Le président de la République a tué le macronisme pour sauver Emmanuel Macron dans sa mue. En prononçant la dissolution de l’Assemblée nationale, dans un contexte où il ne peut que perdre, il a sacrifié ses ministres, ses députés et un nombre considérable de collaborateurs de la majorité et accéléré la débâcle de son camp. Pourquoi une telle manœuvre ?
Si sur le fond Franck Marsal voit justement là l’incapacité de l’impérialisme et du capital a jouer autre chose que des coups perdants, il faut voir aussi en quoi son personnel politique témoigne sur un mode spécifique du champ politique et même culturel de l’état de ces “élites” et en quoi “l’élection précoce” de Macron, ou l’art de ne pouvoir rien enfanter est devenu le propre de la “politique à la française”. L’état de sidération qui s’est emparé de tous n’est pas lié à la seule victoire de l’extrême droite… Chacun savait que le RN remporterait les européennes et tout a été fait pour qu’il en soit ainsi de la part de Macron qui n’a cessé de valoriser cette complice opposition. Non chacun se demande comment le petit personnel croit réellement que ce qui parait les préoccuper peut intéresser réellement les masses ?
Depuis que la Ve République a installé un pouvoir impérial à la tête du pays, une constitution taillée pour Napoléon le grand, et qui n’a accueilli au meilleur des cas que des Napoléon III et puis de pâles copies, avec un coup d’Etat permanent sur le mode du 49.3 et des expéditions néocoloniales sur des pseudo-tyrans contre les “nôtres” je m’interroge sur cette lente descente vers toujours plus de médiocrité et je m’interroge sur qui est susceptible de me faire regretter le dernier… Il me paraissait difficile de faire pire que Sarkozy puis il y a eu Hollande, Macron… Voilà le fantasme avoir pour successeur de Macron le choix entre Marine Le Pen avec Bardella comme premier ministre, ou si vraiment ils ne font pas le job après un temps de cohabitation installer Glucksmann avec Laurent Berger faisant selon le mot consacré voter sur “le poids des chaînes et de là où envoyer nos armées”. (1)
Parce que chacun vient sur le devant de la scène dire et faire n’importe quoi en ce qui concerne la victoire du dit rassemblement sur son propre ego comme le président… parce qu’on peut imaginer qu’il avait une tactique à la mode Mitterrand. Alors Macron a mis en place l’habituel échiquier mais tout de suite en capricieux réagissant à une blessure narcissique, ce qui donne lieu à un joyeux bordel dans lequel les turpitudes se révèlent.
Parce que pour les législatives, les sondages montraient que le RN obtiendrait plus sûrement une majorité relative qu’une majorité absolue. Dans ces conditions, le pays deviendrait difficilement gouvernable. Macron qui non seulement n’a pas peur de l’extrême-droite mais ne voit pas le changement qu’a été son propre règne et il continue à ne pas pouvoir imaginer quel parti serait prêt à former une coalition parlementaire avec le Rassemblement national. Ce dernier, imagine-t-il rencontrerait des difficultés comparables à celles de la majorité présidentielle depuis 2022. Quant au président de la République, en situation de cohabitation, il dispose encore de pouvoirs considérables en matière de politique étrangère, militaire et de nomination. La Ve République a démontré que la cohabitation bénéficiait plutôt aux chefs de l’État. François Mitterrand s’était fait réélire en 1988 contre son Premier ministre, Jacques Chirac, qui, en 2002, avait à son tour vaincu Lionel Jospin, chef de son gouvernement socialiste après la dissolution de 1997. Suivant ces exemples, Emmanuel Macron terminerait son deuxième mandat en étant populaire, ce qui lui permettrait de préparer dans les meilleures conditions une éventuelle candidature en 2032 et en tous les cas de jouer un rôle en Europe…
Qu’il mette en place un tel scénario après les élections aux USA dont tout dépend de fait c’est-à-dire à l’automne serait “jouable” d’un point de vue politicien, mais qu’il le provoque en ce moment, y compris en plein jeux olympiques relève du délire total et du mouvement d’humeur, de “l’élection précoce”… et cela a provoqué partout des séismes. Macron a pris son parlement pourtant complaisant et il a agité le bocal ce qui s’est traduit par le reflux de tout ce qui peut révéler la lutte des places, les ambitions personnelles, les individualismes forcenés et le mépris de l’électorat et du peuple et la preuve est faite que le tabou de l’union de la droite avec le RN est levé ce qui laisse prévoir une majorité absolue du Rassemblement national.
La macronisme ne s’en relèvera pas, la droite s’est révélée mais l’exploit le plus extraordinaire a été d’arriver à unir la gauche… Entreprise que la NUPES avait dynamitée mais que la dissolution a extraordinairement mise à l’ordre du jour. Certes Mélenchon nous prépare en temps utile un don de sa personne en cas de cohabitation ce qui n’a rien de vraisemblable puisque la brillante opération de Macron crée un espace politique inusité dans lequel le plus clair aujourd’hui est de sauver les meubles que l’on baptise cela du vocable front populaire indique seulement que l’opération espère durer jusqu’aux municipales, ce qui n’a rien d’évident vu l’accélération des questions non résolues et la seule question qui vaille : comment dans de telles conditions mener le combat antifasciste qui s’impose. Maintenant en ce qui me concerne j’irai en toute lucidité faire le peu que je peux pour que le PCF préserve ses élus. Cela dit si on en croit cet article depuis Montreuil dans le microcosme parisien se préparait une sorte de coup d’Etat “unitaire” et là aussi la dissolution a tout changé, de ça et d’autres choses il faudra bien parler… (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete)
‘1) Ne croyez pas que la social démocratie ait beaucoup changé… Non seulement alors que les chances sont inexistantes d’avoir une majorité de Front populaire, Melenchon torpille déjà l’unité dans le respect des différences en se proposant comme premier ministre et oliver Faure dont le parti par ailleurs a pas mal de gens en train de dénoncer ‘l’antisémitisme de la FI” contribue à l’opération en déclarant : “La porte lui reste grande ouverte. Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a déclaré ce jeudi 13 juin qu’il « ne disqualifie pas » le fondateur de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, pour devenir Premier ministre en cas de victoire du « nouveau front populaire » aux élections législatives anticipées
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, le 10 juin à Paris.© Denis Allard
L’union de la gauche avance. Après trois jours de négociations, les gauches réunies sous la bannière du «nouveau Front populaire» ont réussi à trouver un accord de répartition des circonscriptions en vue des législatives anticipées provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron.
