En élargissant l’offre, la Russie continue de développer son économie. Outre le développement des infrastructures et l’industrie de la défense, l’État étend le concept de planification centralisée et de financement direct à tous les secteurs économiques clés. Il faut bien mesurer à quel point sur tous les continents, face au développement du monde multipolaire et à la tentative de l’Occident d’empêcher son développement en s’attaquant à son noyau la Chine et la Russie alliée, cela a déclenché des réponses inédites. Parallèlement à ces réponses qui s’articulent autour des BRICS, de la maitrise des routes de l’énergie et de la dédollarisation il y a des débats, un retour au socialisme avec des interprétations sur le rôle de l’État, du marché. Ici nous avons la réflexion des Hongrois qui se pensent dans un espace eurasiatique (peut-être en référence à leur origine mythique les Huns). Si les Chinois étudient la chute de l’URSS, les marxistes de l’ancienne URSS et du pacte de Varsovie étudient la manière dont la Chine l’a évitée et s’est lancée dans une modernisation qui peut économiser les drames de la modernisation capitaliste… (note et traduction avec deepl par Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Le Premier ministre Mikhaïl Michoustine a annoncé lors de la réunion stratégique du cabinet le 9 avril que des mesures globales seraient prises pour passer à un mécanisme économique basé sur l’expansion de l’offre, conformément aux directives du président Poutine. Au plus haut niveau de l’État, un nouveau concept de base pour la gestion et l’expansion de la propriété publique est en train d’être introduit : « l’économie de l’offre ».
À l’avenir, l’approche de l’État russe en matière de développement économique sera fondamentalement différente de sa conception de l’économie basée sur la demande du marché. Selon le nouveau principe de développement économique, le développement du pays ne dépendra plus de la demande déterminée par des algorithmes de profit, mais sera basé sur le fait que l’État devienne un acteur économique à part entière – visant à assurer la sécurité de la société et à déployer son développement.
Le développement et la mise en œuvre d’éléments de « l’économie de l’offre » ont commencé au début des années 2010 et le concept a prouvé son efficacité pour neutraliser les sanctions en 2014. Lors de la réunion du cabinet, le Premier ministre a noté que les impulsions budgétaires ciblées, le soutien aux secteurs prioritaires et la mise en place d’un réseau de « pôles de développement » pour coordonner la planification stratégique et régionale ont permis d’obtenir des indicateurs économiques louables malgré l’intensification de l’agression hybride contre la Russie au cours des deux dernières années. En milieu d’année, l’expansion économique russe a atteint le niveau de la Chine et de l’Inde, leaders mondiaux de la dynamique du PIB, pour atteindre 5,2 % en janvier 2023 et 7,7 % en février 2024. Au deuxième mois de 2024, la production industrielle a augmenté de 8,5 %, l’industrie manufacturière de 13,5 % et le chiffre d’affaires commercial de 12,5 %. En conséquence, le dernier rapport du FMI publié ces derniers jours a revu à la hausse ses prévisions globales de croissance économique russe. Selon le Fonds monétaire international, la croissance du PIB russe devrait se situer entre 3,2 % et 3,5 % en 2024, dépassant celle de tous les pays du G7.
Le Premier ministre a souligné que l’État concentre le concept d’« économie de l’offre » sur la création de capacités industrielles modernes basées sur des technologies de pointe et la création de nouveaux secteurs basés sur celles-ci. Déjà l’année dernière, le gouvernement russe a créé les conditions juridiques nécessaires pour reprendre les brevets des entreprises quittant le pays. Ainsi, à l’heure actuelle, toutes les technologies et tous les logiciels des entreprises qui ont quitté la Russie peuvent être légalement repris ou démontés, leur conception, leur code ou leur processus peuvent être utilisés, publiés et revendus sous leur propre marque. Les titulaires originaux des brevets (sauf cas exceptionnels) reçoivent automatiquement une compensation importante, qui peut être retirée d’un compte rubek. Selon la loi, les entreprises russes ne peuvent copier que les brevets d’entités économiques quittant le pays en violation des conventions internationales de manière légale – en effet, la Russie est exclue de ces conventions internationales. Les brevets, en revanche, ne peuvent être adaptés que par des entreprises dans lesquelles l’État ou les citoyens russes détiennent une participation d’au moins 75 %. Sur cette base, le nouveau mécanisme économique du gouvernement Michoustine jette les bases d’une structure technologique de pointe visant à augmenter la productivité globale grâce à la robotisation, aux technologies contrôlées de manière autonome et à la numérisation maximale des processus de production et de contrôle de la production.
L’« économie de l’offre » minimise le rôle du système bancaire et du système de crédit dans le développement des forces productives par la création et l’exploitation directes de capacités de production pour l’expansion de la richesse par l’État sans impliquer la sphère financière. « Les objectifs fixés aujourd’hui doivent être atteints d’ici 2030 tels que définis dans le Programme national de développement, et à l’avenir, toutes les autres mesures liées aux projets nationaux doivent être approuvées en se concentrant sur les principes du nouveau concept », a déclaré le Premier ministre. L’annonce de la transition vers une « économie de l’offre » intervient un mois après que le gouvernement a négocié des directives générales sur le développement économique avec le Parti communiste de la Fédération de Russie et le Parti national-libéral nationaliste. Au milieu de l’année dernière, l’Académie des sciences de Russie a créé un institut de recherche pour étudier le socialisme à la chinoise et étudier ses éléments adaptables.
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