Qu’il me soit permis de profiter de cet interview de Poutine et la manière invraisemblable quasi “théologique” (des extraits assortis de commentaires dignes de l’index vatican) pour dire mon scepticisme sur la capacité de la quasi totalité des Français y compris ceux qui prétendent s’intéresser à la politique à suivre cet exercice auquel nous a invité le président russe . Oui cette interview se veut différente de tout ce que nous connaissons en Occident, dans la première partie traduite par Marianne et publiée sur notre site, en particulier on assiste à un exercice qui fait appel à l’Histoire, avec documents à l’appui.
Quel est d’abord la finalité d’un tel interview, les Russes pensent que c’est parce qu’il s’agit d’éviter la troisième guerre mondiale qui menace. Les Américains sont infiniment plus étroits que cela, ils sont convaincus que cela sera comme les autres guerres mondiales, leur territoire sera épargné. D’ailleurs ils s’emploient partout à créer des guerres par procuration. Ils sont infiniment plus pragmatistes que ça. Résumons ils ont deux problèmes, le premier c’est faire la peau à l’adversaire c’est à dire l’autre candidat. Les Républicains se sont embringués dans une démonstration qui lie la guerre en Ukraine à la question des migrants qui envahiraient les USA par le sud et démontrer que tous les problèmes viennent de là, et des populations d’origine migrante que seraient non seulement les latinos mais les populations afroaméricaines qui sont pourtant arrivés en même temps que les “blancs”. En tenant compte des clientèles particulières comme en Floride. L’intervieweur est un conservateur fort pur et sur mais qui finit par croire à ce qu’il raconte, ce qui n’est pas toujours le cas de ceux qui cherchent simplement à tirer quelques bénéfices électoraux de leur positionnement. il vient démontrer que l’on peut peut-être discuter pour s’occuper des “problèmes américains”. De surcroit, le second problème est la perte de l’hégémonie nord américaine, le vacillement du dollar, l’inflation qui là aussi dépend entièrement des USA mais que l’on va transformer en danger chinois, quitte à couler l’économie mondiale et à mettre la planète à feu et à sang.
Donc nous avons d’un côté des Russes qui pensent que l’on va arrêter la guerre mondiale et des Américains qui se foutent totalement du reste de l’humanité et ce qu’il adviendra.
Disons pour faire simple que les Français sont en état de coma dépassé incapables de penser en dehors de la tambouille de la propagande pour sous-développés qu’ils ingurgitent.
Comment dans de telles conditions apprécier un discours qui commence par un tel panorama historique ?
Toute proportion gardée c’est un peu comme si quand dans sa dernière manifestation d’indépendance à savoir le refus de participer à l’invasion de l’Irak, lors de sa déclaration à l’ONU, Dominique de Villepin avait été amené à expliquer “le vieux pays”. Le président de la République française aurait daigné expliquer la naissance de la France, et ce rôle si particulier y compris dans l’alliance avec la Russie, d’équilibrage du continent avec également l’autre pilier le Moyen Orient, face à la Grande Bretagne et à son rejeton les USA. Pour expliquer l’originalité de la France, il serait remonté à un espèce de pacte noué entre la monarchie française et les bourgeois des villes franches, Paris en particulier. Tout cela se combinant avec la lutte contre les grands féodaux et la constitution de la monarchie absolue, le rôle joué par la guerre de cent ans et surtout par Louis XI, en quoi la République française est à la fois dans le prolongement du Royaume de France, mais aussi des luttes bourgeoises y compris la Révolution française mais annonce le rôle des masses dans le caractère irréversible de la transformation républicaine. Le rôle des guerres européennes de Napoléon, ce que les Russes perçoivent parfaitement comme le montre le chef d’oeuvre qu’est guerre et paix.
C’est effectivement un narratif qui a été enseigné aux enfants longtemps mais, à partir clairement de Mitterrand, des risques de voir des communistes au gouvernement, du sabotage de la célébration du bicentenaire de la Révolution française et des présidents qui lui ont succédé malgré quelques tentatives de Chirac, cette histoire-là a été supprimée. L’histoire de France a été diluée dans l’Europe, voire les Etats-Unis avec un rôle tout à fait démesuré attribué aux USA par rapport à l’URSS. La destruction de la mémoire française a été choisi. Sans parler bien sur de l’enthousiasme pour les histoires de “cul” de la noblesse et la promotion de contre révolutionnaires comme Olympes de Gouges, rien n’a échappé au “wookisme” et au goût people pour les têtes courronnées.
