Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le canada dry du gaullisme

Conférence de presse d'Emmanuel Macron à l'Elysée le 16 janvier 2024.

Le bureau de légende

Quiconque a regardé la conf’de presse de Macron à l’Elysée mardi soir a dû d’abord croire à une rediffusion des images d’archives colorisées de celles de Charles de Gaulle. Et c’est normal, c’était le but recherché par le Président et ses équipes. Le choix du bureau derrière lequel le chef de l’Etat s’exprimait, en surplomb de la plèbe journalistique, était un copier-coller des mises en scène du Général digne des plus belles heures de notre monarchie républicaine. Alors que ses conseillers lui proposaient de choisir entre un pupitre et ce bureau, Macron leur a rétorqué, selon le Monde : «Un bureau. On va faire gaullien !» Mais ça ne s’arrête pas là. Le quotidien raconte encore : «Arnaud Jolens, le responsable “image” de la présidence, s’était plongé dans les archives de l’Elysée pour bâtir son “plan de réalisation” pour les télévisions. Pour être fidèle aux images de l’époque, le fauteuil de Macron avait été remonté de 20 centimètres, afin que “le rapport buste-table” soit le même que pour de Gaulle.» En toute simplicité. Les deux hommes ont en effet un léger différentiel de taille : +23 cm pour le Général.

Faites l’amour, pas la guerre

Le «réarmement démographique» voulu par Macron, pour répondre à la baisse de la natalité historique en France, ne cesse de laisser tout le monde pour le moins circonspect. Revenu ces jours-ci à son meilleur niveau de lol, X (ex-Twitter) regorge d’interrogations ironiques sur l’éventuelle création d’un organisme nommé «France fertilité» ou la mise en place d’un «numér’ovaires». Plus sérieusement, certains s’interrogent sur une possible volonté de multiplier les petits enfants français afin de financer le système de retraites. «C’est tellement idiot comme réflexion que ça m’embête même de répondre à ça ce matin [jeudi]», rétorque le patron des députés Renaissance, Sylvain Maillard, sur France Info. La question du nombre d’actifs pour payer les pensions est pourtant centrale, comme n’a cessé de le marteler l’exécutif pour justifier la réforme des retraites… Mais le député de Paris ajoute : «Le modèle social, il se construit par rapport à la population que vous avez, donc on ne va pas faire des enfants pour l’équilibre de notre modèle, on fait des enfants parce que c’est le sens de l’histoire de construire une civilisation qui est la nôtre et de faire en sorte qu’elle continue, qu’elle perdure.» «Si nous acceptons de n’avoir que des personnes âgées, c’est la mort d’une société», dit encore Maillard, considérant qu’«il est important pour nous, pour ce que nous sommes, pour ce qu’est la France, d’avoir des enfants.» On conclura en vous rappelant ce que Macron nous conseillait en 2017 : «Dites-vous à chaque instant que vous avez quelque chose à faire pour la nation.» Alors au boulot.

Manuel envoie tout valser

Quand on n’a rien, on n’a rien à perdre. Cette phrase, qu’on retrouve notamment chez Bob Dylan, est aussi parfaitement adaptée à la suite de la carrière politique de Manuel Valls. L’ancien conseiller municipal de Barcelone n’espère plus rien obtenir de la part de Macron, alors il se lâche. Et ce jeudi, sur France 2, il va jusqu’à critiquer le Président. Une attitude quasiment nihiliste. Il commence en disant qu’il était favorable à un changement de Premier ministre pour «redonner du sens au quinquennat de Macron, qui en manquait singulièrement depuis sa réélection». Il poursuit en critiquant la nomination de Rachida Dati à la Culture qui illustre, selon lui, «trois provocations» de la part du chef de l’Etat. La première vise Les Républicains, «à un moment où il faut chercher l’unité, les coalitions». La seconde concerne la justice. «Dati est présumée innocente mais elle est mise en examen pour corruption. C’est une ancienne garde des Sceaux. Il faut faire attention à nos institutions», assène l’ancien député de l’Essonne. Et la troisième concerne, selon Valls, le monde de la culture. Et le même d’assurer qu’il n’aurait pas accepté, lorsqu’il était à Matignon, qu’un de ses ministres annonce sa candidature aux municipales six jours après sa nomination, comme l’a fait Dati. «Je dis ce que je pense», ajoute Valls, avant de critiquer l’absence de Macron à la marche contre l’antisémitisme, organisée en novembre. Ce n’est pas comme ça qu’il va être nommé ministre.

Merci Macron

Alors que les commentateurs et certains macronistes voient en Gabriel Attal «l’arme anti-Jordan Bardella» de la macronie pour les européennes (et au-delà), le flingue pourrait bien se retourner contre celui qui le tient. Car du côté du RN, on est ra-vis de la nomination à Matignon de celui qui a l’avantage d’être courtois avec eux et de creuser un sillon un brin réac et conservateur sur l’autorité et la laïcité, qui peut normaliser les positions frontistes. Quant à la jeunesse d’Attal, à peine plus âgé que Bardella à qui Marine Le Pen promet Matignon en cas d’élection en 2027, c’est là aussi un cadeau bienvenu. «Le Pen ne se prive pas de voir dans la nomination d’Attal la validation de son choix», apprend-on dans l’Express, qui cite ce satisfecit de la triple candidate d’extrême droite à la présidentielle à «l’un de ses interlocuteurs issu de la macronie» (une info notable au passage) : «C’est très bien. Tout le monde hurlait contre l’idée de Bardella PM, en fait c’est la confirmation que c’est possible ! Macron a pris son mini-moi.» Est-ce à dire que Bardella est son «mini-moi» à elle ?

Et sinon

Voilà un élu qui n’a pas fait le «Dry January». Comme le rapporte France Bleu, le député Modem des Côtes-d’Armor Mickaël Cosson a été contrôlé positif à l’alcool au volant le 13 janvier. «J’ai fauté. Je me conformerai à ce qui est prévu, comme c’est le cas pour d’autres à qui cela est arrivé. Mon seul traitement de faveur, c’est que je vais évidemment être cité et critiqué», a réagi auprès de la station l’élu dont le permis de conduire a été suspendu deux mois. Et d’ajouter à Actu.fr : «Cela ne m’empêchera pas de travailler puisqu’à Paris, je prends le métro.»

Et encore

Après la décision, mercredi, de la mairie de Paris de suspendre provisoirement son financement obligatoire à l’établissement privé Stanislas, accusé de «dérives» dans un rapport officiel, les insoumis veulent aller plus loin. Le député Paul Vannier demande tout simplement à Attal et Amélie Oudéa-Castéra «la rupture du contrat d’association entre l’établissement et l’Etat».

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