Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le pari électoral d’Emmanuel Macron ne pouvait pas donner autre chose

Le pire est hélas souvent prévisible et c’est le pire qui se réalise : non seulement le Rassemblement si peu national est porté par une grande vague électorale et malgré l’angoisse des antifascistes, le rempart érigé à la hâte n’a pas été de taille à lui résister. Pire, ce qui va diriger ce fragile barrage du Front populaire risque d’être des élus type Glucksmann et Hollande qui vont porter haut le thème du Front Républicain en lui donnant le contenu des “démocrates” à la Biden. Fabien Roussel est-il battu face à quelle coalition de voix ? Le PCF aura-t-il un groupe on l’ignore mais les communistes ont-ils encore un parti là est la question. Le capital triomphe sur toute la ligne, un de ces victoires à la Pyrrhus celle de sa catastrophe imminente qui semble dans ce contexte n’avoir aucun moyen de la conjurer… Aurons-nous le courage d’une analyse de fond que nous sommes un certain nombre à appeler de nos vœux ? Sans règlement de compte mais en mesurant ce qui se joue et qui était en gestation depuis des décennies, on ne peut ignorer à ce point le mouvement du monde… Comment la colère populaire accumulée a-t-elle pu s’engouffrer dans cette détestation aveugle d’un président caricatural mais qui n’est que le produit d’un système qui sort plus que jamais confirmé de cette trajectoire nourrie de bien des démissions? Il est temps de se rassembler sur une véritable issue et sur ce qu’il faut construire pour y arriver.

Le président français Emmanuel Macron debout contre un bureau. Les silhouettes de deux personnes l’entourent.

Photographie de Dylan Martinez / AFP / Getty

Toute la présidence de Macron, dans la logique de ceux qui l’avaient précédé n’a cessé de jouer avec le Rassemblement national, chaque défaite était devenue sa victoire qu’il s’agisse de résultats électoraux à l’arrachée ou de l’asphyxie supposée du mouvement des gilets jaunes. La coalition des modérés s’est apparemment effondrée sous ses coups mais en revanche il a réussi à dévoyer le refus de la guerre en atlantisme, le populisme est-il autre chose, avais-je averti, que la réaction populaire comparable à l’offre politique des Etats-Unis entre Trump et Biden? Et son actualisation en Europe, la vassalisation à l’OTAN qui laisse au militarisme et à l’hégémonie made in USA, la gouvernance de la géopolitique derrière l’OTAN en conservant des profits et avantages qui se raréfient… L’élection législative dans la foulée des européennes est devenu le test d’une conception de la sécurité face à l’aventurisme et ses caprices…

La présidence de Macron a été plus qu’une déception, une débâcle comme l’avait été avant lui celle de Sarkozy ou de Hollande avec l’individu qui semblait fait pour incarner de tels dirigeants, une caricature qui a poussé le jeunisme jusqu’à l’épuisement de son propre système, un mouvement entièrement rénové qui a installé tout ce qu’il y a de plus archaïque et dépassé à travers les peurs… Mais il n’a pu se maintenir qu’en portant la montée du Rassemblement national à son paroxysme de haine et de colère populaire accumulé, c’est ce qui lui a permis d’accomplir l’exploit que n’avaient pas réussi ses deux prédécesseurs se faire élire une deuxième fois mais d’une manière telle qu’il n’a eu qu’une chambre ingouvernable pour “confirmer” ce résultat électoral… Pour l’Europe, c’est la même chose, lui et ses pairs ont fondé leur “stabilité” sur le même chaos et il a cru aux lendemains d’élections européennes pouvoir renouveler l’opération, celle-ci est toujours en marche d’ailleurs.

Macron n’a été que ce chaos permanent sans aucune conviction idéologique autre que celle de ses pairs en Europe : durer en créant partout le chaos et la guerre de tous contre tous… Macron est la figure de cet épuisement et ce chaos dont les élections américaines sont le symbole et ceux que cette élection va porter au pouvoir ne pourront rien y faire… le coût social d’une telle débâcle va être énorme et résister à cette addition-là, celle présentée par la classe impérialiste pour survivre à sa propre crise, exige bien autre chose que des parlementaires en proie à la confusion plus que jamais. à l’ordre de ce jour et de ces résultats. C’est de cela qu’il faudra avoir le courage de parler et d’analyser, est-ce que c’est possible, je l’ignore.