Ce qu’il faut également considérer c’est que l’histoire, cette mémoire jadis donnait lieu à des débats citoyens, des affrontement de classe. Chez nous Français, Robespierre, la terreur, les Girondins, les Jacobins, Bonaparte mais aussi toutes les luttes des classes en France étaient des enjeux révolutionnaires jusqu’à ce choix d’en finir avec l’idée même de Révolution qui est à l’œuvre depuis plus de trente ans et qui est peut-être destiné à nous faire supporter un personnel politique aussi caricatural.
Si nous avions encore cette mémoire historique, nous apprécierions ce que dit Poutine qui s’appuie effectivement sur l’histoire de la Russie et de l’Europe mais dans le même temps nous mesurerions que son interprétation du rôle de Lénine et même de Staline méritent débat et celui-ci a lieu en Russie. Il y a une conception de la nation qui n’est pas tout à fait la même, pour Poutine il s’agit de suivre l’histoire des peuples à travers une identité “ethnique” qui n’est pas seulement “génétique” mais aussi de “civilisation” avec le rôle de la langue, de la religion, de longues cohabitations sur un même territoire. Un peu à la manière dont les Français se sont inventés “gaulois”, Celtes, alors que ce que l’on sait aujourd’hui est la faible part des gallo-romains, et le rôle des Francs, c’est-à-dire des Germains. On a mis à jour grâce à des travaux comme ceux de Duby le rôle des “forces productives”, le passage du soc de bois à celui de fer, y compris dans l’apparition de tout l’art roman, des cathédrales. Donc si la nation reste l’histoire de peuples et de leur civilisation, voire de leur religion, on sait la multiplicité et l’importance des brassages, des influences, le rôle joué y compris par les “nomades”.
En ce qui concerne Poutine, le point de vue reste conservateur, il n’est pas seulement “slave” mais le poids de la langue, de la religion, des formes politiques y est déterminant, ce n’est pas un marxiste et visiblement il n’arrive pas à comprendre “l’autodétermination” léniniste ou alors il s’adapte à l’anticommunisme occidental en particulier quand il insiste sur les aspects tyranniques de Staline dont il fait rarement état en Russie. Et Poutine ne s’en cache pas, la Russie qui est la sienne (dans laquelle même le liquidateur Eltsine a le beau rôle en Serbie) aurait pu être intégrée à l’OTAN (quel aurait été l’adversaire sinon la Chine?). Le fait est que “l’occident global” a voulu considérer la Russie comme l’URSS à dépecer, comme toute la zone du pacte de Varsovie, ce pillage largement initié par l’Allemagne, la Pologne a créé les conditions d’une résistance mais aussi d’une balkanisation. A-t-il posé cette question à Clinton pour savoir enfin ce qu’il en était ?
Cette approche n’est pas nouvelle pour les lecteurs de ce blog, mais elle va à contrario de toute la propagande, de toute l’inculture historique et d’un mode de pensée incapable de fixer son attention plus de trois minutes, quatre lignes et constamment en proie à des faits divers pimentés de sexe qui est devenu la norme pour aborder les faits politiques en France. Par expérience je me demande qui en France y compris chez des gens qui se disent communistes aura la capacité intellectuelle de fixer son attention sur par exemple le rôle des deux centres Kiev et Moscou succédant à Novgorod et Kiev ou encore la Pologne et le grand duché de Lituanie ?
L’histoire fait partie d’une conception de la citoyenneté, celle du philosophe fondant son adhésion au “contrat social” sur la rationalité et la conscience des causalités et des nécessités.
