Jean-Luc Picker a parfaitement raison de souligner, comme ne cesse de le faire la Chine elle-même, le principal danger de la zone asiatique pacifique représenté par les Philippines, tout en n’ignorant pas les difficultés des USA à rassembler des coalitions par ailleurs (le cas du Pacifique est particulièrement stupéfiant tant les basculement s’accélèrent). Le danger dans cette période est dans la volonté de ne pas vouloir voir la réalité des rapports de force, de trop rester sur des positionnements idéologiques antérieurs, bref de ne pas avoir la capacité du marxisme léninisme, utiliser le passé mais sans jamais s’enfermer dans des analogies qui vous transforment en réactionnaire. Si la Chine ignore qui sont les Etats-Unis elle est fichue mais le parti communiste au pouvoir l’est tout autant s’il ignore qu’il doit à son milliard trois cent millions d’habitants sécurité et moyenne aisance. Il a besoin de la paix. De même la Russie sait les conditions de l’endiguement de l’OTAN et ne se fait aucune illusion sur qui va respecter les négociations. Elle ne joue nulle part les déstabilisations sans les assortir d’intérêts de développement et de sécurité. Les boute-feu dans tous les camps n’ont aucune idée des nécessaires prudences, de la manière dont elles doivent témoigner de l’élargissement de l’influence. Le cas le plus stupide est ceux qui au nom de leur haine qui est de l’antisémitisme pur et simple (ce qui rend idiot) veulent voir dans le bombardement iranien une mise à genoux alors que comme la retenue de la Russie en Ukraine, cela témoigne de bien autre chose. Des gens qui découvrent la nouvelle configuration géopolitique que nous nous évertuons Marianne et moi à décrire, le font avec la foi des novices en fonction d’idéologies mal digérées… Mais cela fait pas mal de temps que la Chine (en couple avec la Russie, chacune défendant des intérêts communs et nationaux) a commencé un grand jeu qui doit tenir compte non seulement de la dangerosité et des possibles, mais également des défis, y compris celui des développements scientifiques et techniques autant que d’assurer à son propre peuple et à celui qu’ils veulent gagner les conditions de la sécurité et du développement. Comme il n’y a pas grand chose de nouveau dans cette logique nous prenons Marianne et moi un peu de détente… Parce que d’un côté la prise de conscience, l’avancée est incontestable et parce que de l’autre les délires enfantins et partisans de ceux qui découvrent la lune sont pénibles (note de Danielle Bleitrach)
Suite à mon post d’hier sur le sujet des récentes élections en Corée du Sud, je tombe sur cette brève d’Antiwar. Elle renforce l’idée que, aux prises avec quelques déconvenues dans l’arène politique à Taiwan et en Corée du Sud, les Etats-Unis sont à la manœuvre pour propulser les Philippines comme solution de rechange pour provoquer la Chine à l’affrontement militaire qu’ils recherchent. Les Philippines sont autrement plus faciles à manipuler que les deux autres candidats, ne disposant pas d’une bourgeoisie nationale forte entretenant des liens économiques complexes et serrés avec la Chine continentale. Il est intéressant à ce sujet de noter que la récente rencontre tripartite à Washington n’a impliqué ni Taïwan (et pour cause), ni non plus la Corée du Sud.
Pour rappel, la vice-présidente de Ferdinand Marcos Junior (le fils de l’ex-dictateur du même nom, chassé du pouvoir grâce à un soulèvement militaire, et de sa femme aux mille chaussures) n’est autre que Sara Duterte, la fille de Rodrigo Duterte, le précédent président, qui fut un temps dépeint comme un nouveau tyran sanguinaire, avant qu’il ne plie sous la contrainte des Etats-Unis (grâce entre autres à l’organisation d’un soulèvement islamiste dans l’île de Mindanao).
Une loi soutenue par les Républicains et les Démocrates promet 2.5 milliards de dollars d’aide militaire aux Philippines.
La loi établit une aide de 500 millions par an pour les 5 années à venir.
