Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Fabien Roussel et “la clarté gauloise”…

Un ami éthiopien hier, au bord de la crise de fou rire, m’a dit ce que lui inspirait Fabien Roussel: “Il est tellement français!” Il venait de l’écouter après que le secrétaire National du PCF ait littéralement explosé à l’idée de la guerre en Ukraine… Mon ami éthiopien était partagé entre la sympathie et l’ironie, il m’a dit : ce gars-là il découvre ce que d’autres subissent depuis des années et il s’exclame “mais vous n’êtes pas un peu marteau de vouloir nous envoyer faire la guerre, pourquoi exactement parce que l’OTAN veut avancer toujours plus loin et parce qu’il existe des pays où le salaire mensuel moyen est de 200 euros, où tout est à vendre et vous voulez nous mettre en concurrence avec eux ?”…

Il découvre la lune, mieux vaut tard que jamais… Ce vote d’aujourd’hui, totalement symbolique puisqu’il intervient après que les décisions soient prises, grâce à une Constitution qui dépossède les citoyens de donner leur avis sur la paix et sur la guerre, une Constitution dictatoriale comme le sont les institutions européennes avec un parlement européen dénué de pouvoir par des gens non élus mais représentant les marchands d’armes et les marchés financiers. Un empilement de procédures pour n’avoir aucun pouvoir, donc une simple manœuvre politicienne : qui est le méchant qui ose être pour Poutine ?

Ce à quoi Les communistes à qui il était difficile de remonter un courant entretenu au moins depuis 2014, et bien plus si l”on considère les avancées de l’OTAN, les multiples interventions décidées sans avoir été consultés ou d’une manière tout aussi symbolique ont fini par oser cette interrogation “historique” parce que le premier signe d’une résistance : où vous allez ? Jusqu’à la provocation de l’OTAN donc la guerre ?

L’issue du vote en faveur de l’aventurisme d’un Macron devrait être assez largement favorable, avec le soutien du groupe Les Républicains (LR), des socialistes et des écologistes. L’abstention du Rassemblement national, seuls les communistes et les insoumis s’opposeront au choix de la guerre. Oui pourtant l’on peut se réjouir que les communistes aient pris cette position parce qu’elle est juste, parce qu’elle est celle de la France, des couches populaires, celle qui reprend la main sur l’avenir comme dit le slogan des européennes, celle d’un peuple qui refuse de se retrouver en guerre même s’il n’a plus les moyens de s’y opposer autrement qu’avec des forces organisées en affirmant même si l’on commence peu nombreux à revendiquer cette paix, il est temps. Parce qu’en revanche le PS de Glucksmann, les verts ont dit leur allégeance à une Europe qui se confond avec l’OTAN et qui choisit la guerre avec l’autre partie de l’Europe, celle qui va jusqu’à l’Oural… celle dans laquelle jadis le Gaullisme voyait un facteur d’équilibre … Celle dans lesquelles les expéditions se sont perdues de la Berezina à Stalingrad..

Je voudrais que chacun perçoive bien ce que mon croquis impertinent sur Fabien Roussel, tente d’expliciter de profond sur l’ancrage des communistes, sur leurs liens avec la France : c’est le sens de notre pari… Oui dans ces élections européennes il y a ceux qui jouent avec la guerre, la mise en concurrence, les leurres et il y a cette honnêteté qui vient de loin, de ce “vieux pays”.

Mon ami éthiopien qui avait dû fuir son propre pays, et avec lequel il m’arrive de me moquer de la manière dont les médias français tentent de démêler l’imbroglio houtou et plus généralement ceux de cette zone proche du canal de Suez où se multiplient les bases et les groupes aux intérêts divers, éprouve de la sympathie pour ce petit gars aux yeux bleus dénué de racisme mais qui découvrait tout à coup qu’on risquait de faire de nous Français l’équivalent de tant d’autres pays. Un gars bien, un honnête homme, un chti, mais qui s’intéresse d’abord à chez lui. Il est sincèrement convaincu de ce qu’on lui serine depuis plus de quarante ans et il déteste les dictateurs, les racistes, les antisémites, bref il est comme bien des communistes ce qui se fait de plus honnête, de moins taré dans notre société mais il a tendance à gober tout ce qu’on lui raconte, en particulier quand ça vient des gens qu’il pense être de gauche… Il lui manque des informations sur ce qui se passe dans le vaste monde. Il est mal entouré et n’a pas la fibre théorique même si c’est un gros bosseur qui connait ses dossiers, il laisse à d’autres ce qui l’éloigne de son peuple français, des gens qu’il côtoie dans sa circonscription, des petites gens dont la situation l’indigne. On le sent désintéressé et peu enclin à choisir ce qui conduit à des dérives suspectes, des aventurismes. Il a été adoubé par un parti qui lui ressemblait…

On pense à son propos et à celui de bien des communistes à ce que disait Politzer des Français…

