Si on ne peut que partager quand on a un minimum de lucidité politique la position de Marie-Christine Burricand et les courageux qui ont osé s’opposer à l’aventurisme de la direction du PCF et donc pour une part essentielle être sur le fond de ce que Jean-Claude réclame du PCF : à savoir avoir la volonté de s’organiser ce qui a manqué depuis le 38e congrès et qui a permis qu’au moins au plan international les “liquidateurs” s’organisent eux (le groupe de Montreuil et les gens de la fédération de Paris, une bonne partie des élus ont repris une position centrale et dominante en violation des décisions de tous les congrès ne serait-ce que sur la question de l’OTAN). Il y a cependant dans l’analyse de Jean-Claude quelque chose qu’il ignore c’est l’état d’esprit du peuple français et ce n’est pas le même que celui qui a créé les leurres mitterrandiens, la volonté unitaire est forte et il n’y a pas d’adhésion réelle à ces coalitions de fortune, mieux ou pire ce qui domine est justement ce mépris généralisé de la classe politique. Là aussi le projet de Roussel et du 38e congrès d’un retour vers les couches populaires est un fiasco et ce n’est pas un hasard si le groupe de Montreuil, les bobos parisiens ont pu jouer à la fois “la notabilité, les compromis électoraux et les conspirateurs, l’aspect “conjurés” et là encore il faut retourner à Marx est le propre de ce genre de personnages qui doit chercher les moyens de ses conjurations et les trouve toujours du coté du capital. Il y a eu des discours médiatiques de Roussel mais il n’y a rien eu pour organiser ce retour à la classe ouvrière et aux couches populaires du moins au niveau national. C’est de cela aussi qu’il faut se préoccuper en relation avec l’analyse de Jean-Claude Delaunay. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Je vais développer trois points, en commençant par souligner fortement combien j’apprécie la position de Marie-Christine Burricand et la décision courageuse, dans le présent contexte, de celles et ceux qui ont voté contre les abominables décisions du Conseil national du PCF, ou se sont abstenus.
Premier point. Pour contribuer à définir une ligne, il faut être au clair et d’accord sur un certain nombre de choses. La chose la plus importante est, semble-t-il : “Qu’est ce que le fascisme?”. Par fascisme, j’entends tout régime autoritaire violent qui, par le feu et par le sang, défend les intérêts des classes les plus riches, à la fois possédantes et dominantes, dans une situation de crise extrême de la société et de leur pouvoir. Si on est d’accord là-dessus, on peut dire qu’une telle société nécessite trois composantes : 1) Les classes dirigeantes et dominantes menacées, 2) Les partis politiques susceptibles de rallier à ces classes dominantes une fraction significative des couches populaires et de la petite bourgeoisie, 3) des voyous capables de servir de masse de manœuvre sanglante à ce nouveau régime.
Nous avons ça en France. Ces trois composantes sont prêtes à l’emploi et donc il y a un réel danger qu’apparaisse un tel régime.
J’ajoute que, à mon avis, le fascisme a aujourd’hui une dimension internationale et que l’Etat des Etats-Unis est l’organisateur mondial du fascisme. Il faut tirer toutes les conclusions de la mondialisation issue de la crise des années 1970. Cette crise profonde a eu pour effet de globaliser l’impérialisme et de le placer sous direction américaine. Il a donc aussi pour effet de globaliser la violence que l’impérialisme global peut exercer pour maintenir sa domination.
Si on est d’accord là-dessus, le fait d’isoler une composante de cet ensemble pour lutter globalement contre le fascisme en France est tout simplement ridicule et voué à l’échec. Des décisions de ce genre font courir les plus grand dangers au peuple de France en ne l’avertissant pas. Toutes ces composantes, ce sont, comme l’aurait dit notre héros national, bonnet blanc et blanc bonnet. Comme l’aurait dit mon papa, qui était affreusement mal embouché, c’est mon cul, ma chemise.
Prétendre arrêter le fascisme en criant : “Ma chemise ne passera pas”, c’est faire le bonheur de mon cul, qui se marre comme une baleine, par ce que tout cela le dédouane de ses turpitudes. Si j’ose dire, “il ne sent plus”. Et quand, en plus, pour que la sauce ait du goût, on fait alliance avec des gens qui soutiennent la composante actuelle, internationale, du fascisme global, alors là, c’est le délire. Tout cela atteint des niveaux inédits d’imbécilité et de délire. J’ai beau être minoritaire dans le PCF, je ne vais quand même pas retenir ce que j’ai à dire sous prétexte de démocratie : Roussel et les autres, ça suffit comme ça. Non seulement vous êtes des cons, mais vous n’êtes pas des communistes en agissant comme vous le faites. Vous êtes seulement en train de défendre votre siège électoral. C’est minable.
