Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

réponse à une question fondamentale de lecteur….

Bonjour Madame.
Je souhaiterais savoir et comprendre en quoi la FI cultive le communautarisme ?
Puisque c’est un des griefs que vous énoncés pourriez vous développer.
Je ne suis pas membre de la FI ni un soutien inconditionnel à Mélenchon mais seulement surprise de cette affirmation
Alors que je trouve dans les discours de Monsieur Mélenchon beaucoup d’humanisme et une ouverture certaines sur le monde et ses différences.
Merci de bien vouloir m’éclairer dans ces moments difficiles et obscurs , qui ne permettent pas toujours pour des personnes moins instruites de faire le tri entre le vrai et le faux

REPONSE DE DANIELLE BLEITRACH

La réponse spontanée que je ferai à cette question très importante tient aussi à cette image… Il s’agit d’un secrétaire de section du midi de la France qui a publié sur facebook ce post. A un niveau épidermique (mais rassurez-vous, ce ne sera pas l’essentiel de mon argumentation) par expérience je peux affirmer que c’est dans le PCF que l’on trouve le plus de gens bienveillants et qui cherchent spontanément les moyens de vivre ensemble. C’est selon moi le fruit de l’origine populaire de ses membres. Un jour j’étais à la havane, j’avais une camarade qui venait me faire le ménage et qui était une amie. Un jour elle est arrivée en retard, elle était infirmière de formation et était responsable CDR de son quartier. Elle avait été occupée toute la nuit à prendre soin d’une voisine en crise mais cela n’avait rien d’exceptionnel, elle était sans cesse sollicitée. J’étais frappée par la manière dont la standardiste de l’administration à laquelle je téléphonais sans me connaitre m’interpellait comme son amour, sa chérie, et le temps passé à échanger avec la famille, les voisins… J’ai demandé à mon amie cubaine “est-ce que ce n’est pas fatigant d’être toujours dans le collectif ? Elle m’a répondu : toi tu appartiens à une société riche, tu as une monnaie qui te permet d’acheter des services, mais nous nous sommes pauvres, nous avons besoin de cette solidarité et en plus à Cuba elle est politique, elle a un sens qui va au-delà de la survie.

Donc ce camarade qui sait ce que sont les rapports de vosinage et qui va jusqu’à penser son engagement “républicain” en opposition avec la société de peur et de violence me parait assez représentatif de l’attitude du militant communiste qu’il soit “mutin”, mouton et même parfois mutant. C’est d’abord une dimension de classe mais qui va jusqu’à l’idée souvent confuse d’un but humaniste… d’ailleurs beaucoup sont devenus moutons et même mutants (encore qu’il y a de franches canailles et des vendus) ce fut un choc que d’être convaincus par leurs propres dirigeants qu’en leur nom avait été accompli des crimes abominables. Mais même si la catégorie des beni-oui oui pour la place existe et prolifère autour des élus, la plupart du temps les communistes restent désintéressés, vulnérable à un idéal humaniste et ils réfléchissent beaucoup. Ce qui est frappant d’ailleurs c’est le silence des “moutons”… mais aussi leur obstination à vouloir être comunistes.

Mon mari quand j’ai été élue membre du comité central, à notre grande surprise à tous les deux m’a dit : “fais attention, il n’y a rien de plus difficile à gérer qu’un communiste, c’est tous des chefs.

C’est cela que n’a pas compris Melenchon. Je me souviens de la manière méprisante dont ce même melenchon, à partir de l’OPA que grace à Marie georges Buffet, il a prétendu faire taire un militant à la fête de l’humanité en lui disant : tu es communiste donc discipliné alors tu te tais… C’est un contresens absolu mais qui dit bien les limites du dit mélenchon… C’est un tribun cultivé, un individu brillant mais il n’a pas le moindre respect pour les troupes, il est toujours dans des jeux d’appareil ou des approches intellectuelles sans jamais respecter ceux qui doivent agir.