L’idéologue du IIIe Reich Rosenberg était venu exposer son fatras ésotérique sur les Aryens… Politzer notait qu’il y avait chez les Français une espèce de clarté gauloise, le refus de tout le galimatias qui séduit d’autres peuples… Effectivement, sur le plan théorique le retour à l’homme concret de Marx pourrait déjà nous débarrasser d’un mode de pensée, à savoir des abstractions pseudos humanistes, creuses comme une dent creuse qui ne mordent sur rien. On y cause abondamment de liberté, de droits de l’homme, mais à la fin cette liberté-là elle n’est pour personne et surtout pas pour les victimes de plus en plus nombreuses du capitalisme. Les communistes français se sont laissés prendre dans ces phrases creuses et abstraites, et ils ont approuvé l’horreur absolue, les expéditions néo-coloniales, ils ont perdu pied dans la classe ouvrière. Donc il serait bon de relire Politzer, ce juif hongrois qui nous aida à être toujours mieux la France, ce pays de la lutte des classes, armés de Marx mais aussi de Diderot, cette revendication à la clarté gauloise qui disait « laissons aux grues le séjour des brouillards », mais un Politzer qui tenta l’impossible : nous initier à la dialectique… Une pensée qui n’est pas simple rationalité mais tente de voir tous les aspects de la réalité pour mieux saisir celles qui engendrent le mouvement, la transformation, relire non seulement Politzer mais des tas d’autres … J’ai des doutes sur la capacité à lire… comme celle à échapper au “guignol”; au nouvel Hitler que l’on nous fabrique pour justifier toutes les destructions de pays entiers quitte à s’enfuir après avoir inventé des collabos boat people déjà avec Gluksmann père..

Alors regardons ce qui se passe en Ukraine, non seulement la possibilité d’un conflit nucléaire mais l’horreur de la guerre telle qu’elle est, tout ce qui s’est réellement passé… Regardons ce qui se passe à Gaza et que rien ne justifie, partout battons-nous à partir du concret, de ce qui peut aider à la paix, à la justice, à des solutions non précaires mais basées sur la sécurité mutuelle… Bref ce que nous voulons pour nous Français, nous communistes nous le voulons pour les autres… Nous nous rapprocherons du concret, de la dialectique..

Même si une action, un combat, pour celui pour qui le politique est plus aisé que la philosophie, l’action enseigne plus vite qu’une tonne de lectures… ce qui est là aussi le péché français et son principal atout selon Marx qui écrivit la lutte des classes en France pour bien cerner cette particularité… cette “nation d’émeutiers” qui veut toujours passer aux conclusions en s’économisant les trop longues démonstrations ce qui rend impossible une pensée, il y a tant et tant à récupérer de ce qui a été perdu…

De fait, la France a bien été, pour Marx, la patrie de la Grande Révolution, le foyer de l’explosion de 1848, et aussi le lieu d’une première rencontre avec un mouvement ouvrier vigoureux, organisé et doté de fortes traditions : en somme, le pays de la politique en actes. Mais elle a été, pour le penseur allemand, bien d’autres choses qu’une source d’inspiration politique : un lieu d’asile, un pays de mission, un champ de batailles (théoriques et organisationnelles), un point d’ancrage familial, et aussi, en maintes occasions, un repoussoir tant elle produisait à l’envie des beaux parleurs, des réactionnaires démagogues et des têtes folles. Surtout, la France, scrutée pendant plus d’un demi-siècle, a offert à Marx plus qu’un passé révolutionnaire à méditer ou des traditions ouvrières à imiter : elle a vu apparaître sur son sol une multiplicité de formules politiques, durables… Il fallait faire avec et il les donnait en exemple à ses compatriotes allemands incapables d’échapper au compromis, à l’aliénation…

Il faut dire que les relations des communistes et de la quasi totalité de la population française se sont beaucoup distendues avec le marxisme et la désorganisation, la destruction des collectifs n’a pas aidé… déjà que la tendance était à ne pas beaucoup lire mais de se contenter de quelques concepts, là depuis trente ans il n’y a plus que quelques vagues lueurs, on a perdu en particulier cette conception de la paix, de la sécurité, on ne sait plus très bien ce qu’est l’Union européenne et le vaste monde, ce qui s’est passé au Kosovo, le rôle joué par Madeleine Albright que nous mettons en évidence aujourd’hui… Alors nous sommes loin du parti de Maurice Thorez, nous sommes revenus à celui de Froissard qui dénonçait Gabriel Péri, pas tout à fait… Mais il y a cette obstination…

On est communiste parce qu’on a le goût du bonheur… des temps heureux où ils étaient un rempart… parce que c’est mieux quand le peuple se mêle de ce qui le regarde plutôt que quand il est mis sur la touche…

Nous sommes à un point de bascule de ce conflit menace Attal, si nous n’arrêtons pas Poutine, il y aura des interventions plus proches : Oui bien sûr le Polonais vient en soutien de Macron à son tour proposer d’envoyer ses troupes et il appartient à l’oTAN et à l’UE… si on arrête pas ces gens là ..

