Qu’il se soit trouvé dans la bataille actuelle entre factions du capital pour se rallier le vote populaire des tendances contradictoires au sein d’une “gauche” travailliste et que les thèmes sous lesquels s’est opéré ce ralliement, ceux de la démocratie et des droits de l’homme ait donné lieu à des leurres aliénant le combat de classe, en Grande-Bretagne comme dans tout l’occident est une réalité. Mais le fait qu’une partie de la petite bourgeoisie littéraire est de plus en plus mécontente de la manière dont ont été payés leurs efforts pour couvrir la répression et l’exploitation néo-coloniale et des travailleurs crée les conditions d’une évolution de la petite bourgeoisie. Pour tenter de se refaire une virginité politique autant que par prise de conscience de leur propre situation, il y a un mouvement réel des intellectuels et artistes qui se traduit ici par le soutien de cette prestigieuse écrivaine et politique qui subit la répression de l’extrême-droite indien avant tout parce qu’elle s’est placée au côté des intouchables et des exploités. Ce qui est visé au niveau de l’atlantisme y compris de la majorité travailliste est de faire pression sur Modi pour qu’il reste dans le giron impérialiste à partir de ses alliances de classe, celle du Commonwealth en déshérence… Mais on ne saurait limiter ce choix à ce fondamental, il faut être attentif à ce qui évolue sincèrement dans cette petite-bourgeoisie littéraire et qui peut être comme Roy Arundhati à la base d’une prise de conscience de nouveaux rapports de forces dans le monde… Là encore il faut comme le retour à Marx nous y invite ne pas se leurrer sur les intérêts de classe et sur les ralliements mais dans le même temps voir le bougé positif et l’encourager (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Arundhati Roy à Stockholm, en Suède, en mars 2023.© Roger Turesson
Après les célèbres Salman Rushdie, Margaret Atwood ou encore Chimamanda Ngozi Adichie, c’est l’autrice indienne Arundhati Roy qui remporte le PEN Pinter Prize cette année, un prix littéraire prestigieux aux Royaume-Uni, à tel point que la photo de la romancière apparaît en une du quotidien britannique The Guardian, ce vendredi 28 juin.
« J’aurais aimé qu’Harold Pinter [écrivain londonien mort en 2008 qui a donné son nom à ce prix, ndlr] soit parmi nous aujourd’hui pour écrire sur la tournure incompréhensible que prend le monde, a réagi Arundhati Roy. Nous devons essayer de faire tout notre possible pour essayer de marcher dans ses pas. »
L’écrivaine a accédé à une notoriété internationale à la suite de la publication de son roman le Dieu des Petits Riens, récompensé du Booker Prize en 1997. Ce livre, en partie autobiographique, raconte le système des castes en Inde. Très engagée, cette militante de 62 ans est aussi connue pour sa lutte pour l’écologie, ou encore contre les discriminations et les inégalités socio-économiques dans son pays natal.
Une potentielle « terroriste » pour l’Etat indien
Recevoir le PEN Pinter Prize est d’autant plus important que l’autrice est sous le coup de poursuites judiciaires en Inde depuis le 14 juin. Le parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party, lui reproche ses propos sur le Cachemire, une région dont une partie est rattachée au Pakistan, une autre à la Chine et la dernière à l’Inde. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, est farouchement opposé à toutes velléités d’autonomie dans ce territoire. Or, Arundhati Roy soutient la cause indépendantiste du Cachemire.
Qualifiée par le Guardian de « voix de la liberté et de la justice », l’autrice est très critique envers le dirigeant nationaliste hindou. Son parti s’en prend à la romancière par le biais d’une loi très controversée, relative à la prévention des activités illégales, nommée UAPA (Unlawful Activities Prevention Act). Le gouvernement Modi l’utilise régulièrement pour faire taire toute opposition à ses politiques. Des artistes, des avocats ou encore des journalistes sont ciblés. Si Arundhati Roy est condamnée par cette loi, elle sera considérée comme une « terroriste ».
« Poursuivre quelqu’un d’aussi célèbre qu’Arundhati Roy est un moyen pour Modi et son parti de menacer tous leurs détracteurs, et de les prévenir qu’eux aussi pourraient subir le même sort. Ils ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête », estime dans le Guardian Salil Tripathi, membre de l’association PEN International qui a décerné son prix à l’autrice indienne. Il ajoute qu’Arundhati Roy « nous rappelle pourquoi la plume reste plus puissante que cette épée ».
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