En disant cela je ne mets même pas en cause l’engagement de melenchon, j’ai toujours apprécié les engagements de Melenchon dans les combats de l’Amérique latine et vous ne m’entendrez jamais le mettre en cause sur ce plan là. Mais je vous signale qu’en revanche LFI regroupe des gens qui ont à peu près toutes les prises de position et LFI est un sac de gens qui se font la peau entre eux parce qu’il n’est rien d’autre qu’un “mouvement” organisé autour de petits chefs, soit Melenchon, soit ses lieutenants en train de se faire la peau et pratiquer chacun des formes de surenchères qui vont effectivement dans certains cas jusqu’à des positions indigéniste. Et je pense que Melenchon n’est pas capable de créer autre chose qu’un tel mouvement. résultat , si on prend l’exemple toujours de l’Amérique latine et de Cuba ; la grande différence que vous pouvez constater entre LFI et le PCF c’est que quand quelqu’un comme Chassaigne s’empare d’un combat il le mène avec efficacité, détermination en rasemblant le plus largement possible. C’est la grande différence etre un parti comuniste si affaibli soit-il et un mouvement à visée électoraliste exclusivement de fait., la première critique que je fais à melenchon c’est que lui et ses lieutenants sont incapables de créer autre chose et surtout pas une organisation collective favorisant l’intervention populaire.

Le problème du PCF n’est pas en concurrence avec melenchon mais dans ses propres insuffisances à être vraiment le parti qu’il devrait être, sur les lieux de travail, comme dans lesquartiers populaires, la formation et la mise en mouvement de ces noyaux de démocratie partout…

Je dis cela en étant tout à fait consciente de mes propres limites et du fait que si j’ai été marginalisée, diffamée et à la fin obligée de quitter le PCF c’est aussi à cause de mes défauts. je me considère comme totalement inadaptée à la direction d’un parti… Pourtant je sais aussi ce que doit faire un dirigeant communiste… Rien ne m’est plus étranger que les qualités nécessaires à un dirigeant mais aujourd’hui il y a des dirigeants qui sont encore pires que moi… Moi au moins je sais le caractère essentiel du collectif, ce qui met en mouvements et ce qui crée obstacle, spontanément je ne vaux pas mieux que melenchon mais comme je n’ai aucune ambition et aucun goût du pouvoir je privilégie ce qui m’est étranger à savoir l’intiative populaire, les conditions de sa mise en mouvement.

Quand un “mutin” qui a quitté le parti à chacune de mes déconvenues vient me dire que lui aussi il abandonne ou encore ricaner “je te l’avais bien dit”, en général il se prend une avoinée sur le thème: “tu es content de toi, on t’a privé de ton outil le plus perfectionné, c’est une bande de minables dis-tu en parlant des “mutants” et des liquidateurs, mais c’est eux qui ont gagné… Tu es pareil qu’eux, pire peut-être et je pense ce que je dis… Tu te prends pour un révolutionnaire et non seulement tu n’as pas conquis l’appareil d’etat mais tu n’as même pas été capable de ne pas te faire faucher tes armes les plus précieuses…

mais il y a une autre catégorie qui m’énerve : c’est fou le nombre de secrétaires de section qui viennent me décrire comment la direction fédérale en fait continue de les empêcher d’agir y compris quand officiellement elle se range derrière Roussel et le 38 e congrès. Quand il y a un cas, trois cas, mais quand cela se reproduit dans toute la France il faudrait tout de même réaliser qu’il y a des logiques…

d’abord il faut voir comment partout les révolutions de couleur, les mouvements par lesquels ont été renversés les partis communistes au pouvoir ne se sont pas présentés comme la fin du socialisme, des services publics, des droits des travailleurs, des femmes, de la jeunesse, ils se sont présentés comme tout ça plus “la liberté” concept maldéfini mais dans lequel chacun mettait un peu ce qu’il voulait au plan subjectif…

de même les grands partis sont devenus eurocommunistes non pas pour renoncer à l’outil fraternel et de formation, d’action qu’était les partis communistes, mais pour être plus “libres”. En fait la “mutation” a consisté à détruire tout ce qui existait de formé, d’organisé et en fait de liberté de priver les couches populaires de leur principal atout.