J’ai fait récemment une expérience : suite à ma bronchite et au difficile rétablissement respiratoire j’ai été consulter une charmante sophrologue pour réapprendre à respirer. Très efficace au plan technique, cette jeune femme a tenté quelques réflexions philosophiques. D’abord la sophrologie serait de la phénoménologie, visiblement elle ignorait de quoi il s’agissait… Comme elle était vive et intelligente, elle a proposé que nous en restions aux gestes. Mais à un moment comme elle me félicitait d’avoir su garder “la joie” et l’art de l’entretenir, bien sûr j’ai pensé à Spinoza. Ayant prononcé ce nom, elle m’a dit qu’elle avait lu quelques citations du dit Spinoza dans un livre consacré à “la recherche du bien être”… et elle ajouté: “il a l’air très bien parce qu’il ne se prend pas la tête”.
Cette phrase est devenue pour moi l’objet d’une intense méditation, parce que l’idée d’être dans un monde des réseaux sociaux où Spinoza serait quelqu’un “qui ne se prendrait pas la tête” m’est apparue une sorte de destin, le savoir est devenu un handicap pour se comprendre, il est vrai qu’il ne s’agit plus de petits détails, non c’est la totalité qu’il faudrait reprendre pour ne pas se sentir disponible pour le prochain autodafé. J’ai alors tenté d’expliquer à des amis en quoi cette phrase définissait bien un monde dans lequel la culture était devenue un encombrement dans la communication y compris le débat d’idées, la politique, la citoyenneté. C’était tellement dans l’air du temps avec la nomination de cet invraisemblable gouvernement. je me suis aperçu qu’eux aussi ignoraient à peu près tout de ce qui justifiait ne serait-ce que le fait d’aller voter.
J’ai raconté l’histoire de Spinoza, par rapport aux enjeux philosophiques mais aussi politiques de son temps. J’ai commencé par résumer le traité théologico-politique à savoir la manière en partant du fait que le soleil ne tournait plus autout de la terre mais que celle-ci avait perdu sa centralité dans notre médiocre petit système et par rapport à notre galaxie. Alors que cela mettait en cause la révélation biblique et l’idée même de notre ressemblance avec dieu… Revoir tous les enseignement théologiques à la lumière des faits observables s cientifiquement et refuser le dogme fut-il celui aujourd’hui de la perfection de la démocratie occidentale, sa relation directe avec une morale infligée, et…
Alors là la joie “la béatitude” ou comment partir de Dieu, en fait identifié à la nature et aux causalités pour construire sa propre liberté et joie en rupture avec toutes les servitudes des pensées imposées et considérer que la prière est dans la connaissance, de la nature oui mais de quelle nature, il ne s’agit pas d’un simple panthéisme. Comme le chemin est une éthique pas un moralisme, le moralisme est quelque chose d’imposé, comme le “politiquement correct”, la liste de ce qui bien ou mal. L’éthique est une construction qui part là encore d’une confrontation avec les nécessités, les causalités, des choix pratiques.
Spinoza que l’on a fréquemment accusé d’athéisme conserve l’idée de Dieu comme concept, “l’Etre” « une substance consistant en une infinité d’attributs, dont chacun exprime une essence éternelle et infinie ». La substance et on retrouve l’idée d’atomes se décline en un nombre inépuisable d’attributs et de modes, mais c’est une unique réalité autonome, cause d’elle-même, éternelle et régie par la nécessité. Une conception qui encore aujourd’hui est interrogée par notre réflexion sur l’univers. Comme quand on contemple un tableau de Rembrandt, un foisonnement inépuisable, et la lumière est aussi dans le travail des sombres. La “prière” c’est la connaissance des causalités, et cela relève comme l’éthique de démonstrations qui doivent avoir la rigueur des mathématiques, de la géométrie. En fait, il dénonce la liberté des passions à laquelle il oppose une discipline totale face à la confrontation aux déterminismes, ce qui est une philosophie pratique de l’émancipation humaine. On mesure en quoi Marx et y compris le marxisme léninisme doivent à une telle conception de la raison pratique.
La rationalité, la simplicité est en fait le produit d’un travail constant
Donc ce bref résumé de ce que l’on peut effectivement considérer comme la “simplicité” de la vie, et de la mise en oeuvre de la raison pratique de Spinoza on peut effectivement se dire “qu’il ne se prend pas la tête” dans tout le fatras théologique, on peut en dire autant de Marx quand il taille en pièce “l’idéologie allemande”, et également de Lénine passant au Que faire?
