Les élections européennes : chacun choisit son camp mais respecte l’orientation de ce blog (Danielle et Marianne)

Ce qui est fondamental aujourd’hui c’est le basculement du monde, la crise de l’hégémonie occidentale, les dangers qui pèsent sur l’humanité, tout ce que nous nous employons à mettre en évidence dans ce site. Dans ce contexte de basculement du monde et de chute de l’empire occidental, 2024 est marquée – outre des conflits de plus ou moins haute intensité- par une série d’élections, le grand principe régulateur ou sensé l’être du modèle démocratique propre à cet empire occidental. Le centre du “rouage” est constitué par en les élections présidentielles des USA, celle de l’UE s’imbriquent dans le mécanisme par le biais du militarisme financiarisé et de marchés financiers et d’élections gouvernées par les médias et les sommes investies qui déterminent le “vote utile”. Toutes les élections, plus ou moins, subissent les effets de la présidentielle aux Etats-Unis et elles se caractérisent par l’incapacité à apporter des solutions aux problèmes qui s’accumulent, elles multiplient au contraires les conditions de l’aggravation des contradictions. Les européennes ne font pas exception bien sûr mais elles présentent une atténuation du “vote utile”, un maximum d’abstention donc la nécessité pour chacun en priorité de mobiliser son électorat réel et pas réveiller celui de l’adversaire. Il faut partir du terrain tel qu’il est et en même temps plus que jamais en mesurer les potentialités de classe.

Mais il faut également comprendre que dire cela n’y suffit pas, à moins d’adopter la positon décrite comme celle de Samir Amin et qui aboutirait à penser qu’il n’y a plus rien à attendre des pays impérialistes occidentaux, de la lutte des classes en leur sein. Le sens de l’histoire ne serait plus déterminé que par la montée des pays du sud, longtemps périphérie désormais rejouant un ultime anticolonialisme contre la domination du nord. Cette hypothèse qui a le mérite d’insister sur un mouvement sud-sud impose une réflexion sur la nature du processus qui comprend à la fois le refus de l’exploitation néo coloniale, du néo-libéralisme mais aussi l’existence au sein de ce monde multi-polaire de forces capitalistes, et la manière dont ce monde multipolaire est lui-même la proie de la lutte des classes et de tensions vers le socialisme. De même, il est essentiel de mesurer ce qui au sein de l’empire, que ce soit aux USA ou en Europe va dans le sens du socialisme.

Il est des combats anti-impérialistes comme celui contre le blocus de Cuba ou la lutte contre l’extrême-droite israélienne qui touchent au “coeur” du monstre et à son “bal des hypocrites”, et qui doivent donc comme les luttes pour la paix admettre les rassemblements les plus larges y compris parfois avec des forces qui ne sont pas communistes et révolutionnaires. Ces luttes, nous les menons dans la plus large volonté de rassemblement, sur des bases claires et précises et nous ne réclamons pas sa carte à personne mais sans cacher pour autant notre propre engagement communiste, que chacun apprenne à travailler ensemble sans prétendre exiger de l’autre du “politiquement correct”. Communistes nous sommes, nous n’avons aucune raison d’en rougir et nous vous demandons de le respecter comme nous vous respectons. Cuba ne craint pas de s’affirmer léniniste tout en pratiquant les rassemblements les plus larges pourquoi vouloir être plus royaliste que le roi ? comme disait notre grand Robespierre “salut et fraternité en égalité sainte!” chers camarades…

https://www.youtube.com/live/OAahSd4vzR0?si=-yohqo8dZK0sVl6v

A ce titre, ce blog est tout sauf dogmatique, il présente la spécificité d’être ouvert à des articles, des traductions que vous ne trouvez nulle part ailleurs dans leur diversité et le spectre des positionnements divers qu’il offre. Il accueille des débats courtois entre trotskistes, “staliniens” ou décrits comme tels, sociaux démocrates et altermondialistes, cette diversité se retrouve sur à peu près toutes les questions d’actualité mais il n’est pas question qu’il devienne un abcès de fixation pour toutes les divisions du mouvement ouvrier. A ce titre, il joue un rôle démocratique que nous tenons à poursuivre. Mais nous sommes également très claires sur la perspective recherchée par Marianne et moi : vers le socialisme avec la reconstruction d’un parti communiste français et le développement de liens avec les forces progressistes et l’internationale.

Nous n’acceptons donc pas les polémiques stériles, chacun fait son choix politique électoral, organisationnel et l’assume c’est son droit. il n’est pas question d’exclure ceux qui pensent qu’il n’y a de solution que dans l’abstention mais il n’est pas non plus question de faire de ce blog un abcès de fixation de la volonté d’affaiblir le PCF. Nous publions donc ici d’abord cette intervention de Fabien Roussel sur les liens entre la paysannerie et la classe ouvrière. Suivi de cet extrait d’un article de l’hebdomadaire Marianne (l’hebdomadaire a choisi sa ligne : la défense de la République et de la souveraineté nationale mais sans rompre réellement avec l’atlantisme et une certaine conception de l’Europe qui peut aller jusqu’à l’anticommunisme primaire). Le choix de ces deux articles permet d’apporter quelques précisions sur notre analyse de la perspective. Nous vous demandons instamment de prendre la peine de lire attentivement ce texte pour ne pas avoir à répéter ce que nous disons ici à d’excellents camarades mais pour éviter les radotages et nous entendre sur cette base miimale en sachant que tout ce qui sortira du contrat ne seraplus publié.