Deuxième point : un spectre hante l’imaginaire des communistes français, c’est le spectre de la tunique du Christ, une tunique sans couture et la peur des fractions. C’est notre “culture d’entreprise” si je puis dire. C’est comme ça. Et quand on est affreusement minoritaire, on essaie de discuter calmement avec “les dirigeants”. C’est ce qui s’est passé en France depuis quelques années. Pour quels résultats ne peuvent manquer de se demander les minoritaires en question ? D’une part, les majoritaires n’écoutent pas, ne discutent pas. Ils sont droits dans leurs bottes et leur petite féodalité. Soit ils jouent sur le velours que forme l’inévitable et redoutable ignorance des adhérents dans les conditions actuelles de l’impérialisme, soit il la partage. Mais d’autre part, les minoritaires ont-ils progressé ? Je note ce qu’a dit Frank Marsal sur l’effet qu’a eu son intervention. Quasiment zéro. En tout cas de façon immédiate. Il me semble que MCB dans le titre de son intervention cherche à tenir compte de cette évolution nécessaire. A l’avenir, dit-elle, etc.
Troisième point. Puisque nous sommes des héritiers de l’idéologie de la tunique du Christ, OK. Réfléchissons sur cette base. Serait-il opportun que les minoritaires dressent (dressassent) un bilan clair de leur expérience juste passée et s’expriment de façon non masquée sur les comportements des uns et des autres ? Sur quelles forces pourraient ils compter pour inverser le courant mortellement réformiste qui domine actuellement le PCF ? Je n’ai rien d’autre, dans le cadre de ce commentaire, que l’énoncé de misérables questions. Je ne suis pas en situation de terrain pour faire autre chose.
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Mondoloni
Comment a-t-on pu permettre l’infiltration des anti-cocos, des carrément macronards tel hue, des trots-kystes, des atlantistes… au sein du parti ? Et comment a-t-on pu abandonner la faucille et le marteau, la dictature du prolétariat, le marxisme-léninisme, les écoles, vendre l’Huma et Pif le Chien à la droite… cet ADN des communistes ?
Dron Jean François
Mondolini oui, c’est une très grosse et très bonne question. Que faudrait il faire pour obliger notre direction a faire une enquête approfondie et à nous communiquer les résultats quels qu’ils soient, ça ne peut pas être plus négatif pour le Parti que ce qui se passe actuellement. N’ayons pas peur de laver notre linge sale, c’est la seule façon de redevenir un vrai Parti Communiste débarrassé de cette lutte de place qui nous fait tant de mal.
Etoilerouge
Très simple. Une campagne permanente faisant des erreurs du socialisme des crimes, des dirigeants dont Staline, vainqueur révolutionnaire puis de la guerre contre les 14 puissances en 1918 1920 puis constructeur du premier socialisme,puis vainqueur de l’Europe nazie un criminel. Il est interdit d’interdire disaient Cohn bendit en 1968. Aujourd’hui il interdit au travailleurs d’entrer ds les centres bourgeois avec leurs voitures fatiguées et proposé la guerre contre la Russie. Qui lui cassera la gueule?
Xuan
Salut Jean Claude, et merci de venir encore aiguillonner le débat.
Je constate comme MC Burricand que l’ambiguïté stratégique du PCF entre la paix et la guerre a basculé dans la guerre.
C’est un recul manifeste. Il était prévisible dès la lecture du livre de Roussel “Ma France heureuse, solidaire et digne”, où il justifie le maintien à leur poste des chefs de file liquidateurs et trotskistes. C’est un recul du point de vue de l’indépendance du PCF aussi puisqu’il se place sous la direction politique de la social démocratie.
Sur la mondialisation, permet-moi cette réserve – toujours la même – sur la globalisation de l’impérialisme.
De toute évidence l’impérialisme s’est placé comme un seul homme sous la direction des USA. Mais l’hégémonisme n’est pas une globalisation, c’est le contraire.
C’est à la fois l’unité du camp impérialiste et son pillage, sa destruction par les USA. C’est-à-dire qu’il porte en lui-même le gène de sa désintégration.
D’autre part l’essor du monde multipolaire constitue déjà pour les capitalistes une source de profits. Et le découplage pratiqué par les USA, le protectionnisme, vont à l’encontre du développement des forces productives et du marché mondial. Ce n’est pas leur intérêt.
C’est une contradiction à laquelle le camp occidental ne peut pas échapper.
La guerre peut-elle résoudre ce problème ?
Non, ou plutôt si, elle peut accélérer la fin de cette pseudo union du « monde libre et démocratique ».
Je ne connaissais pas la « tunique de Jésus », je connaissais « l’esprit de Parti ». Il me semble que c’est un peu la même chose, avec son côté glorieux et sectaire, nécessaire et boulet à la fois.