Mais dans le même temps cette “simplicité”, celle qui permet l’intervention politique est le résultat d’un travail constant, d’un retour y compris aux bases de l’idéalisme, à l’Etre, à la substance pour mieux en saisir le mouvement, la nécessité qui détermine le mouvement des choses existant. Comme le dit Lénine, il faut non seulement ne pas se contenter d’un aspect de la réalité, par exemple le rôle des traditions religieuses, il faut prétendre à voir TOUS les aspects, le nombre inépuisable de l’infinité d’attributs eux-mêmes “conceptualisés” (en essence “éternelle”, intelligibles donc), en tant que déterminants et voir ce sur quoi porte le mouvement, la dialectique de la nature autant que celle de l’intervention humaine. savez vous réellement ce qu’est la Russie, la Chine et tous ces pays sur lesquels telle l’inquisition vous vous croyez le droit de “juger”? Ont-ils le droit d’opposer à notre néo-colonialisme leur propre perception de leur histoire, en sachant que cela prend du temps.
Qu’est ce qui permet la citoyenneté, c’est-à dire la capacité à philosopher sa liberté ?
Bon pourquoi me liraient-ils puisqu’ils sont incapables de lire et c’est dommage pour Poutine… et pour la malheureuse France qui est en train de partir sans s’en douter le moins du monde vers la mise à feu de l’Europe…
Et nous voici à nouveau devant cet interview d’un Russe qui en fait s’adresse à l’occident en renouant avec la tradition des lumières, parce que oui il s’agit bien de ça et même s’ils ne sont pas d’accord sur l’analyse de Lénine pensant le caractère colonial de l’empire russe, et donc faisant de l’autodétermination une sorte de contrat social avec des pactes multiples, se nouant sur des modalités très diverses, il y a un accord de fond sur la tentative de dialogue sur ce sur quoi est fondée la paix.
Le vrai problème est la manière dont on a dépouillé le citoyen français de cette capacité à “philosopher” l’histoire celle du passé et aussi celle de l’avenir. Il est pris entre le slogan, le moralisme, un retour de fait à une pensée théologique qui accompagne la marchandisation et la concurrence avec la guerre comme finalité.
D’où ma perplexité face à ma charmante sophrologue : cette inculture de masse est un vrai problème, et pourtant dire que Spinoza ne se prend pas la tête n’est pas totalement inexact, simplement c’est comme en matière d’art : la simplicité, la vérité, ce qui s’avère juste est le produit d’un travail obsessionnel pour maitriser les déterminismes du passage d’une tension émotionnelle, sensuelle à sa représentation, sa communication.
Le crétinisme – le mot est approprié et envoie au “crétinisme parlementaire” , est dans les conditions non seulement de “l’apprentissage” à l’incapacité à affronter quelques lignes mais dans les conditions de la diffusion de l’information . Ainsi comme le note un lecteur de ce blog:
“Google ayant le monopôle des moteurs de recherche et les utilisateurs ne se posant même plus de questions à la recherche “carlson tucker poutine” aucune des propositions en première page ne contient la version complète. Toute la presse française arrive en première ligne, même quand vous posez la question en anglais.Cette presse non seulement ne met en avant que des extraits mais elle propose leurs propres commentaires sous forme de propagande. Poutine n’est pas un président élu mais devient un Tsar, invasion sans tenir compte des référendum et de la nature de l’Ukraine,…
Bref aucune avancée par rapport au narratif de guerre imposé en dehors de toute délibération à l’Assemblée Nationale que d’ailleurs aucun de nos élus n’a exigé et refusent leur rôle d’intermédiaires entre l’État et les citoyens pour ne représenter qu’eux même et leur classe opportuniste.
Danielle Bleitrach
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jay
Absolument brillant, tout simplement brillant. (Au fait, est-ce que je t’ai déjà dit que je pense que toi et Baruch êtes comme deux beaux pois dans une cosse !!!)