Alors que, dans le cadre de leur stratégie régionale anti-chinoise, les USA cherchent à resserrer les liens militaires avec Manille, les sénateurs Bill Hagerty (républicain) et Tim Kaine (Démocrate) ont déposé mercredi 10 avril un projet de loi qui fournirait 2.5 milliards de dollars d’aide militaire aux Philippines au cours des 5 années à venir. La loi proposée offrirait 500 millions de dollars annuellement par année fiscale sous la forme de Financement Militaire Extérieur, un programme du département des affaires étrangères qui offre aux gouvernement étrangers des fonds pour acheter des armes fabriquées aux Etats-Unis.
Les Philippines sont déjà le premier récipiendaire d’aide militaire états-unienne en Asie-Pacifique. De 2015 à la fin de 2021, Manila a reçu des Etats-Unis 1, 14 millions USD d’aide militaire dont 475 millions sous forme de FME.
Hagery et Kaine ont déposé leur projet de loi à la veille du tout premier sommet trilatéral réunissant les dirigeants des Etats-Unis, du Japon et des Philippines, organisé par Biden à Washington. Les trois pays devraient annoncer de nouvelles formes de collaboration, y compris des patrouilles communes en Mer de Chine Méridionale où les tensions entre les Philippines et la Chine sont en train d’exploser.
Le président actuel des Philippines, Ferdinand Marcos junior a adopté à l’égard des prétentions chinoises en Mer de Chine Méridionale une approche beaucoup plus dure que son prédécesseur, Rodrigo Duterte, connu pour avoir été beaucoup plus amical et diplomatique avec Beijing. Encouragé par un soutien militaire renouvelé des USA, Marcos n’hésite pas à engager sa marine dans des confrontations toujours plus nombreuses avec la marine chinoise autour de récifs et de rochers disputés de longue date.
A chaque incident, les USA rappellent à la Chine le traité de défense mutuel qu’ils ont signé avec les Philippines en soulignant qu’il s’applique aussi aux navires philippins en Mer de Chine Méridionale, un engagement formalisé l’an dernier lorsque Washington et Manila ont publié de nouvelles règles pour le traité.
Cet engagement signifie que les US menacent d’intervenir si la dispute maritime devait donner lieu à un affrontement armé, faisant de la Chine Méridionale un détonateur potentiel pour une guerre entre les Etats-Unis et la Chine. Alors que les US et ses alliés accroissent leur activité militaire dans la région et que la Chine ne montre aucun signe de battre en retraite, les tensions ne vont pas dans le sens d’une accalmie.
La manière dont la Chine joue selon sa méthode face aux contradictions des Philippines comme dans d’autres pays..
Il est irréaliste pour les Philippines d’encourager les investissements chinois tout en provoquant la Chine, et la menace chinoise est exagérée avec les États-Unis et le Japon, selon des experts Par les journalistes de l’équipe GT Publié : 14 avr. 2024 19:26
Le président américain Joe Biden, le Premier ministre japonais Fumio Kishida et le président philippin Ferdinand Romualdez Marcos Jr, arrivent lors d’une réunion trilatérale dans la salle Est de la Maison Blanche à Washington, DC, le 11 avril 2024. Crédit photo : VCG
Des experts ont averti dimanche qu’il n’était pas réaliste que les Philippines veuillent que les entreprises chinoises investissent, mais qu’elles provoquent dans le même temps la Chine en mer et exagèrent la menace chinoise lors d’un sommet trilatéral avec les États-Unis et le Japon, après que le président philippin Ferdinand Marcos Jr a insisté samedi sur le fait que les accords commerciaux conclus par les Philippines lors d’un sommet avec le Japon et les États-Unis n’affecteraient pas les investissements de la Chine dans le pays.
Jeudi, heure locale, les dirigeants des États-Unis, du Japon et des Philippines ont tenu leur première réunion trilatérale à la Maison Blanche à Washington. Les Philippines cherchaient à obtenir au moins 100 milliards de dollars d’investissements des États-Unis et du Japon.
