Quel est le contexte européen dans lequel prend place le séisme français, contexte européen lui-même largement dominé par la situation aux USA … Là aussi il faudra le temps de décanter et l’on peut parier sans avoir de chances de se tromper que ce qui créera la différence entre les camps et les individus, c’est le choix de la paix ou de la guerre… Nous sommes apparemment devant une UE chambre introuvable aux mains des forces conservatrices et de l’atlantisme mais il va y avoir une accélération… Ce qui est peut-être la véritable condamnation de l’UE est d’abord la débâcle du couple “fondateur”, celui sur lequel semblait assise une pseudo “autonomie” européenne, la France et l’Allemagne. Mais la débâcle réelle est l’existence d’une apparente stagnation alors même que partout des séismes démontrent l’ingouvernabilité des forces au pouvoir… Un séisme politique en France, une poussée de l’extrême-droite dans plusieurs pays de l’Union européenne, mais des équilibres politiques qui ne sont pas bouleversés à Bruxelles.
À partir de ce lundi 10 juin, un long travail de tractations politiques entre partis, pays et institutions va commencer en vue de la composition des groupes politiques qui siégeront au Parlement dès mi-juillet et éliront le prochain président de la Commission européenne au mois de septembre.
Quelle est la logique européenne de ce raz-de-marée français : l’assemblée européenne est plus à droite que jamais, le groupe du Parti populaire européen, auquel appartient les Républicains français, devrait rester le plus important, avec 181 élus selon les projections du Parlement européen, en légère hausse par rapport à la mandature précédente. Mais il faut également considérer que les limites entre cette droite (comme en France) et la droite nationaliste et l’extrême-droite tendent à s’effacer, l’extrême-droite, les nationalistes sont divisées entre les groupes des Conservateurs et réformistes européens (ECR) et Identité et démocratie, qui obtiennent respectivement 71 et 62 sièges, contre 68 et 59 jusqu’ici.
Il est clair que comme l’a dit Orban ce qui va diviser cette masse conservatrice et capitaliste est la question de la paix et de la guerre. Comme la gauche ou ce qui en tient lieu.
La gauche, à l’inverse, décroche, même si les sociaux-démocrates devraient rester la deuxième force du Parlement de Strasbourg, avec 135 élus. De son côté, le groupe écologiste chute, passant de 72 eurodéputés lors de la mandature sortante à 53 tandis que le groupe de la gauche, où siège la France insoumise, en obtient 34.
C’est en Allemagne que la fissure est la plus profonde :
Faut-il maintenant s’attendre à une coalition de la droite et d’une partie de l’extrême-droite? Le sujet n’est en tout cas plus tabou : Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne candidate à sa réélection, n’a pas exclu une alliance avec le groupe de l’Italienne Giorgia Meloni. Par ailleurs, la droite et l’extrême-droite gouvernent déjà ensemble en Italie, en Suède, en Finlande, aux Pays-Bas. Jusqu’alors, aucun parti politique ne détenait la majorité absolue au sein du Parlement européen, qui comptait jusqu’ici 705 eurodéputés. En 2019, trois partis avaient permis l’élection d’Ursula von der Leyen, l’actuelle présidente de la Commission européenne : le Parti populaire européen (PPE), l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), et les centristes du groupe Renew Europe (RE). Des alliances de circonstance se concluaient également en fonction des textes étudiés au Parlement.
Les premières estimations ont confirmé une nette progression des droites nationalistes et radicales, et un revers cuisant pour le chancelier allemand Olaf Scholz comme pour le président français Emmanuel Macron, qui a annoncé dans la foulée une dissolution de l’Assemblée nationale.
Dimanche, plus de 360 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner 720 eurodéputés. En France, le Rassemblement national, mené par Jordan Bardella, a largement dominé le scrutin avec plus de 32 % des voix, loin devant Valérie Hayer (Renaissance, 14,9 %) et Raphaël Glucksmann (Place publique-PS, 14,2 %), selon des estimations des instituts de sondage. Le RN engrangerait ainsi 30 des 81 eurodéputés français.
En Allemagne, l’extrême-droite jubile, la coalition d’Olaf Scholz prend une claque
Le scrutin est un vote sanction pour la coalition d’Olaf Scholz. Malgré des scandales en série, les populistes d’extrême droite de l’AFD ont profité du climat anxiogène qui règne en ce moment en Allemagne. L’AfD (16,2 %) est la seconde force politique d’Allemagne, la première dans les Länder de l’Est. Ce parti eurosceptique qui rend Bruxelles responsable de tous les maux enregistre un gain de 50 % par rapport à 2019. Ni les sinistres projets d’expulsion à grande échelle des migrants qui avaient déclenché d’énormes manifestations dans toute l’Allemagne pour la défense de la démocratie ; ni les soupçons d’espionnage pour le compte de la Chine et de la Russie ; ni les propos scandaleux de Maximilian Krah, sa tête de liste, qui estime qu’un SS « n’était pas automatiquement un criminel », provoquant une prise de distance du Rassemblement national, Rien de cela n’a freiné la montée du parti d’extrême droite. Avec 16 % des voix, l’AfD enregistre son meilleur score à un scrutin au niveau national. Elle double même le SPD du chancelier Scholz et arrive en force au Parlement européen, où l’Allemagne dispose de 96 sièges.
