Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

‘La Chine est très préoccupée’ : les États-Unis tentent de jouer la carte coréenne, par Piotr Akopov

effectivement imagner une fissure entre la Chine et la Russie est l’obsession des dirigeants US et de leurs homologues Européens. C’était même l’unique sujet de discussion audible entre les deux prétendants cacochymes à la présidence des USA… Pendant que l’on feint de nous amuser nous Français dans le même leurre, celui des démocraties contre le fascisme, il n’existe plus aucun représentant de la paix et tous les “blocs” ont adopté le choix de la guerre et d’être les relais de la propagande sinophobe et russophobe, la garantie démocratique se jouant entre ça et le soutien à Netanayoun. Il a été réussi d’éliminer du paysage politicien français ce sur quoi vient de se casser le nez le “cher” Zelensky et qui est à l’origine du “nouveau plan”, non seulement une défaite militaire mais aussi diplomatique, à savoir un nouveau rapport des forces mondiales contre lequel les USA continuent à jouer aux coups d’Etat et à une politique de sanction et de blocus. Il ya dans ce texte traduit par Marianne une démonstration imparable. (note de danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://ria.ru/20240627/politika-1955695378.html

Depuis une semaine, on raconte en Occident que “La Chine est inquiète”, “Xi Jinping est de plus en plus mal à l’aise” et “Pékin observe avec prudence”. Que se passe-t-il ? Il paraît que la Chine est très inquiète de la visite de Vladimir Poutine à Pyongyang et de la signature du traité d’assistance militaire mutuelle entre la Russie et la Corée du Nord : cela “pourrait mettre la RPC dans une situation très dangereuse”. Est-ce que c’est ce qu’on dit à Pékin ? Non, c’est ce qui s’écrit et se dit en Occident, principalement aux États-Unis. Et pas seulement les principaux médias et analystes, mais aussi de hauts fonctionnaires américains.
Tout d’abord, le général Charles Brown, chef militaire américain et président de l’état-major des forces armées américaines, déclare que le traité entre la RPDC et la Russie “pourrait créer plus de tensions, plus de frictions” entre Moscou et Pékin ; ensuite, le secrétaire d’État adjoint Kurt Campbell nous dit que la visite de Poutine a suscité l’inquiétude de la Chine – la coopération avec les Russes va-t-elle pousser Pyongyang à des actes de provocation qui pourraient conduire à une crise dans la région ?

Les Américains se préoccupent-ils des relations russo-chinoises ? Non, ils essaient simplement de trouver une fissure qu’ils peuvent tenter d’élargir pour en faire un véritable fossé. Les États-Unis ne peuvent pas accepter le fait qu’ils ont perdu ce qui leur restait d’influence sur les relations entre Moscou et Pékin. Ils essaient donc de jouer la carte coréenne contre Poutine et Xi.

C’est la logique qu’ils échafaudent à la place des Chinois – Pékin doit être mécontent que Kim ait maintenant un traité aussi sérieux avec la Russie, parce que cela réduit la dépendance de la RPDC vis-à-vis de la Chine. Et cela pourrait pousser Pyongyang à quelques aventures dans la région, tout en renforçant l’alliance de la Corée du Sud et du Japon avec les États-Unis. Et Pékin n’a pas du tout besoin de cela – au contraire, il essaie de jouer sur les contradictions de Séoul et de Tokyo avec les États-Unis. Oui, et le plus effrayant de tout : que se passera-t-il si Kim fournit une assistance militaire à la Russie en Ukraine, et qu’en réponse les États-Unis ou leurs alliés frappent la Corée du Nord ? La Chine devra intervenir, c’est-à-dire entrer en guerre avec les États-Unis, n’est-ce pas ?
Avez-vous déjà peur pour les Chinois ? Et ce n’est pas la limite de la ruse de Poutine – il pourrait même pousser Kim à s’activer sur le plan militaire : “Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que Moscou n’a guère d’intérêt à empêcher son partenaire junior de s’engager dans des actions qui déstabilisent l’Asie du Nord-Est. En fait, Poutine pourrait bien se réjouir d’une provocation de la Corée du Nord dans la péninsule coréenne, ce qui obligerait les États-Unis à détourner leur attention de l’Europe, où la Russie poursuit sa guerre implacable contre l’Ukraine”.