Bien que Marcos ait souligné que le sommet « n’est dirigé contre aucun pays » et qu’il se concentre plutôt sur l’approfondissement des relations économiques et sécuritaires entre les Philippines, les États-Unis et le Japon, les trois pays ont toujours mentionné directement la Chine dans leur déclaration commune, exagérant les problèmes en mer de Chine méridionale, en mer de Chine orientale et dans le détroit de Taïwan, et exagérant la soi-disant menace chinoise.
Cependant, lors d’une conférence de presse samedi, lorsqu’on lui a demandé si les accords entre les Philippines, les États-Unis et le Japon affecteraient les investissements de la Chine aux Philippines, Marcos a déclaré que les accords commerciaux conclus par les Philippines lors du sommet avec le Japon et les États-Unis n’affecteraient pas les investissements de la Chine aux Philippines.
Les experts ont déclaré que le virage du gouvernement Marcos vers les États-Unis était une « erreur majeure » et que le changement de politique étrangère aurait un impact négatif sur les relations entre les Philippines et la Chine, entraînant une diminution des investissements chinois aux Philippines.
« Aucun [homme d’affaires] chinois n’investira maintenant parce que je sais pertinemment que de nombreux Chinois qui ont l’intention d’investir se sont déjà retirés parce qu’ils craignent que leurs investissements ne soient confisqués compte tenu de l’environnement hostile », a déclaré Harry Roque, l’ancien porte-parole de l’ancien président philippin Rodrigo Duterte, à Al Jazeera.
On peut dire que les Philippines se sont complètement alignées sur les États-Unis dans leur politique étrangère, se plaçant dans le cadre de la « stratégie indo-pacifique » des États-Unis, a déclaré dimanche Chen Xiangmiao, directeur du Centre de recherche de la marine mondiale à l’Institut national d’études sur la mer de Chine méridionale, au Global Times.
Dans le même temps, sur la base des demandes des Philippines elles-mêmes, il y a eu des ajustements fondamentaux dans leur politique étrangère, leur stratégie de sécurité et leur politique maritime. Les principaux aspects comprennent la prise de mesures plus affirmées en mer, la dépendance accrue à l’égard des forces extérieures pour équilibrer la Chine et l’audace de prendre des mesures plus agressives et plus dures en mer avec l’aide de forces extérieures, a déclaré M. Chen.
Les Philippines veulent que les entreprises chinoises investissent, mais veulent aussi coopérer avec les États-Unis dans leur endiguement de la Chine, ce qui est irréaliste, a noté Chen.
Les Philippines ont besoin d’investissements de la part d’entreprises chinoises, d’autant plus que le gouvernement Marcos est confronté à de graves problèmes intérieurs tels que la sécurité alimentaire, l’inflation, la sécurité énergétique, les infrastructures obsolètes, la nécessité d’accélérer la construction et les taux de chômage élevés, ce qui rend les investissements chinois très importants, a déclaré M. Chen.
Il y a de nombreux signes aux Philippines indiquant que les entreprises chinoises ont arrêté ou annulé leurs projets aux Philippines en raison du sentiment national et d’un traitement injuste dans les politiques, de sorte que la déclaration de Marcos selon laquelle cela n’affectera pas les investissements chinois aux Philippines est un vain mot, a déclaré l’expert.
Cependant, on ne sait pas si le soutien économique des États-Unis et du Japon aidera Manille à résoudre les pressions économiques intérieures, a averti M. Chen.
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Jean-luc
Une conclusion pateline, comme l’aime le GT.
Les plus grands projets d’infrastructures des 6 dernières années (autoroutes, installations portuaires…) aux Philippines ont tous été réalisés par les capitaux chinois qui ont afflué en particulier au début du mandat de Duterte.
Allez demander à l’Ukraine si les Etats-Unis ont l’intention de dépenser un seul centime pour aider l’économie philippine en remerciement de leur rôle dans leur ‘coalition’ !
Par contre, pour le développement des 11 bases militaires où ils ont maintenant leur droit de résidence, on trouvera bien qq sous, réorientés de ‘l’enveloppe’ à 60 milliards. Bon comme dirait macron, ça ruissellera bien jusqu’au prostituées de Angeles….