Le 28 mai, avant la session plénière de la Douma d’État, G.A. Ziouganov, président du comité central du KPRF et chef de la faction du KPRF à la Douma d’État, s’est adressé aux journalistes. Il suffit simplement de lire ce que disent les communistes russes pour mesurer à quel point on nous ment sur le débat politique tel qu’il se déroule en Russie, le rôle d’opposants mais aussi de patriotes des communistes. Il n’est pas besoin d’argumenter, il suffit de connaitre pour comparer ce débat de fond avec le consensus mou et les diversions qui nous empêchent d’aller à l’essentiel face à la guerre vers laquelle nous sommes entraînés inexorablement. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)
https://kprf.ru/party-live/cknews/226624.html
Le 28 mai, avant la session plénière de la Douma d’État, G.A. Ziouganov, président du comité central du KPRF et chef de la faction du KPRF à la Douma d’État, s’est adressé aux journalistes.
Ziouganov :
– Bonjour. À la fin de la semaine dernière, nous avons rassemblé tous les militants de notre parti-État, y compris les alliés et les députés. Plus de 600 personnes ont travaillé à Snieguiri, près de Moscou. Nous avons discuté principalement de la guerre et de la paix.
La question aujourd’hui est cruciale : soit le socialisme, soit le capitalisme oligarchique, le fascisme et la guerre.
M. Biden n’a pas les idées claires, il a récemment déclaré que les États-Unis avaient apporté une contribution décisive à la victoire sur le fascisme et le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce cynisme et ces mensonges sont scandaleux pour toute personne normale. Malheureusement, la nouvelle génération est mal informée sur l’histoire de la guerre.
Mais M. Biden devrait se rappeler que l’Amérique a perdu environ 400 000 personnes au cours de la Seconde Guerre mondiale. En revanche, nous avons payé la victoire sur le fascisme et le nazisme avec près de 27 millions de nos meilleurs fils et filles.
Toute ma famille a combattu pendant la guerre. Aucun village de la région d’Orel n’a survécu à la Grande Guerre patriotique. Après la guerre, nous n’avons pas pu labourer le champ près de Mtsensk pendant vingt ans. Il était plein d’obus. Pendant la bataille d’Orel-Koursk, nous avons creusé 10 000 kilomètres de tranchées. Dans les années 70-80, chaque année, 50 à 70 000 vétérans venaient à Orel pour les célébrations.
La garde de chars est née près du village de Pervy Voin, où Lioubouchkine et ses hommes ont détruit près de 40 chars ennemis.
Les libéraux et les escrocs qui ont pris le pouvoir dans le pays sous la direction d’Eltsine dans les années 90 ont mis en péril la magnifique école russo-soviétique. Aujourd’hui, nous essayons de faire revivre les connaissances et l’expérience historiques.
Je suis reconnaissant à Afonine qui, avec Kharitonov, a organisé 113 réunions pendant la campagne présidentielle.
L’OTAN et les Anglo-Saxons mènent une guerre d’anéantissement contre la Russie. Les dirigeants russes n’ont pas tous compris qu’il est impossible de vaincre ce monstre si nous continuons à suivre l’ornière financière et économique dans laquelle Eltsine, Gaidar, Tchoubaïs et toute cette équipe de gredins se sont engagés.
La chaîne de télévision Rossiya-24 a retransmis notre plénum en direct pour la première fois. Je pense que c’est juste et objectif. La première et la troisième chaînes de télévision ont envoyé leurs correspondants à notre plénum.
Pour gagner cette guerre, nous devons définir avec vous ce qu’est le fascisme, ce qu’est le capitalisme libéral et ce qu’est l’oligarchie mondiale moderne.
Les Anglo-Saxons ne veulent pas lâcher le pouvoir qu’ils ont acquis par la destruction perfide de l’URSS. Ils essaient de nous étrangler. Leur principal ennemi est également le parti communiste chinois.
Ils ont déclenché une guerre contre le monde russe sur nos territoires.
Lorsque la Douma a approuvé le nouveau gouvernement, nous lui avons fait part de nos souhaits. Nous avons remis au Premier ministre Mishustin 17 projets de loi sur des questions d’actualité.