C’est une citation d’un article sur le site du sérieux think tank Brookings. Son auteur Patricia Kim a même imaginé une “surprise d’octobre” de la part de Poutine et Kim pour Biden : organiser une provocation dans la péninsule coréenne à la veille des élections américaines pour faire pencher la balance en faveur de Trump. La Chine n’est donc pas la seule à avoir quelque chose à craindre…..

Plus sérieusement, les divulgations américaines peuvent être qualifiées de faciles et de grossières. Il est ridicule d’effrayer la Chine avec le rapprochement entre la RPDC et la Russie – et pas seulement parce que, connaissant la confiance dans les relations entre Poutine et Xi Jinping, on peut supposer que les deux dirigeants ont discuté en détail de la question coréenne avant même la visite du président russe à Pyongyang.
Plus important encore : la Chine a exactement le même traité que Moscou avec la RPDC. Certes, Kim se sentira encore plus confiant maintenant, mais pas pour organiser des provocations ou attaquer la Corée du Sud. Tout au long de son histoire, la RPDC a donné la priorité à sa propre sécurité, mais elle a toujours compté sur ses propres forces pour l’assurer. Depuis la dévastatrice guerre de Corée, il y a 80 ans, toute la politique de la RPDC repose sur l'”autosuffisance”, tant idéologique que militaire. Les Russes et les Chinois ont combattu les Américains sur le sol coréen, mais après le retrait des troupes chinoises en 1958, la RPDC ne compte que sur elle-même. Certes, en 1961, elle a conclu des traités d’assistance mutuelle avec ses deux voisins, la RPC et l’URSS, mais elle n’a jamais été le vassal ou la marionnette de qui que ce soit. Des troupes américaines sont toujours stationnées en Corée du Sud et des bases américaines sont également situées au Japon, mais l’Occident déclare que c’est la RPDC, indépendante et autonome, qui constitue une “menace pour le monde”.

Ni Poutine ni Xi Jinping ne peuvent lui donner des ordres – bien que 90 % des échanges commerciaux sanctionnés de la RPDC se fassent avec la Chine, seuls des “analystes” totalement partiaux ou ignorants peuvent la qualifier de vassale de la Chine. La RPDC ne permettra à personne de la commander, ni à ses ennemis, ni à ses amis. Mais elle ne prétend pas manipuler les autres, et il est donc tout simplement impossible d’imaginer une situation dans laquelle Kim impliquerait les Chinois ou les Russes dans une guerre. La RPDC a déjà abandonné le slogan de propagande de la “réunification pacifique de la Corée”, présenté en Occident presque comme une preuve camouflée d’intentions agressives (en prétendant que la non-reconnaissance par la Corée du Sud de la souveraineté nord-coréenne n’a aucune importance).

La seule menace associée en rapport avec la RPDC est la menace américaine. Ce sont les États-Unis qui ont forcé les Kim à se doter d’armes nucléaires. Ayant vu comment les États-Unis traitaient les puissances indésirables après l’effondrement de l’URSS, Pyongyang a misé sur un programme de missiles nucléaires. Les tentatives américaines pour forcer la Corée du Nord à renoncer à la bombe atomique étaient vouées à l’échec dès le départ : il était clair que Pyongyang résisterait à toute pression et à toute sanction. En leur temps, malheureusement, même la Chine et la Russie ont soutenu les sanctions, sur la base de leur tactique dans le jeu avec l’Occident à l’époque.
Eh bien, les États-Unis ont toujours utilisé le thème de la “bombe coréenne” pour faire pression sur la Chine – et cela a été particulièrement visible pendant la présidence de Trump. Washington a exigé de Pékin l’impossible (en raison de l’indépendance totale de Kim) et l’inutile pour la Chine elle-même – forcer la RPDC à désarmer. En réalité, Washington créait simplement un autre front de pression sur Pékin en direction de la Corée, tout en maintenant Séoul et Tokyo dans leur giron, ne leur permettant même pas de rêver d’affaiblir le contrôle américain.

La Chine joue désormais un tout autre jeu avec les Etats-Unis, et ses relations avec Pyongyang comme avec Moscou ne sont déterminées que par des considérations stratégiques sur le chemin commun – celui déjà parcouru et celui à venir. Ni Poutine, ni Xi, ni Kim n’ont envie de ressusciter la triple “fraternité combattante” sur le champ de bataille, mais les Américains se trompent lourdement s’ils pensent que les Russes, les Chinois et les Coréens l’ont oubliée et qu’ils ont oublié contre qui ils se sont battus.

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