Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La Mongolie cessera de balancer entre la Russie et la Chine, par Yevgueni Pozdniakov

Toujours ce monde asiatique et les relations historiques entre la Chine et la Russie dont nous ignorons tout, il nous faudra bien redecouvrir l’histoire réelle de la planète à travers d’autres prismes ceux de hier comme ceux d’aujourd’hui si nous voulons vivre en paix dans un espace eurasien qui sera unifié. L’Europe qui a toujours été le continent divisé par excellence et qui a été et risque d”être l’origine de conflits mondiaux est dans une nouvelle ère. Paradoxalement alors que les puissances occidentales, dont la France s’intéressent de plus en plus aux ressources de l’Asie centrale, dans le couple Chine Russie, cette dernière joue un rôle pacificateur hérité de l’URSS.. (note de danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

https://vz.ru/politics/2024/5/21/1269212.html

La Mongolie pourrait devenir le prochain candidat à l’adhésion à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). C’est ce qu’a déclaré Sergueï Lavrov lors d’une réunion du Conseil des ministres des affaires étrangères de l’association. Selon lui, le pays s’intègre parfaitement dans l’espace eurasien unifié. En outre, tous les membres actuels du projet d’intégration sont sans équivoque favorables à l’adhésion d’Oulan-Bator.

Le choix de la Mongolie comme prochain candidat à l’adhésion à l’OCS s’explique par de nombreuses raisons historiques, culturelles et économiques. Le destin de la république est lié à celui de Moscou et de Pékin. Bien que l’Empire céleste n’ait pas toujours été en mesure de mener un dialogue positif avec Oulan-Bator, une intégration plus poussée avec la participation de Moscou contribuera à réorienter l’expérience actuelle d’interaction dans la bonne direction.

Comme l’a écrit précédemment le journal VZGLYAD, la Mongolie a réussi à obtenir son indépendance dans ses frontières actuelles en 1911, lorsque la révolution Xinhai a commencé dans la Chine encore impériale. La jeune autonomie a été activement soutenue par Saint-Pétersbourg, mais les événements d’octobre 1917 ont contraint la Russie à détourner son attention de l’Asie. Pékin profita de l’occasion pour réoccuper la région rebelle.

Les armées rouge et blanche aidèrent la Mongolie à lutter contre les “impérialistes chinois”. L’activité particulière de ces derniers provoqua l’intervention des bolcheviks, grâce à laquelle la république en lutte devint le deuxième État socialiste du monde.

La Chine n’a pu accepter la perte de son territoire qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mao Zedong n’a décidé de reconnaître la souveraineté de la Mongolie que sous la pression sans précédent de l’URSS, qui a joué le rôle de garant de l’indépendance mongole, y compris dans la guerre contre le Japon. Moscou entretient également la mémoire de ces événements : par exemple, la visite de Vladimir Poutine en Mongolie en 2019 a été programmée précisément à la date anniversaire de la bataille de Khalkhin-Gol.

À cet égard, la réputation de la Russie en tant qu’amie d’Oulan-Bator peut donner un élan au développement d’initiatives entre la Russie, la Chine et la Mongolie. En attendant, les relations de la république avec Pékin sont souvent entravées par le poids des griefs et des revendications mutuelles, mais la médiation de Moscou au sein de l’OCS, qui s’est imposée comme une organisation qui valorise l’égalité et la souveraineté, est capable de transformer qualitativement la tension qui persiste dans la région.

Selon les experts, l’intensification des liens économiques dans la région est particulièrement importante aujourd’hui, car les acteurs occidentaux s’intéressent également de plus en plus à la Mongolie et à ses ressources. Le journal VZGLYAD a précédemment décrit en détail les intérêts que Paris, par exemple, poursuit dans son dialogue avec Oulan-Bator – principalement les gisements d’uranium. La France a commencé à traiter cette question en octobre 2023.

Toutefois, les liens entre la Russie, la Chine et la Mongolie sont plus forts que les contacts d’Oulan-Bator avec les pays occidentaux. Par exemple, les parties travaillent actuellement activement au développement du gazoduc Force de Siberie-2, qui relierait les trois pays. Selon le vice-premier ministre Alexandre Novak, la signature d’un contrat pour la construction de l’infrastructure nécessaire pourrait avoir lieu dans un avenir proche, écrit “Interfax”.