Nous n’avons pas voté pour le nouveau gouvernement. Nous avons voté contre l’orientation financière et économique de Silouanov. Ce cap ne mène nulle part. Ce cap, c’est celui de la défaite.
La Douma a fait à nouveau salle comble pour le discours du gouvernement, présidé par Volodine. Je pensais que les membres du nouveau gouvernement viendraient nous dire qu’il faut encore accumuler tous les moyens pour gagner. Mais ils ne l’ont pas fait.
Le nouveau gouvernement est toujours de droite, mais pour gagner, il faut faire un virage à gauche.
Qui, à la Douma, a voté pour le nouveau gouvernement ? Russie unie, le LDPR et le Nouveau Peuple ont voté à l’unanimité en faveur de ce gouvernement.
Pourquoi ont-ils voté à l’unanimité ? Parce qu’ils sont satisfaits de la politique financière et économique du pays. Mais nous avons catégoriquement refusé de voter pour le nouveau gouvernement : tant que le parti de l’oligarchie, dirigé par Silouanov-Reshetnikov, y siégera, il n’y aura pas de finances à la hauteur. Ni pour les enfants malades, ni pour les soldats, ni pour le complexe militaro-industriel, ni pour la science. Sans le développement de la production et de la base alimentaire, nous ne pouvons pas gagner.
Sans un virage à gauche et une coopération avec les forces patriotiques de l’État, nous ne pouvons pas gagner. Au sein du gouvernement, deux ministres représentent le parti de l’oligarchie, cinq – le plus haut conseil politique de Russie Unie, qui n’est même pas en mesure de proposer un nouveau programme, et un représentant de LDPR. Nous avons un gouvernement de coalition de droite dans notre pays.
29 % du budget a été alloué à la Victoire. Comment allons-nous élaborer un nouveau budget ? Le nouveau gouvernement n’a pas donné de réponse.
Il devra néanmoins adopter notre programme de la Victoire. Mais s’il présente à la Douma un budget de défaite, nous le désapprouverons catégoriquement et nous insisterons pour qu’il étudie attentivement les documents de notre IXe Plénum du Comité central du KPRF, qui ont été soutenus par toutes les forces patriotiques du peuple de Russie.
Que Dieu bénisse la santé de tous nos combattants. Ils se battent honnêtement et honorablement : comme un citoyen russe (русский), soviétique et ‘russien’ (российский, de Russie) doit le faire. Et nous avons déjà enterré 76 commissaires.
Dans son discours, le président a soulevé le sujet urgent de l’éducation patriotique et nous a appelés à nous unir. Je suis d’accord avec lui. Rassemblons-nous et unissons-nous. Nous sommes pour !
Mais comment s’unir autour d’une politique fiscale qui a créé 125 nouveaux milliardaires ? D’ailleurs, dix milliardaires ont déjà fui à l’étranger et volé 300 milliards de dollars au pays. Cela se passe dans un contexte de guerre.
Le rapport de notre plénum détaille toute l’histoire de cette question : comment le fascisme est-il apparu, qu’a-t-il apporté, qui l’a nourri ? Le fascisme a été alimenté par l’oligarchie financière mondiale. Dirigée par Schacht (Jalmar Schacht était un homme d’État et un financier allemand, l’un des principaux organisateurs de l’économie de guerre de l’Allemagne nazie) et d’autres, sans qui Hitler serait resté une figure d’opéra. Ils dirent à Hitler : oui, nous paierons et nous financerons.
Les entreprises américaines et britanniques ont commencé à fournir à l’Allemagne tout ce dont elle avait besoin en matière d’armes, de chars et de tout le reste. Ils ont élevé ce monstre (Hitler), ce démon, en espérant qu’il n’écouterait qu’eux. Mais il s’en est pris à eux : il a écrasé la France en 40 jours et s’est attaqué à l’Angleterre. Si vous voulez gagner, étudiez ce problème, regardez : d’où poussent les jambes du fascisme ?
Aujourd’hui, on ne prononce plus le nom de Staline, et le philosophe Ilyine est hissé sur un piédestal. C’est absurde ! Ilyine n’est pas une figure historique autour de laquelle il est possible de s’unir. Ilyine a soutenu la montée au pouvoir de Mussolini et d’Hitler. Par conséquent, si l’on veut unir la population, il vaut mieux s’inspirer de l’expérience unique de Lénine et de Staline.