Mon expérience dans le PCMLF m’a montré qu’il est très difficile de créer de toutes pièces un parti communiste, même avec des militants communistes honnêtes et éprouvés, et même s’ils se font exclure. Ce n’est pas ainsi qu’il s’est créé lors du congrès de Tours.
Aussi je comprends très bien la volonté des camarades qui luttent de leur mieux au sein du PCF. Ce serait je crois une grave erreur de bazarder tout ça.
Le développement des cellules d’entreprise est probablement la réponse à ta question « Sur quelles forces pourraient-ils compter pour inverser le courant » ?
Mais la solution ne peut pas se cantonner dans l’organisation, sinon les cellules ouvrières colleront des affiches pour Glucksmann et Cie.
Sur le terrain de l’idéologie et de la politique les communistes peuvent s’appuyer sur le passé révolutionnaire du PCF. L’appel à la paix, la faucille et le marteau, le socialisme.
Qui oblige les militants communistes à accepter l’insulte de Macron qui traite les pacifistes de « capitulards » ? Qui les empêche de défendre la paix ? Qui les empêche de remettre la faucille et le marteau sur leur drapeau rouge ? Qui les empêche de dire oui, nous voulons le socialisme ?
Que feront les socialos au second tour sinon placer leur pseudo « lutte antifasciste » au-dessus de toute revendication sociale, au-dessus de la paix, et de jeter aux orties le programme social du NFP, exactement comme l’a fait Bardella avec le sien pour se faire applaudir par un aréopage de patrons ?
Et que fera alors la direction du PCF ?
A un moment donné la question se pose nécessairement à propos de la « minorité » et de la « majorité ».
D’abord elles sont minorité et majorités relatives et non absolues. Et la situation se transforme rapidement parce que nous sommes entrés dans la zone des tempêtes, dans les “temps d’orage”.
S’agit-il de contradictions « au sein du peuple » ou de contradictions entre les ennemis et nous ? Cela ne dépend pas essentiellement des communistes, mais de l’opposition qu’ils peuvent rencontrer.
Ensuite l’objectif n’est pas de détruire un parti qui a tant coûté, mais pour en préserver l’unité, d’en écarter les éléments révisionnistes, réactionnaires, bellicistes, ceux vendus au capital.
Et parmi ces éléments, les plus nocifs, les plus agressifs.
C’est-à-dire que la critique la plus sévère – ou plutôt la guerre idéologique – ne devrait concerner que ceux-là. Je dirais même un tout petit nombre d’individus nommément désigné. Sinon ils conserveront toujours la « majorité ».
Mais moi aussi je ne suis pas en mesure d’aller plus loin que ces propositions.
Gilleron
Bonjour Jean-Claude, ravi de pouvoir te parler/écrire, sur le site de Danielle.
D’abord dire à propos des commentaires précédents, qu’en réintégrant le PCF, dans une fédération dirigée par un type bien (Hervé Poly), j’ai eu la même détestable expérience de ce que dit Etoile Rouge. Première assemblée de section, un adhérent d’origine polonaise, fier de l’autorité de ses opinions du fait de son âge (né en 38, proclame-t-il), prend ses voisins à témoin, pour déclarer sa haine de Poutine, puis dans le même discours, évoquer celle qu’il a pour Staline en évoquant le massacre à Katyn, de l’essentiel des chefs de l’armée polonaise.
Une seule recherche internet m’a permis de voir que l’histoire a rétabli la vérité sur cette accusation de Staline : les cartouches retrouvées, et les cordelettes attachées au cou des fusillés, étaient de fabrication allemande. Ca m’a été confirmé par Bruno Drewski. La réunion se tenait au siège Lensois de la fédé 62, tapissé d’affiches vantant Thorez. Les adhérents s’en foutent, ils ne voient pas l’évolution entre le PCF de Thorez (ami de Staline), et le Parti d’aujourd’hui, où le Russkoff (Poutine en particulier) est l’ennemi à abattre, parce que c’est ce qu’on dit à la télé, et dans les billets secrets (non diffusés par le canal “Vie Militante”, ou “Communistes”, mais par une inscription à part) du Secteur International. J’avais pourtant bien vu que ledit secteur international, avait fourni le principal des signataires du texte alternatif au 39ème congrès, et que ça a couté à beaucoup d’entre eux/elles leur poste, sauf à V. Boulet. Les successeurs n’ont pas modifié d’un pouce leurs positions atlantistes, ni leurs méthodes fractionnelles depuis le congrès.
Roussel laisse faire, et quand j’ai parlé à une élue au CN du 62, elle a reconnu le problème, en me disant “ce sont les Laurentistes”. Tout le monde sait ça, et ça n’a servi à rien d’élire un nouveau CN: à part certains et certaines certaines très isolées comme MCB, les gens élus pour changer les choses, se taisent, même au CN.