Pourtant, il faudra bien sortir de ces “tactiques” du sauve-qui-peut, sans stratégie, la seule qui a jamais pu vaincre le fascisme en mettant à jour ses choix de classe capitalistes et ses liens étroits avec la guerre, le socialisme est la seule réponse stratégique alors que les “tactiques” du moins pire qui reste capitaliste et belliciste font la preuve de leur approfondissement de la crise. Quand on a laissé la situation en arriver au point des USA et de la France aujourd’hui que peut-on espérer ?

Soyons clairs : il y a des semi victoires ce soir et paradoxalement peut-être faut-il ranger là-dedans les espérances déçues d’un Rassemblement National d’avoir la majorité absolue en tous les cas au prix ultérieur d’un décollage avec ses ambiguïtés de représentant des couches populaires et de leurs intérêts. Semi victoire enfin défaite limitée pour le parti majoritaire au prix d’une ingouvernabilité accrue. La déception est tout aussi importante pour le Front Populaire Nouveau qui risque de ne pas retrouver ses élus de la NUPES. Si quelques prises “dissidentes” très région parisienne masquent un peu le phénomène le résultat dès le premier tour marque la débâcle du PCF et risque d’être accentué au second tour. Mais la catastrophe ultime est réservée à la droite… tous ces échecs témoignent de la difficulté des solutions de sommet qui ne tiennent pas compte des sensibilités de l’électorat. Cette illusion que je dénonçais dans un article récent et qui a renoncé comme le ferait une analyse marxiste à faire coïncider rapports de classe et expression politicienne. Il est possible que le second tour accentue les tendances avec un électorat rétif à appliquer des consignes de vote.

Devant une telle situation, il faut savoir tabler sur le véritable avenir…

Il y a le court terme celui dans lequel les Français, comme les citoyens des “démocraties” occidentales sont pris depuis des années. Il exige de s’opposer à l’extrême-droite, au leurre fasciste qui n’est que la poursuite de la politique du capital sous une forme répressive et mafieuse. Mais il faut aussi voir que la stratégie de ce type de rassemblement usée jusqu’à la trame par un Macron et ses prédécesseurs a ses limites et que celles-ci ont volé en éclat. Il faut aussi mesurer que ceux qui auraient la courte vue de construire leur résistance sur les divisions et le clientélisme de ces divisions vont dans le même sens. Tout cela nécessite une véritable réflexion collective avec l’échange des expériences théoriques et pratiques.

Bien sûr l’angoisse des Français anti-fasciste est telle que nous ne pouvons que répéter ce que nous avons tenté de dire tout au long de cette abominable campagne : il faut battre le Rassemblement national mais en sachant qu’actuellement nos votes ont toutes chances d’aboutir à continuer à renforcer son assise. Et qu’il faudra une prise de conscience profonde de la nature de ce que nous affrontons pour vaincre ce fascisme qui sous toutes ses formes est là et depuis longtemps.

Danielle Bleitrach

Le NFP obtiendrait 28,1 % des voix ce dimanche, d’après une première estimation de Ipsos. Il peut espérer entre 125 et 165 sièges dans la future Assemblée nationale qui sortira du second tour dimanche 7 juillet, toujours selon les projections d’Ipsos.

Dans le détail, LFI pourrait rafler la majorité des sièges (entre 58 et 72). Le Parti socialiste suivrait avec de 33 à 43 députés, devant Les Écologistes (entre 28 et 38) et le PCF (entre 6 et 12).

Législatives 2024 : à quoi pourrait ressembler l’Assemblée après le second tour ?

Législatives 2024 : à quoi pourrait ressembler l’Assemblée après le second tour ?© Fournis par Le Parisien

Cette répartition est cohérente avec celle des circonscriptions dans lesquelles le NFP avait, à chaque fois, investi un candidat unique. Le plus gros morceau du gâteau était revenu à LFI, avec 229 « circos », devant le PS (175), Les Écologistes (92) et le PCF (50).

Attention toutefois : ces projections sont à prendre avec beaucoup de prudence, notamment car des candidats qualifiés au second tour pourraient se retirer. Ce dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs déjà annoncé que le NFP retirerait son candidat si celui-ci est arrivé 3e, afin de faire barrage au RN.

En 2022, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), soit l’union de la gauche formée à cette occasion, avait obtenu 151 députés : 75 pour La France insoumise, 31 pour le Parti Socialiste, 23 pour les écologistes et 22 pour la Gauche démocrate et républicaine (groupe parlementaire qui rassemble le PCF et une poignée d’alliés).

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