Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Gabriel Péri : les conditions de la spoliation britannique et le sionisme

En avril 1936, les Palestiniens se révoltent contre l’occupation britannique et le début de la colonisation sioniste. Le 26 mai 1936, Gabriel Péri* – responsable de la rubrique étrangère du journal L’Humanité – écrit un article sur le sujet. J’avais publié cet article il y a une quinzaine d’années dans un blog que j’avais alors créé et qui s’intitulait changement de société. Ce sera l’extermination nazie qui changera les données du problème y compris pour les communistes, puisque l’URSS sera le premier pays à reconnaitre l’Etat d’Israël, mais l’installation se fera sur les bases définies par l’occupation britannique relayée par l’impérialisme des Etats-Unis, avec d’un côté le soutien à un véritable terrorisme juif celui de Begin, contre lequel s’élèvera un Einstein et de l’autre la complaisance de fait du courant “socialiste” de Ben Gourion à cette “purification” d’un Etat juif, qui fait d’Israël le bastion de l’impérialisme dans le Moyen Orient. Même s’il demeure en Israël Palestine un courant communiste qui a tenté un autre destin, ce sont les forces les plus réactionnaires qui l’ont emporté aujourd’hui, l’extrême-droite d’un Netanayoun. Avec l’appui des Etats-Unis et de leurs vassaux, ils iront jusqu’au bout de la tragédie, celle des émeutes de la faim des Palestiniens, celle du refus des deux états et donc une absence totale de perspective pour les Israéliens, la logique du 7 octobre renouvelée et les dommages collatéraux pour les juifs du monde entier. Il n’y avait rien d’obligatoire dans cette histoire-là et celle-ci ne saurait non plus être isolée de la contrerévolution qui a déferlé sur le monde, et qui a voulu que nulle part le nazisme ne soit éradiqué au nom de la lutte des classes imposée par le capital. N’oubliez pas que Gabriel Péri a donné sa vie dans la lutte contre le nazisme comme il avait refusé l’occupation de la Ruhr et l’idée de faire payer le peuple allemand, comme il avait refusé la guerre du Rif du colonialisme français au Maroc… (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

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Extraits :

« […] Cette révolte était-elle justifiée ? Nous croyons qu’elle est parfaitement justifiée. Nous ajoutons qu’à notre avis on se trompe lourdement en l’assimilant à un mouvement antisémitique. L’antisémitisme nous est profondément odieux. Mais ce n’est pas contre les juifs considérés comme tels que se rebellent les Arabes. C’est contre une forme d’exploitation imaginée et mise en train par l’impérialisme britannique. Au fond, sous prétexte de foyer national juif, s’est organisée en Palestine une véritable spoliation des Arabes.

[…] Il y a mieux, une véritable chasse aux ouvriers arabes a été organisée par […] l’Histadrouth [organisation syndicale sioniste]. Chaque année, à la fête de la cueillette des oranges, de véritables expéditions punitives sont organisées par les troupes d’assaut sionistes sur les chantiers, dans les usines d’où les ouvriers arabes sont impitoyablement chassés. Voilà comment le sionisme organise des pogroms à rebours. Les méthodes que nous mentionnons sont très exactement celles que l’hitlérisme emploie à l’égard des juifs en Allemagne.
Comment dans ces conditions, la population arabe ne s’insurgerait-elle pas avec vigueur ? Les chefs de cette révolte ont eu soin de répéter cent fois qu’ils n’entendaient pas donner dans l’antisémitisme. Ils veulent lutter contre l’impérialisme britannique et contre son allié le sionisme. Ils réclament l’arrêt de l’immigration juive passée de 80.000 en 1914 à 450.000 en 1935.


Ce n’est pas là, quoi qu’on en dise, un mot d’ordre anti-juif.
C’est dans le respect du droit d’asile, c’est dans la solidarité internationale contre le fascisme, et non pas dans la complicité avec une entreprise suspecte de spoliation, que nous entendons défendre la cause des juifs persécutés par l’hitlérisme.

[…] La cause des travailleurs juifs, pourchassés par les dictatures fascistes, n’est pas celle des expropriateurs des grandes sociétés sionistes et de leurs troupes d’assaut. Elle se confond avec celle des opprimés de toutes couleurs et de toutes races qui ne veulent pas se laisser dépouiller ».

L’Humanité, 26 mai 1936.

repris par l’excellent blog le petit blanquiste

(*) Gabriel Péri fut fusillé par les nazis, le 15 décembre 1941, au mont Valérien, avec 92 autres otages.

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