On peut apprécier diversement qu’un député ou un sénateur affiche ses opinions avec un drapeau dans l’hémicycle, mais dans ce cas le règlement devrait être le même pour tous. Personnellement, c’est un peu comme dans les amphis à l’université, je trouve que l’activité des députés et représentants du peuple doit obéir à des règles qui favorisent le débat et n’imposent pas à celui-ci un spectacle qui ne peut que diviser et irriter les passions d’une manière artificielle et empêcher l’échange d’arguments sur le fond tel que cela a pu être pratiqué y compris dans des périodes révolutionnaires. La théâtralisation, celle d’une Olympe de Gouges et autres soutiens de la bourgeoisie a toujours été réactionnaire, la passion citoyenne a d’autres modes d’expression. Mais il est invraisemblable que ceux qui sont chargés de faire régner le calme et une attitude de réflexion non seulement soient les premiers à pratiquer la provocation mais osent réprimer ceux qui manifestent de la même manière. Le droit à jouer avec les émotions et pas la raison, les “coups” médiatiques sont pratiqués au plus haut niveau de l’Etat par le président Macron, le plus occupé à cet exercice dans une série qui depuis Mitterrand a décidé de nous prendre pour des gogos. Deux poids deux mesures sanctionnent donc la théâtralisation pour masquer le vide, mais dans ce cas cela va encore plus loin puisque manifester son indignation pour ce qui se passe à Gaza traduit une vraie émotion populaire qui demande une intervention de notre pays. On peut donc considérer qu’un député peut la porter, il n’en a jamais été de même pour l’Ukraine, qui n’a jamais mobilisé les foules mais qui en revanche a donné lieu à une opération de propagande politico-médiatique indigne jour après jour pour nous conduire à la guerre.
Faut-il interdire tous ceux qui se sont crus obligés de porter la cocarde ou comme Larcher d’afficher le drapeau ukrainien, voire de crier comme le premier ministre le slogan des bandéristes nazis dans l’hémicycle ? Quand est-ce qu’il y a eu dans cette assemblée un véritable débat où un seul représentant du peuple a pu faire une véritable analyse, celle qui montrerait que tout n’a pas commencé en Israël Palestine le 7 octobre et de même aurait posé les responsabilités gigantesques des gouvernements français dans bien des conflits dans le monde, au Moyen Orient, en Ukraine au lieu de se livrer à une comédie qui couvre les faits de drapeaux ? Toujours l’exercice d’un pur opportunisme, un opportunisme de plateaux de télévision, qui ne tient aucun compte des inquiétudes réelles du peuple français, il est contribué jour après jour à entretenir l’ignorance et le désaveu… Est-il encore possible de faire de la politique autrement ?
Peut-être est-ce que j’appartiens à une autre époque et ai-je connu d’autres compagnons de lutte et d’idéal, mais la politique pour moi a été jadis ce que chantait Aragon et pour laquelle des êtres humains donnaient leur vie sans espérer une autre survie que celle d’un monde meilleur pour les autres. La politique sur ce mode-là, celui du “stalinien” Ambroise Croizat, petit ouvrier entré à l’usine à 13 ans, qui préféra partir au bagne plutôt que de dénoncer l’URSS du pacte germano-soviétique sans parler de Munich, et qui mourut d’épuisement après avoir donné la sécurité sociale à son peuple français. La politique c’était dans le provisoire de nos existences de tenter d’inscrire la seule éternité possible, celle de l’humanité, en trouvant sa force dans les petites gens, cette terre d’où tout renait.
Qui a institué ce vaudeville permanent ? et le pire de tout qui a osé en faire le lieu de toutes les censures bigotes et réactionnaires en parodiant des indignations qui ne trompent personne ? Qui a fait de nous ces gens à l’humeur irritable sur une indifférence totale ?
Honnêtement ce deux poids deux mesures est une vilenie dont on mesure mal les conséquences profondes et en quoi cela est déjà la fascisation, l’imposition hystérique des diktats des marchands d’armes et des marchés financiers pour nous interdire de réfléchir, de nous rassembler. Il est considéré comme normal de subir des discours de haine, des mensonges à répétition concernant certains pays, en revanche il est considéré comme criminel de défendre la Chine, de rétablir les faits et l’historique à propos de la Russie… La censure est totale… Mais la ligne “officielle” a tous les droits… Et elle prétend exercer ce droit au nom d’une “morale” qui prend les peuples en otage, on sanctionne le drapeau palestinien au nom du refus de l’antisémitisme alors que cette attitude de soutien à un gouvernement d’extrême-droite israélien apparait comme une provocation qui ne peut que favoriser l’antisémitisme.
Dans le même temps, nous avons une assemblée de zombies qui n’a pas la moindre volonté de s’opposer à la guerre et aux folies provocatrices du président de la République. Je le dis avec simplicité et honnêteté, il y a des gens comme moi pour qui cette question de la guerre et de la paix, de l’acceptation de fait du bellicisme fasciste est la plus fondamentale de toutes. Ces gens-là sont condamnés à subir l’incapacité totale de leurs “représentants” à poser la question de la paix et de la guerre, celle de la fascisation de notre pays autrement que dans un cirque permanent qui interdit de fait tout rassemblement majoritaire. Ceux qui agissent ainsi sont ceux qui détiennent les médias, ceux qui ont en charge le gouvernement et ils font tout pour ne laisser que la marginalisation aux exigences de paix et de respect de l’humanité.
La théâtralisation de la vie politique française, les “coups médiatiques” tout cela est devenu la marque d’une vie politique manipulatrice et cela est pratiqué par le président et ses larbins. De quel droit ces gens-là osent-ils sanctionner leurs pairs qui suivent leur exemple et traduisent au moins une vraie émotion populaire ? Ils n’ont plus la moindre limite et on peut sanctionner en France aujourd’hui un “saltimbanque”, un humoriste, en le chassant de son emploi pour un “bon mot”. Au nom de quoi le sanctionne-t-on ? Pour concurrence déloyale avec les clowns qui font ressembler la France un bateau ivre ?
Comment peut-on sanctionner Sebastien Delogu qui porte une véritable émotion populaire même si on peut considérer qu’elle reste celle d’une poignée de jeunes et d’indignés alors que l’on voit les deux présidents de l’assemblée nationale et au sénat porter les signes ostentatoires d’un soutien qui lui est franchement minoritaire et correspond à des opérations politiciennes pour nous faire cautionner l’inhumanité de la guerre ? Ne voyez-vous pas que c’est toute l’institution et son rôle démocratique que vous fragilisez un peu plus ?
Partout et toujours c’est la même logique : vous vous arrogez des droits illégitimes sous le seul prétexte que vous représenteriez la démocratie mais vous faites dans le même temps la démonstration que cette démocratie ne repose sur rien d’autre que votre arbitraire et le choix du malheur.
Déjà ne se sentir représenté par personne pour ce qui est essentiel pour vous devient de plus en plus invivable et vous donne envie de renoncer au vote… Mais se sentir la proie d’une bande de tartuffes qui se présente comme la démocratie et la vertu incarnée est écœurant…
Danielle Bleitrach
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