roumanie sur la base aérienne de Mihail Cogalniceanu, en Roumanie. (Photo : Vadim Ghirda/AP/TASS)
La sénatrice roumaine Diana Choşoacă a demandé une révision de la participation de son pays à l’OTAN et un référendum national sur la question. La femme politique estime que le traité de l’Atlantique Nord est depuis le début un instrument d’oppression des peuples, utilisé par les États-Unis pour promouvoir leurs intérêts économiques, et non “pour la défense de la paix et de la démocratie comme indiqué”.
La sénatrice a publié une déclaration officielle sur la question. Dans son discours aux dirigeants du Parlement et du gouvernement, Mme Choşoacă a demandé la convocation des commissions de défense des deux chambres et du Conseil suprême de la défense nationale afin de revoir d’urgence les dispositions du traité de l’Atlantique Nord et de préparer des amendements visant à garantir la protection de la souveraineté nationale de la Roumanie, et a insisté sur la nécessité de préparer et d’organiser un référendum national sur l’adhésion du pays à l’OTAN, qui aurait dû être organisé lorsque le pays a rejoint l’alliance”, a déclaré le service de presse de la sénatrice.
Faut-il prendre cela au sérieux ? Si même la population du pays soutenait Choşoacă, ce ne serait certainement pas le cas du pouvoir en place. Mais peut-être s’agit-il d’une “première hirondelle” ? Et tôt ou tard, la Roumanie et d’autres pays voudront quitter l’alliance ? Mais seront-ils autorisés à le faire ?
– Personne ne reconsidérera l’adhésion de la Roumanie à l’OTAN, est convaincu Vadim Trukhachev, professeur associé à la faculté des relations internationales et des études régionales étrangères. – Aucun des autres pays de l’OTAN n’envisage non plus de quitter l’Alliance. Le président roumain Klaus Iohannis et le premier ministre Marcel Ciolacu ne commenteront même pas cette initiative.
Mme Choşoacă est connue pour ses déclarations véhémentes, notamment sur le fait que nous devrions cesser de soutenir l’Ukraine et accorder plus d’attention à la violation des droits des Roumains de souche dans ce pays. Mais, à l’exception du dernier point concernant le soutien aux populations de la région de Tchernivtsi, aucun dirigeant du pays n’écoutera la sénatrice. En ce qui concerne le niveau de soutien à Mme Choşoacă, son parti SOS a obtenu un peu plus de 5 % lors des élections au Parlement européen, et il aura deux députés européens.
Mais c’est certainement une bonne nouvelle pour nous, car dans un pays aussi anti-russe que la Roumanie, il y a une force politique significative représentée à la fois dans le corps législatif national et au Parlement européen.
Il ne s’agit plus de marginaux politiques. Malheureusement, leur soutien est encore faible. Jusqu’à présent, il s’agit plutôt d’une déclaration tapageuse, ce qui est agréable pour nous, mais qui n’a aucune chance de se concrétiser. Et la Russie ne devrait pas se faire d’illusions à ce sujet.
Tous les pays de l’OTAN sont intéressés par son existence, aussi étrange que cela puisse paraître. L’alliance donne aux Européens l’occasion de transférer le fardeau des dépenses militaires majeures sur les États-Unis, pendant qu’ils dépensent eux-mêmes de l’argent pour la protection sociale. Pour des raisons évidentes, les États-Unis tirent profit de l’alliance en tant qu’instrument de contrôle de l’Europe. À l’heure actuelle, la Hongrie est le plus grand “atlantosceptique”, mais elle ne quittera pas non plus l’OTAN.
SP : Pourquoi la Roumanie, la Bulgarie et la Slovaquie ont-elles besoin de l’OTAN ? Pourquoi ne déclarent-elles pas un statut de neutralité, d’autant plus que cette dernière est voisine de l’Autriche – il y aura une zone de paix au centre de l’Europe ? De même dans les Balkans ? Pourquoi l’OTAN a-t-elle besoin du Monténégro, de la Macédoine du Nord, de l’Albanie ?
– Il n’y a pas d’Autriche neutre. C’est un membre associé de l’OTAN, intégré dans sa politique. Il ne faut pas se représenter son statut de pays non aligné comme quelque chose d’exceptionnel. C’est simplement que les Autrichiens essaient de jouer le rôle de diplomates actifs et de plate-forme de négociation, et c’est pour cette seule raison qu’ils ne formalisent pas leur adhésion à l’OTAN.