La coalition tripartite est la grande perdante. À eux trois, les Sociaux-démocrates (13,9 %), les Verts (11,9 % contre 20,5 % en 2019) et les Libéraux (5 %) n’engrangent qu’un tiers des voix. C’est très clairement un vote de défiance pour cet attelage chaotique au cours des derniers mois. Les conservateurs du tandem CDU/CSU arrivent certes en tête, mais ils n’ont pas vraiment profité de cette faiblesse. Le chef de la CDU Friedrich Merz exige « un changement politique » à Berlin.
L’extrême droite triomphe en Autriche
Dans le pays le plus eurosceptique de l’Union, c’est le parti d’extrême droite FPÖ qui arrive en tête après avoir fait campagne pour « stopper la folie européenne ». Les européennes marquent une franche dérive à droite. Avec 27 %, soit 10 % de suffrages de plus qu’en 2019, le FPÖ double les conservateurs de l’ÖVP (23,5 %. Moins 10 % par rapport à 2019) et les sociaux-démocrates du SPÖ (23 %. Au même niveau qu’il y a cinq ans) au coude à coude. Avec 10,5 % des suffrages (contre 14 % il y a cinq ans), les Verts perdent des plumes en partie à cause des scandales qui ont éclaboussé leur tête de liste, une activiste du climat de 23 ans, novice en politique.
La droite radicale minée par les scandales il y a cinq ans a donc remonté la pente. Oubliée, la grave affaire de corruption qui mina la coalition de l’ambitieux chancelier Sebastian Kurz et profita aux conservateurs de l’ÖVP. Le FPÖ a su tirer parti des trois crises, pandémie, inflation et guerre en Ukraine, qui ont secoué le pays. Mais ce sont surtout les positions très dures qu’il a adoptées sur le thème de l’immigration qui ont payé. Le FPÖ milite pour une politique migratoire très restrictive, plaide pour le renvoi massif des migrants dans leur pays d’origine. Les Autrichiens sont les Européens les plus eurosceptiques de l’UE et le FPÖ a su souffler sur cette braise en critiquant cette union paternaliste qui ouvre les vannes à l’immigration de masse et pousse à la guerre en livrant des armes à l’Ukraine. Ses affinités avec Maximilian Krah, tête de liste de l’AfD allemande, soupçonné d’avoir entretenu des liens un peu trop étroits avec la Russie et la Chine, n’ont pas empêché ce succès aux européennes. Contrairement au Rassemblement national, le FPÖ n’a pas pris ses distances avec l’AfD.
Mais surtout : ce résultat est de mauvais augure pour la coalition Conservateurs-Verts qui gouverne l’Autriche depuis cinq ans. Une combinaison qui ne va pas de soi et qui ne semble pas avoir convaincu les Autrichiens. La prochaine bataille se jouera aux législatives de l’automne prochain. Le FPÖ espère maintenant répéter son score et revenir au pouvoir.
En Italie, Giorgia Meloni en tête
De l’autre côté des Alpes, les bureaux de vote ont baissé le rideau ce dimanche à 23 heures. Dix-sept millions d’Italiens devaient également élire ce même week-end leurs maires dans 3 700 communes du pays (dont Florence, Bari et Cagliari). Tête de liste dans toutes les circonscriptions, la cheffe de l’exécutif Giorgia Meloni espérait transformer ce vote européen en un test de popularité à échelle nationale, vingt mois après son arrivée au pouvoir.
Selon différents sondages réalisés à la sortie des urnes présentant une large marge d’erreur, son parti, Fratelli d’Italia, est arrivé en tête des européennes avec entre 25 et 31 % des suffrages. Le Parti démocrate (PD, centre gauche), principal parti d’opposition, arrive en deuxième position, suivi du Mouvement 5 Étoiles (populiste), selon ces sondages.
La vraie bataille se fait un cran en dessous, entre alliés gouvernementaux de Forza Italia et de la Ligue pour s’imposer comme 2e force de la majorité. Pour cela, Matteo Salvini a mené une campagne agressive, à droite toute, égratignant ses partenaires et s’en prenant violemment à Emmanuel Macron, qualifié de « gars instable » et de va-t-en guerre. Du côté de l’opposition, après une campagne de terrain, le Parti démocrate espère réduire la distance avec les Frères d’Italie de Giorgia Meloni, même si le duel entre la présidente du Conseil et la secrétaire générale du PD, Elly Schlein, devrait logiquement tourner à l’avantage de la Romaine.
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