Certes il s’agit de gadgets qui disent l’absurdité des “valeurs” sous lesquelles on prétend mener la France : la laïcité défendue par ce genre d’individu, l’homosexualité devenue cache-sexe d’un gouvernement qui conduit vers le type de réaction qui fait terminer les homosexuels avec l’étoile rose et le juifs devenus arguments des mêmes…. C’est une parodie de Weimar, on pense aux damnés de Visconti et on voit une gauche flanquée de ses “gauchistes” qui tiennent absolument que le débat politique en reste là parce qu’ils sont incapables de lire, de penser, de dépasser les trois lignes qui leur tiennent de viatique. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
L’évêque de Fréjus-Toulon, à La Crau (Var), en septembre 2015.© Olivier Monge
L’évêque Dominique Rey, célèbre pour ses positions ultra-réac et soutien affiché de Marion Maréchal (Reconquête), s’apprête à «sensibiliser» aux questions de laïcité tous les enseignants et personnels des établissements scolaires sous contrat du diocèse du Var. Selon nos informations, l’événement, obligatoire, est prévu au Zénith de Toulon le 13 mars. «A ma connaissance, c’est la première fois qu’un rassemblement de ce type, et à plus forte raison sur ce sujet, est organisé dans le Var», commente Xavier Pion, le directeur diocésain de l’enseignement catholique du département. Il table sur «1 800 personnes, si tout le monde se déplace».
A l’ouverture, une «universitaire référente laïcité», dont l’identité n’est pas encore connue, doit prendre la parole sur la spécificité de la vision française en la matière. Puis, une directrice d’école d’officiers viendra témoigner de la «laïcité réussie» dans les armées. Ce sera ensuite au tour de Dominique Rey de monter au pupitre, «sur la vision chrétienne de la laïcité». «Non pas tant comme évêque de Fréjus-Toulon que comme auteur d’un ouvrage, le Temps des laïcs», précise Xavier Pion. Comme écrivain donc plutôt que prélat adepte des messes en latin, promoteur d’un masculinisme catholique et supporteur de la Manif pour tous.
Violences sexuelles et dérives sectaires
Monseigneur Rey, 71 ans, est par ailleurs celui qui a brisé les digues avec l’extrême droite au sein de l’Église catholique. En 2015, il invitait Marion Maréchal à un colloque ; en 2018, il prenait pour directeur de cabinet Yves-Marie Sévillia, ancien assistant parlementaire au Sénat de David Rachline, le maire Rassemblement national de Fréjus. Nommé à la tête du diocèse de Fréjus-Toulon en 2000, il a depuis été cornérisé par le Vatican. Critiqué pour sa mauvaise gestion et l’accueil à tout-va de prêtres et séminaristes à problèmes ou provenant de communautés religieuses dont certaines ont été le lieu de violences sexuelles ou de dérives sectaires, il s’est vu imposer, depuis novembre, une tutelle : c’est désormais son «coadjuteur» (son adjoint), Mgr François Touvet, qui gère de facto le diocèse
Cette matinée «de sensibilisation», comme la présente la direction diocésaine, s’achèvera par l’intervention du délégué général des relations publiques du Secrétariat général de l’enseignement catholique (Sgec), pour «évoquer le respect et la promotion de la laïcité dans les établissements de l’enseignement catholique, qui est associé à l’Etat».
Elodie (1), prof dans le secondaire dans le Var, a tiqué en recevant un mail de son chef d’établissement, précisant en gras le caractère obligatoire de la journée : «Ça fait vingt ans que je suis enseignante, dans différents établissements, et je n’ai jamais eu ce genre de choses. Jamais on n’a eu ce caractère obligatoire. Les formations, c’est facultatif.» Surtout, cela suppose l’accord de l’autorité hiérarchique des enseignants. Car les profs du privé sous contrat sont des agents publics, dépendant des rectorats comme leurs homologues du public. Et à ce titre, soumis aux mêmes règles de neutralité et de laïcité pendant la classe.
«Ça ne peut être obligatoire»
Comment l’institution a-t-elle pu donner son feu vert ? «Ce n’est pas nous qui nous occupons de la formation des enseignants du privé sous contrat, rétorque le rectorat de l’académie de Nice. Il faut voir directement avec la direction diocésaine et Formiris», l’organisme gérant les formations des agents publics exerçant dans l’enseignement privé. Dans la convention liant le ministère à Formiris, qui a reçu 47 millions d’euros d’argent public l’année dernière, il est pourtant mentionné que les enseignants doivent «bénéficier d’une autorisation d’absence délivrée par l’autorité académique» pour suivre une formation. Si le ministère délègue la formation de ses agents, il en a tout de même la responsabilité du contrôle.
C’est parce qu’il «ne s’agit pas d’une formation mais d’une rencontre de sensibilisation», répond le directeur diocésain. Tout est parfaitement dans les clous, assure-t-il, l’événement étant «entièrement financé par la direction diocésaine sur ses fonds propres, il n’y a aucune subvention», et organisé en toute transparence – il n’est pourtant mentionné ni sur le site du Zénith de Toulon, ni dans l’agenda du diocèse, ni sur aucun réseau social. «Il est annoncé depuis la prérentrée de septembre aux équipes des établissements. Il a généralement été placé par les chefs d’établissement, dans leur autonomie, sur une demi-journée de réunion ou de concertation pédagogique pour les enseignants des premier et second degrés. Et comme du temps de travail pour les personnels de droit privé [les personnels de direction, chargés du culte, surveillants, ndlr]», précise-t-il.
Franck Pécot, secrétaire général du Snep Unsa, fait des bonds. «Même si cette journée n’est pas financée avec de l’argent public, ce qui demande à être vérifié, elle ne peut d’aucune façon être obligatoire pour les enseignants, qui sont eux des agents publics.» Il s’offusque que le rectorat laisse faire. Pour Alexis Guitton, de la Fep-CFDT, cette histoire est un exemple supplémentaire des dérives constatées dans le cadre des formations à la laïcité dans le privé. Après l’assassinat de Samuel Paty, le ministre de l’Education de l’époque Jean-Michel Blanquer avait exigé que tous les enseignants y soient formés d’ici à 2025. «L’enseignement catholique sous contrat, participant de plein droit au service public d’éducation, y a été associé, nous écrit Xavier Pion. De notre côté dans le Var, nous avons souhaité mobiliser particulièrement les équipes des établissements, enseignants comme salariés de droit privé, en créant un temps fort d’une matinée de sensibilisation sur ce sujet, essentiel au bon fonctionnement de la nation.» Avec, donc, l’évêque Dominique Rey au pupitre.
(1) Le prénom a été changé, à la demande de l’intéressée.
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