La faucille et le marteau : excellente intervention de Fabien Roussel sur le mouvement paysan

Voici donc d’abord une intervention de Fabien Roussel qui nous parait tout à fait correcte alors que certains s’interrogent sur le soutien à apporter aux agriculteurs sous prétexte qu’il y aurait là un maximum de gens de droite et d’extrême-droite. D’abord ce n’est pas le cas pour tous les agriculteurs et surtout laisser ces producteurs en crise qui posent de vraies questions à la réaction est indéfendable. Il y a plus de potentiel chez eux que dans certaines couches proches de Glucksmann et des bobos très anticommunistes qui s’enferment dans une vision ultra minoritaire de l’avenir de notre pays. L’intervention de Fabien Roussel se situe bien dans ce que nous estimons être une approche de classe et souveraine de la France.

Voici également le positionnement du candidat du PCF Léon Deffontaines vu par le journal Marianne

“Certains à gauche continuent de se réclamer de l’Europe libérale. Nous ne sommes pas de ceux-là.”

Le positionnement de Fabien Roussel et de la tête de liste du PCF Léon Deffontaines

l’hebdomadaire Marianne rapporte le positionnement de cette tête de liste, et notre commentaire reste le même, nous sommes toujours dans la même logique. Celle d’une élection dans laquelle on ne refait pas le terrain, on l’utilise. Avec un PCF qui commence à peine à renaître de ses cendres et qui ne sait plus se battre dans les entreprises, dans les quartiers populaires, qui se contente d’arbitrer les points sur ce qui se dit sur les plateaux de Télévision.

Au plan idéologique, il est posé comme ici un nouvel axe de combat qui correspond aux intérêts populaires, à la souveraineté nationale, on commence même à affronter les “vaches sacrées” du néolibéralisme, c’est vraiment un souffle nouveau. Mais dans le même temps, on s’engouffre dans tous les thèmes à la mode et qui en général n’intéressent et ne mobilisent qu’une poignée de bobos très conformistes et qui jouent les “indignés“. Donc tout en ayant fait le choix courageux d’une campagne électorale “communiste”, et apportant ce souffle nouveau le seul susceptible de rompre avec la fausse alternative Macron contre le Rassemblement national, celle qui pointe une politique de classe menée par une caste, les candidats subissent les effets de la liquidation du parti depuis plus de trente ans. C’est à dire que tout doit passer par le cirque médiatique avec des conséquences lourdes.

Ceux qui mènent campagne doivent faire allégeance sur le “politiquement correct” pour tenter de faire entendre une autre voix. Cela les contraints à proclamer ce qui relève désormais d’un “consensus” atlantiste pratiqué y compris par le journal l’Humanité et des députés, dirigeants internationaux du PCF. Dans le même temps, ils tentent d’avancer vers des fondamentaux comme le pouvoir d’achat, le développement du pays, sa santé, son éducation, le refus de l’inflation et même de la guerre. Parce que si l’on écarte la déclaration quasi imposée sur la condamnation de Poutine et le soutien à l’Ukraine, nous avons là une dénonciation tout à fait pertinente de la “gauche” type Alain Minc, Glucksman celle de la CIA, anticommuniste et belliciste.

Voici les propos de Léon Deffontaines rapportés par l’hebdomadaire Marianne, ils témoignent bien de cette contradiction dans laquelle évolue le parti.

Aussi loin que je me souvienne, Alain Minc a toujours été un conseiller du prince, proche de Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron, réputé pour ses prédictions malavisées. Et aussi loin que je me souvienne, en homme de droite, il a toujours soutenu avec force et constance les tenants de l’orthodoxie bruxelloise contre celles et ceux qui avaient le malheur de contester le caractère antisocial des traités européens. C’est donc avec sérieux qu’il faut entendre ses déclarations dans lesquelles il indique se réjouir de la nomination « du nouveau gouvernement de droite » tout en souhaitant, dans un même mouvement « un score extrêmement élevé, si c’était possible, à la liste de Raphaël Glucksmann (…) ».

Ce propos a le mérite de la clarté. Il s’ajoute au soutien récemment exprimé par Daniel Cohn-Bendit. Dans l’esprit de ces proches du président de la République, Raphaël Glucksmann appartient au « cercle de la raison » et partage avec eux une certaine vision du monde.

Un monde atlantiste d’abord, dans lequel Washington impose ses vues, quand bien même celles-ci seraient contraires à nos intérêts. Le cas ukrainien est emblématique de cette dérive. Ainsi, selon Raphaël Glucksmann, tous ceux qui seraient opposés à l’entrée de l’Ukraine au sein de l’Union européenne devraient converger vers le Rassemblement national. En sus du risque d’escalade guerrière, le député européen fait volontairement fi de la question sociale qui se poserait inévitablement si jamais l’Ukraine, que nous soutenons activement face à la Russie de Vladimir Poutine, entrait dans l’espace communautaire. Ignore-t-il que le salaire minimum est de 150 euros en Ukraine ? Ignore-t-il que son adhésion condamnerait nos agriculteurs et nos ouvriers à la perte de leurs emplois ? Ignore-t-il que nous sommes farouchement opposés à la mise en concurrence des travailleurs ?