Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Maintenant c’est Althusser : quel est le sens de tout cela ?

Qu’il y ait dans “l’affaire Depardieu des problèmes bien réels concernant la situation des femmes en état de fragilité dans le monde non seulement du cinéma est incontestable et je le répète cela fait ressentir encore plus la destruction dans ses milieux du syndicalisme et du parti communiste tel qu’il existé et tel qu’il a été détruit par le mitterrandisme puis par la droite, en alternance. Mais il y a plus, non seulement cette affaire est une affaire dans “l’affaire” qui est bel est bien, l’adoption en France mais aussi en Europe de lois anti-immigrés et la complicité avec ce qui se passe à Gaza et ce qui se passe en Ukraine entre autres. Mais il y a plus encore et cela se dit ouvertement désormais, c’est une opération anticommuniste qui va essayer de déboulonner grâce au féminisme le socialisme, ce qui est un comble vu que la plupart des acquis toujours menacés l’ont été dans le socialisme et le sont encore. C’est d’ailleurs pour cela qu’il faut sexualiser à outrance, monter les femmes contre TOUS les hommes, voire les générations entre elles. Cette dimension anticommuniste “européenne” on l’entend s’exprimer clairement Depardieu est l’ami de Poutine, le document exposé se passe en Corée du Nord. Mais pour qui n’aurait pas perçu la tonalité anticommuniste que l’on tente de donner à l’affaire Depardieu…

C’est notons-le dans un contexte de débâcle militaire en Ukraine, de désaveu international grandissant que l’UE impulse des lois anti-migrants, la France de Macron poursuit dans la même logique et une intervention incidente du président provoque un débat dont la France a le secret. Cela rappelle tout à fait la situation que nous avons connu nous enseignants dans le mitterrandisme : dès qu’une grève était annoncée dans l’éducation nationale l’ambassade du Maroc qui à l’époque n’avait rien à refuser à la France déguisait deux de ses élèves en belphegor et les expédiait dans un lycée où il y avait un proviseur particulièrement “laïque”, socialiste si possible et c’était parti tout le monde parlait de “l’affaire” et la grève était occultée”. Mais il est tout aussi évident que la situation a évolué, non seulement parce que l’extrême droite de repoussoir est devenue “éclaireur” avec l’aggravation des politiques d’austérité, la collaboration de la gauche atlantiste et otanisée et l’anticommunisme, le négationnisme prend des proportions d’autant plus importantes que le pouvoir combat à reculons. Dans un tel contexte il ne s’agit pas de renoncer au féminisme, pas plus qu’à toute formes de libération humaine mais de bien mesurer dans quel terrain nos actions se déploient. Voici encore du contexte que notre ami Gilbert Rémond nous envoie à propos de la remise à jour du féminicide de Louis Althusser par Libération (note et traduction par Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

J’ai reçu il y a trois jours ce mail de l’ancien responsable de l’association « l’improbable » qui connaissait mon intérêt pour Althusser et ce qui me liait à lui pour une partie de mon histoire politique. Il me signalait la Une de libération et du dossier qui la suivait. Je ne sais pas si vous avez été mis au courant de cette autre agression éditoriale qui tombe juste après celle de Depardieu. Pourquoi tout d’un coup cette affaire ressort-elle et pourquoi en faire une cause quasi nationale en particulier au sein de l’Enes pour une requalification du crime ? D’autant qu’Althusser lui même s’était expliqué dans « l’avenir dure longtemps » sur les raisons qui lui interdisait de pouvoir être jugé, qu’il les condamnait puisqu’elles l’effaçaient du monde de la pensée et de ses possibilités d’expression, lui interdisaient d’être le sujet de sa propre histoire. Les articles prennent ce qui les intéresse pour condamner mais font l’impasse sur les questions de société qu’Althusser lui même abordait, en particulier en ce qui concernait le droit d’être jugé.

D’ailleurs le sous-titre est éloquent ” En novembre 1980, le philosophe star étranglait son épouse à l’école normale supérieure. Depuis les hommages à l’intellectuel se multiplient tandis que sa victime est invisibilisée. « Libération a reconstitué les conditions de ce féminicide qui ne disait pas son nom ».

Philosophe star : (sic : encore une idole à faire tomber) et tout est dit : une star ce n’est plus tout à fait un philosophe n’est-ce pas ? C’est un personnage marchandisable, une référence de mode dans le catalogue des choses à connaître pour en être, faire partie d’une époque. Quarante ans après il faut tout revisiter et requalifier les choses d’après les canons du moment (ceux de certains milieux intellectuels) et Libération nous en montre le chemin, en donnant sa version de l’affaire non pas après une enquête auprès des témoins (tous les témoins) mais a partir d’un scénario proposé par un ouvrage canadien qui n’a pas eu la diffusion attendue en France…. au dire des enquêteurs

Enquête
Louis Althusser et Hélène Rytmann : le
philosophe assassin et le féminicide occulté
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Violences conjugalesdossier
L’assassinat d’Hélène Rytmann par le philosophe Louis
Althusser, un féminicide qui ne disait pas son nom
Durant longtemps, l’aura intellectuelle du ponte de l’Ecole normale supérieure a servi à relativiser
le meurtre de sa femme. «Libération» a enquêté sur la vie et la mort de la chercheuse de terrain
invisibilisée par son illustre assassin.
Editorial25 déc. 2023

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