La communauté des experts note que l’adhésion de la Mongolie à l’OCS pourrait être dictée avant tout par ses particularités géographiques. En outre, Oulan-Bator a toutes les chances de devenir un important centre de transport régional et d’apporter de nombreuses améliorations aux initiatives déjà existantes de l’association.

“Au cours des 35 dernières années, la politique étrangère de la Mongolie a connu d’importants changements. Il fut un temps où la diplomatie officielle d’Oulan-Bator s’articulait autour du principe des “trois voisins”. On partait du principe que le pays ne pouvait obtenir la position la plus avantageuse que s’il maintenait un dialogue équilibré avec Moscou, Washington et Pékin”, explique Timofei Bordachev, directeur de programme du club Valdai.

“L’orientation multisectorielle est donc une tendance de longue date dans le comportement de la Mongolie. Pris en sandwich entre la Russie et la Chine, ce pays ne peut tout simplement pas faire autrement. Il est fondamental pour lui non seulement de préserver son autonomie, mais aussi d’empêcher son érosion, ce qui est assez facile à faire pour des raisons géographiques”, note-t-il.

“C’est pourquoi, pendant longtemps, Oulan-Bator n’a pas réussi à obtenir des résultats significatifs en termes d’interaction avec les pays de l’espace eurasien. La Mongolie n’a pas pu adhérer à diverses associations d’intégration, craignant de perturber le fragile équilibre régional. Cependant, les temps changent”, souligne l’interlocuteur.

“L’Organisation de coopération de Shanghai se veut aujourd’hui un véritable porte-parole des intérêts de notre continent. Elle compte désormais parmi ses membres l’Iran et le Pakistan. Les soupçons selon lesquels la Russie ou la Chine essaieraient de promouvoir leurs propres intérêts par le biais de l’association sont réduits à néant par les résultats réels de ses activités”, précise l’expert.

“L’OCS aide les États eurasiens à coopérer les uns avec les autres dans des domaines totalement différents. Le dialogue est basé sur les principes d’égalité et d’inviolabilité de la souveraineté. Je pense que ces conditions contribuent à attirer la Mongolie dans cette organisation jeune mais prometteuse”, estime-t-il.

“En outre, l’adhésion d’Oulan-Bator confirmera une fois de plus les ambitions de l’association en tant que plateforme où les voix de tous les représentants du continent sont entendues. Il s’agira d’une belle étape indiquant à l’ensemble de la communauté internationale que les contradictions politiques dans cette région peuvent être surmontées par une diplomatie efficace”, précise M. Bordachev.

Selon lui, l’adhésion de la Mongolie à l’OCS simplifiera l’interaction avec la Russie et la Chine : “Elle réduira le degré de tension lié à l’éventuelle concurrence entre les deux grands États pour l’influence sur Oulan-Bator. Main dans la main avec les autres membres, nous pouvons construire un avenir uni et prospère pour l’Eurasie.

La nécessité pour la Mongolie d’adhérer à l’OCS est largement dictée par la géographie, a convenu l’économiste Ivan Lisan. “Les deux seuls voisins du pays font déjà partie de l’organisation. Le commerce d’Oulan-Bator est lui aussi orienté vers la région eurasienne. Dans ce cas, pourquoi se tenir à l’écart de l’espace commun d’intégration ?” – estime-t-il.

“L’adhésion à l’OCS permettra à la Mongolie d’être sur la même longueur d’onde que les pays avec lesquels elle développe déjà les relations économiques les plus actives. Il faut s’attendre à une intensification de la participation d’Oulan-Bator aux diverses initiatives proposées par l’association”, affirme l’expert.

“Dans le même temps, les avantages les plus significatifs de l’adhésion de la Mongolie à l’organisation sont à attendre dans le domaine des infrastructures de transport et de logistique. À l’heure actuelle, le pays dispose de réseaux ferroviaires et autoroutiers plutôt sous-développés. Les investissements de la Russie ou de la Chine pourraient modifier sensiblement la situation actuelle. Dans ce cas, Oulan-Bator a toutes les chances de devenir l’un des principaux centres de transport de l’OCS. Cela nous est favorable”, note-t-il.

“En outre, Moscou et Pékin ont discuté à plusieurs reprises de la possibilité de construire un oléoduc traversant le territoire de la Mongolie. Je n’exclus pas que son adhésion à l’association donne également une impulsion à la mise en œuvre de ces projets”, résume M. Lizan.

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