Franck Marsal
Je ne serai pas si pessimiste, ou plutôt, je ne tournerai pas mon pessimisme de la même manière. Il est vrai que la vidéo originale sur youtube, publiée par la chaîne Tucker Carlson Network est un peu difficile à trouver. Mais en environ 24h, elle a été visionné 11 million de foix, sans compter les republications faites sur de nombreux sites. Ce n’est pas un record toutes catégories (le trailer du jeu GTA qui a fait 65 millions de vues en 24 h en décembre détient ce record), mais dans la catégorie “Politique”, il ne doit pas y avoir grand monde à un tel niveau.
En soi, c’est déjà une sacré démonstration politique, presque deux ans après que l’ensemble du soi-disant monde libre ait interdit toute production culturelle en provenance de Russie, non seulement les médias officiels mais même des danseurs et des chefs d’orchestre. Deux années de lutte pour imposer une pensée unique et simplificatrice et puis patatras : un des principaux éditorialistes états-uniens se rend au Kremlim et livre au monde un cours magistral d’histoire, de culture et de géopolitique. Je suis certains que beaucoup de gens ont conscience que l’Occident si prétentieux n’a cessé depuis 2 ans de se contredire, alors que le président russe avec malice et néanmoins une certaine humilité, reste constant dans ces analyses et est conforté par les faits.
Chacun peut également, au bout de seulement dix à quinze minutes de visionnage, faire également le constat effarant du niveau de culture historique entre Poutine et le commun des dirigeants occidentaux. Comme le disait un commentaire, qui imagine Biden faire un exposé de 30 minutes sur l’histoire des états-unis ? On peut remplacer le nom de Biden par pas mal de noms.
Mais ensuite quoi ?
Il en va de la culture et de l’éducation comme du reste de notre politique. On fait semblant de faire. On fait semblant d’instruire, de nourrir, on parle constamment de culture mais on noie nos enfants dans deux soupes empoisonnées :
1) celle déversée avant par la télé, aujourd’hui par internet et les réseaux sociaux (un ado passe largement plus de temps sur son téléphone ou divers écrans – environ 1800 h par an – que dans une salle de classe – environ 900 h par an)
2) le message implicitement – mais constamment – véhiculé que la culture n’est accessible qu’à une élite intellectuelle qui, comme le dit ta sophrologue, “se prend la tête”. Ne pas se prendre la tête est alors un mécanisme de défense. Mieux vaut parfois ne pas nourrir d’espérance, si l’on craint trop d’être déçu. Que faire d’une culture qui nous nie et qui nous trahit ?
La question qui me taraude est un peu différente, mais à mon avis, les deux se rejoignent : Comment se fait-il que, dans notre monde en crise si avancée, la critique la plus concrète, la plus vigoureuse, la plus visible de l’impérialisme soit portée par un Poutine, par donc quelqu”un “de droite” ? Parce que, de ce point de vue, Poutine n’est pas une exception. Quelles sont les seules voix discordante tant au sein de l’OTAN que de l’UE ? Non pas les gouvernements de gauche, pas même l’espagnol, dont pas mal de gens considèrent qu’il est celui qui agit le mieux sur des questions comme le droit du travail. Non : les seuls qui ont le courage de s’opposer, de dire non, au moins temporairement aux pressions dominantes, sont des gens de droite : le turc Erdogan et le hongrois Orban.
Qui s’oppose – internationalement – à la politique de destruction israëlienne à Gaza ? Heureusement, l’Afrique du Sud a sauvé l’honneur de la “gauche” internationale, mais pour beaucoup de gens, ce qui est visible, c’est l’Iran ou le Yemen houthiste.
Lorsque Poutine dit : les européens cèdent systèmatiquement aux pressions états-uniennes, non seulement il n’a pas tort, mais ce qu’il dit ne s’applique pas seulement aux dirigeants, mais également à une bonne partie des oppositions.
Je suis convaincu que les travailleurs, la classe ouvrière, le prolétariat, peut-être inconsciemment, le savent et le sentent. Et que cela explique une bonne partie de l’abstention, de la défiance et du désintérêt pour la politique et y compris pour des formes de culture qui pourrait être émancipatrices.
Concernant les Européens, Poutine conclut sobrement en disant : pourquoi perdre du temps à discuter et à négocier avec des gens qui, in fine, suivent toujours les pressions états-unienne ? N-a-t-il pas raison ?