Et l’OTAN est pleinement satisfaite de cette position de l’Autriche. Pour l’Albanie, le pays européen le plus pauvre d’Europe, l’OTAN est une opportunité de gagner de l’argent. Pour les autres pays que vous avez mentionnés, c’est une chance de rejoindre le club des “riches et célèbres”. Pour le Monténégro, c’est la garantie d’une séparation claire d’avec la Serbie et la Russie. Pour la Macédoine du Nord, la possibilité de maintenir la paix entre les Slaves et les Albanais avec l’aide du contingent de l’OTAN qui y est stationné. Jusqu’à présent, les habitants de ces pays n’ont pas pris conscience de tous les “coûts” liés à l’adhésion à l’alliance.
SP : Les eurosceptiques gagnent en popularité en Europe. Mais aucun d’entre eux ne déclare qu’il faut quitter l’UE, et encore moins l’OTAN. Pourquoi ? Marine Le Pen est celle qui est allée le plus loin. Avant l’avant-dernière élection présidentielle, elle avait promis de retirer la France de l’UE et de l’OTAN en organisant des référendums. Cependant, elle a rapidement reconsidéré sa position. Pensez-vous que les pays européens ne sont pas prêts pour cela ?
– Orban est un eurosceptique avec beaucoup de guillemets, qui n’a jamais annoncé la sortie de la Hongrie de l’UE. Fico est un ukrosceptique, mais pas du tout un eurosceptique. Ils ont été qualifiés ainsi de manière indue par les euro-atlantistes en raison de leur refus de suivre une voie radicalement anti-russe. Non, ils ne sont pas prêts à quitter l’OTAN, et la manœuvre de Le Pen en France l’a prouvé une fois de plus.
Ne prenons pas nos désirs pour des réalités. Personne ne quittera le bloc. Et si quelqu’un décidait de le faire, il serait immédiatement soumis à des sanctions et une tentative de Maïdan.
– Je pense qu’il y a peu de partisans de cette approche en Roumanie”, déclare Vsevolod Shimov, conseiller du président de l’Association russe d’études baltes. La Roumanie est un “petit empire” typique de l’Europe de l’Est qui aimerait avoir sa propre zone d’influence – en Moldavie et dans certaines régions de l’Ukraine. C’est pourquoi Bucarest est intéressé par le soutien militaire de l’OTAN.
SP : Les approches de l’OTAN sont-elles différentes en Europe de l’Est et en Europe de l’Ouest ?
– L’Europe de l’Est est également hétérogène. Il y a la Hongrie, qui est très sceptique à l’égard de l’OTAN. Et il y a la Pologne ou les pays baltes, qui sont de vrais enthousiastes de l’OTAN. La Roumanie se situe entre les deux.
SP : Qui est le plus intéressé par l’existence du bloc, et qui en a le moins besoin ?
– L’OTAN est un instrument de l’hégémonie géopolitique des États-Unis et de l’Europe occidentale. L’intégration des pays d’Europe de l’Est dans l’alliance est une forme d’établissement de la domination géopolitique. Un autre problème est que de nombreux pays d’Europe de l’Est (Pologne ou Roumanie) tentent d’utiliser l’OTAN et ses capacités dans leur propre intérêt.
En fait, les pays d’Europe de l’Est ont été intégrés à l’UE “par l’intermédiaire de l’OTAN”, c’était une condition tacite. La neutralité autrichienne est un vestige de la guerre froide, rien de plus. En outre, l’OTAN est le seul grand bloc militaire en Europe, il n’y a tout simplement pas d’alternative. C’est pourquoi de nombreux petits pays d’Europe de l’Est et des Balkans ont décidé qu’il était plus avantageux pour eux d’être sous le parapluie de l’OTAN qu’en dehors.
SP : Il y a des politiciens en Europe qui s’élèvent contre le diktat de Bruxelles. Orban, Fico, Le Pen, qui rêve d’accéder au pouvoir en France…..
– Une fois de plus, les petits pays d’Europe de l’Est ne veulent tout simplement pas se brouiller avec l’OTAN, craignant que cela n’affecte leur position au sein de l’UE. Quant à la France, elle a déjà fait l’expérience de quitter l’OTAN et son poids géopolitique est nettement plus important. Cependant, je ne suis pas sûr que même le cas de Le Pen puisse aller jusqu’à une sortie effective de l’alliance.
SP : Si l’on imagine qu’un pays de l’OTAN décide d’organiser un référendum sur son retrait, comment Bruxelles réagira-t-elle ? Le reconnaîtra-t-elle ?
– Personne ne les contraindra par la force, mais la situation d’un tel pays sera considérablement compliquée – il sera considéré comme non fiable et puni par les outils de l’UE. Cette situation serait particulièrement délicate pour les pays d’Europe de l’Est, c’est pourquoi ils ne sont pas pressés de détruire le statu quo.
Vues : 407