Une analyse qui a le mérite de montrer comment l’occident dans sa marche vers la guerre fonctionne “en pilote automatique”, partout y compris en France l’escalade belliciste ne s’appuie sur aucun choix populaire, aucune déclaration officielle. Si nous n’aboutissons pas nécessairement aux conclusions de ce courant trotskiste, nous partageons le souci d’avoir une organisation capable à partir des FAITS, l’inflation, la pression sur les services publics, sur l’énergie, sur l’éducation, la santé de prendre concrètement en compte ce refus de la guerre. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)
Publié par: Comité éditorial du WSWSle: 18 janvier, 2024Dans: A La Une, ACCEUIL, Actualité, Actualité Afrique, Actualité_Ameriques, Actualité_Maghreb, Actualité_Moyen_Orient, GéopolitiqueImprimerEmail
Comité éditorial du WSWS
L’attaque contre le Yémen est une escalade majeure de la guerre en train de se développer au Moyen-Orient. Depuis le début du génocide israélien à Gaza, les États-Unis et leurs alliés impérialistes de l’OTAN ont supervisé une militarisation massive de la région, visant directement l’Iran. Cette action s’inscrit elle-même dans le cadre d’une guerre mondiale en expansion, qui comprend la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie et le conflit économique et militaire qui se développe contre la Chine.
Le président américain Joe Biden n’a même pas jugé bon de s’exprimer à la télévision nationale pour expliquer le déclenchement d’une nouvelle guerre, dans des conditions où il existe une opposition populaire écrasante à l’extension de la guerre au Moyen-Orient. Alors que le Pentagone préparait l’attaque du Yémen, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin a été admis à l’unité de soins intensifs de l’hôpital Walter Reed, à la connaissance du chef d’état-major interarmées, mais à l’insu du président. Cet épisode bizarre a mis en évidence le fait que la guerre américaine fonctionne en pilote automatique, de plus en plus en dehors de toute prétention à un contrôle civil.
Comme toujours, les arguments avancés pour justifier la guerre sont autant de mensonges. Biden a déclaré que les frappes de missiles étaient « défensives » et « une réponse directe à des attaques sans précédent des Houthis ». Les médias américains, avec la même hâte qui a accompagné toutes les opérations militaires américaines, proclament qu’un pays dont le produit intérieur brut est 700 fois inférieur à celui des États-Unis mène des actions « intolérables », contre lesquelles l’armée américaine est « forcée » de se défendre. Du jour au lendemain, les Houthis du Yémen ont été transformés en nouveau croquemitaine, nécessitant une action militaire urgente sans aucune discussion ni explication.
En coordination avec le génocide israélien à Gaza, les États-Unis ont envoyé au Moyen-Orient une armada militaire massive, composée de deux groupes de combat de porte-avions, de multiples destroyers à missiles guidés, d’un nombre inconnu de sous-marins et de dizaines d’avions de guerre. Ces forces ont fourni à Israël des moyens logistiques, de reconnaissance et de sélection des cibles, dans le but délibéré de provoquer des représailles de la part de l’Iran et de ses alliés tels que les Houthis.
Pourtant, c’est apparemment le Yémen qui est «l’agresseur», menant des « attaques sans précédent » contre les forces militaires américaines déployées dans la mer Rouge, à des milliers de kilomètres des frontières américaines. L’impérialisme américain, qui dispose d’une armée plus importante que celle des dix pays suivants réunis, prétend mener une guerre « défensive » à l’autre bout du monde contre un petit pays opprimé et appauvri.
« Nous ne sommes pas intéressés par une guerre avec le Yémen », a affirmé le Pentagone vendredi, « nous ne sommes pas intéressés par un conflit quel qu’il soit ». La raison pour laquelle les pacifistes autoproclamés de Washington ont envahi, bombardé ou déstabilisé plus de la moitié des pays du monde, massacrant des millions de personnes au cours du seul XXIe siècle, reste inexpliquée.
Le récit des États-Unis et du Royaume-Uni, ainsi que des médias qui leur sont associés, ignore complètement l’histoire de la guerre américano-saoudienne contre la population du Yémen et les décennies de guerres brutales partout au Moyen-Orient.
Depuis près de dix ans, les Houthis du Yémen subissent un massacre impitoyable, mené par l’Arabie saoudite mais armé et financé par les États-Unis. Selon les Nations unies, 377 000 personnes ont été tuées dans le cadre d’une campagne génocidaire qui a impliqué des blocus entraînant une famine et des maladies de masse. D’abord sous Obama, puis sous Trump, les États-Unis ont financé cet assaut grâce à plus de 54 milliards de dollars d’équipements militaires et avec l’aide et la complicité de leurs alliés impérialistes, dont le Royaume-Uni.
