Encore un contexte “électoral” qui met en lumière le caractère criminel des marionnettes de l’impérialisme. La crise débute mercredi dernier par des critiques émanant du président mexicain Andrés Manuel López Obrador, qui ne se représente pas aux élections présidentielles, mais soutient la candidate de son parti, sur la conduite de la présidentielle équatorienne de 2023. Andres Manuel Lopez Obrador en dénonçant ce qui se passe en Équateur dénonce en fait la manière dont les Etats-Unis tentent d’empêcher l’expression populaire pour livrer le continent à leurs marionnettes, et il parle aussi de ce qui est tenté au Mexique avec des assassinats, la peur, la violence, l’achat des votes par les Etats-Unis. Le président de l’Équateur mis en cause, lui-même très contesté, a voulu faire un coup d’éclat témoignant aux yeux des maitres états-uniens de son caractère irremplaçable à la tête du pays. C’est une constante, de Zelensky à Netanyahou, jusqu’aux grotesques d’Amérique latine de surenchérir dans “la sécurité”, la militarisation, la guerre alors même que leur pouvoir est menacé. On ne peut s’empêcher de penser que Macron dirige les élections françaises dans un sens assez proche même si nous sommes encore loin de la violence du “sud” et des marionnettes en guerre.
Le président mexicain jouissant de très grands pouvoir mais dans un mandat de six ans non renouvelable, les élections présidentielles donnant lieu à toute une série de renouvellement locaux dont ceux des gouvernements des États. La candidate du parti au pouvoir, le Mouvement de régénération nationale (Morena), est Claudia Sheinbaum. Cette scientifique de 61 ans a été membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et a mis ses qualités d’expertise au service des communautés indigènes et des défavorisés. Elle est donnée gagnante loin devant les autres. Il y a d’ailleurs une féminisation des postes tout à fait inouï qui correspond là encore à l’originalité de la présidence. Si le président mexicain Andrés Manuel López s’interdit d’intervenir sur la campagne mexicaine, il continue à assumer ce qui a fait sa popularité et l’héritier de Juarez et de tous ceux qui se considèrent comme des sentinelles défendant Nuestra América (Marti) face aux Etats-Unis qui ne cessent de vouloir faire de l’hémisphère sud leur arrière cour, en y créant les conditions d’un sous-développement et de la violence.
La sécurité est un enjeu pour tout le continent non seulement face à la pauvreté, à des luttes de classe qui s’emparent des questions racistes, des dévoiement religieux pour diviser les peuples mais aux incursions armées et déstabilisatrices des Etats-Unis. L’assassinat politique comme la question de l’immigration est au cœur des élections en Amérique latine, au Mexique, comme dans les présidentielles des Etats-Unis, la politique des blocus qui frappe entre autres Cuba et le Venezuela, l’installation par fraude et coups d’État larvés après asphyxie des économies est une autre constante. Si le Mexique de Andrés Manuel López a su jouer d’une manière exemplaire avec toutes ces contradictions en donnant à la sécurité sa véritable dimension, celle d’une remise en cause habile mais ferme avec les Etats-Unis, l’Équateur est un exemple contraire semblable à ce qui se passe en Argentine aujourd’hui et au Brésil avant le retour de Lula. Le président d’Équateur est le résultat d’une série de vols des choix électoraux, depuis Lenine Moreno élu comme successeur de Correa, gauche bolivarienne, passant à la soumission aux USA, avec de faux procès en corruption contre Correa comme contre Lula, une gestion calamiteuse en particulier du Covid, la révolte indigène, l’exaspération des haines racistes, la mise à genoux de l’économie.
Le Mexique avait accordé l’asile politique à Jorge Glas, vice président de l’Équateur dont le président en titre avait souhaité se débarrasser avec un scénario désormais bien connu sous tous les régimes sous domination US et ou se prépare un coup d’État en utilisant un appareil judiciaire aux mains de l’oligarchie et de la CIA, en s’appuyant sur une partie de l’armée tout aussi vendu et des forces de police qui font régner la terreur. (Notez la manière dont les forces qui se sont emparées de Jorge Glas sont masquées. Souvenez-vous que c’est à la suite du renversement et de la dénonciation pour “corruption” du progressiste Correa qu’Assange réfugié à l’ambassade d’Équateur a été livré à la police britannique et de fait aux USA. Le chef d’État mexicain accuse les autorités équatoriennes d’avoir exploité l’assassinat du candidat d’opposition Fernando Villavicencio, le 9 août 2023, pour favoriser l’élection du libéral Daniel Noboa au détriment de la candidate de gauche Luisa González Fernando Villavicencio qui avait été abattue après un meeting de campagne à quelques jours de l’élection du 20 août.