Lénine est arrivé dans un pays en voie de désintégration, l’a rassemblé, a formé une armée de près de cinq millions d’hommes, s’est attaqué à l’Entente et a établi un type de gouvernement soviétique pacifique. En 1931, Staline a lancé un appel à tout le pays : soit nous construisons 9000 usines en 10 ans, soit nous serons écrasés. Nous avons construit et gagné.
Voulez-vous gagner maintenant ? Je le veux vraiment, car je ne vois pas l’avenir du pays sans une victoire sur le front ukrainien.
Nous sommes bombardés dans 12 régions, Belgorod est bombardée tous les jours, et les bombardements atteignent déjà Orel. Est-il difficile de paralyser les deux tunnels et les quatre ponts par lesquels les troupes de l’OTAN transportent des armes vers l’Ukraine du matin au soir ? Ce n’est pas difficile. Il faut donc prendre une décision, et cela commence par la politique financière, économique et sociale.
La nation peut être unie sur les idées d’humanisme et de justice, et non sur l’idée de profit. L’unification est possible sur la base des idées du collectivisme, et non de l’individualisme. L’unification est possible sur la base des idées de la Russie et de l’État russe. Vous n’avez rien d’autre pour rassembler et unir les gens, et si on part « dans tous les sens », nous ne gagnerons jamais !
Nous devons agir de la manière la plus responsable possible, c’est pourquoi j’enverrai aujourd’hui nos propositions au commandant en chef suprême, au nouveau ministre de la défense, à tous les membres du Conseil de sécurité, aux gouverneurs et à tous les ministres.
Nous avons commencé à préparer le 80e anniversaire de la victoire (en 2025). Mais nous ne pourrons pas célébrer cette date avec confiance si nous n’avons pas battu les nazis en Ukraine d’ici là. Nous devons nous rendre compte que la population est fatiguée de la guerre, inquiète.
Inspirez-vous des « 10 étapes » de Staline pour établir un climat moral et politique dans le pays.
Le 7 novembre 1941, à Moscou, un défilé de trente mille soldats a eu lieu sur la Place Rouge. Les fascistes étaient tout près. 200 avions patrouillaient le ciel. Après cela, les Japonais ont renoncé à entrer en guerre contre nous. Ils ont compris que le peuple soviétique se battrait courageusement, jusqu’au bout.
En 1941, Staline s’est adressé au peuple en disant « frères et sœurs » ? Et les dirigeants d’aujourd’hui ne peuvent pas prononcer le mot « communiste », ils mettent les nazis et les fascistes sur un piédestal. Comment un combattant peut-il se battre sous la bannière rouge alors qu’il a dans son dos un monument à la gloire du fasciste Krasnov dans la région de Rostov ? Et la maison de vipères d’Eltsine dans l’Oural continue d’empoisonner l’atmosphère.
En 1944, plus de 60 000 prisonniers nazis ont été contraints de défiler à Moscou, 30 généraux allemands marchaient au premier rang. Ils avaient été défaits près de Minsk. Après cela, le monde entier s’est rendu compte que nous allions certainement gagner. Si vous voulez gagner, prenez le meilleur de notre histoire, unissez les rangs, adoptez le programme que nous avons préparé, étudiez nos documents !
Notre plénum a été consacré à intégrer l’esprit de la victoire, pour vaincre le fascisme et le nazisme – le plus grand des maux.
La visite de Poutine en Chine a revêtu une importance historique. Pour la première fois, il s’est exprimé du haut de la tribune principale : « Sous la direction du parti communiste, la Chine est devenue une superpuissance ».
Très bientôt, nous célébrerons l’anniversaire d’Alexandre Pouchkine.
Camarade, crois-moi : elle se lèvera,
L’étoile du merveilleux bonheur.
Pouchkine croyait que la Russie se réveillerait de son sommeil. Et nous devons tous nous réveiller aujourd’hui. Et nous devons consacrer les « beaux élans de l’âme » à la lutte pour la justice et la liberté.
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