La dévastation du Yémen s’inscrit dans le cadre de plus de 30 ans de guerre incessante et en expansion, menée et dirigée par l’impérialisme américain, après la dissolution de l’Union soviétique en 1990-1991. Cela inclut la première guerre du Golfe en 1990, le démantèlement de la Yougoslavie, qui a culminé avec la guerre contre la Serbie en 1999, l’invasion de l’Afghanistan en 2001, la deuxième guerre contre l’Irak en 2003, la guerre contre la Libye en 2011 et la guerre civile en Syrie soutenue par la CIA, qui a débuté la même année.
Toutes les administrations depuis celle de Bill Clinton ont autorisé des opérations militaires, des frappes aériennes et des opérations de déstabilisation en Somalie, de l’autre côté du golfe d’Aden en face du Yémen, dans le but de contrôler la voie d’eau cruciale menant au canal de Suez.
Le lancement de frappes militaires contre le Yémen marque une nouvelle étape dans l’intensification de l’offensive militaire impérialiste au Moyen-Orient et au-delà. Les États-Unis et leurs alliés impérialistes mènent une guerre de facto contre l’Iran et s’efforcent d’éliminer les alliés militaires de celui-ci dans tout le Moyen-Orient. Les frappes contre le Yémen visent à encercler l’Iran et à le pousser à exercer des représailles contre les forces américaines, ce qui pourrait être utilisé pour justifier une guerre totale contre Téhéran.
L’antécédent immédiat de l’escalade de la guerre au Moyen-Orient, dont le génocide à Gaza fait partie, est l’effondrement de l’« offensive de printemps » de l’Ukraine. Mais les puissances impérialistes redoublent d’efforts. « Soutenir l’Ukraine est la clé de la sécurité de l’Occident », déclare The Economist, tandis que Foreign Affairs affirme que « la victoire est le seul véritable chemin de l’Ukraine vers la paix ».
Au-delà de tout cela, les États-Unis sont engagés dans une lutte pour repousser le défi posé par la Chine à leur hégémonie mondiale, qui menace de déclencher une guerre totale dans le Pacifique. Dans les médias et les milieux politiques américains, on parle de plus en plus d’un nouvel « axe du mal » impliquant l’Iran, la Chine et la Russie.
Chacun de ces conflits ne peut être compris isolément. Le bombardement du Yémen s’inscrit dans une contre-révolution mondiale, dans laquelle les puissances impérialistes cherchent à rétablir un contrôle direct sur leurs anciennes colonies.
Les pays qui mettent en œuvre cet agenda sont les anciennes puissances impérialistes : les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. La classe dirigeante britannique, incapable de mener à bien ses politiques de manière indépendante, cherche à exploiter ce que l’on appelle la relation spéciale, le rôle de la Grande-Bretagne en tant que principal allié de l’impérialisme américain, pour promouvoir ses propres intérêts sur la scène mondiale.
Toutes les guerres lancées par les États-Unis et leurs alliés impérialistes se sont soldées par des débâcles sanglantes et des millions de morts. Mais chaque désastre ne fait que renforcer la détermination de l’impérialisme américain à utiliser la guerre comme moyen d’assurer son hégémonie mondiale.
L’impérialisme américain, pour paraphraser les mots de Léon Trotsky, « se précipite les yeux fermés vers le désastre ».
Au cours des trois derniers mois, des millions de personnes dans le monde entier ont manifesté pour protester contre le génocide israélien soutenu par les États-Unis à Gaza. Les frappes américaines sur le Yémen ont eu lieu le jour même où la Cour internationale de justice a entendu des preuves accablantes qu’Israël, et par extension les États-Unis, étaient responsables d’un génocide à Gaza.
La réponse de l’impérialisme américain à ces protestations populaires massives et à la révélation de ses crimes de guerre a été d’accélérer ses plans de guerre. En effet, le déclenchement de la guerre, du génocide et de la répression politique n’est pas une aberration. L’impérialisme, comme l’a expliqué Lénine, n’est pas simplement une politique, mais plutôt un stade historique spécifique du développement capitaliste. L’opposition à l’impérialisme est donc une question révolutionnaire.
Il ne s’agit pas d’appeler les gouvernements capitalistes responsables de ces crimes à changer de cap, mais bien plutôt de mobiliser la classe ouvrière, en fusionnant la lutte contre la guerre avec les luttes en cours des travailleurs du monde entier contre l’inégalité sociale et l’exploitation. La logique de ces luttes exige la conquête du pouvoir politique par les travailleurs du monde entier, l’expropriation des oligarques capitalistes et des criminels de guerre, et la réorganisation socialiste de la vie économique à l’échelle mondiale.
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