Contrairement à ce qu’a affirmé le chef de l’Etat en conférence de presse, mercredi en milieu de journée, La France insoumise (LFI) n’obtient pas 300 mais 229 circonscriptions, le PS 175, les écolos 92 et le PCF 50. Du haut de leurs 14 % aux européennes, rangés derrière Raphaël Glucksmann, les socialistes ont obtenu le rééquilibrage qu’ils demandaient. Il y a deux ans, après le résultat d’Anne Hidalgo à la présidentielle (1,7 %), ils n’avaient pu présenter que 70 candidats. « On a un nouveau rapport de force à gauche », se félicite un cadre du parti à la rose. Restait encore, ce mercredi, à éplucher la carte électorale pour choisir le meilleur prétendant, selon son étiquette politique, dans chaque territoire. En 2022, beaucoup de socialistes avaient déploré les choix opérés à l’aune du score de Mélenchon à la présidentielle (22 %), avec des insoumis placés dans des circonscriptions jugées imprenables pour la gauche radicale. Le PS devrait notamment récupérer des candidats à Paris, où la liste de Raphaël Glucksmann est arrivée en tête. Emmanuel Grégoire, premier adjoint et potentiel successeur d’Anne Hidalgo, a déjà annoncé sa candidature dans la 7e circonscription, gagnée par le macroniste Clément Beaune en 2022 face à une candidate LFI.
Préservation des sortants
Dans un message interne, consulté par Libé, les négociateurs socialistes Pierre Jouvet et Sébastien Vincini ont précisé que « le principe de préservation des sortants » avait été retenu. « Même si certains cas particuliers continuent de nous poser problème », poursuivent-ils, en référence, notamment, au cas du député LFI Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales. Pour assurer aux leurs que l’alliance qui se dessine sera bien différente de la Nupes, les émissaires affirment également que le PS est « à l’équilibre des circonscriptions avec LFI sur les circos non sortantes ». Puis ajoutent : « Par ailleurs, notons que le PC, le PS et EELV pèsent désormais plus que LFI dans la répartition globale des circonscriptions. » « LFI reste la première force avec le volume le plus important », rappelle de son côté le député insoumis Paul Vannier, en charge des accords électoraux.
En parallèle, les partenaires poursuivaient les négociations programmatiques au siège des Ecolos. Contrairement au souhait des insoumis, la gauche ne repart pas en campagne avec les 600 propositions de la Nupes. Alors que certains plaidaient pour une liste de 10 propositions phares, les négociateurs ont abouti sur un contrat de gouvernement d’une centaine de mesures. Un programme chronologique avec des décisions immédiates pour les quinze premiers jours au pouvoir, des promesses à moyen terme, sur les services publics notamment, et dans un dernier temps, des réformes structurelles. « Après débats, on a voulu montrer avec ce document plus fouillé qu’on n’était pas là pour témoigner mais pour gagner », raconte un négociateur.
Sur le social ou la justice fiscale, les négociations se sont déroulées sans heurts. Les discussions se sont en revanche tendues dans la nuit de mardi à mercredi sur l’Ukraine et l’antisémitisme. Des sujets sur lesquels Glucksmann et les insoumis se sont affrontés tout au long de la campagne européenne. Selon les informations de Libé, les émissaires de Place publique, le petit parti de l’eurodéputé, sont arrivés au siège des écolos avec un document demandant des clarifications sur l’antisémitisme. « Les insoumis sont plutôt ouverts depuis le début des négociations mais ça les a braqués, raconte un socialiste. On est complètement en appui de Place publique sur le fond, mais on ne peut pas régler nos comptes maintenant, alors que l’extrême droite risque d’arriver au pouvoir. » Mercredi après-midi, les derniers points de crispations devaient être abordés en présence des chefs de parti. Le sujet du nucléaire, qui divise la gauche, a, lui, été remis à plus tard. « Pour certains choix, on recourt au peuple », explique-t-on
Dans la matinée, les chefs de partis s’étaient d’abord réunis dans les locaux du PCF, place du Colonel-Fabien, à Paris, pour préparer le « déploiement de la campagne ». Selon les informations de Libé, un rassemblement en soutien au Front populaire aura notamment lieu le 17 juin, à 19 heures, à Montreuil. Le rendez-vous, qui devait initialement avoir lieu le 19, était préparé depuis des mois par la gauche unitaire, qui voulait lancer une dynamique commune vers 2027, juste après les européennes. Dans la foulée d’un appel de l’économiste Julia Cagé, un texte des maires de gauche, écrit sous la houlette de la socialiste Johanna Rolland (Nantes), de l’écolo Eric Piolle (Grenoble) et du communiste Patrice Bessac (Montreuil), devait ensuite être publié pour aboutir à ce rassemblement, dans lequel se seraient aussi retrouvés des insoumis en rupture avec leur direction. La dissolution, entre-temps, a tout bouleversé.
Mise à jour le 12/06/2024 à 17 heures avec davantage d’éléments.
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