Alors quand Fabien Roussel, si l’on admet qu’il a quelque chose à voir avec le pire et le meilleur de ce peuple, découvre l’injustice, et là où on prétend le faire aller… au bout d’une longue cécité, il s’oppose quoiqu’il arrive il aura été le premier à le faire après des décennies de communistes disparus… Et à l’inverse de tous les politiciens qui sciemment depuis des années cherchent leur “clientèle” ou sont spontanément haineux, il est capable de dire que ça ne peut plus durer, on ne doit pas se donner la guerre comme but, comme de concevoir que mettre la totalité de ceux qui ont vécu des traumatismes profonds en tant que juifs et qui n’ont aucune part dans les crimes de l’Etat d’Israël, l’ignominie de Netanyahou c’est tout sauf politique, il sait s’excuser et revoir sa copie… dans ce domaine comme dans d’autres… Tout en expliquant naïvement que c’est parce qu’il a vu ce qu’il a vu et qui se traduit là aussi dans des propositions d’action … Enfin…

Bref ! Il faut faire avec… et je maintiens que c’est ce que nous avons de plus capable d’ouvrir une perspective dans laquelle l’intervention populaire pourra surmonter les divisions dans lesquelles on tente de la briser au lieu de rassembler tous ceux qui se sentent victimes de l’injustice… Non pas un mouvement derrière un chef, non un parti avec des militants responsables reflétant des gens simples qui veulent vivre avec dignité, si ça existe… Où chacun cherchera sa sécurité et sa liberté dans la sécurité et la liberté de l’autre et pas dans les concurrences…

C’est un pari et je n’en vois guère d’autre.. et dans le fond il correspond assez bien au slogan de la campagne : “reprenons la main”… c’est de ça qu’il s’agit : après tant d’années d’abandon, de démission du peuple français face à la citoyenneté, il faut partir du concret, de là où on peut agir..

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Peut être une image de texte qui dit ’ÉLECTIONS EUROPÉENNES 9 JUIN 2024 REPRENONS LAMAIN ET EN EUROPE EN FRANCE’

Il y a le vote, et partout où l’ipérialisme tente d’allumer des feux, les communistes peuvent apporter cette manière de soutenir le peuple palestinien en sachant ne pas diviser… Oui ce qui se passe à Gaza est intolérable et ceux qui tentent de faire passer la protestation qui monte pour de l’antisémitisme sont eux les véritables promoteurs de ce courant de haine… La seule manière d’agir est là encore de donner des contenus concrets à l’élan humaniste…

Mais tout cela pose la question de qui va faire quoi et donc pas seulement de Roussel et du porte parole mais bien du parti, de ses miltants organisés et formés. Question lon d’être résolue mais que la critique groupusculaire sytématique ne fait pas avancer d’un iota.

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se battre pour la libération du Mandela Palestinien : donner des contenus concrets ) chaque bataille…
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2 Commentaires

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Danielle l’a déja évoqué, mais il n’est pas inutile de le répèter: ce nouveau positionnement de Fabien Roussel et du PCF, c’est aussi la victoire de “Histoire et Société”. Qu’importe le résultat du vote. Ce qui est essentiel c’est que le PCF revienne dans le bon combat. Le vote des parlementaires est en décalage avec ce que veut le Peuple français. Personne ne souhaite que les enfants de la France meurent pour sauver Kiev. 73% des français sont contre l’envoi de troupes en Ukraine. Le pape conseille aux dirigeants ukrainiens de hisser le drapeau blanc….conseil bien sûr rejeté par l’équipe Zielenski. Pour combien de temps encore et combien de morts?

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  • Franck Marsal
    Franck Marsal

    Une intervention très courageuse.
    Je disais l’autre jour que, pour moi, Macron n’avait pas agi seul, sur un “coup de tête” comme on essaye de nous le faire croire, mais qu’il était en”service commandé” de l’OTAN. Je crains que cela ne se confirme prochainement.
    L’enjeu n’est pas d’envoyer les soldats français en Ukraine. D’une part parce qu’en petit nombre il y en a déjà, et qu’en grand nombre, nous n’en avons guère. D’autre part, parce que l’enjeu, c’est de préparer une entrée en guerre officielle et directe de l’OTAN. Les accords signés entre l’Ukraine et la France se situent dans une soudaine série similaire liant les principaux pays de l’OTAN à l’Ukraine. Et l’OTAN, déjà présent dans les principales décisions militaires de Kiev, s’est effectivement préparé à intervenir. Mais l’Otan ne compte pas sur l’armée française, plutôt sur l’armée polonaise, qui s’est considérablement renforcée depuis deux ans. C’est là l’appui décisif sur lequel peut compter l’OTAN. Et ce n’est peut-être pas sans lien avec le limogeage de Zalouzhny, intervenu il y a peu …
    Car, faire entrer la Pologne en Ukraine, c’est historiquement un peu compliqué. Tout comme officialiser que la guerre est bien une guerre opposant l’OTAN à la Russie. C’est là, je crains, que l’intervention de Macron a été utile et ce pourquoi elle a été organisée. Pour servir de couverture à l’entrée de la Pologne comme protecteur du régime de Kiev et comme deuxième ligne face à la Russie. La boite de Pandore européenne n’en finit plus de s’ouvrir. Qui la refermera cette fois ?

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