Une des choses qui m’a le plus choquée et qui m’a dit le peu d’espoir que je pouvais avoir face au secteur international surgi du 39e congrès c’est non seulement l’incapacité totale à comprendre ce qui se passait sous l’impulsion chinoise, mais le refus de rendre compte aux communistes de la déclaration des partis communistes et progressistes à la Havane. C’est non seulement un mauvais coup pour Cuba laissé la proie des déchirements groupusculaires mais c’est une régression terrible pour un parti communiste qui doit impérativement se situer dans un mouvement qui donne le branle à tout ce que nous vivons, l’inflation, les défis climatiques, les guerres. Espérons qu’il se trouvera là aussi des militants organisés, pour commencer à saisir cela. Comment percevoir ce qui est apparu en Afrique de l’ouest alors que nos champions de la démocratie sont en train de démontrer la réalité de la corruption, les réseaux sont y compris ceux du recrutement et de l’attirance dans la “fête” d’équipes y compris comme l’OM, nos armées plus ou moins imbriquées dans celle de pseudos Touaregs se nourrissant de contrebande, de gains immobiliers, et y compris de spectacles de mode au cœur du désert à des coûts insupportables. C’est un cirque autour de nos armées, les menaces du FMI, l’achat des “consciences” avec des marionnettes grotesques comme en Argentine, des querelles locales attisées avec des caricatures du socialisme comme Glucksmann pour nous inventer le mode rêvé de la CIA, les racismes exaspérés, ici comme ailleurs. Ce qui résiste à de telles pressions est d’autant plus extraordinaire, il y partout le refus d’accepter de cautionner de tels droits de l’homme, la résistance en Ukraine face à l’OTAN, la famine organisée à Gaza a créé cette amorce d’un nouveau droit international (note et traduction de Danielle Bleitrach)
02/02/2024
Par Anuradha Chenoy*
Deux sommets, le Mouvement des pays non alignés (MNA) et le G-77 (Groupe des 77 pays), tous deux à Kampala, en Ouganda, du 19 au 22 janvier 2024, indiquent de nouveaux remous dans les pays du Sud. Cette métaphore géographique des anciennes colonies, autrefois appelées « pays sous-développés » puis « tiers-monde » aujourd’hui regroupés sous le nom de pays du Sud, montre une affirmation politique collective qui fait sursauter les grandes puissances hégémoniques.
La réunion des ministres des Affaires étrangères des 120 pays du Mouvement des pays non alignés au cours de cette 19ème session a fermement condamné l’agression militaire israélienne illégale à Gaza, a exigé un cessez-le-feu, une aide humanitaire sans entrave et a élargi son soutien à l’accusation de génocide par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de Justice. Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a qualifié la guerre à Gaza d’« immorale et inacceptable », tandis que le président sud-africain Cyril Ramaphosa a appelé à la libération des otages et à l’ouverture de pourparlers en vue d’une solution juste pour la Palestine.
La Déclaration de Kampala n’a pas mâché ses mots pour demander la fin de l’occupation israélienne, y compris la réalisation de l’indépendance et de la souveraineté de l’État de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale, et a également exigé qu’Israël se retire en tant que puissance occupante du Golan syrien jusqu’aux frontières du 4 juin 1967.
L’appel urgent du MNA à mettre fin à la guerre injuste en Palestine s’inscrivait dans trois contextes croisés qui reflètent les préoccupations des pays du Sud :
(i) Construire un monde multipolaire avec une ONU réformée comme pierre angulaire. Le ministre indien des Affaires étrangères, S. Jaishankar, s’est concentré sur ce point, affirmant que malgré la victoire sur le colonialisme, le monde est toujours aux prises avec de nouvelles formes d’inégalité et de domination. Le président sud-africain a également appelé à une réforme de l’Organisation des Nations Unies, car elle est inadéquate pour prévenir les conflits. Le Sud collectif croit clairement qu’un monde avec de multiples grandes et moyennes puissances donnerait plus d’espace aux voix des pays du Sud et à leurs plates-formes comme le MNA.