Donc il y a les discours qui peuvent être superbes et il y a la mise en oeuvre… Melenchon, comme Mitterrand font de très beaux discours empreints d’esprit républicain et d’humanisme… Mais ce qu’il faut aussi considérer ce sont les FAITS, les conséquences, le sens des actions non seulement de l’individu mais du collectif pour le “leader”…

Jamais melenchon et les siens n’ont prétendu à autre chose qu’à la poursuite et l’accélération de la destruction de la “mutation”, Melenchon comme bien des dirigeants socialistes était lambertiste, une des formes du trotskisme les plus suspectes, des obsédés du complot et de l’entrisme, il n’a pas choisi de devenir un militants du PCF comme il a voulu être socialiste, y compris mitterrandien, il a continué à vouloir faire disparaitre le PCF dans une organisation soumise à ses propres ambitions. Il a opéré dans une crise politique profonde à prétendre retructurer le paysage politique sur un modèle qui n’est pas si éloigné de “la révolution macronienne” avec la même incapacité en prendre racine dans autre chose qu’un petit monde urbain qui cherche dans “le communautarisme” un point d’ancrage dans les couches populaires dont il demeure éloigné. Ou l’on cherche à provoquer l’itervention populaire en tant que classe ou comme déjà Julien Dray, “touche pas à mon pote” et tant d’autres on fabrique du clientélisme…

Ca c’est pour ce que nous venons de vivre mais par rapport aux grands défis qui sont devant nous, il est incapable de faire autre chose que de l’opportunisme par rapport à cette “double clientèle”, les bobos et les commuautarismes, il se retrouve en porte à faux par rapport au nucléaire, à toute une conception proagmatique de la sécurité, de la prévention, et il exaspère les tensions qu’il faudrait apaiser toujours avec une visée électoraliste. Et c’est pire si on considère ses lieutenants qui sont en train de se déchirer d’une manière caricaturale.

On ne doit pas limiter cette analyse au personnage de melenchon mais au contraire dépasser les individus pour voir en quoi ils sont caractéristiques d’un moment historique, et bien mesurer que ces “aventures” apparaisssent certes dans une période de contrerévolution qui correspond à la fin de l’URSS, mais que celle-ci a été précédée par la difficulté de ce qui a été définie comme la coexistence pacifique.

pratiquement à partir dela fin des années soixante alors que la rencontre parait s’opérer entre les luttes des classes, les mouvements de libération nationale et les aspirations à l’émancipation des individus, se prépare la contre révolution libérale qui va torturer au Chili mais prend des tonalités libertaires ailleurs, cette contrerévolution va dissocier ce triple élan et quasiment les organiser,les uns contre les autres. Cela peut se faire par la destruction des organisations, la sousestimation du rôle de l’armée, en privilégiant la forme mouvement sur le parti marxiste léniniste qui les a unfiés… D’où toutes les interprétations que l’on peut donner à mai 68 surtout en France où il se caractérise par l’entrée en lutte d’un mouvement ouvrier et par déjà la trahison mitterrandienne derrière le gauchisme et son anticommunisme…

La LFI appartient à ce courant et aussi à des formes de réveil qui sont apparus en Amérique latine mais sans l’ancrage du chavisme: au venezuela, et dans d’autres nations d’Amérique latine il y a le mouvement bolivarien mais il y a aussi l’armée, le syndicalisme, les liens avec Cuba. Ce n’est pas simplement le “tourisme” de la dénonciation de l’emprise impérialiste… Mais c’est aussi le produit du mitterrandisme qui a coupé la social démocratie, l’ancien PS de sa base ouvrière et a conduit vers la destruction de la gauche et la montée de l’extrême droite… Un mouvement et même un parti est une synthèse mais celle-ci tend vers un sens dans la réalité et celui-ci a prouvé son inadaptation aux tâches de l’heure.

Parce que ce monde là est dépassé, nous sommes dans un basculement historique dans lequel on ne peut ignorer le rôle de la Chine, la remontée de la lutte des classes, les guerres.. le melenchon qui invente qu’il va pouvoir devenir premier ministre pour développer le vote utile, qui témoigne à ce moment là de sa “souplesse” à cohabiter sous la direction de Macron est-il celui qui feint de découvri les périls hier à la Réunion ? … celui qui invente que c’est la faute à Roussel s’il n’est pas président est-il réellement celui capable de favoriser autre chose que les ambitions et les divisions?