Le président mexicain Andrés Manuel López a dénoncé ces “coups d’État” à apparence légale et la violence réelle qui les autorise. L’homme d’affaires Daniel Noboa qui a été élu président le 16 octobre 2023, cet homme d’affaire multimillionnaire, héritier de l’empire de la banane (1) l’a emporté avec 52,3% des voix sur la candidate de Correa après que la candidate en lice ait été assassinée. Mais il s’est heurté à une situation ingérable qui a culminé avec une révolte des prisons témoignant de la puissance des gangs liés à la drogue et utilisés par les Etats-Unis et leurs marionnettes pour faire régner la terreur. Dès le mois de janvier 2024, le pays a été secoué par de violentes révoltes dans les prisons et plusieurs localités du pays. Une situation de crise qui mettait en lumière de graves dysfonctionnements dans l’institution judiciaire de ce pays d’Amérique latine outre la puissance des gangs de la drogue. La politique sécuritaire du nouveau président était une pure comédie parce qu’elle ne peut pas à la fois feindre la fermeté et s’attaquer à ses soutiens qui sont aussi ceux des USA, ceux qui par assassinat, corruption de magistrats et peur des populations l’ont placé à la tête du pays…
Daniel Noboa a pris prétexte de ce discours pour déclarer le personnel de l’ambassade du Mexique à Quito non grata et ceux-ci ont quitté le Mexique. Mais l’affaire ne s’est pas arrêté là et la police spéciale de l’Équateur est venu à l’ambassade pour y récupérer le vice président réfugié. Le personnel diplomatique mexicain a quitté l’Équateur dimanche 7 avril 2024, après la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, à la suite de l’intrusion de policiers dans l’ambassade mexicaine à Quito vendredi, a annoncé Mexico, rapporté par l’AFP.
« Notre personnel diplomatique laisse tout derrière lui en Équateur et rentre chez lui la tête haute […] après l’assaut contre notre ambassade », a écrit le ministre des Affaires étrangères mexicain sur le réseau social X (ex-Twitter).
Le Mexique et le Nicaragua rompent leurs relations diplomatiques
Le Mexique avait annoncé, un peu plus tôt, rompre ses relations diplomatiques avec Quito, après l’irruption vendredi de policiers dans son ambassade, pour arrêter Jorge Glas, recherché par la justice de son pays pour corruption. Mexico venait de lui accorder l’asile, et était réfugié dans l’ambassade.
En soutien, samedi, le Nicaragua a également annoncé la rupture de « toute relation diplomatique » avec l’Équateur. « Face à l’action inhabituelle et condamnable […], qui suscite un rejet irrévocable, nous prenons la décision souveraine de rompre toute relation diplomatique avec le gouvernement équatorien », a déclaré le gouvernement du président Daniel Ortega dans un communiqué, relayé par l’AFP.
En fait la crise entre le Mexique et l’Équateur a pris une dimension internationale dans laquelle au-delà du gouvernement équatorien est dénoncé le rôle des USA. Ce qui fait une autre crise ouverte à côté de la débâcle en Ukraine, le massacre génocidaire à Gaza, ses conséquences en mer rouge… le tout alors que les Etats-Unis attendent les effets d’une crise financière et mènent partout une double stratégie de retrait et de guerre par procuration en ayant dans le viseur la Chine dont ils ne savent plus s’ils doivent solliciter l’aide ou y porter la guerre
Le Mexique prévoit saisir lundi 8 avril la Cour internationale de justice après le raid policier contre son ambassade à Quito, la capitale de l’Équateur, pour arrêter l’ancien vice-président équatorien, Jorge Glas qui s’y était réfugié. Voici ce que l’on sait de cette crise diplomatique entre les deux pays.
Dimanche 7 avril, la ministre des Affaires étrangères du Mexique, Alicia Barcena, a annoncé que son pays va saisir lundi la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire des Nations unies, après le raid policier contre son ambassade à Quito, la capitale équatorienne.
La ministre mexicaine des Affaires étrangères, Alicia Barcena, s’adresse aux médias à la suite du retour du personnel de l’ambassade mexicaine dans le pays après que la police équatorienne a perquisitionné l’ambassade à Quito pour arrêter l’ancien vice-président Jorge Glas, à l’aéroport international Benito Juarez, à Mexico, Mexique, le 7 avril 2024.© REUTERS/Quetzalli Nicte-Ha
« Dès demain, nous irons devant la CIJ où nous présenterons cette triste affaire […]. Nous croyons que nous pouvons obtenir gain de cause rapidement », a déclaré la cheffe de la diplomatie en accueillant le personnel diplomatique mexicain qui a quitté l’Équateur. Notez que l’UE a été obligé de se désolidariser de ce viol d’ambassade.
Danielle Bleitrach
(1) certains de nos lecteurs se souviendront sans doute de la manière dont la Russie a calmé les ardeurs belliqueuses du gouvernement équatorien prêt à livrer à l’Ukraine son vieux matériel soviétique et se reconnaissant dans Zelensky lui aussi défenseur de la “démocratie” et recrutant des mercenaires. La Russie a menacé d’acheter les bananes ailleurs (en Inde en particulier) ce qui est allé droit au cœur du chef de l’Etat on s’en doute.
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