J’en reviens toujours à la même conclusion : nous avons un travail énorme devant nous. Quasiment tout le travail réalisé par le PCF entre 1920 et 1945 pour établir un tissu serré de liens de confiance et d’action collective, de culture et d’expérience politique commune, de capacité collective d’adaptation au contexte social, politique, économique et international, tout ce travail est quasiment à reconstruire. Et il n’y a pas de raccourci. Plutôt une longue série d’épreuves, de plus en plus sévères.
admin5319
merci jay, je pense que tu as reconnu autour des thèmes que je mets en avant nos préoccupations communes… Je réapprends à respirer et je reprends ton texte et nos projets.
Daniel Arias
Effectivement il sera difficile en France de suivre cet entretien tant il est absent dans sa version intégrale malgré l’intérêt qu’elle suscite. (Version complète en français ci dessous.)
Sur la chaîne de librairie des tropique elle a dans un premier temps dépassé les 100 000 vues en 24 heures ce qui est énorme ; utilisation de “bots” ces programmes utilisés dans le opérations militaires d’influence ou bien intérêt réel ? Peut être un mélange des deux.
Youtube a bloqué cette première version puis une nouvelle “édulcorée” selon l’éditeur est apparue ; pour combien de temps ?
Google ayant le monopôle des moteurs de recherche et les utilisateurs ne se posant même plus de questions à la recherche “carlson tucker poutine” aucune des propositions en première page ne contient la version complète.
Toute la presse française arrive en première ligne, même quand vous posez la question en anglais.
Cette presse non seulement ne met en avant que des extraits mais elle propose leurs propres commentaires sous forme de propagande. Poutine n’est pas un président élu mais devient un Tsar, invasion sans tenir compte des référendum et de la nature de l’Ukraine,…
Bref aucune avancée par rapport au narratif de guerre imposé en dehors de toute délibération à l’Assemblée Nationale que d’ailleurs aucun de nos élus n’a exigé et refusent leur rôle d’intermédiaires entre l’État et les citoyens pour ne représenter qu’eux même et leur classe opportuniste.
Le sujet de France Soir a au moins le mérite de ne pas trop s’étendre et pour seul extrait, bien choisi à mon goût, propose le sabotage de NordStream suivi d’une brève présentation de Carlson Tucker mais surtout nous propose la version complète sous-titrée.
Au delà du discours de Poutine, dont je doute que nos élus soient en capacité de rivaliser sur le plan culturel, le sujet de la censure hors cadre légal est aussi d’une grande importance ; censure portée par des personnalités dont la profession est le mensonge et la propagande dans la quasi totalité de la presse et parmi les représentants du peuple. À cela s’ajoute la maîtrise totale des nouveaux canaux de communication par les États-Unis pays du Freedom Of Speech qui ne se prive pas de bloquer les media qui sont contraires à leurs objectifs stratégique dès lors qu’ils commencent à porter sur l’opinion publique.
Il est çà noter que même la chaîne parlementaire LCP ne propose pas cet entretien essentiel pour comprendre l’actualité.
Ces faits sur la liberté d’expression factice est à prendre en compte dans la lutte et devrait être dénoncée comme une entrave dangereuse à l’accès aux connaissances et à la formation du débat et de l’opinion publique.
Sans compter qu’une part importante de la population fuit dans le divertissement la réalité et la nécessité d’action ; déjeuner en paix sans se prendre la tête pour combien de temps encore ?
Les versions françaises longues de l’entretien Carlson Poutine ici :
https://youtu.be/23SBGErzwDQ?si=_hZr1cgqZOR-HeM3
https://www.francesoir.fr/politique-monde/version-francaise-sous-titre-de-l-entretien-poutine-carlson
admin5319
je pense que justement le travail de Marianne est le seul (à l’inverse de son inaudible doublage de video) et les morceaux soumis à interprétation… Elle reproduit la version russe traduite par les Russes eux même et je trouve que multiplier les ren vois n’aide pas, restez sur le travail de Marianne qui a déjà traduit la première partie jusqu’au maidan et va prendre la suite ce qui est un lourd travail …