Donc dans mon positionnement, déjà retenez cette idée, je pars de l’expérience et l’expérience de ces trente dernières années prouve que le choix groupusculaire ne mène nulle part, la haine qui les fait orter tous leurs coups contre le PCF va très loin dans certains cas… on ne voit plus très bien pour certains ce qui les sépare de l’extrême-droite, ils se rallient non seulement à melenchon mais y compris à Dieudonné ou Soral pronent l’obscurantisme antivaccin et dans la défense des Palestiniens ignorent le rôle des USA comme celui des communistes isréaliens, et retrouvent des accents céliniens, pétainistes, partout il s’agit eux aussi de mener des guerres par procuration au nom de leurs fantasmes. Ce qui n’a rien à voir avec les communistes. Mais qui peut d’autant plus être dévoyé que le PCF , sa presse, son secteur international organise la censure sur les positions des partis communistes et des forces progressistes. Là aussi liquidateurs et certains groupuscules ne sont opposés qu’en apparence…

S’il existe des groupuscules nettement plus fréquentables et qui ont largement contribué comme notreblog à lutter contre la censure, il est clair que leur limite tient à l’ambiguité de leur position face à la reconstruction d’un parti. Et ils ont beau exagérer leur audience, celle-ci demeure faible et leur ralliement de fait à Melechon témoigne de leur incapacité à prendre la mesure du bouleversement historique.

C’est donc non pas seulement dans un individu qui n’a jamais caché ce qu’il était qu’il faut réfléchir et être derrière melechon avec soit un cierge et baton, mais bien dans la difficulté qui est la notre à tous à définir des buts et des moyens à la transformation nécessaire.

Ceux qui ont la tentation de constituer un “mouvement” aux allures radicales mais qui sur le fond reste mitterrandien (en finir avec le PCF et aller vers tous les compromis qui assurent le pouvoir avec des stratégies à géométrie variable), qui feint d’engager les citoyens mais a simplement un quarteron de notables opportunises qui imposent des décisions, des lignes sans la moindre consultation des militants, qui se retrouvent en train d’être un fan club… Pas plus la social démocratie devenue atlantiste comme le PS de Hollande, Glucksman, etc… que la social démocratie jouant le gauchisme comme la LFI n’ont fait autre chose que contribuer à l’affaiblissement de la gauche et la montée de l’alternative Macron- extrême-droite- abstention., la preuve est faite, inutile d’insister.


Donc il faut faire autre chose et je pense qu’il s’agisse de résister ou d’aller vers un changement de societe a un besoin urgent d’un parti communiste révolutionnaire.

peut-être que je me berce d’illusion mais je guette dans le mutisme des “moutons”ce trait que décrivait le Che: un communiste est capable de mourir dans le silence d’une geole, torturé, en ne croyant pas en la survie de l’âme, ni à rien pour lui-même, meme pas la gloire et il tiendra bon… J’ai connu des hommes et des femmes de cette espèce modestes, silencieux, capables de tenir bon… Ils disaient que mes amis me connaissent, que mes ennemis m’ignorent et ils agissaient en héros sans la moindre ostentation, parce que c’était leur conception du monde… Ils étaient comme un feu, ou la mer que l’on contemple et qui rassasie tout sauf ces espèces de saltimbanques qui cherchent le feu des projecteurs… Parfois je trouve les traces de ce parti là, son désintéressement, sa bienveillance lucide… là et nulle part ailleurs…

Il y a plus il y a cette curiosité intellectuelle, artistique, qui n’est plus travaillée mais qui demeure on le voit bien dans ce blog… Ils sont à l’image de cette humanité sans qui tout ce que j’aime perd son sens s’ils ne sont plus là pour avancer avec moi jusqu’au bout…

Accuser le PCF tel qu’il est aujourd’hui ne mène nulle part, il faut réflechir à la manière de l’emporter contre les liquidateurs, ceux qui ne respectent pas le potentiel humain en matière révolutionnaire, l’individu mais en tant que somme de relations sociales, d’affrontements et de coopérations, et je livre cette réflexion ultime à votre sagacité : il est évident qu’il n’y a pas de génération spontanée, si partout on retrouve les mêmes blocages, la même inertie, la même désorganisation, c’est qu’il y a organisation en tendance pour qu’il en soit ainsi… Donc face à cette tendance il faut savoir créer les conditions d’un véritable travail de coordination et d’échange entre ceux qui ont décidé que le socialisme ,le vrai était leur but, ceux qui continuent à tenter d’endiguer le mal, la violence, la haine … quel socialisme, quels obsacles, quels points d’appui…

Danielle bleitracn

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