(ii) L’accent est mis sur les solidarités Sud-Sud. C’était le thème de cette réunion et l’ordre du jour de la réunion du G-77 qui a suivi. Tous les pays africains sont membres du Mouvement des pays non alignés et ont exprimé leur soutien à un Mouvement des pays non alignés qui œuvrerait pour des politiques collectives et coordonnées et de solidarité. La régionalisation et la décentralisation de la prise de décision mondiale ont été évoquées.
(iii) Une volonté pour un ordre mondial plus juste et plus équitable. Cela a été formulé dans un langage anti-impérialiste par l’actuel président du MNA et président hôte Yoweri Museveni, qui a critiqué les idées et les pratiques de l’impérialisme et de « l’uni-idéologie » et s’est demandé « pourquoi ne pas respecter la liberté de tous si vous êtes un démocrate ? » À cela s’ajoutaient les demandes répétées de développement durable et les méthodologies à cet égard. Il a été déclaré que ces dernières années avaient vu davantage de guerres et de conflits qui sapaient et nuisaient aux intérêts des pays du Sud.
Au cours de la réunion, il a été rappelé les principes de base du MNA : le respect de la Charte des Nations Unies, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale ; la reconnaissance égale de toutes les races ; l’abstention d’ingérence dans les affaires intérieures d’un autre pays ; l’opposition aux sanctions économiques unilatérales, avec l’exigence de leur levée ; l’opposition aux arrangements militaires collectifs qui menacent la sécurité du reste du monde.
Résistance déclaratoire ?
Le MNA est-il donc avant tout une plate-forme de grandes déclarations, avec peu de capacité d’action ? Contrairement à l’OTAN par exemple, qui mène des actions, utilise la force militaire même sans déclarations ? Cette impression de non-action est aujourd’hui remise en question comme le montrent ces exemples :
(i) L’Afrique du Sud, membre du MNA, des BRICS et de l’Union africaine, a pris l’initiative de pratiquer l’anti-apartheid et la non-violence et de poursuivre Israël devant la Cour internationale de justice pour une affaire de génocide contre Gaza. Elle a été soutenue par de nombreux membres de l’hémisphère sud et maintenant officiellement par la réunion ministérielle des Affaires étrangères du Mouvement des pays non alignés. Les pays du Nord ont largement soutenu Israël, les États-Unis qualifiant la demande sud-africaine de « sans fondement, contre-productif et totalement dépourvu de tout fondement factuel ».
(ii) L’analyse montre que de 1946 à 2019 (et jusqu’à aujourd’hui), les pays du Sud ont voté collectivement aux Nations Unies pour : une solution à deux États pour Israël-Palestine ; appeler à la maîtrise des armements ; s’opposer aux sanctions économiques unilatérales ; se sont collectivement opposés aux guerres d’intervention des États-Unis et de l’OTAN dans les différents pays du Sud. Alors que les États-Unis, les pays de l’UE se sont opposés à ces résolutions, y ont opposé leur veto ou ont voté contre.
La neutralité est-elle intrinsèquement pacifique ?
Le non-alignement, en tant que politique, a prôné la neutralité dans les situations de conflit. Cependant, ce mouvement n’a cessé de préciser que cette « neutralité » n’est pas une équidistance juridique entre les belligérants, mais une position politique, selon laquelle là où il y a une « guerre juste » contre l’oppression, comme c’est le cas à Gaza, en Palestine, ils prendraient parti. Tout comme ils se sont opposés et n’ont pas été neutres contre les guerres d’intervention au Vietnam, en Irak, en Libye et ailleurs.
En fin de compte, il semblerait que le MNA qui avait commencé à s’estomper après la fin de la première guerre froide et que les États-Unis aient déclaré la « phase unipolaire » de leur domination, ce mouvement des pays du Sud global est une fois de plus en train de passer à la vitesse supérieure. Le MNA ne coordonne pas ses actions, semble anarchique, est un organisme sans structure claire, mais a adopté une position morale bien que marginalisée dans la politique internationale.
*Anuradha Chenoy est membre associée du Transnational Institute et professeure adjointe à la Jindal Global University (Haryana, Inde).
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